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Pierre Furlan (Traducteur)
EAN : 9782742722808
496 pages
Actes Sud (01/01/2000)
4.13/5   319 notes
Résumé :
Dans une petite ville du New Hampshire, Wade Whitehouse, la quarantaine passée, est un homme brisé. Abandonné par sa femme, en passe d'être quitté par sa maîtresse, alcoolique, violent à ses heures, dépressif, il rumine ses échecs et vivote en travaillant, tantôt en policier municipal, tantôt puisatier.
Mais un citoyen en vue est tué. Accident de chasse ou meurtre ? L'évènement fait basculer le fragile équilibre mental que Wade avait réussi à préserver. Dès l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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"Affliction" est un roman douloureux et magnifique. Russell Banks nous parle du fardeau dont nous héritons à la naissance et de notre capacité de résilience. Son récit oscille sans cesse entre déterminisme familial et liberté pour chacun d'essayer de tracer son propre chemin pour s'accomplir.

Wade est à la fois shérif d'un bled du Wisconsin et ouvrier du potentat local. C'est aussi un homme brisé par la violence paternelle qui tente de canaliser la sienne et de renouer avec sa fille après un douloureux divorce. de sa fratrie il est le seul fils à être resté dans son village natal. Ecrasé par le poids familial et incapable de se projeter ailleurs, il demeure enchaîné à cette terre qu'il aime et hait à la fois.

"Affliction" raconte la fuite en avant de cet homme à l'enfance sacrifiée et en mode survie qu'un drame va obséder et mener au point de non-retour. Après "De beaux lendemains", Russell Banks nous plonge à nouveau au coeur d'une souffrance humaine indicible mais qui ne ferme jamais complètement la porte à une possible rédemption.

Nick Nolte et James Coburn (oscarisé) ont incarné de manière magistrale Wade et son père dans la très belle adaptation de Paul Schrader.

Une livre sombre et touchant à la fois, une lecture intense qui m'a marqué durablement.




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Regarde un homme tombé.
Affliction c'est l'histoire de Wade Whitehouse, un homme meurtri, blessé qui tente malgré tout de rester debout. Mais dans ce nouvel hiver , Wade va progressivement atteindre le point de non retour.
Wade est un type humilié, par un père monstre de lâcheté, alcoolique et violent, par son ex-femme qui à réussit à monter leur fille contre lui (l'un des rares fils qui lui donne encore l'envie de se battre), un employeur qui le traite comme un moins que rien, en ce long hiver qui arrive et alors que la saison de la chasse aux cerfs démarre, tout les facteurs sont réunis pour que le drame prenne forme.
Je continue ma ballade dans l'univers de Russell Banks avec à chaque fois une admiration grandissante. (Excepté peut-être pour « La réserve »).
« Affliction » est un roman d'une noirceur absolue, on assiste à la déliquescence de cet homme, que la méchanceté et la bêtise des autres mène à ne plus discerner sereinement les évènements. Tous les voyants sont au rouge. Faits divers qui font la une des journaux sans en examiner les tenants et les aboutissants. Banks installe la tension avec une maestria impressionnante. Les éléments naturels rajoutent à l'angoisse qui s'installe irrémédiablement. Comment une vie maltraitée depuis l'enfance bascule dans une folie destructrice. Dérangeant, implacable la démonstration vous laisse KO, abasourdi par tant de cruauté gratuite. L'Humain n‘en sort pas grandi. Même si on s'en doutait déjà.


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Lawford, New Hampshire. Il y a ceux qui ne traversent au volant de leurs 4X4 rutilants ce bled pourri oublié du monde que pour y aller chasser le cerf. Il y a ceux qui dédaignent jusqu'à l'existence de trou de bouseux. Et puis il y a ceux qui ne peuvent s'en échapper.
Tel Wane Whitehouse. C'était un beau et bon gars à l'origine Wane, pas particulièrement affuté ni entreprenant mais avec de a droiture et quelques rêves d'ailleurs. Or l'attraction pesante de Lawford couplée à la malédiction familiale dans laquelle l'a engluée à jamais la violence d'un père alcoolique lui ont depuis longtemps coupé les ailes, l'empêchant de s'échapper de ce destin délétère contrairement à son frère Rolfe qui nous raconte, entre distance prudente et compassion douloureuse, comment tout cela ne peut que mal finir.
Le roman est long, lent, gluant, et pourtant Russel Banks nous ferre à travers le personnage de Wane auquel on s'attache, beaucoup en ce qui me concerne, en dépit de ses tares, dont on se désole de comprendre qu'il ne parviendra jamais à se défaire des lourds boulets qui le clouent au sol. Et dont l'évasion finale, quelle que soit cette évasion, est salutaire. Seule pointe de lumière de ce roman d'une noirceur pénible.

