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EAN : 9782070530595
176 pages
Gallimard (16/05/1989)
4.34/5   16 notes
Résumé :
«Je vous dois la vérité en peinture et je vous la dirai.»
Cézanne a fait de la peinture l'unique préoccupation de son existence. Ni misère, ni vie de bohème, il a vécu seul, entretenu par son père, à Aix-en-Provence ou à Paris, acharné à «réaliser ses sensations», à obéir à la logique des couleurs, à conquérir un nouvel espace.
Décriée et incomprise, l'œuvre de Cézanne a imposé une nouvelle vision du monde dont se nourrit l'art du XXe siècle.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Lu en parallèle du Cézanne, des toits rouges sur la mer bleue de Marie-Hélène Lafon.

J'ai toujours beaucoup apprécié la collection Découvertes Gallimard, qui a le mérite d'allier illustrations et explications. Mon intérêt pour cette série se confirme avec cet ouvrage destiné à la découverte de Cézanne.
Biographie et thèmes chers à Cézanne se mêlent aux tableaux du maître. On y retrouve les portraits, les natures mortes, les vues de la montagne Sainte-Victoire, les joueurs de carte et bien d'autres tableaux encore. Un vrai régal pour les yeux !
Souvent incompris et décrié par ses contemporains, Cézanne, ce peintre solitaire et peu avenant, est pourtant devenu une référence en matière d'impressionnisme et le modèle de peintres tels que Picasso, Maurice Denis, Paul Signac, Klee...

Vous l'aurez compris, ce petit livre me fut fort utile pour percevoir les propos de Marie-Hélène Lafon et visualiser les tableaux dont il est question dans son essai.
A l'un la poésie, à l'autre la démonstration.
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Une approche synthétique et contrastée par Michel Hoog dont le titre est inspiré De Vigny ("Seigneur vous m'avez fait puissant et solitaire. Laissez-moi m'endormir du sommeil de la terre."). Pour approcher le plus incompris et le plus célébré des peintres. Quatre chapitres construit autour de l'oeuvre de l'artiste, abondamment illustrés, consacrent la fascination que Cézanne exerce toujours et qui n'a d'égale que le rejet qu'il suscita longtemps. "L'hommage à Cézanne", peint en 1900 par Maurice Denis figurant en annexe parle de lui-même pour saisir d'emblée ce que le Maître d'Aix a pu susciter comme admiration passionnée pour cette dizaine d'artistes faisant face à Odilon Redon, autre figure emblématique s'il en fut, entourant la nature-morte de Cézanne, "Compotier, verres et pommes", ayant appartenu à Gauguin. Cézanne, leur "père à tous", dira plus tard Picasso. Une véritable communion. l'exécration est tout autant documentée.

Connaît-on "Le Meurtre" peint vers 1867-1868 ? Il est montré ici ; ou la "La Femme étranglée" qui horrifie la critique en 1874 ? Non ce n'est pas un long fleuve tranquille que le parcours de ce peintre là. Ses toiles de jeunesse, violentes et macabres, en donnent une idée : "L'Orgie" vers 1870, "L'Autopsie", "L'enlèvement", rare tableau signé et daté de 1867, donné à Zola, d'une facture brute, dans une palette ultra sombre... Priorité toujours donnée au couteau à palette. Tout change après la rencontre avec son modèle Hortense Fiquet en 1869. Il s'essaie à tous les genres (portraits, autoportraits, paysages) et décore même le salon du Jas de Bouffan, propriété familiale achetée en 1859 par son père, de grandes allégories ingresques qu'on n'imaginerait pas être de sa main. Son père qui le verrait bien lui succéder à la tête de la banque qu'il a créée le pousse vers des études de droit mais lui a cependant laissé poursuivre l'apprentissage du dessin à l'école municipale d'Aix. Cézanne, tiraillé entre les voeux de son père et ses propres penchants pour la peinture, rejoint Paris en 1862.

