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Critiques de André Malraux (274)
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Le miroir des limbes, tome 2 : La corde et ..

Pour les gens de ma génération Malraux, c’est le ministre de De Gaulle, les maisons de la culture… l’auteur de “l’espoirˮ et de bien d’autres romans. C’était quelqu’un dont il était de bon ton de se moquer, en particulier à cause de sa “bigoterieˮ gaulliste. C’était aussi et surtout une voix, au propre comme au figuré, une voix rocailleuse devenue une sorte de “gabaritˮ pour les gorges de fumeurs. C’était la voix qui a accueilli Jean Moulin au Panthéon : “Entre ici Jean Moulin avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi,… nos frères dans l’ordre de la Nuitˮ. Je ne peux l’entendre sans que les tripes se nouent. Dans ce texte, mi histoire-mi fiction, on apprécie le style, la culture, l’humour, bref un homme d’une pointure que l’on serait bien en peine de trouver de nos jours sous les ors de la République et dans les faiseurs de discours du Prince. En fait la stature du prince dimensionne celles des autres.
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La Voie Royale

La voix royale est un roman nourri par plusieurs sources, dont l'expérience personnelle de l'auteur et de son épouse partis chercher quelque fortune en ex-Indochine et Cambodge après un effondrement de leur patrimoine mobilier. On y retrouve plusieurs éléments, que ce soit la confrontation de l'auteur avec les rigueurs administratives françaises sur place, la personnalité des aventuriers rencontrés qui sont incarnés par Claude Vannec, Perken et Grabot, et enfin la tension entre le monde indigène et la civilisation occidentale. Une autre source est le formidable roman de Joseph Conrad (Au coeur des ténèbres, qui inspira également le film de Copolla), représentant la forêt tropicale et ses habitants (animaux ou autochtones) comme profondément hostiles, émollients de la volonté des explorateurs. Enfin, on retrouve le caractère de Malraux, que ce soit pour sa phobie des insectes (à titre anecdotique), ou sur sa préoccupation de la Mort non ps comme finalité tragique en soi, mais comme aboutissement nécessaire de soi en tant que personne ou conclusion détestable du lent processus de vieillissement (on pourrait parler d'avilissement tel que cela est vécu par l'auteur).

Le livre contient de très belles pages, notamment la scène d'amour de Perken, qu'il sait la dernière de sa vie, la libération de Grabot par sa représentation quasi cinématographique à travers des jeux de lumière, et surtout la mort de Perken décrite avec une rare habileté.

Malgré un travail très fourni de l'auteur (l'éditeur confie que ce roman de quelques 200 pages en contenait le double de notes et corrections), je déplore l'alternance de dialogues et d'introspection des personnages qui brisent le dynamisme de l'aventure. D'autre part, l'obsession de Malraux pour les fumées des feux indigènes, les insectes, l'hostilité de la forêt sont trop manifestes à mon goût.

Par contre, je ne peux que saluer le style lyrique des descriptions des paysages.

Il manque la folie à ce livre pour nous emporter totalement, mais il s'agit là d'un avis personnel.
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La condition humaine

Un grand roman reconnu, mais j’ai eu du mal à être captivé. Est-ce le style ? Est-ce l’histoire et cette révolte de classe et de décolonisation qui n’a plus la force aujourd’hui qu’elle avait en 1933 ? Peut-être en attendais-je beaucoup ?

Il est indéniable que le roman dégage quelque chose, mais je n’ai pas su trouver la clef.

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La condition humaine

Un roman mi-historique mi-romantique, où chaque personnage cherche, par son engagement ou son contre-engagement dans le conflit, à atteindre un absolu assez marqué, qu'il s'agisse d'une quête mystique et désespérée du martyr pour Tchen, de l'amour exclusif d'une femme pour Kyo, du pouvoir pour Ferral, de la justice sociale pour Kotow, de l'argent et des plaisirs matériels pour le baron de Clappique, etc.



Ces êtres se croisent aux grés de leurs quêtes respectives, dans l'ambiance pré-apocalyptique du Shanghai de 1927, où Malraux fait régner une tension grandissante et permanente.
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Oraisons funèbres

Écho respectueux à un génie du Grand Siècle (Bossuet), ces Oraisons funèbres de Malraux étaient donc destinées à être lues publiquement. Elles « s’adressent à une foule », rappelle l’auteur en préface de ce volume.



