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Rose-Marie Makino-Fayolle (Traducteur)
EAN : 9782742766840
205 pages
Actes Sud (23/03/2007)
3.55/5   161 notes
Résumé :
Une petite fille touchée par l'élégance d'un vieil homme le suit dans son île et devient son alliée face à l'hostilité du monde environnant. Dans la maison vit aussi un hamster. Le regard de ces petits animaux dépourvus de paupières ne se détourne jamais, ne s'efface jamais. Une jeune Japonaise prend l'avion pour l'Europe. A ses côtés s'installe un homme d'une trentaine d'années, très vite il se met à parler puis s'endort. La jeune femme, incapable d'un tel abandon,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
3,55

sur 161 notes
Huit nouvelles qui tournent autour du sommeil ou de son absence, mais où affleurent aussi le rêve, la rencontre, le regard, l'immobilité, l'abandon.

En définitive, quelques jours après avoir refermé ce livre, j'en garde l'impression tenace d'avoir au fil des histoires pénétré un univers très personnel teinté subtilement d'insolite, de fantaisie aigre-douce, flirtant avec le fantastique.
Quelle imagination et quelle subtilité dans l'art de la narration ! Je ne suis pas très fan de nouvelles d'ordinaire, préférant l'espace du roman qui permet à l'auteur de prendre de l'ampleur, de développer à son aise arguments et intrigues. En fait, je trouve souvent une nouvelle étriquée et pour tout dire pauvre par rapport au roman. Rien de tout ceci ici, j'ai dévoré avec délectation ce recueil enchaînant les nouvelles d'une trentaine de pages en moyenne ( douze pages même pour la plus courte ), agréablement surprise par leur originalité, leur intensité et leur ton si particulier.

Chaque histoire est très différente, mais que l'on soit embarqué à bord d'un avion, installé dans un jardin, une cuisine, au bord d'une piscine, en quelques phrases précises au style magnifique, le cadre est planté, l'intrigue se noue, la magie opère et la chute est toujours surprenante et inattendue, incomplète presque, ouvrant la porte à l'imagination du lecteur, sans frustration.
Bien sûr, parmi ces huit nouvelles, j'ai mes préférées...Gardez les paupières ouvertes pour choisir les vôtres.
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Un recueil de huit nouvelles paru au Japon en 2001, et qui montre une belle palette du talent de Ogawa Yoko.

Dans « C'est difficile de dormir en avion », la jeune narratrice japonaise s'envole pour Vienne, et se retrouve assise à côté d'un trentenaire qui va lui narrer le récit qui l'aide à s'endormir en avion, tout le monde en a un, prétend-il…Le sien est justement une histoire de rencontre qu'il a vécue, éphémère et tragique, le temps d'un vol pour cette même destination, avec une vieille dame, son allergie aux crevettes et son étrange gecko naturalisé, le lézard porte-bonheur des maisons japonaises. Quand l'apaisement et le sommeil vous gagnent, bercé(e) par la voix et la présence d'un(e) inconnu(e)…

« L'art de cultiver les légumes chinois » s'invite chez un couple, dont le calendrier mural cloche, le 12 du mois étant entouré au stylo sans qu'aucun d'eux n'en soit l'auteur. le 12 venu, c'est grand vent, et une petite vieille à vélo vient frapper à la porte pour vendre quelques légumes. La femme finit par lui en acheter, et la vieille lui offre des graines d'un légume chinois inconnu. Chez le couple, les plantes poussent dans leur incubateur-aquarium, formant de longues tiges qui restent néanmoins fragiles…mais surprise, elles émettent une luminescence la nuit…Inquiète, la femme va chercher à retrouver la vieille à vélo pour tenter de comprendre…

