AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Anatole France (267)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les dieux ont soif

Un roman historique bien utile pour qui veut réviser ou comprendre la Terreur. Moment de notre histoire qui d'ailleurs n'a pas volé son nom .

Quelques faits réels dans le livre comme l'assassinat de Marat, l'ascension et la chute de Robespierre qui fait une brève et lointaine apparition dans le récit. Sont cités pas mal des vedettes de la politique de l'époque mais les principaux personnages sont des créations d'Anatole France . Et leurs aventures permettent à l'auteur de brosser un portrait de la vie quotidienne du peuple parisien après la révolution. Pas mal de monde et, dans une période aussi mouvementée ou chacun risque sa tête chaque jour, la frontière est mince entre brave type et salaud. C'est un peu le cas du héros, Evariste , artiste dessinateur ni trop talentueux ni trop dégourdi, et que l'envie de faire manger à sa faim sa pauvre veuve de Maman, son idéologie et le hasard des rencontres et des protections vont emmener sur les sièges sanglants de la politique. Devenu juré dans un comité de salut public, sa nouvelle situation fera du bien à ses convictions et à son porte-monnaie, beaucoup moins aux citoyens qu'il enverra , timidement au début puis par charrettes entières , faire un tour sous la guillotine.

Anatole France nous décrit le mental de ce Lacombe Lucien de 1790, que l'admiration en Robespierre va faire vite chuter dans le fanatisme le plus aveugle et qui reste toujours persuadé de la pureté de sa mission . En décrivant aussi la Concorde les jours d'exécution avec son ambiance de fête foraine et sa foule versatile, l'auteur montre l'instabilité des positions . Héros aujourd'hui, homme à abattre le lendemain.

Intéressant personnage aussi qu'Elodie, la petite amie d'Evariste ,dont l'intensité des voluptés charnelles deviendra plus intense selon le nombre de condamnés que son homme aura fait exécuter. D'abord tendre amoureuse classique elle évolue jusqu'à avoir, à la fin du roman ,l'étoffe d'une héroïne de Barbey d'Aurevilly .

Et le lot de personnalités habituelles que font ressortir ces périodes tourmentées: opportunistes, profiteurs, faibles broyés, gens sans histoires suivant le mouvement, revanchards , traitres et délateurs, jolies filles débrouillardes...

Des personnages attachants : un vieux barnabite ( ! ) , malgré l'appellation pas du tout porté sur la chose et à ne pas confondre avec un capucin , il y tient ! une attendrissante et courageuse petite prostituée, un ancien libertin plutôt brave type.

Et la plupart de tous ces gens, odieux ou sympathiques finiront sur la guillotine.

Comme toutes les œuvres d'Anatole France, c'est bien écrit , l'auteur sait faire ressentir l'atmosphère et on peut passer de la parenthèse d'une paisible ballade à la campagne à l'agitation et la bouffonnerie d'un tribunal ou les accusés, coupables aussi bien qu'innocents, sont jugés à la tête du client, histoire sans doute d'aller se la faire couper plus vite.

Pour finir, signalons la personnage de La Tronche, secondaire et dont l'apparition n'a aucune incidence sur le récit, mais tout à fait unique et originale dans sa conception. Elle aussi apporte de légèreté dans l'humidité impure de ces sillons de l'Histoire .

Commenter  J’apprécie          70
Le procurateur de Judée

Anatole France serait-il un provocateur ? … Lorsqu'il écrit sous la Troisième République, c'est un athée et anticlérical convaincu. Il y avait donc peu de chances donc que cet ouvrage qui, le titre nous l'indique déjà, est une biographie de Ponce Pilate, soit conforme à la version des Écritures. Un indice nous le suggère dans l'édition originale qui est illustrée de gravure : Ponce Pilate est reconnaissable à sa toge romaine, mais surtout à ses mains, larges, grandes, au centre de l'image, en référence à sa phrase devenue proverbiale.

Et le texte commence par la présentation d'un jeune romain et de ses frasques, de ses relations adultères qui le contraignent à l'exil. On est loin d'un mode de vie exemplaire. Ponce Pilate apparaît ensuite comme un vieil homme qui raconte sa vie à ce Romain, mais une vie qui commence après qu'il ait quitté la Judée. Anatole France présente donc la biographie de Pilate après le Nouveau Testament, il n'évoque en rien son rôle dans la Crucifixion et dans la Passion. Parmi les principaux souvenirs des deux hommes de leur vie à Jérusalem, la beauté et la sensualité des juives – dans l'un des portraits, on peut reconnaître Marie-Madeleine. Il est donc question de politique politicienne romaine, des mœurs décadents des Romains qui ne pensent qu'aux plaisirs de la sexualité et de la gourmandise... Pilate cherche à se présenter comme un réformateur, comme un modernisateur, voulant construire un aqueduc par exemple, et qui a été empêché de mener à bien sa politique à cause du conservatisme et de l'archaïsme du peuple juif. Mais Ponce Pilate ne connaît pas bien la religion juive, pour lui, les juifs ne connaissent pas bien la nature des dieux, ils adorent un Jupiter mal définit. Les deux Romains plaisantent ainsi sur « le Jupiter des Juifs » qui pourrait avoir du succès à Rome, comme d'autres dieux orientaux. En généralisant, Ponce Pilate évoque ainsi de nombreux procès où des prêtres juifs lui ont demandé la mort d'un homme pour des raisons religieuses, sans que lui ne comprenne pourquoi. Mais il le dit, « qui défendra sa mémoire », celle d'un habile administrateur ? Il n'est pas responsable de ce qu'on écrira sur lui.