Pour autant, même dans l’intimité du livre, la puissance et le style sont toujours là. Puissance qui, de l’Hommage à la Grèce jusqu’aux funérailles de Georges Braque ou Le Corbusier, parle de culture – qui « ne s’hérite pas, elle se conquiert » – et d’Histoire, cette dernière sublimement incarnée dans un texte sans pareil, le plus connu sans doute : le Transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon ; celui qui, malgré la torture, garda « ce silence atrocement payé » pour sauver la Résistance.



La Résistance, une page de l’Histoire co-écrite par Malraux (il en fut), avec des milliers d’autres : juste insurrection, qui « possède le véritable héroïsme, celui qui prend les revolvers avec rien, les mitraillettes avec les revolvers, les mitrailleuses avec les mitraillettes » (Discours de commémoration de la libération de Paris).



Pour la Commémoration de la mort de Jeanne d’Arc, Malraux a cette phrase qui, à ce jour, ne s’est pas démentie : « Il était plus facile de la brûler que de l’arracher de l’âme de la France. »



Et, comme en un songe, il nous montre les flammes monter sur le bûcher de la martyre, où se consume aussi une époque : « Dans le silence de la nuit funèbre, écartant les mains jointes de leurs gisants de pierre, les preux de la Table ronde et les compagnons de Saint Louis, les premiers combattants tombés à la prise de Jérusalem et les derniers fidèles du petit roi lépreux, toute l’assemblée des rêves de la chrétienté regardait, de ses yeux d’ombre monter les flammes qui allaient traverser les siècles, vers cette forme enfin immobile, qui devenait le corps brûlé de la chevalerie. » Ou lorsque les mots donnent à voir comme sur une toile…



Aujourd’hui que les discours officiels se disputent la palme de l’ennuyeuse médiocrité, teintée d’une fatuité décomplexée, lire ces discours plongent dans l’amère nostalgie de cet avant dont, paraît-il, il ne faut pas dire que c’était mieux, au risque d’être affublé de toutes les tares honteuses…



Eh bien, je les accepte ces tares, qui me font aimer des phrases comme celle-ci, adressée à la veuve du peintre Georges Braque : « Demain matin, Madame, que l’on dise aux marins et aux cultivateurs de Varengeville, qui aimaient Georges Braque : “Hier, quand il était devant le palais des rois et le premier musée du monde, il y avait dans la nuit pluvieuse une voix indistincte qui disait merci ; et une main usée de paysanne, qui était la main de la France, et qui se levait une dernière fois dans l’ombre pour caresser doucement ses cheveux blancs.” »…



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La condition humaine

Peut-être n'ai je pas lu ce livre au bon moment car je suis passé complètement au travers... Recommandé à l'unanimité par un groupe de lecteurs qui partage généralement mes goûts littéraires, la condition humaine m'a ennuyé.

Avec ses phrases à la syntaxe perturbante et au développement interminable, avec ses descriptions psychologiques qui n'ont absolument pas résonné en moi, avec ses ellipses de plusieurs mois... je me suis ennuyé à la lecture de ce roman dont les thèmes m'intéressent pourtant (le primat d'une idée politique sur l'individu, l'ardeur des combats révolutionnaires...), et ce malgré une entrée en matière palpitante (un assassinat politique dont le meurtrier ne voit que le pied de la victime endormie).

Je pense que je relirai cette oeuvre de Malraux dans les prochaines années... Difficile de comprendre pourquoi ce livre, qui a marqué la littérature française, m'a laissé profondément indifférent.
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La tentation de l'Occident

Je me suis plongée avec délice dans cette correspondance entre un jeune intellectuel européen et un jeune mandarin chinois, rêvée par Malraux qui les fait dialoguer et échanger sur les différences culturelles entre ces deux entités que sont l'Occident et la Chine, abordant des sujets qui semblent se confirmer aujourd'hui.



Une lecture particulièrement édifiante et fine.
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L'Espoir

Ce livre m'a profondément ennuyé. Je me suis entêtée à le terminer, espérant peut-être une chute qui redresse un peu l'ensemble, en vain.



