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Critiques de André Malraux (272)
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La condition humaine

"Il est très rare qu'un homme puisse comment dire? Accepter sa condition d'homme".

La condition humaine, roman couronné par le prix Goncourt en 1933 et figurant parmi les douze meilleurs romans du siècle en 1950, relate l'insurrection (en mars-avril 1927) d'un groupe de communistes chinois qui n'acceptent pas leur condition d'homme et, idéalistes, vont entrer dans l'histoire en incitant les ouvriers de Shanghaï à la grève pour "conquérir leur dignité".

Revendications, soit dit en passant, qui paraîtraient dérisoires de nos jours:12 h de travail par jour, pas de travail pour les moins de 8 ans et le droit de s'asseoir pour les ouvrières.

Ils veulent ainsi "faire battre Tchang Kaï-Chek, détruire son prestige et le remplacer par un général communiste à qui reviendrait alors l'honneur de la prise de Shanghaï".

Tchen tue un trafiquant d'armes que vont redistribuer Kyo et Katow. May, l'épouse de Kyo, dirige un hôpital clandestin.

La bourgeoisie a peur.

Ferral, industriel capitaliste, oscille entre dureté et prévenances (enfermé dans l'érotisme" avec sa maîtresse Valérie "d'une tristesse tendre") et représente le pouvoir.

Certains donneront leur vie pour leur engagement.

Malgré les nombreux personnages dont les destins se croisent et où l'on se perd parfois (le sage et solitaire Gisors père de Kyo qui conseille entre deux bouffées d'opium, Katow le Russe militant,Clappique qui joue un peu trop au casino, Hemmelrich l'ouvrier qui a tout perdu) j'ai aimé la façon dont André Malraux a traité la montée en violence de l'insurrection (la gare du sud est tombée,le conseil municipal suit,les ponts sont pris,les casernes sont bloquées,l'arsenal est bloqué,le train blindé est isolé...) puis le retournement de situation avec victoire de Tchan Kaï-Tchek qui s'est rallié aux milieux des affairistes (dont Ferral). Le lecteur devient spectateur et voit, avec horreur, les faits se dérouler et l'angoisse aller crescendo.

J'ai aimé aussi la façon dont l'auteur défend la condition féminine en dénonçant les mariages forcés,l'institution de courtisanes,la soumission absolue des femmes,les supplices infligés aux femmes adultères. J'ai dégusté les nombreuses citations, à portée philosophique,qui émaillent le récit.

André Malraux intellectuel français, écrivain, homme politique s'est engagé tout au long de son oeuvre. La condition humaine annonce l'existentialisme car ici l'homme est de par ses actes, ses engagements et maîtrise son destin, pour lutter contre l'absurdité de la vie, en s'inscrivant dans l'histoire.



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L'Espoir

Livre cubiste lu sans attention, tombé dans les toilettes, commencé en plein soleil, terminé sous la pluie, avec cette impression que les personnages ne sont pas des personnages, qu’il est impossible de les distinguer les uns des autres, comme les événements, cette Guerre d’Espagne racontée à ceux qui l’avaient sous les yeux mais qui nous est devenue si étrangère, plus personne ne demeurant aujourd’hui fasciste, communiste ou anarchiste, tout ça ayant été cassé par la guerre elle-même, où l’action prend le dessus même si dès que l’action prend le dessus, dans le bouquin, je ne lis plus que d’un œil, sans savoir si oui ou non les événements ont lieu dans un avion ou à terre. L’espoir, c’est le Guernica de Picasso, l’épique saucissonné, l’intranquillité d’une lecture qui désarçonne sans le crier sur les toits et qui déçoit par ce que le texte garde de classique, on ne sait trop quoi, tout. Tout à coup, une formule qui fait mouche, comme un coup de pistolet, une belle phrase, un bijou en son écrin au milieu des ordures, une définition de la guerre : « la guerre, c’est faire l’impossible pour que des morceaux de fer entrent dans la chair vivante ». Souvent, l’impression de passer à côté d’un texte dont l’indéniable originalité nécessiterait, pour être déchiffrée, une étude plus approfondie à laquelle je n’ai aucune envie de me m’atteler.

