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Benoît Vermeulen (Collaborateur)
EAN : 9782742764501
40 pages
Actes Sud (10/01/2007)
3.88/5   33 notes
Résumé :
Murdoch, un adolescent, se lève un matin, incapable d'arrêter de parler. Norvège, elle, se mure dans son silence et refuse de sortir de sa chambre. Tout ça à cause d'un stupide devoir sur la beauté ?
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je fais rarement les choses dans ce sens mais j'ai lu Assoiffés après l'avoir vu à Avignon l'été dernier. Je cherchais au départ à voir Littoral du même auteur que j'avais lu (et que j'ai fini par aller voir la semaine suivante) et je me suis "rabattu" sur cette pièce pour laquelle il restait des places.

Je n'ai pas regretté ce contretemps car j'ai découvert une pièce coup de poing comme le sont la plupart des oeuvres de Mouawad. Alors qu'habituellement, on trouve l'influence de son passé au Liban dans ses oeuvres, il n'est ici question que des souffrances de l'adolescence face à la réalité de la vie et à ses laideurs, face aux renoncements que suppose le passage à l'âge adulte. Faits de longs monologues des deux personnages principaux, ce texte sait toucher à l'essentiel de ces questions fondamentales de l'humain puisque nous sommes tous passés par là. Les répétitions incantatoires du personnage de Murdoch m'ont totalement bouleversé lors de la représentation et je n'ai pu essayé de retrouver (imparfaitement) cette émotion qu'en réinterprétant à haute voix certaines répliques.

Je ne saurais jamais comment j'aurais perçu le texte si je l'avais lu avant de le voir et si cette lecture m'aurait d'ailleurs donné envie d'aller à une représentation du texte. C'est en tout cas pour moi une très belle pièce contemporaine, sensible, poétique et surtout juste.
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Murdoch râle, rage, crache dans de longs et beaux monologues son « écoeurite la plus aiguë », sa colère face à la laideur d'un monde McDonalisé, consommatisé, l'absurdité d'une vie où les mêmes choses se répètent sans cesse: attendre le bus, aller en cours, revenir chez soi, « finir la soirée planté devant la télévision à se faire dire par une crisse d'animatrice ce qui est beau et bon d'acheter », dormir, attendre le bus... « Comme si on tournait en rond. » « Comme si on revenait toujours au même carrefour alors qu'on est déjà en retard, qu'on a plus ben ben le temps de niaiser. »
L'intensité de la révolte de Murdoch contamine Boon qui lui aussi devient un assoiffé d'amour, de beauté, de sens, d'infini. Il écrit sur cette laideur envahissante qui vous donne envie de disparaître, sur ses ravages, parle de la beauté un peu comme dans un rêve, et sa création prend vie, fait irruption dans le « réel ».
L'imaginaire et la réalité, la poésie et la critique sociale, se mêlent d'une drôle de façon, troublante, belle.
Une pièce très forte, poétique et remuante, percutante, une écriture profonde ravivant ce qui donne le sentiment d'être vivant et pas une machine.
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Des accents de Beckett plus que de tragédie grecque...
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Mais là, plus l’autobus retarde, moins je sais pourquoi je me suis levé ce matin. Vous là madame, vous le savez pourquoi vous vous êtes réveillée ce matin? Non? Ben moi je crois que le chauffeur d’autobus, lui, là, ce matin, il s’est dit dans sa tête: « Coudonc, pourquoi je me réveille ce matin? » Pis comme la réponse était pas ben claire, il a décidé de rester couché. Vous rendez-vous compte, madame, que si tous les chauffeurs d’autobus du monde se demandaient en même temps: « Pourquoi je me lève ce matin? » il y aurait un crisse de pow wow dans la ville? Qu’est-ce que vous voulez leur dire: « Ben non, lève-toi, viens-t’en nous parler d’une banque Royale, viens-t’en parce que tu le vaux bien, vas-y, fais-le pour toi et tu auras la passion du confort? » Qu’est-ce que vous voulez leur dire : « Ben non, encore pour toute ta vie, fais-le le trajet de la 121: Cavendish, Place-Vertu, Hocquart, Duguay, Saint Laurent, Alexis-Nihon, Marlatt, Cardinal, Sainte-Croix, Ahuntsic, Saint-Michel, Sauvé, dix fois par jour aller-retour! » Moi, là, je crois que c’est ça qui s’est passé! Le chauffeur de la 121 vient de prendre conscience de sa vie et il a décidé de tout envoyer crisser! Bon! Le v’là! J’suis presque déçu!