Dès le début, le lecteur est plongé dans le quotidien d'une guerre absurde dont on ne sait rien si on ne connait pas l'histoire de l'Espagne. En aucun cas, André Malraux n'éclaire l'Histoire dans son récit. J'ai un moment espéré que cette violence factuelle serait bientôt remplacé par des éléments de contexte, un déroulé de narration, que je pourrais m'attacher à tel ou tel personnage. De fait, les protagonistes meurent les uns après les autres sans même ébranler ma sensibilité. En revanche, j'ai souvent été dégoûtée par des descriptions de membres tranchés ou de faces défigurées comme on le serait devant un tableau obscène. L'horreur de la guerre n'est pas crédible. L'enchaînement de micro-faits s'amoncellent vides de sens et de consistance. Le discours n'est pas même journalistique.



Par moment, et c'est peut-être ce qui plait à tant de lecteurs, le récit est émaillé de dialogues quasi philosophiques entre soldat et commandant. Le front est-il vraiment le lieu pour philosopher ? On y déniche quelques belles citations que j'ai – comme tant d'autres avant moi – soigneusement relevées. D'autres extraits qui pour certains ont semblé fabuleux m'ont paru totalement creux et déplacés, sur l'art notamment, une comparaison entre traduction et stratégie militaire – oui oui j'ai lu ça – jusqu'à la conclusion sur la « possibilité infinie [d'un] destin » plus « grave que le sang des hommes » et « plus importante que leur présence sur terre ». Really ? (j'en perds mon français). André Malraux n'a pas connu la guerre, me dit-on. Je veux bien le croire. Certes, moi non plus mais j'ai du mal à imaginer de tels propos dans la bouche d'un mutilé.



Je ne peux nier que le récit soit bien écrit et le style remarquable. Je me suis tout de même laissée embarquer au cours de la dernière partie lorsqu'à la suite d'un bombardement, les aviateurs crashés dans la montagne, sont redescendus sur des civières. A l'exemple des villageois, j'ai alors accompagné les blessés jusqu'aux ambulances afin qu'ils soient soignés au plus vite. Ce chapitre légèrement plus long que les autres m'a donné le temps de m'attacher aux personnages, de comprendre leurs blessures, leurs peurs et leur espoir. Mais c'est bien le seul point positif que je note sur cet ouvrage (quelques dizaines de pages sur près de six cents).
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Le Miroir des limbes, tome 1 : Antimémoires

Malraux étourdit son lecteur de rencontres imposantes : De Gaule, Nehru, Mao. Il sillonne le monde pour y repenser la condition humaine. Il tisse des liens entres les musées égyptiens et les jardins japonais, il raconte les heures où il frôla la mort, la camaraderie des prisonniers et des tankistes, la fascination de l'Asie, l'héroïsme de la Résistance. Ses mémoires qui en refusent l'étiquette sont écrites comme des romans, comme un retour sur les thèmes d'une écriture, sur L'Espoir, sur La Condition humaine, sur le mythe gaulliste. A la fois analyse politique, réflexion artistique et dialogues métaphysiques, ce livre dévoile la complexité de son auteur à travers celle d'un monde multiple, foisonnant, dangereux et perdu. Chez Malraux, tout est toujours en mouvement. C'est sans doute cela qui nous étourdit.
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L'Espoir

Jeunesse d'un pays pris dans une tourmente d'idéologies et de devenir.



Nouveaux départs, nouvelles arrivées; tant de questions sans réponses.



Et pourtant, par la force d'âmes d'hommes et de femmes se refusant à l'abandon de l'esprit face aux bruits sourds des armes; un pays se réveillera de ses cendres.



Espoir de tourmentes et d'avenir à découvrir et apprécier.
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La condition humaine

ce livre nous avait été conseillé l'année dernière par mon prof' de français. J'étais assez curieuse de découvrir ce roman français au titre extrêmement mystérieux. Et ce fut horrible... Bon j'exagère un peu mais ma lecture n'a pas été loin du calvaire. Ce que je ne m'explique pas car dans les faits, l'histoire a de quoi intéresser, et l'écriture n'est pas si ardue que ça. Mais voilà, il y a des livres avec lesquels ça ne marche pas, qui, dès qu'on les ouvre, nous font bailler et on sent alors nos paupières devenir lourdes, très lourdes, il y a des livres dont on lit une page sans en rien retenir. La condition humaine fut pour moi ce livre. J'étais dès le début complètement perdue parce que je n'y connaissais rien à l'histoire de la Chine à cette époque, et que l'auteur nous lance tout de suite dans la situation comme si tous les lecteurs devaient connaître le contexte. Les personnages ne sont pas attachants mais décevants. Certes, ils sont humains. Mais il y a d'autres façons d'être humains.