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La tentation de l'Occident

Dans ce roman épistolaire, deux jeunes hommes, un chinois et un français, échangent leurs points de vue sur leur culture.

L’auteur a recours à de nombreuses anecdotes, qui semblent atemporelles, et qui j’avoue ne m’ont guère aidée à me donner une image globale de la culture chinoise.

Je note toutefois qu’une harmonie est recherchée entre les hommes et les femmes (pleines de devoirs envers les hommes) et la conception du temps est totalement différente.

Bref, ce ne fut pas une lecture passionnante.

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Les chênes qu'on abat...

Dialogues entre Malraux et De Gaulle après que celui-ci ait quitté le pouvoir. Tous les thèmes sont abordés entre les deux hommes dont l'amitié sera restée indéfectible jusqu'au bout. A lire autant pour la transcription de l'un que la grandeur de l'autre et la dimension immense des deux.
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Lazare

Je dois avouer que c'est un livre complexe. André Malraux nous livre une oeuvre entre souvenirs et présent, voire même, peut-on parler de délires dus à sa maladie. J'ai eu quelques difficultés mais cela reste une belle lecture néanmoins.
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La condition humaine

Le récit d'un combat perdu ; l'éloge d'une cause désespérée ; la plaidoirie pour la lutte... "La Condition Humaine" est un choc visuel et sensoriel, un ensemble de pages qui lacèrent l'épiderme et soulèvent le cœur ; une épopée tragique commencée dans le sang et la mort, achevée dans la douleur et la perte. C'est un souffle qui s'empare du lecteur et le prend jusqu'au cou, l'étouffe sous le poids de la puissance des mots et le place devant sa condition, sa condition humaine.



Les personnages sont pris dans un engrenage de violence, quand l'utopie communiste rimait avec la révolution et quand, dans son irrésistible quête du pouvoir, l'homme passe outre ses convictions pour régner, et se retourne contre ses frères de jadis. Le Kuomintang et le Parti communiste chinois sont au cœur de ce drame où la fatalité semble s'amorcer à chaque page et s'écouler comme un sablier qu'on n'eût pu arrêter : Malraux, par son écriture à vif et dense de violence, met ici en scène le Massacre de Shanghaï de 1927, mais mieux encore, il parle des hommes, de ces êtres humaines qui y ont laissé leur vie, de ces mains qui ont tué, de ces yeux qui ont pleuré, de ces vies sacrifiées.



Et dans la Grande Histoire, la petite tient aussi sa place, et s'érige en égale dans sa consœur. Car, sous couvert d'un langage à la sempiternelle beauté et dont l'élégance provient essentiellement d'un rythme saccadé et martelé qui fait se percuter les mots au parfum de mort, comme de vie par endroits, Malraux montre que derrière la velléités diplomatiques et les stratégies politiques de ces factions à la recherche du pouvoir, c'est l'Homme, dans son humanité comme dans sa folie, qui est en jeu et se place au sein de l'Histoire ; c'est l'Homme, même le plus faible, même le plus inconnu - Tchen, Kyo, Katow, vous êtes les artisans de la révolution, plus que vos dirigeants - qui fait l'Histoire, qui fait le monde, qui le défait aussi. Alors, dans sa quête de déité, à la recherche du pouvoir d'asservir, l'Homme se place face à sa Condition : celle d'un être ambitieux, insatisfait, à la soif insatiable ; mais aussi, parfois, celle d'un héros de l'ordinaire, mort pour ses idées, embourbé dans une pensée dont il ne peut se défaire mais pour laquelle il donnerait sa vie. Donner sa vie pour une idée, "c'est stupide", dit l'un des personnages. Au final, le sentiment est double, la Condition Humaine l'est tout autant : l'Homme vit avec grandeur dans sa lutte ; il meurt toujours misérable.



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La Voie Royale

C'est un long chemin vers l'enfer, vers la jungle inextricable, un chemin sombre et sans fin, comme le livre. Malraux raconte sa propre expérience de chercheur de trésor en Indochine, qui lui valut des soucis avec la justice, car il était en fait trafiquant d'oeuvres d'art (il finira ministre de la culture!). C'est un livre qui va débuter son style, il est imparfait et assez long à lire. Pour les amoureux de Malraux, des descriptions de la jungle et du marché de l'art à l'époque.
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La condition humaine

A Shanghaï, en mars 1927, c'est le début de l'offensive de Tchang Kaï-Chek contre l'Empire chinois. Une autre tragédie se joue entre les différents protagonistes du roman, Kyo, le leader, Tchen, le terroriste, Gisors, l'esthète opiomane, et Ferral le capitaliste.

