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Critiques de Sénèque (190)
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Lettres à Lucilius

« Que d'objets nous achetons parce que d'autres les ont achetés, parce qu'on les voit chez tout le monde ou presque ! L'une des causes de nos malheurs est que nous vivons en prenant exemple sur autrui : nous ne nous réglons pas sur la Raison, mais nous laissons détourner par les usages. »



A lire cette citation on se dit qu'il s'agit d'une réflexion de quelque observateur bien contemporain de nos coutumes consuméristes. Il faut alors que je détrompe le lecteur de ces lignes et lui dévoiler que cette citation est tirée de la lettre CXXIII, que Sénèque adressa à son ami Lucilius dans les années 60 (tout court) de notre ère. Peu de temps avant que son élève pour le moins turbulent, le bien nommé Néron, empereur de Rome de 54 à 68 après JC, ne lui suggère de se suicider.



Cette citation, que deux millénaires nous séparent de son auteur, nous fait dire que peu de choses ont changé en ce bas monde depuis qu'il est peuplé de bipèdes investis par l'intelligence. Intelligents peut-être, mais quand même pas suffisamment accessibles à la Raison, qui pour le coup sous le stylet de Sénèque prend la majuscule tant elle est haussée au pinacle du comportement intellectuel. Faculté de l'Être pensant prônée par le philosophe pour faire contrepoids à celle prônée par le dévot : la Croyance.



Raison contre Croyance, pour une finalité toutefois identique : venir au secours de l'Être pensant contre l'obsession de sa finitude. Apprivoiser l'idée de la mort. L'idée, nous dit Sénèque, étant plus assassine que la mort elle-même. Figurez-vous, nous dit-il, qu'il en est qui se donnent la mort pour se libérer de l'idée de la mort. Un comble.



A lire des textes de philosophes antiques, les éminents qui ont pignons sur rue en la matière tel Sénèque, il faut s'attendre à aborder ces questions essentielles telles que, outre la plus fondamentale de toutes qu'est la vie et son issue, le bonheur, les plaisirs terrestres, le rationnel et l'irrationnel, le vice et la vertu, l'amitié, la sagesse, la maladie, la douleur, et tant d'autres réflexions que Sénèque adressa à son ami Lucilius dans ses lettres dont les copies sont miraculeusement parvenues jusqu'à nous, et certaines retranscrites dans cet ouvrage de la collection Agora chez Pocket.



Même si « la philosophie n'est point un art fait pour plaire à la foule » selon Sénèque dans sa lettre XVI, son discours est empreint de simplicité dans le langage et accessible au vulgaire, dont je suis un digne représentant, grâce la traduction qui nous est offerte par cette collection. Il est bien clair que sans ce travail de latiniste patenté, mes universités dissipées me rendraient la parole du célèbre rhéteur inabordable. Il est bien clair aussi que pour les disciples d'Epicure que nous sommes devenus par facilité de préférence au discours du sage lequel veut nous éloigner des plaisirs du corps, le discours d'un Sénèque peut sembler rébarbatif. Mais l'âge venant et l'idée de la fin obsédant conduisent les uns à se rapprocher de l'autel du mystique, les autres à avoir recours à la Raison.



Il est quand même un sujet sur lequel on ne le suivra pas le grand Sénèque, lequel a joint le geste à la parole, quand il nous dit qu'il vaut mieux se donner une fin honorable plutôt que de vivre dans la mésestime de soi. Une chose que l'on doit ajouter au crédit de notre époque, outre les crèmes anti rides pour satisfaire notre narcissisme, est le recours aux psychologue et anti dépresseurs, à défaut du philosophe plus culpabilisant à notre goût, pour nous aider à supporter nos humeurs chagrines. Autre temps autre moeurs même si « que d'objets nous achetons parce que d'autres les ont achetés. » etc… etc…

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Éloge de l'oisiveté

Il est bien difficile d'éviter les erreurs quand on aborde la pensée antique, si même un éditeur permet de traduire "otium" par oisiveté, dans le même esprit de marketing qui laisse traduire "Confessions", dans Saint Augustin, par "Aveux". L'otium, c'est le loisir studieux, la retraite active loin des affaires de la cité, où l'on se consacre aux travaux vraiment humains, à savoir la philosophie. Ce loisir studieux est réservé aux nobles, qui ont à leur service esclaves et serviteurs chargés d'assurer leur vie matérielle. Sénèque appartient à l'élite sociale d'un monde qui méprise le travail, la production, l'utilitaire. Pour vivre dans un tel mépris, il faut être riche.