La condition humaine est tout simplement un livre que je n'ai pas compris et qui m'a ennuyé. Il restera probablement malheureusement comme un de mes plus mauvais souvenirs de lecture... Je pense quand même donner une seconde chance à André Malraux avec son livre l'espoir qui traite de la guerre civile en Espagne et est donc plus susceptible de me plaire.
Lien : http://livresdecoeur.blogspo..
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La condition humaine

Ce que décrit Malraux ici, c'est la Chine qui se réveille, c'est la Révolution.

Le thème central de l’œuvre est l’homme et son destin, d'autres thèmes y sont abordées : l'amour, la Révolution, la drogue, le jeu, le fond trouble des êtres, la mort.

Tous les personnages du roman cherchent le sens de la vie en tatônnant dans une obscurité quasi complète, tous vivent une aventure tragique, tous assument leur condition humaine dans ce qu'elle a à la fois d'abjecte et de sublime. C'est un roman qui définit la complexité de la lutte via les individualités.

Excellent classique, un chef d'oeuvre.



Note :

Malraux a dit: « Il n’est pas difficile de voir où est le mythe de La Condition humaine: c’est la vulnérabilité de la grandeur, la dégradation des grandes formes de l’espoir, toujours renaissant, des hommes par leur incarnation. »

André Malraux a dit: « Le monde s’est mis à ressembler à mes livres. »

Schéma de l’action :

1re et 2e parties

Shanghai

21 et 22 mars – Grève et insurrection du P.C. contre le Gouvernement (Nordistes).

Succès mais inquiétudes à l’approche de Chang Kaï-Shek (Chef des Sudistes).

Attaque et espoir.

3e partie

Han-Keou

29 mars – Discussion au sommet: faut-il lutter contre Chang? Le Comité Central abandonne le groupe de Shanghaï.

4e et 5e parties

Shanghaï

11 et 12 avril – Résistance désespérée des communistea au Kuomintang.

Attentat-suicide de Tchen contre Chang.

Destruction de la permanence.

Massacre des communistes.

6e partie

(même jour) Prison-torture-exécution des communistes.

Défaite apparente.

Victoire morale des héros.

7e partie

Epilogue-Paris-Kobé (quelques mois plus tard).

Ceux qui survient.
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La condition humaine

J'ai enfin lu ce livre que j'avais pris de chez mon grand-père. L'histoire est bien intéressante, et malgré la densité des idées et de l'expression, j'ai pu le lire rapidement tellement je voulais savoir ce qui alait se passer avec Kyo, Clappique, May et les autres. Les images descriptives sont vraiment épatantes (du moins à mon avis) et le souci du détail est remarquable (d'autant plus que j'ai lu quelque part que Malraux n'a jamais été en Chine mais s'est basé sur les descriptions d'un journaliste).

Cependant, les longs protraits psychologiques m'ont semblé à certains moments "encombrants" - mais enfin, tant que la solitude est aussi un des thèmes du livre, je peux comprendre les longues introspections entreprises par les caractères.

Toutefois, l'ambiance générale du livre est grise, triste, fataliste. Dépressant, quoi. Etant un humain qui n'aime pas la tristesse - ce n'est pas un péché!- et étant chrétien, à tout moment, je me posais cette question: que serait-il passé si Kyo était chrétien et avait la foi en Jésus? Car avec la foi chrétienne viennent l'Espérance et la Charité - des idées absolues. En effet, les caractères du livres, se posent les interrogations existentielles, familières à tout homme (les pourquoi, les quoi et les comments de la vie), et pour y répondre, tentent d'ériger telle ou telle autre notion en absolu : le vieux Gisors masque sa lacheté - ou ataraxie - en érigeant l'opium en philosophie de vie) ; d'autres, répondent à la quête d'absolu soit par le suicide immédiat (commeTchen), soit par le suicide indirect (comme Kyo et Katow). D'autres, comme May, choisissent l'action, mais même elle, à la fin, témoigne de son exhaustion de son travail médical (on dirait que la motivation qu'elle tire des idéologies humaines n'a pas pu vraiment combler la disparition de Kyo?) Pourquoi ce fatalisme? c'est la question qui m'a dérangée. N'y a t il que le fatalisme, le saut vers la fatalité plutot, comme solution à la question existentielle? c'est pourquoi je me disais que la Foi (chrétienne) donne une dimension plus réaliste, et moins grise, à l'action humaine. Etant en train de lire "Le sens religieux" de Don Luigi Giussani, qui précisement parle de l'interrogation existentielle chez les hommes, les caractères de "La condition humaine" m'ont servi de contre-exemples, qui donnent de la crédibilité aux thèses de Giussani.
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Les Conquérants

