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France loisirs (01/01/1900)
4.3/5   72 notes
Résumé :
Dans un train ayant passé Dresde, vers 1923, le conteur apprend de la bouche d'un antiquaire la mésaventure d'un collectionneur d'eaux-fortes, vétéran de la guerre de 1870, habitant le fin fond de la "province saxonne" (probablement la Saxe prussienne). Le collectionneur, aveugle dès avant le début de la Première Guerre mondiale, est persuadé de posséder une formidable collection, digne de faire pâlir d'envie le conservateur du "cabinet royal des estampes de Vienne ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Dites-moi, vous reprendrez bien un petit Zweig ?
Je n'ai pas hésité longtemps, une version audio cette fois-ci d'une courte nouvelle dont le titre révèle dès le départ le propos. J'ai trouvé le narrateur là aussi un peu emphatique, mais il n'a pas réussi à me gâcher le plaisir des mots de Zweig.

Allemagne entre les deux guerres. L'inflation est galopante et mène à la misère un grand nombre de familles. Celle de ce collectionneur, devenu aveugle, sera réduite à des expédients peu glorieux, mais indispensables pour survivre. C'est l'histoire que nous raconte dans un train, un antiquaire parti à la recherche de pièces à acheter. Il n'en trouvera pas, mais aura l'occasion de se comporter en brave homme pour sauvegarder le bonheur du collectionneur.
Comme rappelé par l'auteur à la fin de cette nouvelle, ce mot de Goethe résume bien l'esprit de ce texte : « Les collectionneurs sont des gens heureux »

Encore une fois, Zweig montre tout son talent de conteur dans un texte plein d'humanité qui réussit à nous émouvoir et à rendre attachant ce vieil homme ainsi que sa famille. Encore une fois, à entendre ses mots, j'imaginais sans peine les scènes se déroulant sous mes yeux et le soin, le bonheur avec lesquels ce vieux collectionneur passait en revue et décrivait avec moultes détails cette collection ... invisible.

Zweig_-_La_collection_invisible.
Lu par René Depasse
Lien : https://www.litteratureaudio..
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Je suis encore une fois conquise par Stefan Zweig et sa plume. La collection invisible est une courte nouvelle mais a la fois très intense. le narrateur rencontre dans le train un antiquaire qu'il connait. Ce dernier, va lui raconter une histoire. En feuilletant l'historique des achats de clients, il tombe sur le nom d'un homme qui a traité avec son père mais qui n'ai pas venu dans sa boutique depuis un moment. Il voit la occasion, de peut-etre racheter une collection d'estampe. Il part donc a la recherche de ce vieillard mais il n'est pas au bout de ses surprises.

C'est une nouvelle qui est vraiment reussite. On se laisse prendre au jeu et on écoute ce antiquaire racontait son histoire, tel une confidence qu'il nous fait. Zweig réussi a nous émouvoir, on sourit au réactions parfois enfantine de ce vieux collectionneur mais surtout on ne peut que ressentir a la tristesse pour lui dont la seul joie et sa collection : "Avec une précaution infinie, comme s'il touchait un objet fragile, il tira du carton un passe-partout qui encadrait une feuille de papier vide et jaunie. Prudemment, du bout des doigts, il la souleva devant ses yeux éteints et la contempla avec enthousiasme, sans la voir. Tout son visage exprimait l'extase magique de l'admiration. Tout à coup, était-ce le reflet du papier ou une lumière intérieure, ses pupilles figées et mortes s'éclairèrent d'une lueur divinatrice."

