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Critiques de André Malraux (272)
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La condition humaine

Classique de la littérature française du XXe siècle ce livre était depuis trop longtemps dans ma bibliothèque. J'en ai profité pour le lire, enfin ... Globalement, ça peut paraître un peu daté, mais c'est plaisant tout de même d'être transporté dans la Chine des années 1920 avec les luttes entre les communistes et les partisans du Kuomintang. Le livre propose surtout - en lien avec le titre - une réflexion sur l'engagement, les choix que nous faisons, le bien et le mal, la mort et la vie etc ...

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La Voie Royale

"La voie royale", est un grand roman !

C'est à la fois un long poème en prose, composé de descriptions du Cambodge, une méditation sur la condition humaine, et un grand roman d'aventures.

André Malraux fait ici preuve de finesse, d'une extrême subtilité, et nous livre un roman, très sophistiqué, dense en idées et en pensées, malgré son faible nombre de pages.

Dans ce roman, les magnifiques descriptions et les passages épiques, succèdent aux méditations profondes des personnages, et aux développements psychologiques, que Malraux a eu la bonne idée d'intégrer à son roman. L'écriture de Malraux est très belle, nerveuse, mais poétique. En le lisant, on a le sentiment que chaque mot a été posé, que chaque phrase a été travaillée par un orfèvre de la langue, pour donner très exactement l'effet voulu. C'est un véritable enchantement, que ce roman, qui s'avère à la fois plein de rebondissements, distrayant, et profond.

Les personnages s'avèrent complexes, tiraillés par des idées et des pulsions, pleins de vérité humaine ; s'il est des personnages qui ne manquent pas d'épaisseur, c'est bien ceux-là !...

Mais, ce qui m'a peut-être le plus plu, le plus ému, c'est ces descriptions magnifiques, lyriques, épiques, riches en émotions nombreuses et variées.

Dans ce roman à la fois sombre et lumineux, épique et désespéré, infiniment plaisant, André Malraux s'est imposé, pour moi, comme un grand écrivain.

Une claque !... Quel magnifique roman !...
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Les Conquérants

Une première publication en feuilleton dans « La Nouvelle Revue Française » suivie d’une sortie en librairie en 1928, voilà « Les conquérants », un roman de jeunesse d’André Malraux. Et quel roman ! Nous voilà plongés dans la Chine révolutionnaire de 1925 qui verra la prise de pouvoir de Tchang Kaï-chek.



Dans le but de faire échec à l’Angleterre, puissance coloniale, Borodine et Garine, en dignes représentants de l’obédience soviétique fomentent une grève générale à Canton et à Hong Kong …



Un beau livre militant comme on n’en écrit plus guère ; tantôt journal, tantôt roman, tantôt reportage… Mais ne nous y trompons pas, c’est Malraux avec son tempérament de baroudeur passionné d’Asie qui parle à travers le narrateur…



Et puis quand on lit ce livre à quinze ans, l’aphorisme le plus célèbre de l’auteur vous saute à la figure : « J'ai appris qu'une vie ne vaut rien, mais que rien ne vaut une vie ».





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La condition humaine

Les occidentaux ont toujours été fascinés par la Chine, au point de devenir envahissants. La montée concurrente du Nationalisme et du Communisme, marque cette volonté de reprendre le pouvoir, dans la révolte, et dans le sang.

Au delà du contexte historique, la plume romanesque de André Malraux, dépeint cette atmosphère avec une intensité extraordinaire.

(dans le même climat de révolte, il ne faut pas manquer de revoir la non moins extraordinaire Canonnière du Yang-Tse avec Steve McQueen)
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La condition humaine

La condition humaine est le livre le plus célèbre d’André Malraux qui reçut le prix Goncourt en 1933. Il suit l’histoire des révolutionnaires chinois et des expatriés européens dans la Chine coloniale en 1927. L’histoire se déroule au moment du massacre de Shanghai, avant la guerre civile et la révolution communiste chinoise.