Chacun de héros essaie à sa manière d'échapper à la solitude.

Mais l'homme ne peut se dérober à sa condition.

Un des plus beaux livres de Malraux.
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La condition humaine

Comme beaucoup visiblement, j’ai eu du mal à entrer dans le récit, La condition humaine est un texte complexe mais néanmoins indispensable culturellement parlant. Le style d’écriture ne m’a pas franchement aidé à l’apprécier, c’est typique du XXe siècle avec ses phrases alambiquées, un début laborieux avant d’enfin démarrer vers le milieu du livre et une fin que je n’ai pas aimé. Pour faire court, car je n’aime pas descendre les classiques, je suis passé au travers de l’œuvre, je n’ai pas aimé les personnages, ni l’intrigue bien qu’elle soit originalement traitée, ni le style d’écriture de Malraux, et les passages politiques m’ont donné mal au crâne. Sur le thème de la révolte je lui préfère Les raisins de la colère de l’américain John Steinbeck.
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La condition humaine

Le Goncourt 1933, ultime roman de la trilogie asiatique de Malraux, aborde le même thème romanesque que "Les Conquérants" : la révolution chinoise, la lutte entre le Kuomintang de Chang Kaï-chek et le PC chinois. C'est le prétexte pour dresser une galerie de portraits : de Kyo, le communiste par dignité à Tchen, le terroriste en passant par Ferral, représentant le gouvernement français et sa puissance économique, Katow, l'homme de toutes les révolutions, ou encore le Baron de Clappique mélange de héros et de lâche fataliste. Chacun déterminera son face-à-face avec le destin en fonction de ses actes plus que de ses idées. C'est la révélation de sa condition d'homme. Ouvrage au style heurté qui est la marque de l'auteur, avec des découpages quasi cinématographiques, "La Condition Humaine" est un immense roman.
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La condition humaine

La Condition humaine est un de mes pires souvenirs de lycée, je vous laisse prendre conscience du traumatisme.... Je n'avais pas du tout accroché et pas trop compris non plus toute l'ampleur et renommée de ce roman sans trop savoir la cause. Un problème d' immaturité ? Un angle de travail mal adapté? Un prof ennuyeux? Un peu de tout peut être.

Vingt ans plus tard je ressors mon exemplaire annoté, très bien conservé car peu utilisé (...) et je me replonge avec un peu d'appréhension dans ce monument de littérature.

Résultat moins traumatisant que mon souvenir, la maturité aide à mieux saisir la portée politique er révolutionnaire, un «cauchemar» désacralisé mais on est très loin de la lecture agréable, j'ai beaucoup ramé mais j'ai persévéré car je m'étais engagée à le lire pour le challenge solidaire 2019, et je me suis fait violence.

Cet échec est certainement du également à mon besoin de déconnecter et d'évasion quand je lis, j'évite les contrariétés bien assez présentes dans le quotidien.

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La condition humaine

Je connais assez peu Malraux. J'ai lu l'Espoir alors qu'en Master je travaillais sur la guerre d'Espagne et ça m'avait ennuyé. Je suis donc rentré en reculant dans la condition humaine. Je me suis moi-même imposé de lire les Goncourt, du coup pas moyen de m'y soustraire.



Je suis agréablement surpris par ce livre. Le style est absolument différent de ce que j'ai trouvé dans l'Espoir. Et le style, c'est important.



Nous suivons différents personnages pris dans la révolution chinoise. Des communistes qui luttent à la fois contre l'ancien monde et le révolutionnaires nationalistes. Finalement, nous restons en le thème de la lutte sociale.