C'est finalement le rôle de ce texte d'Anatole France, présenter Ponce Pilate comme un administrateur, soucieux de la paix civile dans la région qu'il administre, soucieux de sa carrière aussi et désirant ainsi « ne pas faire de vague ». Attention, France ne critique pas la religion juive en soi, il n'est pas antisémite – il s'est clairement engagé dans le camp dreyfusard. Non, ce qu'il critique, ce sont les superstitions et l'influence des prêtres, l'intolérance qui mène au fanatisme. Ce n'est donc pas un livre religieux. La dernière phrase du livre est d'ailleurs : « Jésus de Nazareth ? Je ne me rappelle pas », comme un contre-pied ironique à un récit de l’Écriture.

On ne retient donc pas la thématique de la religion, mais le décalage avec le cœur du récit, c'est-à-dire la sensualité dans la description de la beauté des femmes, et la douceur d'une soirée d'été en Sicile avec la beauté de la lune et la chaleur du repas.
Commenter  J’apprécie          70
Les dieux ont soif

Je propose une critique très simple, autour de quatre raisons de lire 'Les dieux ont soif'.

1- Ce roman historique dont les évènements se déroulent à Paris lors de la Commune, puis brièvement lors de la Convention, est très bien équilibré entre les faits historiques et le roman. Les deux s'entremêlent à merveille, le lecteur parcourt le roman en se nourrissant d'histoire.

2- Les personnages sont variés par leur histoire personnelle, leur convictions (leur attachement ou leur indifférence à la Révolution, voire leur dépit). La trame est simple, mais emprunte de rebondissements soigneusement placés.

3- Des questions profondes à propos de la Religion, de l'humanité composée d'êtres vils ou superbes, innocents ou coupables, du rôle insignifiant de l'homme dans l'Histoire qu'il croit pourtant écrire de sa main...Bref, on y retrouve du Dostoïevski, du Péguy, ..

4- Âgé de plus d'un siècle, ce roman n'a pas vieilli. Aujourd'hui nous sommes toujours à nous poser la question sur le leg de la Révolution, et ce qui peut distinguer une démocratie d'un régime qui ne l'est plus.

Les dieux ont soif m'ont convaincu de lire d'autres œuvres d'Anatole France...

Commenter  J’apprécie          70
Le Crime de Sylvestre Bonnard

Une histoire bien sympathique qui, si elle semble d'abord bien cliché – avec une première partie convenue, gagne peu à peu en subtilité.

La première présente un vieux garçon entouré de livres, plongé dans ses manuscrits - qu'on imagine poussiéreux, difficiles à déchiffrer - pour enquêter sur des registres d'abbayes médiévales et d'abbés inconnus. Il n'a pour seuls interlocuteurs que sa gouvernante revêche - qui grogne, et son chat, qui daigne à peine miauler. Oui, il ne semble d'abord que peu intéressant, car ne s'intéressant lui-même pas aux autres, notamment ses voisins. D'ailleurs, il ne prend son journal que rarement, ne note que des éléments brefs, rapides.

Son écriture commence à se déployer, à partir d'un voyage en Italie sur les traces d'un manuscrit. Si l'identité de la femme qu'il rencontre est transparente pour le lecteur un tout petit peu attentif, lui qui n'est pas habitué à observer le monde qui l'entoure ne reconnaît rien. Mais il reçoit justement une sorte de révélation, presque au sens mystique, dans la mesure où il commence à percevoir la beauté. Sortir de sa bibliothèque est donc une première étape pour découvrir et admirer le monde. Son journal s'étoffe, accueille des descriptions, notamment du paysage napolitain. Il devient plus intime, plus personnel, moins centré sur le travail. Et, justement, Sylvestre Bonnard se livre, se rappelant son premier et seul amour. Il devient donc capable d'humour, de sensibilité, d'amour paternel en s'ouvrant aux autres. Il n'oublie pas les livres, mais quitte le passé pour profiter du présent.

J'ai trouvé assez drôles les manoeuvres de la vieille fille pour se faire épouser, même si, comme souvent, le personnage de la jeune fille n'a que peu d'intérêt propre. Je n'ai en revanche pas compris l'intérêt d'une tonalité tragique dans les dernières lignes, qui rompt avec la bienveillance et la douceur qui caractérisent peu à peu Sylvestre Bonnard. S'il n'est pas aussi grand que Buvat dans le Chevalier d'Harmental - pour moi, une magnifique figure de grand-père adoptif, c'est un beau personnage.
Commenter  J’apprécie          72
Le Livre de mon ami

J'écoute actuellement une série de podcasts sur Marcel Proust, où l'écriture de celui-ci est comparée à celle d'Anatole France : Proust incarne la rupture avec l'écriture du XIX ème siècle, la modernité ; et plus que cela, il incarne l'écriture française. Toutefois, il n'a lors de la publication de ses premiers romans qu'un petit succès commercial. Le grand écrivain du tournant des XIX ème et XX ème siècles, c'est Anatole France - mais il n'est quasiment plus lu aujourd'hui, devenu un classique poussiéreux.