C’est un livre sérieux, largement politique, politique non pas comme un jeu, mais comme une lutte désespérée pour la dignité et l’existence. Plus généralement, c’est un livre sur la vie quand il est dédié à la mort. Le sujet a vieilli : dans la première partie, un soulèvement des communistes dans les années 1920 en Chine, dans la deuxième partie, l’écrasement de ce soulèvement par le Kuomintang. Cela pourrait sembler obscur, mais cet événement est connu comme le massacre de Shanghai, c’est le début de la guerre civile chinoise de plusieurs décennies qui conduirait à l’établissement éventuel de la RPC (aujourd’hui la Chine) et l’exil du Kuomintang à Taiwan (également connu pour cette raison comme le ROC), une signification qui était bien sûr inconnu de Malraux à l’époque.



S’il n’y a aucun moyen de mettre de côté l’importance historique, c’est aussi parce que la force du livre est dans sa représentation réaliste du complot et de la prise de Shanghai et des représailles éventuelles, en particulier les représailles dans les deux derniers chapitres, qui sont terrifiants dans leur intensité. Ce n’est de loin pas le seul massacre de communistes dans l’histoire du monde (voir The Act of Killing pour un documentaire effrayant sur les événements en Indonésie), et il vaut la peine d’y penser. Mais Malraux montre habilement les deux côtés de la violence commise (l’attaque du poste de police dans la première partie).

Rien n’empêche vraiment que ce soit un chef-d’oeuvre. Malraux montre une intelligence suprême et est capable de développer la signification tragique des événements pour les individus impliqués. Pour moi, malgré la puissance des scènes mentionnées, c’est juste que la politique était complexe, les personnages trop rigides (bien que j’aime Gisors, Clappique et May), Shanghai ne pouvait pas être plus sombre, le terrorisme de Tchen est un sujet courageux mais impossible, et le style de Malraux peut être difficile, ce qui rend le livre particulièrement laborieux. Un livre digne pour son engagement, ses points forts et sa fin, il peut avoir relativement peu à offrir à quelqu’un qui n’est pas au bord du rasoir de son destin.



Le livre sera particulièrement apprécié par les lecteurs intéressés par l’existentialisme, la philosophie, l’engagement politique et l’histoire chinoise.
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L'Espoir

Après avoir vu le Potemkine, Malraux écrivait : « Il y a le cinéma avant et après Potemkine ». Est-ce qu’il aurait aimé qu’on écrive à propos de son bouquin : « Il y a une littérature de guerre avant et après l’Espoir » ? Franchement, on n’en sait rien, mais ça y ressemble.



Justement, c’est ce qui m’a emmerdé. Se taper presque 600 pages sur la guerre d’Espagne, ça ne permet pas de mieux comprendre ni la guerre, ni l’Espagne, ni leur jonction, ça fait juste comédie triste avec plein de personnages sans relief et des affrontements d’opinions qui ne permettent pas même de mieux se comprendre soi-même. J’aurais mieux fait de lire la page Wikipédia. LOL, je rigole, Malraux écrit bien quand même et ça se voit qu’il a vécu des trucs qu’il nous livre en larges tranches de gigot de vie :



« [La mort] a perdu pour moi toute… réalité métaphysique, si vous voulez. Voyez-vous, mon avion est tombé une fois. Entre l’instant où l’avant a touché le sol, et l’instant où j’ai été blessé, très légèrement –pendant le craquement, je ne pensais à rien, j’étais frénétiquement à l’affût, un affût vivant : comment sauter, où sauter ? »



Mais comme dans tout bon film hollywoodien, il se croit obligé de mettre les scènes au violon, avec les vieux poncifs sur les soi-disant grandes valeurs de l’homme (« L'amitié, dit-il, ce n'est pas d'être avec ses amis quand ils ont raison, c'est d'être avec eux même quand ils ont tort... ») ou les exposés de l’engagement politique aux relents vachement forts d’éducation judéo-chrétienne (« Il n'y a pas d'autre justice que la vérité. Et la vérité disait Sophocle, peut plus que la raison. De même que la vie peut plus que le plaisir et plus que la douleur. Vérité et vie est donc ma devise, et non raison et plaisir. Vivre dans la vérité, même si l'on doit souffrir, plutôt que raisonner dans le plaisir ou être heureux dans la raison ») –sans que cela ne lui semble jamais contradictoire au Malraux, lorsqu’il dit que les prêtres ça pue la bouse.