Mais ici, il y a quelque chose de nature, de presque absurde, qui rencontre le réalisme.
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Le Musée imaginaire

Dans cet essai, André Malraux, dans un style poétique et métaphorique, s’interroge sur le nouveau regard posé sur l’œuvre d’art depuis l’apparition des musées européens à la Renaissance. Cet essai, extrêmement technique, nécessite de connaître les codes de l’Histoire de l’art. Il y développe le concept de musée imaginaire correspondant à l’ensemble des œuvres d’art dont on a connaissance, que l’on garde en mémoire, très largement grâce aux livres d’art et surtout à la photographie grâce à laquelle on peut désormais avoir accès à de nombreuses œuvres d’art de l’humanité entière et de styles différents que l’on peut comparer ainsi plus facilement. Selon André Malraux, les œuvres d’art proviennent soit de sources réelles (la nature et l’homme) ou de sources irréelles (la fiction et la religion). Dans le musée, un objet, pas nécessairement réalisé dans un but artistique au départ, perd sa fonction initiale pour devenir une œuvre d’art. André Malraux parle alors de métamorphose. Les peintures religieuses perdent de leur symbolique divine et spirituelle pour devenir des œuvres d’art que l’on peut admirer d’un point de vue artistique. Dans le musée, l’adoration divine n’existe plus, la fonction spirituelle a fait place à la nouvelle fonction d’œuvre d’art, voire de chef d’œuvre. Pour devenir œuvre d’art, la fonction initiale de l’objet doit donc disparaitre. Les portraits, statues, bustes perdent de leur identité pour ne porter que le nom de leur créateur. Le musée permet, à ces œuvres d’art et à leurs créateurs, d’accéder à une part d’immortalité. Les Rembrandt ont survécu à leur créateur, qui vit éternellement à travers elles. Malraux est fasciné par cette « présence dans nos vies de ce qui devrait appartenir à la mort ». Le Musée Imaginaire, merveilleux inventaire d’œuvres d’art disparates permet à ces multiples œuvres de continents et d’époques différents de se côtoyer. On peut ainsi les comparer et les étudier plus aisément. Chacun aura désormais la possibilité d’avoir accès à ces richesses du patrimoine de l’Humanité. Plus que dans un musée ordinaire organisé autour d’un thème ou d’un artiste particulier, on pourra faire cohabiter les œuvres du monde entier et les styles les plus divers. On pourra parfois trouver des similitudes entre des œuvres de continents différents. La liste n’est bien sûr pas exhaustive et le catalogue pourrait être complété à l’infini. On pourrait ajouter que les avancées technologiques modernes offrent des possibilités encore plus importantes aujourd'hui. Le musée imaginaire est donc un chantier permanent.

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Correspondance (1946-1959) : André Malraux / ..

J'ai pu acquérir ce livre attendu avec impatience, peu avant sa mise en vente officielle, en participant aux Rencontres Méditerranéennes Albert Camus à Lourmarin les 7 et 8 octobre 2016.

Sophie Doudet, maître de conférences en littérature à L'Institut d'Etudes Politiques d'Aix-en-Provence qui présente et a annotée cette édition est d'ailleurs une habituée de cette manifestation .

Un échange épistolaire de plus de quinze ans, trente-six lettres qui témoignent d'une estime et d'une admiration réciproques, d'un respect mutuel, fidèle malgré les aléas de la vie et les points de vue politiques plus ou moins divergents après 1958.

Cette correspondance est complétée par des annexes : la rédaction d'un article relatif à l'oeuvre de Malraux en 1934, l'adaptation théâtrale du Temps du mépris en 1935, la parution de L'Etranger en 1942, dans laquelle Malraux joua un rôle capital, plusieurs articles publiés dans Combat faisant référence à Malraux, les liens de proximité entre Malraux et Camus lors de la parution des Justes 1949-1958, et une chronologie de leur relation.

Un livre qui révèle, un peu plus de la personnalité attachante de chacun de ces deux écrivains.

Indispensable dans la bibliothèque de tout camusien!



Je profite de ce commentaire pour vous inviter à consulter le site des Rencontres Méditerranéennes Albert Camus http://www.rencontres-camus.com/ et pour vous informer de plusieurs manifestations organisées par cette association à Lourmarin :

du 11 juillet au 19 août : exposition à la bibliothèque : En amitié Camus et ses correspondants, ( reprise de toutes les correspondances éditées ) le jour de l'inauguration, lectures dès 20 h sur la grande place du village

Les 6 et 7 octobre 2017 , espace Camus à Lourmarin conférences" En amitié Camus et ses proches( Char, Senac, ... ) Tout est gratuit.