Ce Livre de mon ami respire en effet un parfum de la nostalgie pour un temps qu'on n'a pas connu personnellement, mais sur lequel on a beaucoup lu, la III ème République. Cet "ami" en culotte courte et ses aventures de cour d'école est sûrement inspiré de la propre enfance d'Anatole France. Il porte sur lui un regard ému, mais pas mélancolique, un peu amusé, nostalgique oui. En effet, le chapitre central- dans les pages, mais aussi dans sa thématique, "Les Humanités", présente le Narrateur observant un jour d'automne dans le jardin du Luxembourg le fantôme d'un "petit bonhomme", lui-même avec des années de moins, qui porte son cartable en sautillant vers le collège. Le brouillard monte, les feuilles tombent, le "cœur est un peu serré" car c'est la rentrée, mais il est heureux de retrouver ses amis et de leur raconter ses vacances.

Nulle violence domestique comme dans Poil-de-Carotte par exemple, mais des petites scènes de vie domestique avec une mère charmante, un père pince-sans-rire, des bêtises d'enfant, des moqueries sympathiques envers les professeurs en classe, des bagarres de cour de récré. Symboliquement, le texte s'arrête quasiment avec le premier chagrin d'amour, quand l'enfant devient un homme par la découverte du désir et de la souffrance.

Un charme suranné donc, qui nous plonge dans notre propre passé - les découvertes, les joies et les pleurs de l'enfance sont assez universels, et dans le passé de la France.

En revanche, les deux dernières parties m'ont beaucoup moins convaincus : "Suzanne" raconte les premières expériences, le regard porté sur le monde de la fille de l'auteur âgée de quelques mois. C'est plutôt drôle avec le décalage entre les pensées très triviales, pratiques, du bébé, et le discours savant, philosophique et poétique du père. Sauf que, thématiquement, cela ne se rapporte pas avec le reste... Et quant à l'échange théorique sur les contes de fée, il me semble également ne pas être à sa place dans le recueil. Justement, cette théorie sur l'origine des contes de fée et leur importance pour les enfants - " les contes de fée viennent tous de mythes très anciens, venus d'Inde - ne correspond pas dans les écrits précédents dans le recueil sur les aventures de Pierre Nozière. Quant Anatole France écrit que les enfants ont besoin de merveilleux, il raconte des récits du quotidien. Je n'ai donc pas compris ce que faisait là ce texte théorique.
Commenter  J’apprécie          70
Les dieux ont soif

qui suis je pour apporter une critique d'un livre d'Anatole France? voila le premier livre de ce prix nobel de littrature que je lis...Et grace à France Culture ( émission écoutée cet été sur la route des vacances!) et à mon libraire qui m'a conseillé celui-là....

que dire? lecture exigeante biensur et je ne sais pas , s'il s'agit de l'écriture habituelle d'Anatole France ou s'il s'agit d'une écriture propre à l'epoque du récit ( 1793) . Oui, cela demande des efforts , de la concentration, et les pages ne défilent pas à une grande vitesse....mais que c'est beau! beau et terrible car je suis heureux d'avoir découvert par ce livre la sinistre époque de la Terreur.

cela fait regarder la Révolution avec d'autres yeux. Les personnages sont poignants, romantiques et dramatiques à souhait!

Commenter  J’apprécie          72
Jocaste - Le chat maigre - Le crime de Sylv..

Anatole France n'a pas le don de captiver son public par des récits remplis d'actions. Pour autant, j'estime que c'est un bon auteur.



En effet, à travers ces trois histoires, il montre son talent pour la narration. Narration douce, poétique, un peu mélancolique.

Il dresse un portrait de la vie parisienne à travers des personnages érudits et solitaires. Et malgré un manque d'actions certain, ses histoires se lisent bien. Elles ont l'avantage de bercer le lecteur avec beaucoup de douceur et une pointe d'humour.
Commenter  J’apprécie          70
La révolte des anges

Jusque dans son dernier roman, Anatole France aura su se renouveler et nous surprendre.



Dans la Révolte des Anges, on retrouve la verve critique de l'auteur qui n'épargne pas grand-chose et sabre tant à droite qu'à gauche, mais avec plus de finesse, plus d'élégance et apparemment plus de retenue e que dans ses ouvrages précédents. Ce qui distingue surtout ce livre, c'est cette brume de bonté, de pitié pour l'humanité qui baigne tout le livre et le colore d'une teinte rêveuse et mélancolique. Il s'y cache pourtant beaucoup de réflexions profondes sur la nature humaine, la société et tous les systèmes que l'homme développe pour trouver sa place dans le monde.