Seulement, Sénèque pratique la philosophie stoïcienne (non pas "stoïque" : est stoïque la personne qui sait souffrir sans se plaindre, ce n'est pas une activité philosophique, mais une qualité morale, le courage). Ce mot, philosophie, entraîne à son tour son lot de contresens : dès Socrate et Zénon, philosopher n'est pas seulement raisonner, encore moins exposer complaisamment ses "opinions" (ça, c'est le vice des sophistes, qui confondent pensée et opinion, la doctrine méthodique, construite, avec les préjugés). Philosopher, c'est se mettre modestement à l'école d'un maître, étudier ses textes, écouter ses enseignements, faire taire, le plus souvent, ses propres préjugés, et réformer sa manière de vivre. Pierre Hadot, dans son essai "La philosophie comme manière de vivre", a tout dit sur le sujet.



Le Stoïcien a foi en la providence divine. Il croit que l'univers est dirigé sagement, malgré le mal qu'il voit et déplore. Il devient apte à contempler l'ordre providentiel du monde, grâce à l'otium, éveillent et développant en lui l'étincelle divine qui lui permet d'être homme et le rend parent des dieux. Or un homme stoïcien, un homme véritable, ne peut vivre perpétuellement dans l'otium : ce serait une désertion, et c'est ce que Sénèque enseigne à Lucilius, tenté par l'école épicurienne qui prône le retrait absolu, inconditionnel. Un Stoïcien a des devoirs, la providence lui impose d'agir en ce monde et donc de s'y engager (non pour le changer, mais pour y faire son devoir). Sénèque a exercé de hautes fonctions, au point d'y trouver la mort, exactement comme Marc-Aurèle un siècle après lui. Il n'y a nulle contradiction entre cette doctrine et la pratique.



Le stoïcisme impose à ses adeptes d'accepter l'ordre du monde et d'y prendre leur part. Il pose souvent de façon aiguë la question de la Théodicée, la justice divine (et non la "théodictée") : la providence a fait de Sénèque un sénateur richissime, chargé des affaires de son clan, ou d'Epictète, un esclave. Dans tous les cas, chacun doit se soumettre et faire son devoir avec égalité d'âme, avec ataraxie, à savoir, sans se laisser troubler par les passions, les préjugés, le corps.



Enfin, la dernière erreur que nous commettons sur Sénèque, c'est que nous ne le lisons pas en latin. Si nous jugeons de son style dans cette édition, c'est le style du traducteur que nous jugeons. Sénèque eut un grand admirateur, et un magnifique imitateur : Michel de Montaigne, qui en français tenta d'écrire comme lui, ce qui lui valut le surnom de "Sénèque français". Montaigne, lui aussi, choisit l'otium dans son château, à trente-trois ans, mais accepta stoïquement l'ordre du roi Henri III de devenir maire de Bordeaux au beau milieu de la peste et des guerres civiles. Il continua d'écrire à la façon de Sénèque jusqu'à son dernier jour : de quelle façon ? En refusant les longues phrases éloquentes, les périodes équilibrées du latin d'Erasme, de Cicéron, dont Rabelais se moque dans certaines de ses oeuvres. Il réinventa en français le style que Sénèque avait inauguré en latin : le "style coupé".



On choisira donc les éditions des oeuvres de Sénèque avec prudence. Mieux vaut avoir recours aux livres des Belles-Lettres, bilingues ou seulement en français, pour éviter les erreurs les plus grossières. Les éditions annotées et expliquées sont préférables, bien sûr : on ne lit pas ces textes, on les étudie.
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Thyeste

La malédiction des Atrides vient de loin ...

En effet, le fondateur de la lignée, Atrée, a lui-même hérité de la malédiction de son père et de son grand-père. En effet, son grand-père n'est autre que Tantale, puni - pour avoir servi aux dieux lors d'un banquet le corps de son fils Pélops, le père d'Atrée - puni à ne pouvoir assouvir ni sa faim ni sa soif aux Enfers. Et Tantale est lui-même le petit-fils de Cronos qui dévora ses enfants ...

Mégère, la Haine, fait revenir Tantale des Enfers au début de la pièce pour que sa faim et sa soif s'apaisent en participant au banquet organisé par Atrée en l'honneur de son frère Thyeste. Un banquet où le frère sert au frère la chair et le sang de ses enfants. Thyeste se méfie de son frère sachant qu'il est son ennemi, mais ne sachant pas ce qu'il mange, il mange sa proche chair : l'anthropophagie devient de l'autophagie et c'est le comble de l'horreur : le père ayant mangé ses enfants, les ayant dans ses entrailles, ne pouvant les enfanter comme le pourrait une mère car ce n'est pas dans l'ordre des choses aussi le monde s'arrête-t-il, le soleil disparaît-il et la nuit éternelle tombe sur la Maison d'Atrée, et Mégère, fille de la Terre et du Ciel, règne en maîtresse telle une Moire à la robe tachée de sang.