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C'est un roman âpre et lourd, sur un homme que personne ne peut sauver de lui-même.
Russell Banks raconte 15 jours de la vie de Wade Whitehouse, shérif d'un patelin perdu du New Hampshire, déchiré entre son ex-femme, sa fille, sa maîtresse, son patron, ses potes de bar, ses parents, et ses innombrables démons. Ca commence le soir d'Halloween, et tout va déjà de travers : sa fille ne veut pas rester avec lui, un homme est tué au cours d'une chasse, sa dent le fait souffrir... Wade a le chic pour pourrir tout ce qui peut être sauvé.
Mais ce roman n'est pas déprimant pour autant. Il est juste fataliste. Wade gâche tout car il est à moitié fou -mais quand même moins que son cinglé de père.
C'est l'Amérique des "hometowns" chères à Bruce Springsteen, ces petites villes peuplées de petites gens qui rêvent juste de normalité. Et même si le style est un peu lent, j'ai trouvé cela très beau.
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Un homme cherche à reconstituer la trame du drame arrivé à son frère Wade. Il revient sur les lieux, interroge, reconstitue les quelques jours ayant précédé l'effondrement de son aîné. Pour les scènes manquantes, il les suppose avec ce qu'il sait de sa psychologie, de leur enfance commune, de leurs parents, de leur communauté, de la violence avec laquelle ils ont été élevés et ont dû se construire. Nous voyons se dessiner le portrait d'un homme à l'équilibre fragile, battu et humilié par son père, négligé par sa mère impuissante et qui, malgré son désir d'amour, ne connaît que la violence et l'alcoolisme en réponse à la moindre douleur, la moindre contrariété. le tableau se répète de génération en génération.
"Affliction", c'est bien ce que l'on ressent à la fin de ce livre, un poids énorme sur la poitrine.
Un roman très noir,donc, mais à l'écriture si profonde et sensible qu'il vous marque pour longtemps. Immense talent de Russel Banks.

Merci Jean-Michel ;-)
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critiques presse (1)
Culturebox
10 janvier 2023
Sans doute son roman le plus autobiographique, Affliction (1989), raconte le destin de Wad Whitehouse, un homme brisé par la violence paternelle.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Etudiée sous un certain angle, la figure de Wade est l'exemple classique d'un type ancien, nord-européen. C'est un visage, au pommettes hautes et larges, au front lourd, qui est apparu sous cette forme il y a vingt ou trente mille ans, entre deux ères glaciaires, dans les marais bordant le sud de la Baltique. Il appartenait à des tribus vivant de la chasse et de la cueillette, qui se dirigeaient vers l'ouest et l'océan, chassées de leurs estuaires natals — des contrées fertiles — par un peuple plus grand, plus blond et plus redoutable qui possédait des outils et des techniques agricoles, des armes plus élaborées et des principes d'organisation sociale lui permettant de vaincre d'autres peuplades et de les réduire en esclavage.
Il m'en voudrait de le dire, mais je décris là mon propre visage autant que le sien. C'est à cela que nous ressemblons, nous les Whitehouse hommes et femmes, en tout cas la plupart d'entre nous. Notre figure est sculptée par des millénaires passés à scruter la lumière des feux, les brouillards glacés qui s'élèvent sur les marais salés, les eaux profondes où nagent lentement d'énormes esturgeons. C'est un visage crispé, sillonné et ridé à force de pincer les lèvres pendant les milliers d'années à étudier les traces des animaux et leurs excréments, ou à compter les graines sauvages une à une dans des paniers d'osier, ou à tailler dans la pierre des figurines de femmes avec de gros seins et des hanches larges.

[Russell BANKS, "Affliction", Harper & Row ed. (New-York), 1989 — traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pierre Furlan pour les éditions Actes Sud (Arles, 1992 ; rééd. aux éditions Actes Sud, coll. "Babel", 2000 — pages 84-85]
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Mais nos histoires, celle de Wade et la mienne, retracent la vie de garçons et d'hommes telle qu'elle existe depuis des millénaires, celles de garçons, battus par leur père et dont la capacité d'amour et de confiance a été mutilée presque à la naissance.
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C’est un pays pauvre et solitaire, mais indéniablement beau. Pourtant, malgré sa beauté, on sent dans ces hameaux et ces agglomérations une surabondance de folie et de désespoir. Tant de privations et tant de beauté naturelle se mêlent dans cette vie qu’elles la remplissent d’une tristesse et d’un ressentiment inimaginables pour un étranger.

(p. 297-298)
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Notre mère s'appelait Sally, elle était alors enceinte de Lena, son quatrième enfant, et je n'étais pas encore né. Sally avait tout juste trente ans. Son mari, notre père, Glenn, était un homme agité qui buvait. Bien qu'il aimât Sally, il la frappait de temps à autre et il lui était arrivé de battre aussi les garçons – pas Wade, bien sûr, qui était trop petit, mais les aînés, Elbourne et Charlie, qui pouvaient être exaspérant (même Sally l'admettait) surtout lorsque Glenn rentrait tard le vendredi soir, un coup dans le nez, et d'humeur massacrante. Ce n'était évidemment pas une raison pour les brutaliser, elle ou les enfants – Glenn n'avait aucune excuse et c'est pourquoi ensuite il était toujours désolé.
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Il l’embrassa sur les lèvres, puis roula loin d’elle et souffla la bougie. Lorsqu’il s’allongea à nouveau il écouta la respiration basse et lente de Margie, et au bout de quelques secondes il essaya d’accorder leur rythme comme pendant l’amour, et il y réussit de sorte qu’ils respiraient en harmonie, qu’ils marchaient ensemble d’un même pas, courageux, amoureux, traversant un pré herbeux sous un beau ciel bleu où dérivaient des bouffées de nuages blancs, où planaient des oiseaux tandis que le soleil leur réchauffait la tête et les épaules, et ils ne seraient plus jamais, ni l’un ni l’autre, plus jamais seuls.

(p. 244)
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Videos de Russell Banks (43) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Russell Banks
Russel Banks est mort le 8 janvier 2023. Cet écrivain, très apprécié en France, était un ardent critique des dérives de l'Amérique contemporaine. "Le Royaume enchanté", son dernier roman vient de paraître aux éditions Actes Sud dans une traduction de Pierre Furlan.
Nos deux critiques littéraires l'ont lu et vous en parle.
#critique #litterature #russellbanks
__________ Livres, films, jeux vidéo, spectacles : nos critiques passent au crible les dernières sorties culturelles par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrosjQHaDUfeIvpobt1n0rGe&si=ReFxnhThn6_inAcG une émission à podcaster aussi par ici https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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