« Les paupières » sonne comme une version soft de son roman plus ancien « Hôtel Iris » que j'avais trouvé formidable. Une fille de 15 ans qui a porté assistance à un homme d'âge mûr, N, effondré dans la rue se retrouve à le raccompagner chez lui, sur une île proche de la côte. Il a un hamster…auquel on a retiré les paupières…N semble vouloir revivre avec l'adolescente le souvenir de la fille qu'il a aimé autrefois, qui lui jouait du violon et avait de si jolies paupières…Une étrange liaison s'installe entre eux (serait-elle consentante ?), à l'hôtel où N lui fait rejouer ce passé…Mais il semble qu'on les observe…Le hamster ? le mystérieux pilote des bateaux-navettes ? ll arrivera ce qui devait arriver à cet homme qui entretient une relation contre-nature avec une mineure. le format nouvelle ne permet pas de pousser très loin ce thème. Moins aboutie qu'hôtel Iris, elle est aussi bien moins crue et provocatrice.

La nouvelle « le cours de cuisine » est complètement déjantée. La jeune femme narratrice s'est inscrite à un cours de cuisine. Contrairement à la séance du soir très prisée, elle est la seule élève pour le cours du matin. La professeure exerce à domicile. La maison qui a soixante ans a été transformée en une pièce unique entièrement dédiée à la cuisine. Au beau milieu de la réalisation de la recette, une équipe de déboucheurs de canalisations s'invite, apparemment sûr qu'il y a beaucoup de travail de débouchage dans cette maison. Sous le regard interdit de la jeune femme, la propriétaire va se réjouir du spectacle étonnant et quelque peu écoeurant du débouchage de la tuyauterie, où les remontées par la bonde de l'évier de cuisine n'en finissent plus, et ressemblent à une pêche miraculeuse.

« Une collection d'odeurs » est un court récit où le narrateur masculin musicien classique, conte son amour inconditionnel pour une femme également à sa façon une artiste, tout à fait à part, puisqu'elle collecte et collectionne les odeurs, toutes les odeurs, en mettant sous cloche les choses dont elles émanent…Le ton est de miel, le romantisme est de mise, j'ai pensé à Louise Amour de Christian Bobin…Jusqu'à une chute inattendue, et qui se révèle glaçante, et là je pense à son compatriote Akira Yoshimura et son « Un spécimen transparent ». Approuvé !

« Backstroke », traduction « Dos crowlé » est l'histoire racontée par sa soeur d'un adolescent devenu jeune homme qui s'avère particulièrement doué en natation. Sa mère en admiration ne jure que par lui et il va aller jusqu'à la sélection pour les jeux olympiques. En même temps, son comportement à lui a toujours été bizarre, il se cache dans les coins à la maison, n'est pas bavard. le père n'est pas méchant, mais alcoolique. du jour au lendemain, tout s'arrête : le champion voit son bras gauche se relever et se figer dans cette position. Et malgré les démarches désespérées de sa mère, rien n'y fait, le bras se nécrose peu à peu. Sa soeur lui demande un jour de nager une dernière fois, ce qu'il accepte…Un beau texte, surréaliste et triste, sur la différence, les troubles psychologiques, les coups du destin qui brisent nette une trajectoire de vie.

« Les ovaires de la poétesse » ne livre pas immédiatement le secret de son étrange titre. La narratrice japonaise est venue seule en voyage dans une ville d'Europe, pour retrouver sérénité et sommeil, et échapper à son ami trop souvent ivre, avec lequel la communication et la tendresse se sont complètement étiolés. Se baladant un peu au hasard dans les rues, elle tombe sur un jeune mendiant qui joue les rabatteurs pour une vieille dame, qui fait visiter la maison de sa grand-mère, une poétesse inconnue, décédée à 38 ans d'une maladie des ovaires. Or au milieu des vitrines exposant les oeuvres, s'en trouve une protégeant une sorte de cocon…des cheveux de la poétesse, qui ont poussé sur…ses ovaires !!! le soir venu, dans sa chambre d'hôtel, lentement, insidieusement, imparablement, elle fait l'expérience que chacun fait, de la conscience qui s'engourdit, du rêve qui invite les êtres et les choses croisées dans la journée à défiler devant vos yeux déjà clos, dans un scénario parfois étrange, quand le messager du sommeil vient vous visiter…Encore un bon moment d'abandon dans une atmosphère onirique.