Ce livre est certainement plus mûr et le plus consommé d'Anatole France, mais je ne pense pas que ce soit par celui-ci qu'il faille commencer : il vaut mieux s'habituer un peu à la plume de France avant de pouvoir goûter toute la subtilité des réflexions qu'il nous y livre et des tableaux qu'il présente.
Commenter  J’apprécie          70
Le Livre de mon ami

Il faut relire Anatole France, pour son style, doré comme un jour d'été, limpide comme une eau de source et léger comme une pate feuilletée.
Commenter  J’apprécie          70
Les désirs de Jean Servien

Jean Servien désire, mais sans trop savoir quoi, de façon chimérique. Son père est un petit artisan, un relieur, vivement pauvrement et modestement mais qui, pour tenir une promesse à sa femme mourante, fait donner des études classiques à son fils. Celui-ci apprend donc le latin, les tragédies, lit de la poésie... Il désire donc, mais des « filles de rêve » pour reprendre l'expression de l'historien Alain Corbin, aimant aussi bien des statues de marbre du jardin du Luxembourg, que les héroïnes de théâtre, ou que les actrices dessinées sur des affiches, ou encore la mère élégante d'un de ses amis de pension. Il ne voit donc pas les « filles de joie » bien réelles devant lui, ou les ouvrières de chair vives et dégourdies qu'il croise, ne désirant que par imagination. Il aime une actrice de théâtre, oui, mais ne voyant en elle que son personnage vêtu à l'antique, pas vraiment la femme vivante derrière.

Je me suis donc un peu ennuyée à la lecture, car cela n'avance guère, les désirs de Jean Servien restant très platoniques – il s'évanouit quasiment en baisant la main de son actrice.

Dommage que le contexte social et politique ne soit pas plus creusé puisque l'action se déroule à la fin du Second Empire avec les débuts de la Commune. Mais le personnage lui-même ne s'y intéresse pas et ne fait que traverser les événements, à l'image de la fin, très rapide, sans qu'on ait eu le temps de s'attacher à lui finalement.

Loin d'être mon œuvre préférée d'Anatole France ; il se trouve que c'est une de ses premières œuvres, qu'il a retravaillée pour la publication en supprimant des passages et en modifiant d'autres, comme s'il était lui-même conscient des défauts. On ne retrouve pas son engagement républicain et anti-clérical, ses personnages secondaires sont stéréotypés, voire fatigants – la figure de l'Italien pique-assiette est lourde, car toutes ses interventions sont les mêmes. Je retenterai avec d'autres œuvres de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          60
L'île des pingouins

Les soixante-dix premières pages sont très bien, les deux dernières aussi. Et entre les deux, j'ai trouvé beaucoup de longueurs et je me suis ennuyée...

J'ai bien aimé le début, avec cette idée de départ à la fois loufoque et originale : un saint est envoyé dans une auge de pierre sur les mers évangéliser les peuples qu'il rencontre, et, aveuglé par le soleil, il baptise des pingouins. C'est drôle, férocement anticlérical - ce qui ne surprend pas de la part d'Anatole France. Dieu lui-même apparaît dans le texte, pour réparer la bêtise de son saint, en changeant les animaux en hommes.

Ils sont donc plutôt gauches, patauds, avec de petites jambes... Dommage que ces caractéristiques physiques ne soient pas conservées ensuite. Anatole France s'amuse visiblement à ré-écrire la Genèse et la Chute. Car, devenus des hommes, ces pingouins connaissent la nudité. Il y a des passages très spirituels à nouveau sur la première pingouine à se vêtir pour exciter les hommes en se dandinant dans ses voiles roses, qui sera ensuite faite par l'Eglise vierge et martyre, l'Eglise qui ne sait manifestement pas tout de la vie amoureuse de sa sainte... Oui, il s'amuse à ré-écrire un myte des origines paillard et grivois.

Ensuite, Anatole France ré-écrit l'histoire de France, avec des rois, des guerres séculaires contre l'ennemi voisin, une révolution, un conquérant... Cela pourrait être intéressant s'il introduisait une distance ironique et subtile, mais non, c'est un décalque. Surtout que les mêmes idées reviennent en boucle : l'Eglise et les prêtres asservissent le peuple, la grande finance asservit le prolétariat... Même la reprise de l'Affaire Dreyfus semble longue, trop appuyée.

Et il y a les dernières pages, qui m'ont évoquée la scène finale de Fight Club - oui, c'est anachronique. Mais dans un futur de science-fiction, dans une capitale où les riches vivent en hauteur pour échapper au brouillard, deux amants se tiennent la main en regardant de loin sauter les tours qui symbolisent la richesse du capitalisme, c'est bien Fight club ! Et dans le dernier paragraphe, le ton devient quasiment désespéré, prophétisant la renaissance de cette ville et le retour de l'oppression.

Un livre à la fois trop long et plein d'idées et d'images fortes.
Commenter  J’apprécie          60
Histoire contemporaine, tome 3 : L'anneau d..

Selon les bonnes âmes, l'améthyste est la pierre idoine pour orner l'anneau pastoral. Cette gemme, symbole d'humilité, brille d'un éclat modeste et pondéré. Ainsi l'appelle-t-on, la pierre d'évêque. Cette pierre, cet anneau, l'abbé Guitrel est bien décidé à l'enfiler sur son doigt apostolique. Grâce au soutien et à l'activité occulte et guère évangélique des femmes qui composent sa coterie, le papelard mondain, fini par damer le pion à son supérieur hiérarchique, le fanatique et trop peu souple supérieur du grand séminaire. Ce qui contrecarre les desiderata de la haute société locale, dont le champion était l'ayatollah Lantaigne. Il faut croire qu'elle était un peu trop occupée à rameuter le ban et l'arrière-ban, pour sa compagne antidreyfusarde en faveur de l'armée et contre la lèpre cosmopolite de la juiverie internationale. Et Bergeret ? Tranquille comme Baptiste. Depuis que Madame à plier les gaules et est retournée chez sa mère, il nous la refait façon Montaigne et la Boétie, en se prenant d'une vive amitié pour le chien Riquet, nouvel interlocuteur de ses péroraisons, le père Lantaigne ayant disparu de la circulation, obnubilé par la course à l'épiscopat de Tourcoing. 