Zola a bien compris la psychologie compliquée de son ami de longue date, il a aussi méconnu sa peinture. Dans l'établissement scolaire aixois qu'ils fréquentèrent, Emile orphelin de père, que sa forte myopie et sa constitution chétive exposait aux humiliations de ses congénères, fut pris sous la houlette protectrice de Cézanne, son aîné, et eut l'occasion de le remercier en lui offrant des pommes. le peintre et l'écrivain resteront amis pendant quarante ans jusqu'en 1886, date de parution de "L'Oeuvre". Durant leur jeunesse ensoleillée, ils partagent le même goût de la nature, nagent ensemble pendant les vacances et dans la fanfare des « Gais Lurons », le futur peintre est au cornet à piston, l'autre à la clarinette. de Paris, Emile Zola a exhorté Cézanne à le rejoindre. Paris, lieu de tous les combats artistiques pour ce jeune homme étrange capable de réciter d'une traite "Une Charogne" (Baudelaire, Spleen et Idéal) et qui un jour, va faire de la pomme un objet de recherche picturale.

Je m'attarde un peu sur les natures-mortes, genre que le romantisme et le néo-classicisme ont achevé de ringardiser. Cézanne n'en a cure, il le pratique très tôt, bien avant 1870 ("Nature-morte, crâne et chandelier" ; "Nature-morte à la pendule noire"). Au début, des clairs et des sombres, des éclairages de face, il continue, il insiste et la palette s'éclaircit, les ombres disparaissent, les têtes de mort aussi. Petit à petit, une cohésion s'affirme par distorsion des plans, pluralité des points de vue, fragmentation des formes, dissociation du dessin et de la couleur. Picturalement parlant très incorrect : "Nature-morte à la soupière" vers 1877 ; "Nature-morte à la commode" 1883-1887 ; "Nature-morte au panier" 1888-1890. Après 1880, hérésie totale. Mais les pommes s'imposent enfin dans leur plénitude : "Pommes et biscuits" 1879-1882. C'est Rainer Maria Rilke dans ses Lettres sur Cézanne qui a sans doute trouvé la plus pure poésie des mots pour évoquer ces fruits silencieux.

Cézanne semble s'être dégagé de l'impasse où le conduisait sa manière sombre au moment où il côtoie les impressionnistes. Cependant, il était déjà "pleinairiste" et travaillait aussi d'après nature - que ce soit pour les personnages, les paysages, ou les natures-mortes -, quand il rejoint Pissarro à Pontoise. de cette compagnie il retient surtout le travail sur la lumière qui ne le lâchera plus et sur les ombres colorées. S'il adhère aux principes du groupe et expose à ses côtés en 1874, puis en 1877, il reste farouchement indépendant, se partageant entre Aix et Paris. Avec lui l'exécution est si lente que la datation devient un vrai casse-tête.

A l'Estaque devenu son refuge vers 1878-1879, la mer commence à focaliser son attention. La mutation artistique s'accélère dans le dépassement de l'Impressionnisme. Il a fini par épouser Hortense dont il a eu un fils. Une période de plus grande sérénité s'ouvre devant lui. Si les premières représentations de la montagne Sainte-Victoire apparaissent vers 1870, c'est après 1880 que Cézanne se prend de passion pour ce motif qu'il n'en finira plus jamais d'étudier. de même que celui des joueurs de cartes ou des baigneurs et des baigneuses. Un chapitre entier leur est d'ailleurs consacré. En 1885, Ambroise Vollard lui apporte la gloire mais il reste à Cézanne encore un peu de temps pour fomenter une nouvelle révolution sans se laisser distraire. L'atelier des Lauves sera construit en 1901, à quelques minutes de sa montagne préférée. Ombrageux, associable, indifférent à la vie de la cité, tout a été dit, retenir plutôt le peintre et son ascèse artistique si peu commune.

Une collection passionnante qui donne des repères sans édulcorer les questions importantes, et ne fait qu'inviter à des curiosités plus approfondies, une riche bibliographie y incite en fin d'ouvrage.
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excellente introduction
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le dessin et la couleur ne sont pas distincts ; au fur et à mesure que l'on peint on dessine ; plus la couleur s'harmonise, plus le dessin se précise. Quand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude. Les contrastes et les rapports de tons, voilà le secret du dessin et du modelé.

(Correspondances avec Emile Bernard)
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Ceux qui n'ont jamais tenu une brosse ou un crayon ont dit qu'il ne savait pas dessiner et ils lui ont reproché des imperfections qui ne sont qu'un raffinement obtenu par une science énorme. George Rivière
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Zola à Cézanne

Tu deviens pour moi une énigme, un sphinx, un je ne sais quoi d'impossible et de ténébreux.
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