Le recueil est clos par « Les jumeaux de l'avenue des tilleuls ». Un écrivain japonais se rend en voyage en Europe, pour visiter sa fille qui vit à Londres et y a des ennuis. Il en profite pour faire un crochet par Vienne pour rencontrer pour la première fois le traducteur en langue allemande de ses romans. Il est ainsi invité chez cet homme octogénaire, Heinz, qui en fauteuil roulant vit avec son frère jumeau Karl. Ils sont inséparables et ne se sont jamais mariés. L'occasion de se plonger dans une histoire terrible et trop ordinaire d'une famille vivant durant la période nazie, le père, la mère, Heinz, Karl et leur soeur Sofie. Karl était fleuriste, leur père était gynécologue…Il a été dénoncé à la gestapo pour avoir fait avorter une jeune fille pauvre. La famille sera séparée, la mère et la soeur ne reviendront pas d'un camp…Culpabilité, souvenir tragique…

Le sommeil, le rêve, la mémoire, mais aussi le voyage, la rencontre vers l'autre, l'étranger, forment un fil d'ariane dans ce recueil pour composer une étrange mais néanmoins harmonieuse symphonie. Yoko Ogawa y explore une nouvelle fois la frontière du conscient et de l'inconscient, avec un tropisme pour Vienne notamment, comme si nous retrouvions une sorte de lien très discret entre ces récits.

J'ai lu chez certain(e)s ici qu'ils n'accrochaient pas à l'écriture de Yoko, trop sèche, sans émotion, sans attache aux personnages, etc. Ce sont sûrement des lecteurs qui préfèrent Ito, et ils ont bien le droit ! Personnellement, je trouve que ce qui est magique chez Ogawa, c'est justement cette faculté à créer des ambiances qui marquent durablement votre mémoire avec une grande économie de moyens. Pas de grands mots, pas de fioriture, des phrases courtes...C'est ce qui permet à l'esprit du lecteur de s'immerger avec sa propre sensibilité dans cet univers étrange et de laisser se développer en lui l'imagination et l'empire des sens. Cet univers se mérite, c'est un apprentissage...Ces ambiances me semblent plus universelles, et peut-être plus touchantes finalement que beaucoup de romans à l'atmosphère "typiquement" japonaise, du moins celle qu'on veut absolument nous vendre en occident (les chats, les saisons, la zénitude...) souvent bien éloignée de la réalité d'aujourd'hui.

Encore un bel ouvrage, donc, qui sans être son meilleur contribue à la construction de l'oeuvre remarquable de celle qui a fait dire à un magazine d'information hebdomadaire français il y a déjà quatre ou cinq ans que « le jour où le jury de Stockholm décidera enfin de récompenser de grands écrivains, Yoko Ogawa obtiendra le prix Nobel de littérature. »
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Les paupières est un recueil de huit nouvelles dans lesquels les personnages ou les situations glissent subtilement dans l'étrange et le fantastique.
Une femme offre des quantités de légumes qu'elle cultive sur un terrain qui, après vérification, n'existe pas, pendant un cours de cuisine deux plombiers s'activent pour déboucher un évier, sans que cela ne gêne le moins du monde la cuisinière, un nageur de dos crawlé perd l'usage de son bras gauche qui se dessèche peu à peu, une femme collectionne les odeurs qu'elle conserve dans des petits flacons de verre marron.
Autant de personnages qui semblent ordinaires mais qui en viennent à côtoyer des situations inhabituelles. Yoko Ogawa crée des ambiances étranges avec ces personnages improbables, que jamais elle ne juge. Elle ne fait que décrire les bizarreries, les situations surréalistes, toujours avec calme et poesie même quand les phénomènes sont extrêmes comme découper les paupières d'un hamster
Des nouvelles bien écrites, assez poétiques mais pas très marquantes, aussitôt lues, je les ai aussitôt oubliées...
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Autre recueil de nouvelles de Ogawa Yôko, autres ambiances. Dans Les paupières, les thèmes flirtent parfois avec une surréalité ténue et ambiguë. Une spécialité de l'auteure qui fait osciller avec tant de raffinement le voile si fin séparant le réel de ce qui ne l'est plus. le Japon est la terre des Kami, ces divinités inhérentes à tous les aspects de la Nature dans le shintô. C'est ce qui explique, certainement, la porosité de cette frontière.