Troisième, et jusqu'ici, meilleur épisode d'Histoire contemporaine, l'Anneau d'améthyste dresse un tableau acerbe d'une population de province acquise à l'armée, violemment antidreyfusarde, prête à tous les débordements, avec la bénédiction tacite du clergé et sous l'instigation d'une noblesse déclinante, revendiquant un antisémitisme virulent quoique hypocrite. 
Commenter  J’apprécie          60
Le Crime de Sylvestre Bonnard

"Le crime de Sylvestre Bonnard" est un roman, écrit en 1881 par Anatole France, prix Nobel de littérature 1921.



Quel est donc le "crime" de ce monsieur Sylvestre Bonnard ? Cet homme âgé, érudit, spécialiste des inventaires anciens, "membre de l'Institut", qui vit au milieu de ses livres.



Après une première partie, très différente de la suivante, qui paraît comme une nouvelle ajoutée en début de récit, l'auteur nous fait rencontrer Jeanne, une jeune orpheline, petite-fille d'une femme que Bonnard a aimé jadis. L'histoire principale commence alors, et nous mènera à découvrir le "crime" perpétré par l'illustre Sylvestre Bonnard.



Voici un auteur (un peu désuet tout de même) qui nous plonge avec une écriture très agréable, dans le siècle passé, dans la morale et les convenances d'une autre époque. Il est intéressant de (re)découvrir ce qui attendait les jeunes filles à cette époque en terme d'éducation, de non-émancipation et d'interdit-de-tout (!) Et tout particulièrement pour une orpheline, sans dot, à la merci de son tuteur, ici un notaire véreux, et d'une directrice d'école mauvaise et revêche.

Commenter  J’apprécie          60
La rôtisserie de la reine Pédauque

Anatole France (1844-1924) a reçu le Prix Nobel en 1921, il y a 100 ans.

Ce centenaire devrait être pour nous l’occasion de célébrer et de redécouvrir ce grand auteur parisien, de son vrai nom François-Anatole Thibault.

La Rôtisserie de la Reine Pédauque, roman à la satire subtile, date de 1893, mais l’action est un vrai tableau de mœurs du début du XVIIIème siècle, et presque un pastiche car le style et le riche vocabulaire sont ceux de cette époque.

Jacques Ménétrier, le narrateur, est d’abord tournebroche à la rôtisserie paternelle. Si la reine Pédauque est légendaire, le restaurant a réellement existé, mais son évocation dans le titre est inversement proportionnelle à sa présence dans l’ouvrage. Au début du roman, parmi les clients de l’enseigne, on trouve deux ecclésiastiques en rupture de ban, deux cibles caricaturales de l’anticléricalisme voltairien d’Anatole France : le frère Ange (au nom choisi évidemment avec ironie), capucin ivrogne devenu mendiant, et le savant abbé Jérôme Coignard, docteur en théologie, à l’occasion un peu voleur, qui «pour avoir trop aimé le vin et les femmes, avait perdu l’honneur de monter dans une chaire de collège, en robe longue et en bonnet carré». En contrepartie du gîte et du couvert, le cabaretier lui confie son fils Jacques pour qu’il lui enseigne le latin et le grec afin de pouvoir monter dans l’échelle sociale à l’aide d’une carrière ecclésiastique. Il sera aussi initié à d’autres arts par Catherine, la femme de chambre («Un soir,… elle m’apprit ce que je ne savais pas encore et qu’elle savait depuis longtemps»). Suit une allusion à «sainte Marie l’Égyptienne se rendant au tombeau de Notre-Seigneur, qui fut arrêtée par une rivière profonde. N’ayant pas d’argent pour payer le bac, elle offrit son corps en paiement aux bateliers». Quand la mère du narrateur apprit que l’histoire était peinte sur une fenêtre de l’église, elle la tint pour véritable et dit «Il faut être aussi sainte qu’elle pour en faire autant sans pécher, aussi ne m’y risquerais-je point».

Cette sainte et cet épisode auraient vraiment existé et elle figure au calendrier liturgique. Elle fit pénitence dans le désert et apparait, comme Marie-Madeleine, dans de nombreuses œuvres artistiques. Dans le Faust de Goethe, elle prie la Vierge de pardonner au vieux savant, avec des paroles reprises par Mahler dans le final de sa 8ème symphonie. Elle a inspiré des opéras dont Maria Egiziana de Respighi (1932) et plusieurs autres œuvres littéraires dont une nouvelle de Balzac, Le Chef d’œuvre inconnu, qui la décrit «se disposant à payer le passage du bateau». Il existe aussi des peintures de la sainte (Chassériau, Ribera,…) et des statues, dont celle, à Paris, de l’église de St Germain l’Auxerrois, dont Anatole France eut peut-être connaissance.