Une belle découverte qui a été adapté au cinéma au Brésil sous le titre A Coleção Invisível qu'il me tarde de découvrir.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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La collection invisible /Stefan Zweig
Alors qu'il effectue en 1923 un voyage en train aux environ de Dresde, le narrateur voir entrer dans le compartiment un homme qui ne lui est pas totalement étranger. En effet, il se remémore cet antiquaire berlinois très connu, chez qui il a naguère acheté des livres anciens. Et alors histoire de passer le temps, l'antiquaire lui raconte une histoire incroyable en rapport avec une époque gravement touchée par la perte de valeur de l'argent due à une hyperinflation. Seuls les objets d'art ont gardé leur valeur et en peu de temps, sa boutique a été dévalisée par des acheteurs de plus en plus nombreux pressés de convertir leur argent. Il décide alors de se mettre à la recherche de pièces dont auraient l'intention de se séparer quelques collectionneurs.
Consultant une liste des anciens clients, il jette son dévolu sur un homme sans doute très âgé à présent, que lui-même n'a pas connu mais que son père et même son grand-père qui tenaient alors la boutique ont souvent reçu, vu le nombre d'achat qu'il a fait. Des achats de pièces splendides, des eaux fortes de Rembrandt, des gravures de Dürer et de Mantegna. A présent il doit bien avoir 80 ans si toutefois il est encore en vie.
Une rapide recherche permet à notre antiquaire de retrouver le collectionneur bien en vie mais aveugle. Celui-ci est persuadé que l'antiquaire est venu pour lui vendre des pièces ce dont aussitôt le détrompe l'homme de l'art pour le rassurer. Et alors va s'instaurer un épisode bouleversant quand le vieil homme veut montrer sa collection extraordinaire à l'antiquaire.
Une nouvelle merveilleusement bien écrite comme toujours avec Stefan Zweig.
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N° 1496- Août 2020.

La collection invisibleStefan Zweig.
Traduit de l'allemand par Manfred Schenker.

Nous sommes dans cette Allemagne de l'entre-deux-guerres, un pays vaincu où l'inflation galopante ruinait les citoyens qui se dépêchaient de dépenser immédiatement l'argent qu'ils percevaient avant qu'il n'ait plus la moindre valeur. Dans ce contexte, tout objet d'art était une source de richesse et le narrateur, un antiquaire désoeuvré mais désireux de faire quelques bonnes affaires, a l'idée de visiter ses anciens clients et parmi eux un vieux collectionneur de gravures de grand prix qu'il avait acquises en se privant toute sa vie et qu'il gardait jalousement. Il a perdu la vue il y a quelques années, mais a gravé dans son souvenir chaque détail de ses estampes et d'une certaine façon c'est heureux parce que sa femme et sa fille, pour survivre, ont dû vendre les originaux pour les remplacer par des feuilles vieillies, analogues au toucher. Et, bien sûr, il ne s'est rendu compte de rien et c'est à leur demande que l'antiquaire accepte de jouer le jeu jusque dans le moindre détail.
Le vieil homme ne veut pas les vendre, seulement les montrer et les commenter à l'antiquaire et ce n'est évidemment que des feuilles jaunies qu'il lui décrit, avec le seul secours de sa mémoire, sans que son interlocuteur ait le courage de lui dévoiler la vérité. Il s'ensuit une sorte de parade fantasque mais imminemment charitable où le vieil homme prend plaisir à présenter à son hôte des chiffons de papier que sa seule imagination suffit à faire vivre. le narrateur lui emboîte le pas et sa démarche, certes généreuse, permet au vieux collectionneur de se féliciter de son choix d'avoir ainsi investi dans des valeurs sûres qui lui survivront. La félicité du vieillard lui redonne sa jeunesse et est à ce point communicative que les deux femmes sont comme transformées par leur propre supercherie.