Voici donc un roman agréable de Malraux, bien que présenter à mon goût de façon inutilement pompeuse par le quatrième de couverture extrait d'un article sur ce livre. Malgré un texte largement moins magistral que "La condition humaine" où Malraux avait su allier réflexion politique et evolées épiques, cet ouvrage reste un livre intéressant.



Et à mon sens, intéressant sur au moins trois points. D'une, il donne un éclairage sur une secousse de l'histoire peu médiatique car noyée dans une époque troublée et pour la Chine et pour le monde. Ensuite, les réflexions de Malraux, à travers ses personnages, sur la révolution son sens, ses dérives potentielles et ses interactions avec la société civile qu'elle prétend défendre autant que combattre sont instructives ; en effet, elles éclairent sur un mode d'activisme alliant endoctrinement politique, vision historique et volonté nihiliste, utile pour comprendre leurs héritiers contemporains. Enfin, par sa réflexion appuyée sur l'absurde de la vie et la révolte de l'homme face à cela, ce roman renvoie très fortement au Meursault de Camus qui près de quinze ans plus tard ancrera définitivement cette vision dans la littérature.
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Lazare

Selon Marcel Arland, l'un des vieux amis de Malraux, Lazare est le plus beau de ses livres, le plus sincère. Je ne suis pas loin, moi aussi, de le penser. Malraux raconte là sa confrontation avec la maladie après l'attaque qui l'a conduit à être hospitalisé 15 jours. Sur son lit de malade, face à la mort, il note ce qu'a été pour lui cette proximité : " Je ne rencontre pas plus le bilan de la vie que le vertigineux passé de la noyade. Aucun attendrissement pour ce qui doit disparaître avec moi. Peu de souvenirs de sentiments, même d'amour....Des images, pas d'évènements, sauf si je les cherche." Et plus loin, considérant les fleurs qu'on lui a offertes, il note :" il y a des cyclamens et j'aime leurs pétales charnus comme j'aime les champignons. Quel Japonais m'a dit : si vous regardiez les fleurs de la même façon que vous regardez les chats, vous comprendriez honorablement la vie."

J'aime ses discussions avec le médecin qui le soigne. le voyant rire, Malraux remarque : "Le rire dévoile dans les hommes leur visage d'enfant. le professeur devient à la fois un praticien goguenard et un gamin à bouclettes, malgré le front sérieux." Mais la conversation devient grave. À Malraux qui lui demande ce qui aide les malades, le professeur répond que les sceptiques sont plus déprimés que les croyants. Malraux avait déjà évoqué ce qu'il appelle l'aquabonisme, c'est-à-dire le sentiment qui vous fait dire à quoi bon vivre, dans ses Antimemoires. le médecin lui rappelle son ami Jacques Méry, ce professeur du Lycée de Saïgon dont il dresse la figure dans plusieurs de ses oeuvres antérieures. "L'aquabonisme dit le professeur nous le soignons, maintenant.

- Auriez-vous guéri Lawrence (Laurence d'Arabie, d'après Malraux qui s' était intéressé à cet aventurier de legende, aurait été un aquaboniste) ?

- Qui sait ? Je vous soigne bien. Mais aurait-il accepté d'être soigné ?