PS : L'adaptation de la pièce au festival d'Avignon par Thomas Jolly n'est pas mal et disponible au lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=C1WmhD4Du1w
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La vie heureuse - La brièveté de la vie

Pour vivre heureux, concentrons-nous sur ce qui dépend de nous et cultivons la vertu qui mène à la sagesse, éloignons nous de la foule qui a souvent tort, sachons affronter la critique et nous en détacher. Il ne faut pas mépriser les richesses qui permettent générosité et discernement mais ne pas en être esclave, ne pas craindre de les perdre. La richesse n'est pas à opposer à la sagesse (façon de répondre aux critiques, Sénèque étant très riche) La richesse et la santé sont souhaitables mais comme elles sont fragiles et contingentes, il ne faut pas compter sur elles pour asseoir son bonheur qui est alors menacé. Seule la sagesse intérieure mène au bonheur inébranlable et absolu.

Les principes de Sénèque sont tout de même un peu théoriques et difficiles à suivre dans la réalité car la vie n'est pas faite d'abstraction pure, nous sommes corps et esprit mais l'aspect positif est que la sagesse se cherche plus qu'elle ne se trouve, il faut essayer de l'atteindre et agir selon sa conscience.
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La vie heureuse - La brièveté de la vie

Le dialogue "De la vie heureuse" est intéressant a plusieurs titres.



D'une part, Sénèque en fait une sorte de petit bréviaire de la doctrine stoïcienne en en rappelant les bases :

"c'est à la nature que je donne mon assentiment; ne pas s'égarer loin d'elle, se conformer à sa loi et à son modèle, c'est là que réside la sagesse. La vie heureuse est donc une vie conforme à sa propre nature; elle ne peut être atteinte à moins que l'âme ne soit d'abord saine, en possession continuelle de sa santé, et qu'elle ne soit ensuite courageuse et ardente, admirablement patiente, adaptée aux circonstances, soigneuse de son corps et de ce qui le touche sans en être pourtant inquiète, diligente à l’égard des autres moyens d'embellir la vie sans admirer aucun d'eux, prête à faire usage des présents de la fortune, mais non à s'y asservir."

Avec comme conséquence notamment que le sage stoïcien, sans rechercher la richesse, peut être riche du moment qu'il n'est pas possédé par elle et qu'il est apte à s'en séparer sans émotion ni état d'âme.



Conformément à cette orientation il rejette logiquement la poursuite préférentielle du plaisir, rendant à cette occasion justice à Épicure dont ce ne fut jamais la conception que ce dernier avait du bonheur et arguant combien vertu et plaisir ne peuvent cohabiter harmonieusement dans le "souverain bien".



D'autre part, il consacre une partie importante du dialogue à justifier que sa propre vie puisse en pratique rester fort éloignée des principes stoïciens qu'il promeut sans que cela en affaiblisse la force ni la légitimité, car lui n'est qu'un aspirant à la sagesse travaillant à l'amélioration de son âme et déjà, par cela, bien supérieur aux vils critiqueurs encore plus éloignés que lui de cette vertu salvatrice.



Chacun appréciera selon ses propres convictions mais il faut bien constater que ces deux questions (recherche du bonheur et "faites ce que je dis, pas ce que je fais") sont toujours d'actualité, quelques deux mille ans plus tard.
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De la colère

« Lis Sénèque ! », disait le personnage joué par Lucchini dans « Art ».



Nous nous laissons souvent gouverner par la colère. C'est un des points délicats du métier d'enseignant : reconnaître la frontière entre l'autorité et l'autoritarisme et se placer du bon côté, problème qui m'a beaucoup préoccupé dans mes premières années d'enseignement, du haut de mon manque d'expérience et pourvue d'une absence de talent naturel pour la relation pédagogique.



Ce livre parle un peu de cela, des effets de la colère et de ce qu'on a à y gagner en l'éliminant.

Il donne beaucoup d'exemples de la cruauté, de la violence dont faisaient preuve les gens à l'époque (zut, quelle époque au fait ?). Un peu répétitif mais pas inintéressant.



Cela explique en long, en large et en travers qu'il ne faut pas se laisser atteindre par les bassesses, car ou bien il y a plein de bonnes raisons qu'elles existent, ou bien (soyons honnêtes) reconnaissons que nous-mêmes, nous ne sommes pas des anges avec les autres. Alors ne nous laissons pas envahir par la colère.



C'est un peu rassurant de se dire que le manque d'humanité chez les hommes, c'est pas nouveau. Donc la société actuelle n'est pas particulièrement décadente.