Ogawa Yôko nous promène beaucoup dans ce recueil car plusieurs récits, sur les huit qui le composent, se déroulent à l'étranger, en particulier à Vienne. le sommeil et, surtout, son absence, occupe également une place importante dans diverses histoires. Les narratrices souffrent en effet d'insomnie chronique et vont même jusqu'à entamer de lointains voyages pour essayer de trouver une nuit qui leur soit propice.

Les nouvelles offrent un caractère déroutant et étrange à la lecture. Elles se terminent parfois sans qu'une chute vienne clore l'histoire. Déroutant mais pas dérangeant car c'est un trait qui se retrouve somme toute fréquemment dans la littérature japonaise (dans d'autres également). A chaque lecteur de poursuivre son récit intérieur.

Les Jumeaux de l'avenue des Tilleuls m'a particulièrement touchée, avec cette rencontre à Vienne entre un écrivain japonais et son traducteur pour l'Autriche, vieux monsieur physiquement diminué qui vit depuis toujours avec son jumeau. Les émotions affleurent avec délicatesse et retenue tout au long du récit. C'est un texte très beau dans sa composition et son écriture. C'est aussi une jolie évocation de la relation entre un auteur et son traducteur pour l'étranger. On voit le lien qui se crée pour traduire sans trahir, toute une question de respect pour le texte dans sa version originale. Et cette nouvelle naissance du livre dans une autre langue, avec d'autres formes scripturales. D'autant plus fortes ces relations quand le même traducteur s'occupe d'un écrivain. Comme c'est le cas avec Ogawa Yôko et Rose-Marie Makino-Fayolle, sa traductrice française. Une nouvelle qui nous rappelle, à nous lecteurs, l'incroyable chance de bénéficier des talents de ces tandems, quand on ne lit pas la langue dans le texte.
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Ce recueil de huit nouvelles m'a à nouveau permis d'entrer dans l'univers si particulier de Yoko Ogawa, que je connaissais jusque là comme romancière.
Evidemment, c'est une sorte de gageure de parvenir à fasciner le lecteur, quasiment de l'hypnotiser, sur quelques pages à peine. Elle y parvient aisément, sans rien céder de ses bizarreries de situations, grâce à son style si concis mais très évocateur.

On est la plupart du temps dans le rêve, ou le cauchemar. Les sujets franchement surréalistes font appel le plus souvent aux sensations corporelles, en les détournant. Des titres comme « Une collection d'odeurs », « Les ovaires de la poétesse » sont révélateurs de cela.