Il faut lire Lazare, récit d'une résurrection qui donnera à Malraux deux à trois ans de répit, avant son décès en 1976. Il faut le lire comme un long poème incantatoire où l'on retrouve la plupart des thèmes qui parsèment son oeuvre.
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L'Espoir

J’avais acheté ce roman pour un séminaire de Master auquel je n’ai pas pu assister. La première fois que j’avais entendu parler de ce roman j’étais en cours d’histoire en classe préparatoire et nous étudions (ou plutôt on nous racontait) la guerre d’Espagne. Bien loin de la curiosité que j’ai pu avoir ensuite pour l’histoire quand j’ai compris que cela me permettait de comprendre le contexte de production des oeuvres et leur environnement culturel et donc d’entrer plus profondément à l’intérieur d’elles, de m’imprégner réellement de toutes leurs richesses, je n’écoutais qu’à moitié le cours, le prenant machinalement en notes (parfois je ne faisais même pas semblant, ce cours est l’un des seuls où je me suis permise de dormir). Les événements s’accumulaient sur la page, une longue liste de dates accompagnée d’une aussi longue liste de partis politiques que les acronymes rendent anonymes et mystérieux. Le tout a dû faire l’objet d’une évaluation, une colle ou un devoir sur table, mais je ne me rappelle même plus si j’ai fait l’effort d’apprendre le contenu du cours. Cependant, je connais les dates essentielles, le pourquoi du comment dans les grandes lignes, les forces majeures qui s’opposèrent et les conséquences pour l’Europe. Cela n’était apparemment pas suffisant pour lire l’Espoir.



André Malraux ne nous prend pas par la main pour nous guider à travers les événements. Il y a rarement des dates tout au long du récit, si bien que pour les ignorants comme moi, la chronologie devient très vite floue. Le temps n’est défini que par les victoires et les défaites qui ont presque l’air anecdotiques dans l’aveuglement que l’auteur nous impose : il nous fait porter des sortes d’oeillères en nous donnant presque jamais l’accès à une vue d’ensemble qui nous permettraient d’organiser, de trier et de hiérarchiser les événements. A cela s’ajoute que les indices d’une avancée dans l’Histoire sont cachés dans des discours toujours tronqués, soit parce que nous n’avons pas tout le dialogue des personnages, soit parce qu’ils parlent entre eux par allusions comme le feraient des personnes vivant la même expérience. On peut louer ce réalisme des dialogues mais cela n’avance pas plus le lecteur qui n’aurait pas la même expérience. Cette manière de mimer l’intimité des soldats, de faire communauté à travers un dialogue d’initiés, est à l’origine des chefs d’oeuvre d’Apollinaire — entre autres — mais c’est de la poésie, on peut tout de même apprécier l’ouvrage car sa puissance évocatrice n’en est pas ruinée pour autant. Dans un roman, il s’avère que c’est un peu moins supportable.



Comme bien souvent Malraux privilégie pour conter les faits l’échelle de l’individu. Les faits sont alors fragmentés comme l’existence des personnages. A cause de la grande confusion de cette fragmentation et parce que Malraux multiplie les points de vue en inventant des personnages correspondant à toutes les positions politiques et hiérarchiques, il est difficile de garder en mémoire les informations essentielles sur les personnages. Cela gêne en grande partie l’identification et l’empathie. Il y a bien un ou deux personnages qui sortent du lot, mais cet afflux de personnages est difficile à suivre parce qu’on les perd un moment pour les retrouver ensuite, demandant donc à la mémoire de reprendre les éléments du passé alors que cette dernière est déjà en panique car elle n’a pas beaucoup de branches bien solides auxquelles se raccrocher, comme elle ne comprend pas grand chose dans la confusion des moments saccadés. Je finissais par confondre les personnages entre eux, surtout quand leur évolution dans les hiérarchies implicites était au coeur de leurs actions et de leurs relations.



A cela s’ajoute ma méconnaissance des titres dans l’armée, des figures historiques que l’auteur cite comme des personnalités connues de tous, qui se passent de présentation, et surtout des différents mouvements politiques fortement liés à une origine sociale qui semblent pour l’auteur suffire à définir certains traits des personnages, à expliquer leurs comportements et leur implication dans le conflit. Alors bien sûr, il y a les prénoms, deux trois caractéristiques physiques et psychologiques, mais j’étais tout de même perdue et bien souvent mon cerveau se contentait de se souvenir vaguement de tel personnage, au lieu de chercher dans les pages précédentes d’un roman dont j’avais bien du mal à suivre la chronologie (et sans chronologie établie, comment retrouver efficacement une information ?).