Ou c'est un peu déprimant de penser que des siècles n'ont finalement pas été suffisants à améliorer l'espèce humaine.





Ça y est, j'ai lu Sénèque !





Si vous voulez les divagations en plus...
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Médée

Médée est une figure théâtrale spectaculaire : dans l'idéal, il ne faudrait pas lire le texte de Sénèque (même s'il a peut-être été écrit pour la lecture publique et non pour la scène) mais le voir jouer. D'ailleurs, de jeunes troupes ont tenté récemment l'expérience de jouer Sénèque et le résultat était plutôt convaincant et bon. En l'absence de théâtre, on pourra lire ce texte poétique, démarqué d'Euripide, et surtout profiter de l'excellente édition GF, qui propose un dossier très complet sur l'héroïne dans le théâtre grec, latin, et dans celui des siècles qui suivirent (Angleterre élisabéthaine, France baroque, etc). On lira avec beaucoup d'intérêt et de curiosité les quelques pages consacrées à la "fureur" tragique, à savoir la représentation de la folie sur scène.
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Lettres à Lucilius : 1 à 29 : livres I à III

Livre étonnant s'il en est. Moi qui classais Sénèque parmi les Stoïciens, il cite Epicure dans chacune de ses lettres.



Alors, évidemment, ce sont là les paroles d'un grand sage, que dis-je, d'un très grand sage. Et l'on y apprend beaucoup pour mieux vivre ou vivre mieux.



Ce qui m'a un peu dérangée ? Ces lettres à Lucilius qui se veulent des conseils paternels à un plus jeune tournent parfois à l'exhortation arrogante et à l'absence de discussion possible. Je sais et je te transmets mon savoir. Si tu ne fais pas ce que je dis, tu es dans l'erreur. Et là, bien sûr, mon sang rebelle ne fait qu'un tour.



Et au fil de ces lettres, j'ai fini par avoir l'impression de lire un prêche d'un grand-père autocentré, éloquent et brillant certes, mais profondément ancré dans ses certitudes.

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De la brièveté de la vie

Certes ce livre est un petit classique de la pensée stoïcienne, et, écrit vers 50 avant notre ère, il faut savoir le replacer dans son contexte philosophique et littéraire (ce que je ne suis pas la meilleure placée pour faire). Mais je dois avouer que, même en prenant ces précautions, je n’arrive qu’à être agacée par ces livres d’idées qui ne sont pas des démonstrations mais plutôt des sermons. Si l’on n’est pas d’accord d’emblée avec la pensée de Sénèque, ce ne sont pas ces lignes qui convaincront car elles ne prêchent qu’aux convaincus.

Quant au fond, je dois avouer que cette conception très étroite de ce qu’est une vie réussie (ou une vie tout court d’après Sénèque, le reste n’étant que temps qui passe) ne me convainc pas du tout, refusant tout ce qui n’est pas réflexion philosophique et prônant ce qui ressemble fortement à un égoïsme sans borne.

Une lecture instructive, je suppose, mais qui ne me réconcilie pas avec la philosophie et les philosophes.
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Consolations

Redécouverte du langage stoïcien, des phrases laconiques et sobres, un raisonnement logique que j'apprécie. Se tourner vers la littérature ancienne est réconfortant.
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Apprendre à vivre : Lettres à Lucilius

« Apprendre à vivre : lettres à Lucilius » est un formidable ouvrage d’une puissance inouïe définissant à lui seul le cœur de la pensée stoïcienne.



Sénèque se répète il est vrai souvent usant de différentes métaphores d'une élégance rare pour réaffirmer plus fortement sa théorie.



J’ai eu quelques fois un peu de mal à tomber d’accord sur les passages ou il recommande l’insensibilité par rapport à un deuil ou à une grande douleur physique qui pour moi de toute manière marquent de manière indélébile quelle que soit la volonté consciente qu’on peut mettre à les combattre.



Pour autant dans un monde ou la recherche infinie du profit, l’individualisme forcené et la société de consommation la plus compulsive possible, rendent au final les gens riches matériellement mais pauvres spirituellement et souvent malheureux, la philosophie de Sénèque me paraît receler toutes les armes permettant de combattre toutes ses dérives en menant une vie simple, à son propre rythme en retrait et centrée sur son développement intérieur.



Vivre sa vie le plus pleinement possible en se concentrant sur le présent me paraît être une formidable façon de voir les choses.



Ce livre formidable recèle donc peut être toutes les clés d’une vie équilibrée et heureuse, mais combien de personnes le savent ?