J’ai noté pour finir quelques phrases marrantes qui font du bien et qui souligneraient presque –si la vie de Malraux ne le contredisait pas- l’inanité de toute action politique :



« Moi, ce qui me plaît, […] c’est qu’ils ne croient pas qu’ils sauvent la démocratie chaque fois qu’ils font tourner une hélice. »



« Si chacun appliquait à lui-même le tiers de l’effort qu’il fait aujourd’hui pour la forme du gouvernement, il deviendrait possible de vivre en Espagne. »



« Autrefois, les nôtres étaient disciplinés parce qu’ils étaient communistes. Maintenant, beaucoup deviennent communistes parce qu’ils sont disciplinés. »



« J’ai vu les démocraties intervenir contre à peu près tout, sauf contre les fascismes. »

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La métamorphose des dieux, tome 1 : Le Surnat..

Malraux, entre ici avec ta sublime prose.... dans le panthéon des poètes, poète que tu fus sans le savoir!

Oui, Malraux, historien de l'art, ministre, philosophe, esthète, critique, romancier, orateur, tu fus avant tout un prodigieux artisan du langage.



Malraux consacre le premier de ses trois tomes de La Métamorphose des Dieux à l'évolution de l'art de l'Antiquité à la Renaissance, un art qui sans relâche a servi de lien entre les hommes et leur(s) dieu(x), un art tout dédié au sacré somme toute. Il montre comment l'évolution à travers les millénaires de la pensée, de la foi et du regard que l'humain porte sur le monde s'est matérialisée dans la représentation : hommes, dieux, messagers divins, animaux et décor compris. Il s'attache autant à la manière, au style, au traitement du fond pictural qu'aux symboles représentés, c'est ainsi qu'il dégage le mieux cette évolution. Le choix du thème, sa mise en forme, le medium privilégié par période(sculpture, enluminure, architecture, fresques etc.), la posture des sujets humains, les couleurs (l'utilisation de l'or notamment), tout y concourt à parler de l'homme.



Étonnamment, en cherchant à approfondir la subtilité de l'analyse historiographique, Malraux construit sa phrase avec toute la verve mais aussi la complexité nécessaire à aborder finalement ce qui dans la beauté reflète notre pensée du monde. Aussi son style nous force à relire les lignes ou les paragraphes précédents et là, ô stupeur, c'est la puissance du verbe qui nous saute à la figure, cet art de développer une période qui retourne son propos sur lui-même, qui tente de ramasser en une parole puissante un sens (le Sens avec un grand S même) dans toute sa magnificence.

Le miracle de son style est de trouver, dans les mots et surtout dans la tournure syntaxique, l'émotion qui émane des œuvres et des courants de pensée analysés.



Oui, en cela, Malraux, toi qui sus porter cette émotion dans cette mélodie verbale qui t'est propre, tu fus poète.

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PS.: rédiger cette chronique m'effrayait... comment répondreau souffle de Malraux... et à l'attente d'un.e lecteur.trice babéliote. Je crains en avoir fait trop et bien sûr trop peu.

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La condition humaine

Ma première lecture de ce livre date du siècle dernier, l’époque où les notes se prenaient sur des fiches bristol cartonnées ou sur le fameux carnet en moleskine. Trente ans plus tard, les sites de lecteurs comme Babelio permettent de s’affranchir et de livrer son ressenti. Je ne crois pas que mes commentaires passés eussent été les mêmes que ceux d’aujourd’hui. Depuis, l’idéal communiste s’est effondré partout dans le monde et ne subsistent que quelques ilots de résistance au libéralisme dominant ; l’espèce est en voie de disparition. Faut-il s’en plaindre ? Chacun répondra selon ses convictions, mais les évènements historiques qui sous-tendent cet ouvrage de Malraux rappellent que les révolutions charrient leur content de sang et de souffrance. Les idéologies s’imposent trop souvent sur les cadavres de masses manipulées bien disciplinées. Toutefois, j’ai replongé avec grand plaisir dans ces quelques semaines de l’histoire européenne de la Chine. Le temps des concessions internationales, du Kuomintang et de Tchang Kaï-Chek. L’auteur nous livre ses réflexions sur la dérisoire condition humaine, l’absurdité de la vie et la mort au travers du questionnement de ses personnages. Des âmes perdues qui se croisent, s’aiment, s’intoxiquent, luttent, s’abandonnent à ce destin inéluctable qui les conduit vers la fin. Qu’importe qu’elle soit anonyme ou tragique, héroïque, elle libère tandis que demeure la douleur de ceux qui restent. Le prix Goncourt attribué à Malraux pour ce livre me semble plus que mérité. Quelle écriture !
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La condition humaine