Cette histoire ressemble à une fable qui serait presque comique si on la sortait de son contexte. J'y vois une image de la condition humaine, de la propension qu'ont les hommes à circonvenir les autres hommes, à leur mentir, à être hypocrites avec eux, souvent pour des raisons moins humaines ou humanitaires que celle qui nous est soufflée ici puisqu'il s'agit de la survie. Il s'ensuit souvent des situations ubuesques où les mystifiés se couvrent de ridicule, souvent à cause de leur grande naïveté. Se répéter les choses jusqu'à satiété suffit souvent pour les mystificateurs, à se convaincre de leur réalité.
Cette nouvelle n'est pas sans référence à la vie de Stefan Zweig qui était lui aussi collectionneur de livres originaux, de manuscrits, d'autographes et de portraits d'auteurs mais cette collection sera dispersée par les nazis. Par l'écriture de cette nouvelle, publiée en 1925 en Autriche, a-t-il eu l'intuition des dégâts irréversibles qu'allait occasionner le nazisme en Allemagne puis en Europe, les autodafés où ses livres seront détruits ?



©Hervé Gautier mhttp:// hervegautier.e-monsite.com
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Cette chronique met en scène une forme très courante de monomanie : la passion de collectionner. On sait d'ailleurs que Zweig jouissait d'une grande réputation de collectionneur d'autographes de grands hommes et de manuscrits originaux.

La Collection invisible, sous titrée épisode de l'inflation en Allemagne, narre la charitable supercherie dont est complice un antiquaire de Berlin venu voir un très ancien client de sa boutique, collectionneur de son état. L'épouse et la fille de ce monsieur ont été contraintes par la crise de vendre à l'encan la collection d'estampes et de gravures de maîtres dont le vieil homme était si fier et pour laquelle il s'est privé de tout quarante ans durant. Étant devenu aveugle auparavant, il ignore tout de cette profanation qui le tuerait à l'instant même s'il l'apprenait. Ce sont des feuilles jaunies et vierges que le vieillard, honoré de la visite d'un connaisseur entoure de ses soins jaloux et montre avec une volupté et un bonheur évident.

Une très courte nouvelle émouvante, qui atteste une nouvelle fois le génie de conteur de Zweig et son talent à camper très simplement une situation aux développements insoupçonnés.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Avec une précaution infinie, comme s'il touchait un objet fragile, il tira du carton un passe-partout qui encadrait une feuille de papier vide et jaunie. Prudemment, du bout des doigts, il la souleva devant ses yeux éteints et la contempla avec enthousiasme, sans la voir. Tout son visage exprimait l'extase magique de l'admiration. Tout à coup, était-ce le reflet du papier ou une lumière intérieure, ses pupilles figées et mortes s'éclairèrent d'une lueur divinatrice.
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Au milieu de la pièce, un vieillard robuste, la moustache embroussaillée, sanglé dans sa robe de chambre comme un soldat dans son uniforme, se tenait debout et me tendait cordialement les mains. Ce geste spontané de franche et cordiale bienvenue contrastait étrangement avec son attitude raide et immobile. Il n’avança pas à ma rencontre. Un peu surpris, je m’approchai pour lui prendre la main. Pourtant quand je voulus les saisir, je remarquai que ces mains immobiles à l’horizontale ne cherchaient pas la mienne, mais l’attendaient. Instantanément, je devinai tout : cet homme était aveugle.
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Quand, après une résistance désespérée, il se fut enfin résigné à me laisser partir, il me parla d'une voix toute attendrie. Il me prit les mains, les caressa tout du long avec la sensibilité d'un aveugle, comme si ces doigts voulaient davantage me connaître et me témoigner plus d'amour que ne le pouvaient des paroles.
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Je sentais qu'il s'efforçait de me communiquer physiquement son espoir : je le sentais à la tendresse et à l'affectueuse pression de ses doigts qui tenaient les miens en gage de remerciement et de promesse solennelle.
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Et en disant cela, sa main caressait tendrement, comme des êtres vivants, les cartons depuis longtemps dégarnis - et ce spectacle me faisait frémir en même temps qu'il me touchait, car, durant toutes ces années de guerre, je n'avais jamais vu un visage allemand s'éclairer d'une félicité aussi pure et parfaite.
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Vidéo de Stefan Zweig
Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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