A part les étudiants, les enseignants et les chercheurs, qui lit Sénèque aujourd’hui ?
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L'art d'apaiser la colère

Sénèque pense que la colère est une des pires passions humaines, sinon la pire. Elle naît au fond de l'âme et peut faire explosion. Elle coûte cher, abîme tout. Il faut donc absolument la contenir, la maîtriser. Comment ?

En choisissant ses relations, en fréquentant des êtres doux, en modérant l'intempérance de ses discours, en connaissant ses points faibles, en évitant la vengeance inutile et destructrice surtout au vu de la brièveté de l'existence.

La colère est encore plus néfaste chez les dirigeants politiques car elle mène à la tyrannie, à la cruauté par soif de punir.

Peut-être Sénèque confond-il cruauté et colère car la colère peut aussi être source de révolte salvatrice.
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Lettres à Lucilius

Adepte de la philosophie antique qui veut que cette discipline permette de bien vivre et de mieux vivre davantage que d'impressionner en maniant des concepts abstraits qui n'auront aucun impact existentiel, je ne pouvais qu'apprécier cette correspondance.





J'y ai retrouvé beaucoup d'opinions que je m'étais déjà faite au fil de mon parcours philosophiques ayant commencé depuis quelques années maintenant. Cet ouvrage est un concentré de sagesse en libre service.

Comment réagir face à la mort ? La vieillesse ? Comment considérer ses amis et qui considérer en ami ? Pourquoi philosopher ? Des questions -non exhaustives- concrètes dont la réponse aura une conséquence sur votre vie, voilà ce qu'est la philosophie existentielle et c'est bien elle qui se trouve être brillamment illustrée par Sénèque.

J'ai été surpris de constater de nombreuses citations d'Épicure, alors que je m'attendais à quelques violentes charges face à sa philosophie, connaissant quelques uns des conflits opposant le stoïcisme à son opposant historique qu'est l'épicurisme ; j'ai découvert un stoïcisme prêt à entendre et à se nourrir de son contradicteur, et il s'avère que le Portique et le Jardin s'entendent sur bien des points -ce qu'ils auront, pour la plupart, bien du mal à reconnaître. Sénèque se sera donc bien nourri de cette parole d'Épicure qu'il s'approprie avec élégance et humilité, une parole qui veut que "les bonnes pensées appartiennent à tous", et non pas seulement à ceux qui se disent de votre côté.





Un excellent ouvrage pour découvrir le stoïcisme par l'intermédiaire de l'un de ses plus éminents représentants, Sénèque. Une philosophie antique et existentielle comme on n'en a pas assez vu dans l'histoire de l'humanité, une philosophie concrète. La philosophie.
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De la tranquillité de l'âme - La retraite

Sérénus, disciple de Sénèque, demande à son maître des conseils pour progresser. Sénèque se présente comme un médecin de l'âme.

En bon stoïcien, Sénèque insiste sur la part de la raison dans la recherche du bonheur face à nos âmes humaines inconstantes.

Quel choix faire entre action et retraite ?

Pas de supériorité de l'une sur l'autre à condition que l'action soit véritable, orientée vers un but, le bien public et non une vaine agitation destinée à combler un manque. La retraite ne doit pas non plus être un pis aller, une conséquence de l'échec et se transformer en dépit, amertume, jalousie haineuse envers les succès des autres.

Le rire, l'humour aident, permettent de relativiser et de mettre à distance nos désagréments. Evitons également de nous entourer de gens moroses, perpétuellement dans la plainte.

Anticiper les malheurs aide à s'y préparer, ne pas tout axer sur les richesses matérielles.

Cependant, un peu de folie permet à une âme d'être un peu plus exaltée et créatrice. Voilà qui tempère un peu l'image de la sagesse un peu inaccessible des Stoïciens.

A lire et à relire...
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De la Providence - Lettres à Lucilius

Essai sur la providence et conseils à un ami, ce petit opuscule rassemble des leçons de sagesse du grand stoïcien.

Entre les références à la culture latine, la certitude qu'une puissance surnaturelle existe et les coups du sort qui frappent tout un chacun, on lit facilement. J'ignorais que les stoïciens préféraient penser à un Dieu unique et représentant le monde.