Quel donc était le pouvoir de Malraux pour, à ce point, fasciner et façonner l'esprit du public découvrant son analyse de la ‘Condition humaine' ? Certes, Malraux a développé une écriture descriptive capable de faire vivre ce qu'il prétend nous faire découvrir. Mais, champion de la complexité, pour le commun des mortels, sa vision rigoriste de l'homme qui ne peut exister qu'en sublimant une cause qui le détruira est, à mon sens un non-sens de la condition humaine. La lutte des communistes chinois qui seront appelés à suivre le dictat du communisme soviétique et d'aller droit à leur perte n'est pas, à mes yeux, une promotion de la condition humaine et certainement pas de sa dignité.

Si la condition humaine est de souffrir pour devenir un homme, si hors de la souffrance il n'y a pas d'existence profonde de l'être, à quoi bon vivre ?

Malraux, qui ne cachait pas son parti pris pour le monde communiste d'alors, curieusement développe la même doctrine de la méritocratie qu'utilisait l'Eglise pour justifier la souffrance, digne chemin d'accès pour mériter d'être sauvé. Est-ce là la condition humaine ? Je ne peux, ni ne veux l'accepter. L'Homme est bien au-dessus de ce devoir de souffrance.

Cinquante ans après avoir dû lire ce bouquin pour un professeur de français qui aimait se laisser croire de gauche, j'éprouve, à sa relecture, le même dégoût pour l'oeuvre. Je n'accepte pas une telle finalité pour l'Homme et la violence bestiale de tous les régimes, tous axes confondus, qui utilisent les hommes comme des armes de combat qui, une fois la lutte terminée, se transforment eux-mêmes en armes d'autodestruction massive.

Relire ce Goncourt 1933 est inutile. Il ne nous apporte pas une compréhension claire de la situation de l'époque tant Malraux y multiplie les métaphores, les raccourcis et les sous-entendus.

En réduisant l'homme à la violence dont il doit faire preuve pour advenir, il ne nous offre pas une alternative positive à la création de notre condition humaine.

Ce livre est devenu plus que poussiéreux. Qu'il retourne à la poussière !

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La condition humaine

Le plus grand traumatisme de mes années d'étude... Traumatisme de me sentir la seule à ne pas me pâmer devant un roman qui était alors complètement impénétrable pour moi. Supplice de le lire mais je sais que je devrais m'y recoller et me réconcilier peut-être avec cette oeuvre portée aux nues.
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La condition humaine

En 1927 Tchen poignarde un homme.

Les armes de ce trafiquant peuvent alors être distribuées aux combattants clandestins.

Les cellules communistes de la ville préparent le soulèvement des ouvriers locaux, l'insurrection a lieu le lendemain et remporte la victoire...

Mais Tchang Kai Chek trahit les communistes et fait assassiner des milliers d'ouvriers et dirigeants communistes par la Bande Verte, une société criminelle secrète...

Ce livre figure parmi les douze meilleurs romans du demi-siècle choisis par Colette, Pagnol, Carco et plusieurs autres grands hommes de lettres de cette époque.