Quand Jacques perd Catherine, son «bon maitre» et pédagogue lui enseigne de ne pas s’inquiéter «vous en trouverez une autre qui ne sera point différente de celle-là, ou du moins ne le sera pas essentiellement».

Bientôt, le jeune Jacques et son «bon maitre» sont embauchés par un gentilhomme gascon riche mais dérangé de l’esprit, «assembleur de nuées», pour traduire de vieux grimoires afin de parfaire ses connaissances en alchimie. Comme il est dérangé, il ne s’intéresse pas aux femmes car «qu’est-ce qu’une femme auprès d’un papyrus alexandrin» ? Pour cet illuminé, Jéhovah n’est qu’un dieu secondaire ; le démon est moins mauvais qu’on le dit ; et tout un monde occulte est peuplé de créatures magiques. C’est chez lui que Jacques rencontre Jehel, une jeune femme recluse par son oncle et amant jaloux, et avec qui le jeune novice retrouve le parfait amour «Un jeune ecclésiastique, une fille de cuisine, une échelle, une botte de foin, quelle suite, quelle ordonnance, quel concours d’harmonies préétablies, quel enchaînement d’effets et de causes, quelle preuve de l’existence de Dieu» !

Mais Jehel, au lendemain d’une nuit tendre, fait comprendre à Jacques que la vie est dure et qu’elle n’a d’autre choix que de fuir son oncle et amant jaloux avec un aristocrate qui la laisse certes indifférente, mais qui lui garantira une existence confortable. Jacques est jaloux également, et elle se fait pédagogue pour lui enseigner très rationnellement qu’il doit se détacher de ce sentiment. Sa jalousie s’apaise en partie car elle le retrouve la nuit quand ses deux autres amants sont absents, et rien ne l’empêchera, dit-elle, de le retrouver encore.

Dans ce roman, sorte d'Emmanuelle du XVIIIème, Anatole France idéalise une philosophie de la liberté d’une manière intéressée et qui n’est pas innocente car elle correspond à son besoin de se disculper d’une vie très dissolue, aux multiples liaisons. Cependant, dans le roman, les femmes sont fangtasmées comme initiatrices, tandis que dans sa vie réelle, elles furent souvent délaissées sans ménagement.

Tout à la défense de la liberté sexuelle, ce roman parle avec bien peu de bienveillance des femmes fidèles «qui s’obstinent avec trop de superbe dans leur altière vertu… et se regardent comme une sorte de Saint-Sacrement… (car) la vertu, comme les corbeaux, niche dans les ruines» (sic).

Ne faut-il pas pécher pour pouvoir se repentir, dit-il, reprenant l’exemple de Marie l’Égyptienne, puisque «les meilleurs saints furent des saints pénitents». Suivront encore l’apologie du désir dans d’autres épisodes de libertinages, puis malheureusement quelques décès à la fin du roman dont celui du «bon maitre», secouru à l’article de la mort par un pieux curé local. La réflexion sur la mort permet à l’auteur de lancer une dernière flèche : Heureusement, «Dieu, dans sa bonté, veut qu’un seul moment nous sauve ; encore faut-il que ce moment soit le dernier, de sorte que tout dépend d’une seule minute auprès de laquelle le reste de la vie est comme rien».

Son éducation morale ainsi faite, Jacques se retrouva seul, renonça à l’état ecclésiastique, devint libraire, tout comme l’était le père d’Anatole France, et recueillit ses parents âgés, les fourneaux de la rôtisserie de la reine Pédauque étant désormais éteints.

Tout le roman baigne dans un scepticisme très voltairien qui rappelle aussi l’impertinence d’Erasme dans L’Éloge de la folie, mais toujours avec subtilité et l’élégance de forme du XVIIIème siècle.

Anatole France fut avec Émile Zola un grand défenseur de Dreyfus. En juillet 1898, il rendit même sa Légion d’Honneur quand celle de Zola fut retirée. Plus tard, il fit scandale en prônant la réconciliation franco-allemande, s’insurgeant contre les dures conditions imposées à l’Allemagne par le Traité de Versailles. L’histoire lui a donné tragiquement raison.

Même si on ne partage pas sa philosophie, cette petite description donnera peut-être l’envie de découvrir d’autres romans de ce prix Nobel 1921, comme par exemple Le Crime de Sylvestre Bonnard, membre de l’Institut (1881), Thaïs (1890) qui a donné lieu à l'opéra de Massenet, Les Opinions de M. Jérôme Coignard (1893), Le Jongleur de Notre-Dame (1906), Les Sept Femmes de Barbe-bleue (1909), Les Dieux ont soif (1912), ou d’autres encore.