Le livre est vraiment très court, mais il faudrait en citer la moitié pour donner les idées les plus marquantes. Vraiment très intéressant à lire.
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Apprendre à vivre : Lettres à Lucilius

Recueil de 124 lettres de Sénèque adressées à son ami Lucilius, j'ai également lu ces dernières dans leur version originale, en latin et je me rappelle de leur complexité de traduction (je suis en effet tombée sur la lettre 8 lors de mon oral de latin pour le Bac et j'ai obtenu la note de 16/20, l'une de mes grandes fiertés). Néanmoins, une fois la traduction établie (vous, chers lecteurs, vous n'aurez pas ce souci là puisque cet ouvrage est en français), cet ouvrage, uniquement constitué de lettres, constitue en réalité un véritable manuel de philosophie (ici, le courant concerné est celui du stoïcisme). Il fait référence aux troubles que connaît Rome à l'époque sous le règne de Néron et se pose de nombreuses questions existentielles auxquelles il tente d'apporter une réponse. Ce livre m'a beaucoup touché car ces questions, chacun d'entre nous se les ai posées où se les posera à un moment de sa vie comme celles du sens de la vie, de la mort ou encore de savoir s'il existe une Dieu. Superbe ouvrage, à découvrir !
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Les Stoïciens : La Vie heureuse - La Brièveté de ..

Ce livre vaut par la présentation qu’en fait Paul Veyne autant que par le texte antique.

La préface de 165 pages est une œuvre en soi. Elle porte sur la vie de Sénèque, sur le stoïcisme, et sur la tyrannie de Néron dont Sénèque fut le précepteur, l’ami puis la victime. Comme dans son « Empire gréco-romain » de 2005, Veyne nous fait comprendre l’histoire intellectuelle de l’antiquité : pourquoi le polythéisme des élites, la soumission à l’Empereur, la tolérance à l’esclavage, aux gladiateurs et aux supplices. Veyne est aussi un philosophe du présent qui sème des coups de dents quand il compare Néron à Staline (p XV) et dans ses allusions à ses collègues contemporains ou au pape. « Malgré sa clarté, Sénèque doit être pris philosophiquement au sérieux » (p V). « Malgré sa clarté » est savoureux. « Quant à l’héroïsme inutile, au témoignage, fût-il impuissant, à la protestation de la conscience humaine, c’était une attitude qu’on attendait d’un philosophe (comme ceux qui prennent encore l’église au sérieux l’auraient attendue d’un souverain pontife), mais qui était inusitée chez les sénateurs » (p XXXIII) : ici, c’est le « souverain pontife » qui nous régale.

Les Lettres sont rédigées dans un style oratoire chargé de citations et de métaphores militaires. Elles dissertent plutôt sur la supériorité morale du philosophe et les sacrifices qu’il s’impose pour la mériter que sur un système philosophique. Elles font du stoïcisme une discipline personnelle, un art de vivre élitiste, présentés souvent sur un ton complaisant. Sénèque, philosophe officiel et l’un des hommes les plus riches de son temps, déclare tout de go à Lucilius : « Le philosophe est vénérable et saint » ; « Il s’accorde un traitement un peu rude » ; « la Nature exige bien peu, et le sage s’accommode à la Nature » ; « Il y a du mérite à ne pas se gâter dans la promiscuité des richesses ; celui-là est grand, qui, au sein des richesses, demeure pauvre » ; « Vraiment, il s’est mis au-dessus des nécessités, il a fini de servir, il est libre, celui-là qui vit, sa vie achevée » ; « L’homme de bien naît peut-être, comme le phénix, une fois tous les 500 ans » (Lettres 8, 14, 18, 20, 32, 42). Sénèque promet la gloire à son ami Lucilius, opulent gouverneur de la Sicile, s’il suit ses conseils : « J’aurai crédit chez la postérité ; j’ai de quoi faire durer les noms que j’emmène avec moi » (Lettre 21). Paternaliste, voire envahissant, il lui sert des maximes qu’il traite ensuite de « colifichets tapageurs » (Lettre 33).

On trouve un tournant vers plus de sincérité après la lettre 48, dans laquelle il reproche à Lucilius de mal traiter ses esclaves. Il devient ironique quand il parle de ses crises d’asthme, de la peur qui l’a fait se jeter en mer par gros temps (Lettre 50), de la fragilité de sa concentration (Lettre 55) : « N’oublie pas le chercheur de querelles, le filou pris sur le fait, l’homme qui trouve que dans le bain il a une jolie voix. N’oublie pas la piscine et l’énorme bruit d’eau remuée à chaque plongeon. Outre ces gens qui, à défaut d’autres choses, ont des intonations naturelles, figure-toi l’épilateur qui reprend sans cesse un glapissement en fausset, afin de signaler sa présence, et ne se taisant que pour écorcher les aisselles et faire crier un autre à sa place » (Lettre 56). À l’opposé de Rousseau, Sénèque professe que les hommes sont naturellement mauvais et que peu d’entre eux méritent la joie par l’effort : « Voici, mon cher Lucilius, une pensée qui ne doit pas t’empêcher de bien espérer de nous : le mal nous tient ; depuis longtemps il est en possession de nous. La sagesse n’est jamais venue à personne avant la déraison. Nous avons tous ce handicap. Apprendre la vertu, c’est désapprendre les vices » (Lettre 50). Il devient grave quand il affirme que la force du sage est la liberté de choisir sa mort dans le suicide : « La liberté, voilà l’enjeu, le prix qui doit payer nos peines. Qu’est-ce qu’être libre ? Tu le demandes ? C’est n’être esclave d’aucun objet, d’aucune nécessité, d’aucun accident concevable ; c’est réduire la Fortune à lutter de pair avec moi. Le jour où j’aurai compris que je puis plus qu’elle, la Fortune ne pourra rien. Subirai-je ses volontés, quand j’ai la mort à mon service ? » (Lettre 51). Il faut croire à la détermination de Sénèque puisqu’il se suicide sur ordre de Néron. Cette « mort libératrice », racontée par Tacite, sera aussi digne que dans le Couronnement de Poppée, mais bien plus douloureuse et difficile (voir la fin de la préface). La plus belle Lettre est la 102, qui présente la mort comme une nouvelle naissance en 23-30, passages si denses qu’ils découragent la citation.