C'est un ouvrage sur l'engagement et sur l'implication de l'individu dans la réalisation du destin collectif. Malraux réalise là son chef d’œuvre.
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Les Conquérants

Avec re roman, récit primordial dans l'oeuvre de l'écrivain, Malraux s'attaque au problème de la mort et veut en saisir enfin le sens. La mort constitue en effet le thème central de ce récit ; son écrasante obsession se manifeste à toutes les pages.
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La condition humaine

Un monument biensur que je découvre bien tard....sans vraiment savoir de quoi il était question....Ecriture dense, profonde, réflexions sur le sens de la vie et l'appréhension de sa mort et de celle de nos proches...Et tout cela par quelques personnages attachants et dans un environnement géographique et historique bien particulier ( soulèvements communistes et répression à Shanghai) ....Cela m'a forcé ( merci Mr Malraux) à visiter wikipedia pour mieux comprendre les enjeux politiques et économiques de l'époque....ca m'a beaucoup aidé!

A lire forcément....
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Les chênes qu'on abat...

Ce texte est une fiction qui a valeur de confidence et éclaire le général de Gaulle de l'intérieur. Malraux nous emmène à Colombey-les-Deux-Églises le jeudi 11 décembre 1969. Il y rencontre De Gaulle avec lequel il a un entretien. C'était juste avant la construction de la croix de Lorraine mais après les résultats du référendum sur le projet de loi relatif à la création de régions et à la rénovation du Sénat dont le résultat négatif a conduit à la démission le président de la République, Charles de Gaulle.



Mais qu'est-ce qui lient ces deux hommes?

Quand de Gaulle revient au pouvoir en 1958, Malraux est nommé ministre des Affaires Culturelles, fonction qu'il assumera jusqu'en 1969. Ils partagent donc l'expérience de la politique au plus haut niveau durant plus d'une décennie.



C'est en 1971 qu'André Malraux publie ce livre, fragments du second tome de ses Antimémoires intitulé "Les chênes qu'on abat...".

Ce livre n'est ni un roman ni un récit mais un hommage funèbre et un morceau d'histoire qui permet de mieux comprendre le monde dans lequel nous sommes et suggère des pistes de réflexions sur nos sociétés modernes. Malraux montre un De Gaulle assez visionnaire, tant sur l'Europe ou l'Afrique que sur la place de la France dans le monde contemporain. Il nous fait entrer dans le 20e siècle nous offrant de saisir ce que fut le gaullisme.



Même si parfois la solennité de l'entre-soi des deux politiciens nous les rend peu accessibles les joutes verbales des deux hommes oscillant entre le dramatique et l'humour ne manquent pas d'intérêt.









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La condition humaine

La condition humaine, évidemment c'est du lourd.



Shanghai 1927. A l'image du voisin soviétique, les idées marxistes font leur chemin en Chine. Le nouveau parti communiste tente de mener à bien la révolution qui émancipera le peuple chinois. Les nationalistes du Kuomintang conduits par Chang Kaï-Shek leur mènent la vie dure. C'est le contexte choisi par André Malraux pour développer sa réflexion sur la condition humaine. Ses personnages donnent leur voix à cette réflexion.



Comment ne pas s'enfoncer à son tour soi-même - lecteur d'un autre temps, mais peu importe, ce qui est dit est universel – dans une profonde introspection existentielle après un ouvrage d'une telle densité. Un ouvrage qui juxtaposent à quelques pages d'écart l'épouvantable fin de ceux que Chang Kaï-Shek fait précipiter vivants dans la chaudière d'une locomotive, tandis que d'autres, dans leur confort parisien, s'interrogent sur leur niveau d'engagement au soutien du consortium français en Chine pour financer la construction du réseau ferroviaire.



Que vaut la vie de l'un ou de l'autre selon l'imminence de l'échéance ultime, selon le caractère banal ou monstrueux de cette échéance ?



"Ô résurrection" est le terme que Malraux place dans la bouche de celui qui a retrouvé son ampoule de cyanure. Il va pouvoir se donner la mort plutôt que subir celle que ses geôliers lui auraient infligée. Résurrection. Pour celui qui va mourir ? Vivre ne serait donc que la faculté d'agir. Fut-ce pour se donner la mort ? Quand la passivité serait la mort, avant la mort.