Impossible de relever ici tous les mots et toutes les expressions qui respirent la langue du XVIIIème siècle, mais relevons quand même quelques spécimens de ce vocabulaire: une grille ornée de pampres (branche avec feuille de vigne), lutineur de guilledines (vieux galant qui court le guilledou), géline (poule, du latin galina, féminin de gallus, coq), édition bipontique, mise en charte, bonnet carré (attribut d’enseignant), veste de basin (coton), assommade (action d’assommer), official (juge ecclésiastique), arder (brûler), ouïr, bésicles (anciennes grosses lunettes), hanap (coupe à boire), la science spagyrique (l’alchimie), le thélème (intervention divine) qui rendra mes travaux parfaits, spectacle scurrile (bouffon, de mauvais goût), magot (bibelot), baillive (féminin de bailli), un ambigu était préparé (plat froid où les mets sont mélangés), l’hombre qui se joue à trois (jeu de carte: de l’espagnol hombre, homme), maltôtier (financier profiteur), exempt (policier chargé des arrestations et exempt de services ordinaires), aludel (tuyau), athanor (four d’alchimiste), je fus pressant, onctueux, et même parénétique (habile dans l’art oratoire du sermon ou parénèse, du grec parainetikos), pot à oille (à ragout), jeu de jonchet (jeu de patience ressemblant au jeu de mikado), accointer (avoir des relations intimes),…

Le centenaire de l’attribution du prix Nobel à Anatole France en octobre nous donnera l’occasion d’y revenir.

Commenter  J’apprécie          60
Histoire contemporaine, tome 3 : L'anneau d..

Je ne peux pas croire que la voix de cet auteur comme d'autres Claudel, Martin du Gard, Mirbeau, Suarès .. soit couverte par celles de Zola, Hugo.. au point qu'on parle tout le temps de celles-là et aucunement des premiers cités qui sont aussi intéressantes. Est-ce l'arbre qui cache la forêt ou a-t-on à ce point besoin de rappeler sans cesse les meilleurs d'entre eux au détriment des autres pour nous taper sur le nombril et nous montrer que nous sommes forts comme si notre culture était menacée. Ben oui, elle est menacée si on ne cite plus Le Journal d'une femme de chambre, les Thibault, Les Souliers de satin, Thaïs, Le Lys rouge, Les Dieux ont soif, j'en passe et des meilleurs. Ben oui, Hugo, Zola ne renvoient pas à Anatole France par exemple qui était enseigné dans les petites classes comme étant la référence du savoir écrire français. Ben oui, ne serait-il plus possible en France de déterrer un illustre méconnu dans son temps pour en faire un littérateur de premier plan à sa place au même titre que Gide, je veux parler de Suarès ?



Ben oui, n'aurions-nous que ça en magasin ? Ceux qu'on nous rabâche à cor et a cri pour nous montrer que la culture existe ?



En tout cas mon Anneau d'améthyste me plaît, et il ne me barbe pas comme certains Victor Hugo à vrai dire, il s'inscrit, pour le situer un peu dans le cycle de l'Histoire contemporaine, après l'Orme du mail et le Mannequin d'acier :



"Madame Bergeret quitta la maison conjugale, ainsi qu'elle l'avait annoncé, et se retira chez madame veuve Pouilly, sa mère.



Au dernier moment, elle avait pensé ne point partir. Pour peu qu'on l'en eût pressée, elle aurait consenti à oublier le passé et à reprendre la vie commune, ne gardant à Mr Bergeret qu'un peu de mépris d'avoir été un mari trompé.



Elle était prête à pardonner. Mais l'inflexible estime dont la société l'entourait ne le lui permit pas. Madame Dellion lui fit savoir qu'on jugerait défavorablement une telle faiblesse. Les salons du chef-lieu furent unanimes. Il n'y eut chez les boutiquiers qu'une opinion : madame Bergeret devait se retirer dans sa famille. Ainsi on tenait fermement pour la vertu et du même coup l'on se débarrassait d'une personne indiscrète, grossière, compromettante, dont la vulgarité apparaissait même au vulgaire, et qui pesait à tous. On lui fit entendre que c'était un beau départ.



- Ma petite, je vous admire, lui disait du fond de sa bergère, la vieille madame Dutilleul, veuve impérissable de quatre maris, femme terrible, soupçonnée de tout, hors d'avoir aimé, partant honorée.



Madame Bergeret était satisfaite d'inspirer de la sympathie à madame Dellion et de l'admiration à madame Dutilleul. Pourtant elle hésitait à partir, étant de complexion domestique et coutumière et contente de vivre dans la paresse et le mensonge. M. Bergeret redoubla d'étude et de soins pour assurer sa délivrance. Il soutint d'une main ferme la servante Marie qui entretenait la misère, la terreur et le désespoir dans la maison, accueillait, disait-on, des voleurs et des assassins dans sa cuisine et ne se manifestaient que par des catastrophes.



Qatre-vingt-seize heures avant le jour fixé pour le départ de madame Bergeret, cette fille, ivre à son habitude, répandit le pétrole de la lampe dans la chambre de sa maîtresse et mit le feu aux rideaux de crétonne bleue du lit. Cependant madame Bergeret passait la soirée chez son amie madame Lacarelle. En rentrant dans sa chambre, elle vit les traces du sinistre dans le silence terrible de la maison. En vain elle appela la servante ivre-morte et le mari de pierre.."



Nous sommes en 1899, en pleine affaire Dreyfus, et Mr Bergeret est dreyfusard ..



Commenter  J’apprécie          68
Les dieux ont soif

L’an 1793, période de la terreur en France. L’auteur veut nous démontrer que celle-ci est « une odieuse et imbécile maladie collective ».