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Thyeste

J'ai découvert cette pièce une nouvelle fois grâce à l'émission "Quand les dieux rôdaient sur la terre" de France Inter. Pierre Judet de la Combe la présentait comme du "show-off", le triomphe du sanglant et du gore.

En effet, rien ne nous est épargné, tout est raconté de cette vengeance sanglante et inhumaine d'un frère contre un frère, Atrée contre Thyeste : Atrée trompe son frère, prétextant l'inviter à dîner, et lui sert ses propres enfants découpés en morceaux et lui faisant boire leur propre sang comme si c'était du vin. Atrée massacre donc ses neveux dans une véritable scène de boucherie - le terme est donné dans le texte : il les prépare comme les victimes d'un sacrifice rituel, décorant leur front d'un bandeau, monte un autel, et leur plonge un couteau dans le cœur. Il va jusqu'à lire dans leurs entrailles encore palpitantes pour interpréter des présages. Sur scène, on assiste aussi à la révélation, le moment où Thyeste comprend ce qu'il vient de manger : il a bien bu, est repu, mais ses cheveux se dressent sur sa tête, des larmes coulent de ses yeux, il tremble...

Plus que ces flots de sang et d'horreur, je retiens des images poétiques et horrifiques marquantes : le bois où se déroule le massacre, clos, sombre, hanté par des présences maléfiques, Tantale trouvant son supplice doux lors de la première scène de la pièce par rapport à ce qui attend ses descendants, et, surtout, le soleil qui s'arrête et change son cours. L'obscurité arrive, car les dieux eux-mêmes ne veulent plus voir ce qui se passe, horrifiés par l'ampleur de son crime - sachant que les massacres continueront dans cette famille, puisque, pour se venger à son tour, Thyeste aura un enfant incestueux avec sa propre fille qui tuera Atrée, qu'il l'avait adopté ayant épousé sa nièce...

Enfin, cette pièce pourrait aussi avoir un message politique, Atrée étant un contre-modèle de ce que doit faire un roi - après tout, Sénèque a été précepteur de Néron. En effet, il gouverne en étant guidé par ses passions personnelles plutôt que de penser à l'intérêt de son peuple.

Une pièce qui peut presque écœurer par son horreur, mais aux images saisissantes.
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Entretiens

Ce livre vaut par la présentation qu'en fait Paul Veyne autant que par le texte antique.



La préface de 165 pages est une oeuvre en soi. Elle porte sur la vie de Sénèque, sur le stoïcisme, et sur la tyrannie de Néron dont Sénèque fut le précepteur, l'ami puis la victime. Comme dans son « Empire gréco-romain » de 2005, Veyne nous fait comprendre l'histoire intellectuelle de l'antiquité : pourquoi le polythéisme des élites, la soumission à l'Empereur, la tolérance à l'esclavage, aux gladiateurs et aux supplices. Veyne est aussi un philosophe du présent qui sème des coups de dents quand il compare Néron à Staline (p XV) et dans ses allusions à ses collègues contemporains ou au pape. « Malgré sa clarté, Sénèque doit être pris philosophiquement au sérieux » (p V). « Malgré sa clarté » est savoureux. « Quant à l'héroïsme inutile, au témoignage, fût-il impuissant, à la protestation de la conscience humaine, c'était une attitude qu'on attendait d'un philosophe (comme ceux qui prennent encore l'église au sérieux l'auraient attendue d'un souverain pontife), mais qui était inusitée chez les sénateurs » (p XXXIII) : ici, c'est le « souverain pontife » qui nous régale.