La guerre offre un contexte propice à la révélation de la condition humaine. Malraux le choisit plutôt que toute autre circonstance pour développer ses thèses. Car la guerre place les individus dans la confrontation directe, prématurée, délibérée ou non, avec la souffrance et la mort. Elle donne l'occasion à tout un chacun qui serait resté dans l'attente passive et angoissée de sa propre mort, de devenir un homme. Enfin !

Car un homme n'est autre que la somme de ses actes. Et choisir de mourir, pour ses idées, c'est encore agir, c'est forger cette personnalité qui fera de celui qui aura vécu un homme. "Qu'eût valu une vie pour laquelle il n'eût accepté de mourir ?"



Quoi qu'il en soit "tout homme est fou". le communiste, le nationaliste, qui se battent. Le français qui finance. Celui qui soutient l'un ou l'autre. Tous. "Mais qu'est-ce qu'une destinée humaine sinon une vie d'effort pour unir ce fou à l'univers".



Evidemment c'est du lourd. Prix Goncourt 1933. On ne m'a pas attendu pour reconnaître le chef-d'oeuvre. Un ouvrage exigeant, d'une consistance rare, qui demande une concentration soutenue pour ne serait-ce qu'approcher le sens de chaque phrase. Un livre qui force à l'élévation et dont on ne ressort pas indemne.

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La Voie Royale

J'essaie de diversifier mes lectures, mais je ne suis probablement pas outillé dans la vie pour m'attaquer à ce style littéraire? J'ai pourtant lu des classics dans ma jeunesse de lycéen et su les apprécier.

Il s'agit d'un roman d'aventure se déroulant en région asiatique dangereuse dans les année 20. Après une quarantaine de pages je commençais à entrevoir un filet où l'auteur veut nous amener. Mais je suis constamment perdu dans le réçit et doit revenir en arrière pour comprendre la signification. Les longues descriptions ne mon jamais autant anesthésié, cette lourdeur poètique n'apporte rien dans un réçit d'aventure. Mais ça sait mon avis de néophyte.
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Le Miroir des limbes, tome 1 : Antimémoires

Malraux a commencé l’écriture des Antimémoires en 1965, lors d’un voyage qui devait le mener en Chine pour rencontrer Mao. Un voyage diplomatique (il était ministre à l’époque), mais fait d’une étrange manière, par bateau. Mais Malraux est dans un état dépressif profond, et le but du voyage, dont la partie officielle sera définie tardivement, est aussi de lui permettre de reprendre pied.



En 1965 Malraux a depuis un bon moment terminé sa carrière de romancier. Il s’est tourné à la suite vers des écrits sur l’art, et il pensait d’ailleurs profiter du voyage qui s’offrait à lui pour travailler sur une nouvelle version du Musée imaginaire. Mais au Caire, il se lance dans l’écriture des Antimémoires, qui vont initier une nouvelle époque dans sa création, celle du mémorialiste. D’autres textes autobiographiques suivront, Malraux va les intégrer dans un cadre commun sous le titre Le miroir des limbes, dont les Antimémoires sont une première partie. Bien plus célèbre que les ouvrages suivants, et qui dès sa parution a rencontré un grand succès, à la fois auprès du public et de la critique.



Le genre des mémoires à l’époque où Malraux s’est lancé dans son entreprise, a une acception plus large qu’aujourd’hui :



« Les Mémoires du XXe siècle sont de deux natures. D’une part, le témoignage sur des événements : c’est parfois, dans les Mémoires de guerre du général de Gaulle, dans Les Sept Piliers de la sagesse, le récit de l’exécution d’un grand dessein. D’autre part, l’introspection dont Gide est le dernier représentant illustre, conçue comme étude de l’homme. » ( Antimémoires)



C’est donc à la fois les Mémoires, mais aussi les autobiographies, ou comme le dit Malraux les Confessions. Il pense ce dernier genre obsolète, à cause de la psychanalyse, bien plus efficace pour décortiquer les profondeurs humaines. L’évolution actuelle de la littérature lui donnera complètement tort sur ce point. Mais cela indique la direction qu’il compte donner à son texte : en aucun cas il ne s’agit d’essayer de comprendre comment sa personnalité s’est construite, ni encore moins d’évoquer des souvenirs attendris du passé. Malraux dit d’ailleurs :