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La condition humaine

C'est un grand classique de la littérature du XXème siècle, signé André Malraux. L’action se passe en Chine en 1927. Les "nationalistes" du Kuomintang et les communistes, jusqu’ici alliés, vont se livrer une lutte impitoyable à Shanghai, une ville stratégique qui est partiellement administrée par les Européens maîtres dans leurs "concessions". L’intérêt et la sympathie de l’auteur vont manifestement aux révolutionnaires. Malraux campe des personnages fort différents, mais tous très engagés, comme Kyo, Tchen, Katow… qui vont faire face à la cruelle répression des suppôts de Chang Kai Chek. Il s'agit d'un épisode célèbre dans l’histoire de la Chine, mais généralement ignoré en Europe. D'une manière générale, au XXIème siècle, les épopées révolutionnaires, passées de mode, sont sous-estimées.

L’histoire racontée dans le roman se situe dans un contexte historique complexe et les péripéties sont intéressantes. Cependant, l’ambiance est oppressante, donc ce n’est pas un livre agréable à lire. Mais surtout, le style de Malraux me parait compliqué, cérébral, trop littéraire, voire alambiqué: il y a comme un écran (littéraire) entre l’auteur et le lecteur. Ce dernier ne pénètre pas vraiment dans le vécu des personnages. Le courant est très mal passé, en ce qui me concerne. J'ai l'impression que, au fond, je n’aime pas l'écrivain Malraux - même si d’autres livres comme "Les conquérants" me semblent plus accessibles.
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Le Musée imaginaire

Le musée modifie le regard porté sur l’œuvre. On ne regarde pas de la même façon une peinture au musée que dans un palais, une cathédrale ou n’importe quel autre contexte. Mettre une œuvre d’art au musée, c’est en changer radicalement la perception.

L’invention, assez récente, du musée est un évènement qui, selon Malraux, s’inscrit parfaitement dans l’histoire esthétique européenne : La fiction. Depuis la renaissance, avec les nouvelles techniques de la peinture (la perspective, le sfumato) on a confondu, en Europe, l’art avec l’illusion. Le Beau Idéal est une esthétique de la fiction, un théâtre ; et l’un des efforts des artistes modernes, patent depuis Manet et les impressionnistes, a été de se libérer de cette domination de la fiction, de l’anecdote, de la représentation. Les œuvres d’art, avant la renaissance italienne, n’étaient pas, la plupart du temps, destinées à représenter mais à présenter. Pour le dire autrement, les œuvres d’art n’en n’étaient pas ; elles n’étaient pas des objets servant à figurer, par exemple, des dieux immortels, mais elles étaient les dieux éternels eux-mêmes, en tout cas pour ceux qui les admiraient dans leur contexte d’origine. L’art européen de la renaissance et son illusionnisme a perdu ce regard primordial et a finalement inventé le musée, qui est devenu un lieu où l’on exposait ce que l’on considérait comme des chefs d’œuvre. Les artistes modernes et contemporains depuis la fin du dix-neuvième siècle ont cherché à gratter ce vernis d’illusion déposé sur l’ensemble de l’art et ont permis de redécouvrir les masques africains, les estampes japonaises, les statues orientales, les peintures romanes, pour ne plus y voir le fruit d’une inhabilité ou d’une grossièreté mais des formes et des couleurs qui sont, fondamentalement, les seuls attributs de l’art.

Le musée imaginaire, qui doit suppléer au musée traditionnel, n’est donc pas un lieu physique mais l’ensemble des œuvres d’art, du monde entier et de toutes les époques, auxquelles chacun d’entre nous a accès aujourd’hui grâce aux reproductions. Ce sont les livres d’art (et maintenant j’imagine qu’on pourrait y ajouter, en premier lieu, internet) où l’œuvre d’art subit encore un grand nombre de métamorphoses du fait de cette exposition particulière, mais où plus aucune n’est oubliée. Il est donc beaucoup question de photographie dans ce livre, des cadres et surtout de leur absence et en général de la perception de l’œuvre d’art.