Les Lettres sont rédigées dans un style oratoire chargé de citations et de métaphores militaires. Elles dissertent plutôt sur la supériorité morale du philosophe et les sacrifices qu'il s'impose pour la mériter que sur un système philosophique. Elles font du stoïcisme une discipline personnelle, un art de vivre élitiste, présentés souvent sur un ton complaisant. Sénèque, philosophe officiel et l'un des hommes les plus riches de son temps, déclare tout de go à Lucilius : « Le philosophe est vénérable et saint » ; « Il s'accorde un traitement un peu rude » ; « la Nature exige bien peu, et le sage s'accommode à la Nature » ; « Il y a du mérite à ne pas se gâter dans la promiscuité des richesses ; celui-là est grand, qui, au sein des richesses, demeure pauvre » ; « Vraiment, il s'est mis au-dessus des nécessités, il a fini de servir, il est libre, celui-là qui vit, sa vie achevée » ; « L'homme de bien naît peut-être, comme le phénix, une fois tous les 500 ans » (Lettres 8, 14, 18, 20, 32, 42). Sénèque promet la gloire à son ami Lucilius, opulent gouverneur de la Sicile, s'il suit ses conseils : « J'aurai crédit chez la postérité ; j'ai de quoi faire durer les noms que j'emmène avec moi » (Lettre 21). Paternaliste, voire envahissant, il lui sert des maximes qu'il traite ensuite de « colifichets tapageurs » (Lettre 33).



On trouve un tournant vers plus de sincérité après la lettre 48, dans laquelle il reproche à Lucilius de mal traiter ses esclaves. Il devient ironique quand il parle de ses crises d'asthme, de la peur qui l'a fait se jeter en mer par gros temps (Lettre 50), de la fragilité de sa concentration (Lettre 55) : « N'oublie pas le chercheur de querelles, le filou pris sur le fait, l'homme qui trouve que dans le bain il a une jolie voix. N'oublie pas la piscine et l'énorme bruit d'eau remuée à chaque plongeon. Outre ces gens qui, à défaut d'autres choses, ont des intonations naturelles, figure-toi l'épilateur qui reprend sans cesse un glapissement en fausset, afin de signaler sa présence, et ne se taisant que pour écorcher les aisselles et faire crier un autre à sa place » (Lettre 56). À l'opposé de Rousseau, Sénèque professe que les hommes sont naturellement mauvais et que peu d'entre eux méritent la joie par l'effort : « Voici, mon cher Lucilius, une pensée qui ne doit pas t'empêcher de bien espérer de nous : le mal nous tient ; depuis longtemps il est en possession de nous. La sagesse n'est jamais venue à personne avant la déraison. Nous avons tous ce handicap. Apprendre la vertu, c'est désapprendre les vices » (Lettre 50). Il devient grave quand il affirme que la force du sage est la liberté de choisir sa mort dans le suicide : « La liberté, voilà l'enjeu, le prix qui doit payer nos peines. Qu'est-ce qu'être libre ? Tu le demandes ? C'est n'être esclave d'aucun objet, d'aucune nécessité, d'aucun accident concevable ; c'est réduire la Fortune à lutter de pair avec moi. le jour où j'aurai compris que je puis plus qu'elle, la Fortune ne pourra rien. Subirai-je ses volontés, quand j'ai la mort à mon service ? » (Lettre 51). Il faut croire à la détermination de Sénèque puisqu'il se suicide sur ordre de Néron. Cette « mort libératrice », racontée par Tacite, sera aussi digne que dans le Couronnement de Poppée, mais bien plus douloureuse et difficile (voir la fin de la préface). La plus belle Lettre est la 102, qui présente la mort comme une nouvelle naissance. La plus belle Lettre est la 102, qui présente la mort comme une nouvelle naissance en 23-30, passages si denses qu’ils découragent la citation.

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De la vie heureuse - De la tranquillité de l'âme

Excellent ! A lire " OBLIGATOIREMENT " ! Il y plus de deux milles ans un péquin pensait et écrivait une doctrine de vie qui si elle ne rend pas heureux au moins permet au lecteur de se rapprocher de la vie naturelle, pour la vie, et non pour la gloire.

Efficace, bien écrit, simplement, directement sans effet de style, les phrases vous sautent aux yeux et vous interloques pages après pages.

Nom de D... ! On en est au même point, pas bouger l'homo sapiens sapiens...!

Ce qui m'a le plus touché c'est la neutralité du récit, aucun bon conseil, c'est pas une pub pour maigrir, mais plutôt un pamphlet pour la liberté, le respect et l'amour... Tout ce qu'on ne trouve pas dans les quotidiens ou dans les infos... L'exact opposé des discours politique, la vie en communauté, l'acceptation des différences et le partage...

Quel bon moment de lecture apologue...!
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