«  Réfléchir sur la vie — sur la vie en face de la mort — sans doute n’est-ce qu’approfondir son

interrogation. [...] En face de cette question, que m’importe ce qui n’importe qu’à moi ? Presque tous les écrivains que je connais aiment leur enfance, je déteste la mienne. J’ai peu ou mal appris à me créer moi-même, si se créer, c’est s’accommoder de cette auberge sans routes qui s’appelle la vie. J’ai su quelquefois agir, mais l’intérêt de l’action, sauf lorsqu’elle s’élève à l’histoire, est dans ce qu’on fait et non dans ce qu’on dit. Je ne m’intéresse guère. (Antimémoires).



Malraux revendique donc pour son texte le genre des Mémoire, qu’il considère en prise avec l’action, avec l’histoire en train de se faire. Il a l’ambition de mener une réflexion sur la condition humaine, et non pas une introspection, qui rechercherait une vie dans sa singularité. La connaissance de soi est impossible et inutile, la question pertinente est non pas « qui je suis » mais « qu’est-ce qu’une vie ».



Mais s’il se voit mémorialiste, il questionne, voire déconstruit le genre des mémoires. Il réfute l’effacement trompeur de l’auteur au profit de l’observateur, prétendant à l’objectivité, il est présent en permanence et vit les événements qu’il décrit.



Il met aussi en cause la linéarité du récit. Comme le roman, les Mémoires doivent dépasser le récit, au-delà des faits, chercher le sens, toucher l’éternel au-delà de l’instant. L’auteur doit trouver une sorte de troisième dimension. D’où une dramatisation de la narration, il s’agit de mettre en scène, rendre présent. De très nombreux dialogues sont un outil utilisé abondamment par Malraux pour arriver à ce résultats. Comme les mises en abîmes, la mise en lien de moments différents qui se répondent : les différentes parties du texte entremêlent presque systématiquement deux-trois moments temporels parfois séparés par des décennies. L’unité du récit est un artifice, qui empêche la recherche des enjeux existentiels.



Enfin, il s’agit pour Malraux de mettre à nu les mécanisme de la mémoire, dans laquelle différents moments cohabitent, les périodes s’entremêlent, se répondent, ce qui va ensemble, non pas par la chronologie mais par le sens, s’agrège. Il s’agit de redonner la première place à une mémoire personnelle, en action, qui se met en scène. C’est par cela que le titre d’Antimémoires prend son sens : il ne s’agit pas d’une description d’événements où le moi de l’écrivain s’efface, ou fait semblant de le faire, mais où au contraire il est mis en avant, théâtralisé.



Evidemment cela peut agacer, car le personnage Malraux, avec ses excès, son emphase, est présent de bout en bout. Lorsqu’il fait parler Nehru, c’est lui qu’on entend parler, jusque dans ses tics de langage, ses partis pris. Mais en allant jusqu’au bout de sa démarche, il finit par faire apparaître son dessein, une réflexion sur l’histoire, sur les ressorts des actions, sur ce qu’il considère comme essentiel au-delà de l’écume des événements. Et il garde de son expérience de romancier un talent certain à construire, à tenir en haleine, à relever un détail, à caractériser. Si on arrive à trouver le rythme, cela devient très prenant, passionnant par moments. Et le livre continue à questionner une fois la dernière page tournée.

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La Voie Royale

"La vie est une matière, il s'agit de savoir ce qu'on en fait" énonce André Malraux dans son roman existentialiste La voie royale (Prix Interallié 1930) écrit après avoir lui-même réalisé des recherches archéologiques au Cambodge en 1923 (époque colonialiste) et s'être lancé dans un trafic d'oeuvres d'art alors qu'il était ruiné. Son épouse Clara ( voir l'excellente biographie Clara Malraux de Dominique Bona) lui a évité la prison.

Le thème: "La voie royale, la route qui reliait Angkor au bassin de la Menam", bien que recouverte d'une végétation touffue, est ponctuée de temples brahmaniques en ruine dont les sculptures sont convoitées par le jeune Claude Vannec, féru d'archéologie, "chargé de mission", dont les tampons officiels couvrent la cupidité.