Certains doivent penser que tout cela tourne au procédé et qu'il n'y a au fond pas beaucoup de substance dans la fiction de Yoko Ogawa. le charme a pourtant opéré pour moi une fois encore.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Quand j'ai réussi à bien dormir en avion, je ressens un immense bonheur. C'est curieux, vous ne trouvez pas ? C'est comme si je flottais au fond d'un marais tiède ou si je baignais dans l'air d'une forêt saturée par l'odeur de la végétation. Je ne suis gêné par personne, je suis seul et pourtant je ne suis pas triste et je n'ai pas peur...c'est une sensation que je ne peux savourer que lorsque je dors dans un avion.
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Karl et Heinz étaient immobiles. Les campanules, le pot de café refroidi, la machine à écrire, et tout ce qui était dans la pièce baissait les yeux en silence.
- Il fait un temps magnifique, dis-je. La vitre sur ma joue était glacée. Ce n'est pas rare, un si beau temps au début de l'automne ?
Karl et Heinz acquiescèrent en même temps.
- Dehors, l'air est agréable, vous savez. Il n'y a pas de vent et le soleil est tiède.
Le calme de la pièce était partout, sans peser sur quoi que ce soit de particulier. C'est à ce moment-là que je me suis rendu compte que j'étais enfin arrivé au bout d'un long voyage.
- Je suppose que oui, d'après ce que je vois par la fenêtre, répondit Heinz.
- Vraiment, vous n'avez pas mis le nez dehors depuis cinq ans ?
- Non.
- Même en chaise roulante ?
- Je n'en ai pas besoin. Karl va à la poste pour moi. Et il fait les courses. Le médecin me rend visite. Je peux traduire en restant dans cette pièce.
Heinz tripotait les franges de son plaid.
- Je suis un peu comme un vieil écureuil qui a grimpé sans s'en apercevoir tout en haut d'un arbre dont il ne peut plus redescendre.
- Si ça ne vous ennuie pas, commençai-je en quittant la fenêtre pour venir me rasseoir sur le sofa, vous ne voulez pas que nous sortions ensemble ? Je vais vous porter.

Extrait de "Les jumeaux de l'avenue des tilleuls"
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Lorsque je réfléchissais au sommeil, je ne sais pourquoi, je pensais toujours à la mort. Pas parce que j'étais inquiète à l'idée que si je continuais ainsi à rester éveillée, mon corps affaibli finirait par mourir. Tout le monde avait un messager du sommeil. Dans la journée, il se retirait quelque part au fond d'une forêt lointaine d'où il sortait la nuit pour visiter son maître. Et il frappait sur les osselets au fond de nos tympans. En entendant ce signal, les gens tombaient dans le sommeil. Le messager remplissait fidèlement sa mission. Qu'il neige ou qu'il vente, il réitérait ses visites sans se reposer. Mais un jour il s'affaiblissait. Il restait de plus en plus souvent anéanti dans sa petite cabane entourée de conifères. Toutefois, il n'oubliait pas ses visites. Il partait, même en rampant. Un après-midi, à l'abri des regards, le messager rendait son dernier soupir. Le sommeil ne venait plus. C'était la mort...

Extrait de "Les ovaires de la poétesse"
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Où donc mon sommeil avait-il disparu ? Lorsque je réfléchissais au sommeil, je ne sais pourquoi, je pensais toujours à la mort. Pas parce que j'étais inquiète à l'idée que si je continuais ainsi à rester éveillée, mon corps affaibli finirait par mourir. Tout le monde avait un messager du sommeil. Dans la journée, il se retirait quelque part au fond d’une forêt lointaine d'où il sortait la nuit pour visiter son maître. Et il frappait sur les osselets au fond de nos tympans. En entendant ce signal, les gens tombaient dans le sommeil. Le messager remplissait fidèlement sa mission. Qu'il neige ou qu'il vente, il réitérait ses visites sans se reposer. Mais un jour il s'affaiblissait. Il restait de plus en plus souvent anéanti dans sa petite cabane entourée de conifères. Toutefois, il n'oubliait pas ses visites. Il partait même en rampant. Un après-midi, à l'abri des regards, le messager rendait son dernier soupir. Le sommeil ne venait plus. C'était la mort...
Voici ce que je pensais
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Quand arrivait l’heure de me coucher, je me brossais soigneusement les dents, vérifiais à plusieurs reprises que les rideaux étaient bien fermés, pliais les vêtements que je devais porter le lendemain et les posais sur le sofa, tirais sur la couverture du lit impeccablement fait, et m’allongeais après avoir éteint toutes les lumières de la chambre. Je répétais chaque soir l’opération dans le même ordre. Je craignais qu’en sauter une seule étape ne provoque la formation d’une cavité dans le cours du temps entraînant une torsion de l’obscurité qui m’aspirerait dans un monde où le sommeil n’existerait pas.
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