Période emprise de tumultes parmi la population, le peuple doit se défendre contre les envahisseurs, le peuple crie sa famine, le peuple se confronte aux trahisons, conspirations et complots…



En conséquence, la Convention va opposer la Terreur, « les dieux ont soif » propos écrits par Camille Desmoulins.



Moments tourmentés ou les idées révolutionnaires fusent de tout côtés. La Révolution établira-t-elle l’égalité pour tous ; Anatole France en doute, « les hommes ne seront jamais égaux ».



A lire en prenant son temps afin de s’imprégner de tous les événements de cette période primordiale, non seulement pour la France mais le monde entier.
Commenter  J’apprécie          61
Crainquebille - Putois - Riquet et plusieur..

Un pot-pourri d'histoires, toutes très bien écrites (j'aime beaucoup sa façon d'écrire), dans lesquelles il dénonce l'injustice, le misérabilisme de la pauvreté et la fatuité des bourgeois.

Les personnages sont criants de vérité même s' ils ne sont que purement imaginaires.

Un auteur à redécouvir!
Commenter  J’apprécie          60
La révolte des anges

Ce livre était dans ma bibliothèque depuis quelques années, et je me suis enfin décidée à le lire. Je l'avais acheté pour découvrir cet auteur du début du XXe siècle, dont le nom nous est familier, mais dont l’œuvre est un peu tombée dans l'oubli.

Dans ce roman, il est question d'anges et de démons, de lutte entre le Bien et le Mal, de religion, mais également de politique : les anges rebelles se comportent et parlent comme n'importe quels révolutionnaires. Anatole France nous livre également à travers ce texte une critique de la société

C'est avec plaisir que j'ai lu les 90 premières pages, mais j'avoue avoir eu beaucoup de mal à lire la suite et à en venir à bout. Impossible de nier la qualité d'écriture de ce roman plein d'érudition théologique et d'ironie, mais je n'ai quand même pas accroché à cette histoire farfelue d'anges déchus révolutionnaires qui complotent contre Dieu et où Lucifer devient le sauveur des hommes et du monde... La seconde raison pour laquelle je n'ai pas apprécié ce livre est que je ne possède certainement pas toutes les connaissances nécessaires pour comprendre toutes les allusions et percevoir tout l'humour qui tourne autour du christianisme et de l'angélologie. Je m'attendais à un peu plus de merveilleux, même s'il ne s'agit pas à proprement parler d'un roman fantastique, ni même de fantasy comme on l'entend aujourd'hui, et je suis restée sur ma faim.

Je ne renoncerai pas pour autant à lire un autre livre d'Anatole France ultérieurement, car même si le thème de ce roman ne m'a pas emballée, j'ai vraiment aimé l'écriture et le style de l'auteur, et j'aimerais connaître davantage son œuvre.


Lien : http://excalibri.blogspot.fr..
Commenter  J’apprécie          62
Les dieux ont soif

Excellent livre sur le fanatisme (l'histoire se passe sous la Révolution française, mais elle pourrait aussi se dérouler à n'importe quelle époque). Vivement recommandé !
Commenter  J’apprécie          60
Les Opinions de M. Jérôme Coignard

Ancien professeur d'éloquence, ancien bibliothécaire d'un évêque, ex-écrivain public et simple précepteur du jeune Jacques Tournebroche, fils d'un rôtisseur, l'abbé Jérôme Coignard est une sorte d'érudit, de philosophe et de penseur populaire qui aime à faire partager ses idées au cercle d'amis qu'il retrouve à la taverne ou dans la librairie d'un certain Blaizot, sise rue St Jacques à Paris. Ainsi doit-il trancher de toutes sortes de questions comme celles-ci : une dévote doit-elle faire jeûner son chien pendant le carême ? La nature est-elle athée ? Une jolie servante peut-elle user de ses charmes pour faire libérer un voleur ? Un échevin a-t-il raison de proposer une pompe à incendie à une école construite en bois et qui risque de brûler ? Quelle est l'utilité du service militaire ? Comment fonctionne la justice ? Etc...

Ce Jérôme Coignard, sympathique homme de sagesse et de bon sens, qui se situe quelque part entre Diogène et Socrate, disserte sur tout et n'importe quoi. Ses avis sont tranchés, parfois paradoxaux, mais toujours intéressants et pragmatiques. Le lecteur devine qu'Anatole France a beaucoup mis de lui-même dans ce personnage. C'est brillant et souvent décoiffant. Les institutions, politiques, religieuses, judiciaires et militaires en ressortent joliment étrillées par ce pacifiste, anticlérical et plus ou moins anarchiste qui devait être très en avance sur son temps. Mis à part le contexte historique, ce texte classique n'a guère vieilli. Il surprend même par le modernisme d'idées qui semblent intemporelles. A ne pas oublier.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
Commenter  J’apprécie          60




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Anatole France (1609)Voir plus

Quiz Voir plus

Le Joueur d'échecs

Quand Stefan Zweig a-t-il écrit cette nouvelle ?

En 1914
En 1929
En 1938
En 1942

10 questions
786 lecteurs ont répondu
Thème : Le Joueur d'échecs de Stefan ZweigCréer un quiz sur cet auteur

{* *}