Mettre le problème de la fiction au cœur de l’art, le délivrer des vieilles querelles d’écoles à travers les temps et les espaces, ressusciter les œuvres oubliées, c’était le grand vœu de Malraux. Et, dans ce foisonnement de réflexions sur l’histoire de l’art, les questions qu’il pose peuvent également trouver des échos dans notre monde contemporain. Les innovations technologiques et leurs constantes évolutions, mais aussi les nouveaux musées d’art moderne ou primitifs, ne cessent de modifier notre regard. La radiographie des peintures, la popularisation de la troisième dimension, l’universalité d’internet, sont bien au cœur de la réflexion du musée imaginaire.
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La condition humaine

Indispensable à lire. Magnifique.

La condition humaine est un récit haletant où la vie ne tient qu'à un fil.

L'idéal politique et le désir de vivre se téléscopent tragiquement.

Face à sa solitude existentielle, la condition humaine apporte une réponse, partielle seulement, au travers de la fraternité et l'amour.



Merci André Malraux !



Axel Roques
Lien : http://axelroques.blogspot.fr/
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La condition humaine

La condition Humaine (édition folio) se trouvait dans ma bibliothèque depuis 40 ans... je l'avais complètement oublié, c'est pourquoi en vue de la première réunion du café littéraire auquel je me suis inscrite je l'ai de nouveau acheté dans la même collection.



L’ais-je lu il y a 40 ans ? je n'en ai aucun souvenir. Aussi la (re)lecture (?) que je viens de faire est une découverte. Avant de le lire (et non après l’avoir lu) j'aurais du prendre connaissance des critiques sur Babélio et ainsi je me serai informée de l’histoire de la chine en 1927-1928.



"résumé WIKIPEDIA



En mars 1927, l'Armée révolutionnaire du Kuomintang sous le commandement de Tchang Kaï-Chek est en marche vers Shanghai. Afin de faciliter la prise de la ville, dont le port représente un important point stratégique, les cellules communistes de la ville préparent le soulèvement des ouvriers locaux. Mais inquiet de la puissance de ces derniers et gêné dans sa quête de pouvoir personnelle, Tchang Kaï-Chek se retourne contre les communistes. Aidé en cela par les Occidentaux occupant les concessions, qui espèrent l'éclatement du Kuomintang, et les milieux d'affaires chinois, il fait assassiner le 12 avril 1927 des milliers d'ouvriers et dirigeants communistes par la Bande Verte, une société criminelle secrète. "







En effet le côté politique de la période pendant laquelle se déroule le roman est particulièrement compliquée.



Tout en ne comprenant pas toujours les enjeux des différentes parties, on s'intéresse aux personnages principaux de cette histoire :



Kio, le révolutionnaire, son père Gisors le sage opiomane, May, son épouse médecin russe,



Tchen, le terroriste qui se fera sauter avec sa bombe,



Katow, russe, le vrai révolutionnaire , qui a survécu à une exécution, mais qui ira à la mort après avoir donné à deux jeunes affolés devant leur prochaine mort atroce son cachet de cyanure,



Hemmerlrich, belge, marié à une chinoise, père d'un enfant malde (femme et enfant seront assassinés) , seul survivant de ce groupe,



les deux français Ferral et le baron Clappique.



Que dire de plus d'un livre culte (prix Goncourt, classé en 1999 comme l'un des meilleurs livres du siècle - FNAC et le MONDE) : la lecture de certains passages n'est pas très facile, on ne saisit pas toujours complètement les réflexions de l'auteur, d'autres passages en revanche, plus concrets, nous captivent.
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La Voie Royale

Un souvenir de fac. Un voyage au cœur d'une forêt tropicale. Une ambiance angoissante et prenante. Un André Malraux dans toute sa splendeur... Quand la Littérature est la littérature et ne fait pas que lui ressembler... Voila ce que j'aime!
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L'Espoir

Un livre rédigé pendant la guerre civile espagnole. Il illustre la manière dont Malraux concevait l'écriture, comme une défense de valeurs universelles comme la fraternité, l'action et l'espérance.

Une belle méditation sur l'action révolutionnaire, qui devient un moyen de lutter contre la mort en mettant sa vie au service d'une cause.

De très beaux passages poignants, comme celui où le journaliste américain Shade assiste aux bombardements des troupes du général Franco dans Madrid assiégée (voir citation).
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