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Ce soir-là, je me suis tué et enterré discrètement, à ma manière, tout en continuant à rester vivant parce que je ne voulais pas disparaître. J'aimais trop la vie. Je ne voulais pas mourir au complet, simplement enterrer une partie de moi. Toute petite, qui s'appelait l'écriture. J’ai décidé que je n’écrirai plus jamais... Murdoch avait beau crier qu’il fallait prendre parole, oser... c’était trop difficile... moi, je voulais vivre avec les gens, alors j’ai décidé de faire ce qu’ils voulaient que je fasse, j’ai décidé que je deviendrai quelqu’un d’autre. Un enfant modèle. Je suis devenu anthropologue judiciaire. Oubliée, la beauté en soi, oubliées Norvège et la métaphore, oubliés les gens du quartier qui voient la beauté en eux se transformer en laideur, perdu, oublié tout ça.
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BOON. Je l’ai vu s’en aller. En cinq minutes, il m’avait injecté une telle dose de révolte et de colère que j’ai été envahi par une soif d’amour, de sens, de raison d’être, de douceur, une soif si grande ! Une soif me faisant comprendre que ce monde magnifique, lié à l’enfance que je portais en moi, était en train de mourir à force de dureté. Les choses me semblaient si claires tout à coup. Les gens de mon quartier, auprès de qui je devais faire l’enquête, étaient tous pareils à moi : nous aimons tous la vie et la beauté est à la portée de tous. Pourtant, lorsque cette beauté n’est pas nourrie, elle se transforme en quelque chose d’horrible et cette chose horrible nous gruge de l’intérieur. J’ai compris que plus on tentait de vivre sans beauté, plus la beauté en nous enlaidissait !
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... pour ce qui est du poète, disons plutôt que j'étais timide même si, c'est vrai, secrètement, je rêvais de devenir auteur, je rêvais de donner vie à des personnages, inventer un monde pour faire voir ce qui n'existait pas... Finalement, je suis devenu anthropologue judiciaire, et au lieu de faire voir ce qui n'existe pas, je fais voir ce qui n'existe plus. C'est une nuance insignifiante mais cette insignifiance peut changer tout le cours de votre vie.
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Il y aura toujours un "re" de trop qui fera en sorte que vous êtes toujours game over! Je le sais pas, je me sens comme tétanisé de l'intérieur, comme si en dedans de moi y a un gars qui joue avec une superballe qui rebondit partout!
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Vidéo de Wajdi Mouawad
Wadji Mouawad est dramaturge, romancier, metteur en scène, Grand prix du théâtre de l'Académie française et il dirige actuellement le Théâtre national de la Colline depuis 2016. Cet homme d'origine libanaise est venu donner son point de vue sur la question "Que faire de notre héritage culturel?". "On a semé en moi la graine de la détestation, qui consistait au fond à détester tout ce qui n'était pas de mon camp et mon clan", a expliqué Wadji Mouawad, qui a grandi au Liban pendant la guerre civile, dans une "culture de la détestation". Aujourd'hui, il a choisi de réfléchir à la manière dont son héritage personnel l'encombre dans la situation que nous vivons actuellement, et notamment le conflit israélo-palestinien, et plus particulièrement depuis les attentats du 7 octobre 2023. Selon lui, il n'est pas possible d'être neutre du fait de notre héritage. Après ce constat, il en vient à se poser la question suivante : "Est-ce que notre héritage ne devient pas un obstacle à notre capacité à l'empathie?".
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