L'accompagne dans cette expédition, Perken, un homme mûr dont l'expérience (du terrain et de la domination des indigènes) n'a d'égale que la perversion sulfureuse qui de par son "dégoût du monde" rappelle à Claude (qui l'admire sans le juger) son grand-père. Une même obsession de la mort les unit. Mais l'enfer dans lequel plonge leur groupe n'est-il pas la mort? Y survivront-ils?

J'ai apprécié l'entrée dans cet "autre univers" menaçant où la lente "désagrégation des choses", leur métamorphose (ex: les arbalètes sont comparées à des mandibules) atteint peu à peu les êtres (ex: "la longue fourmilière des corps penchés; le "jacassage") mettant à jour leur bestialité, les descriptions imagées très fortes, la montée des émotions (la surexcitation des chercheurs de trésors laisse place, peu à peu, à la terreur face à la sauvagerie des guerriers armés jusqu'aux dents) qui deviendra un "langage de chair". La voie royale, sanguinolente comme une douloureuse blessure, purulente comme une plaie surinfectée ne sera-telle pas en définitive pour Claude Vannec cette voie royale des rêves, qui mène à l'inconscient, chérie de Freud? En effet, dans cette voie royale qui remue et ne peut laisser indifférent, l'homme en essayant de trouver un sens à son existence en étant "plus qu'un homme dans un monde d'homme" (cf: La condition humaine prix Goncourt 1933) se rendant compte de sa propre petitesse, ne nait-il pas à lui-même face à autrui?

André Malraux, génial poète, philosophe,écrivain,homme militant et épris d'art a décrit ici avec avec une féroce lucidité, une sobriété touchante, un récit amer d'aventure et de tragédie intérieure.
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La condition humaine

Un livre que j'ai sauvé de la poubelle et que je devais absolument découvrir.



C'est une histoire très prenante qui se passe pendant la révolution en Chine, un petit groupe de révolutionnaire contre régime de Tchang-Kai-Chek.



Ce roman est vraiment excellent et il m'a fait réfléchir sur le pouvoir des banques, sur les guerres et sur la valeur des vies humaines. Le pouvoir et l'argent sont souvent la cause de grands malheurs. Pour ces grands financiers qui veulent ramasser toujours plus, la mort de millions de gens ne les touchent pas. Les personnages de ce roman se battront pour leur cause jusqu'à la mort, pour changer le monde qui hélas est toujours aux mains des puissants.



André Malraux avait une plume passionnante et ses écrits dévoilent des vérités sur les profits qu'on fait les occidentaux pendant la révolution chinoise.



Quand le pouvoir monte à la tête des dictateurs, les hommes sont foudroyés par leurs folies. Souvent on m'a dit que l'argent c'est le diable.



En lisant ce très beau roman , j'ai bien compris que pour des diamants, de l'or où du gaz, on peut tuer beaucoup d'humains innocents et se regarder encore dans un miroir.



Jusqu'où la monstruosité humaine peut-elle aller ?



Je suis ravie d'avoir découvert ce roman qui reste toujours d'actualité et qui m'a emporté dans un tourbillon d'émotions intenses et tragiques.



Pour ceux comme moi qui ne l'ont pas encore lu, il n'est jamais trop tard.
Lien : https://sabineremy.blogspot...
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Les chênes qu'on abat...

Le style m'a paru lourd, chargé de grandiloquence pour ce plaidoyer pro- domo et ce document à ranger dans l'enrichissement du culte de la personnalité. Beaucoup de conversations à bâtons rompus, où revient sans cesse Napoléon. Ce qui m'a interpellé c'est qu'à aucun moment, le Général de Gaulle ne se remet en question, n'a la clairvoyance de mettre à jour ses ses erreurs, ses défauts. Qui n'en a pas ? Je viens de finir récemment "La disparition de Josef Mengele" d'Olivier Guez et je suis frappé de voir que ces deux hommes publics n'ont pas la faculté jusqu'à leur dernier souffle de prononcer le moindre mea culpa donnant ainsi raison à Spinoza pour qui "Il y a dans tout être une tendance de l'être à persévérer dans son être".
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