Ne me restait alors plus que l’expression pure des sentiments, d’apprécier l’exploration par l’auteur de l’horreur, de la détermination, de la camaraderie. Ou bien les dialogues sur la condition humaine et sur sa nature (mais l’auteur alors emploie le ton mystérieux des philosophes qui ne veulent pas révéler les conclusions de leur sagesse mais seulement suggérer des éléments d’une réflexion au lecteur – fausse profondeur ?). Me restait aussi le destin d’un personnage qui par la force des choses prend le rôle de leader et de tout ce que cela signifie pour un individu en terme de responsabilité mais aussi d’isolement. De remarquables scènes de combats aériens qui même dans la confusion des enjeux m’ont fait ressentir une certaine trépidation et de l’inquiétude. J’ai de vagues souvenirs d’une scène de siège ou d’un combat de tanks, des moments forts qui me sont restés car la narration s’était alors suffisamment ralentie pour que je puisse me plonger dans le contexte de l’instant décrit en faisant fi de certaines données contextuelles plus larges.



A force d’en parler, je me demande même maintenant si la confusion n’est pas un des objets de la narration où les détails peuvent prendre plus d’ampleur que dans l’organisation bien structurée et claire du récit de l’Histoire qui pour cela est bien obligée d’élaguer, d’aplanir les aspérités du terrain et du vécu pour ne garder que les grands mouvements au mépris souvent de la réalité. Cela n’empêche pas que L’Espoir n’est pas un roman à lire si on n’y connait rien et que je suis bien triste de ne pas avoir pu assister au séminaire qui m’aurait peut-être permis de mieux l’apprécier.
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L'Espoir

"L'espoir" d'André Malraux est plate à mort ce qui est malheureux car sa thématique complète bien celle de "La condition humaine." "La condition humaine" a pour sujet la suppression des communistes de Shanghai en 1927 par le Kuomintang sous le commandement de Tchang Kaï-Chek. "L'espoir" raconte l'histoire de la victoire en 1938 des républicaines dans la bataille de Teruel contre les forces Nationalistes de Franco. Les personnages des deux romans sont surtout des intellectuels. Les paysans et les ouvriers sont largement absents des deux œuvres.

André Malraux n'avait pas visité Shanghai au moment ou il a écrit "La condition humaine". Ses descriptions de Shanghai ont pour base son séjour de deux ans en Indochine. Par contre Malraux a été un combattant dans la guerre espagnole en 1936 et 1937. Malheureusement sa participation aux événements semble avoir nui à son roman sur la guerre contre Franco. Je suis d'accord avec Olivier Todd, le biographe de Malraux, qui croit que le grand problème est la manque de femmes parmi les personnages principaux. Les personnages féminins es histories d'amour donne un piquant à "La condition humaine" un piquant qui manque drôlement à "L'espoir."

"La condition humaine" s'adresse surtout à la question de l'engagement tandis que "L'espoir" décrit l'apprentissage difficile dans l'art de la guerre des dirigeants des forces Républicaines (c'est à a dire les antifascistes qui s'opposaient aux Nationalistes de Franco).

D'abord Républicaine étaient trop naïfs. Ils misaient trop sur l'élan et sous-estimaient l'importance de la technologie moderne. Ils croyaient que les révolutions se faisaient toujours aux barricades et ne se rendaient compte de l'importance ni des avions ni des tanks:

"Cette guerre va être une guerre technique, et nous la conduisons en ne parlant que de sentiments." (p. 135)

"La révolution russe a été la première révolution du XXe siècle ; mais notez que militairement elle est la dernière du XIXe siècle. Ni aviation ni tanks chez les tsaristes. Des barricades chez les révolutionnaires. Comment sont nés les barricades? Pour lutter contre les cavaleries royales le peuple n'ayant jamais de cavalerie. L'Espagne est actuellement couvert de barricades - contre l'aviation de Franco." (p. 136)

Pour finir sur une note d'espoir, Malraux raconte à la fin du roman la bataille de Teruel où les Républicaines qui se servent brillamment des blindés et des avions pour emporter la victoire. Comme Malraux savait fort bien c'était trop peu trop tard.

"L'espoir" n'est plus depuis bien des années actuelles et ses qualités littéraires sont nulles. Je lui donne deux étoiles comme un témoignage pertinent de la guerre d'Espagne.

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La condition humaine

Franchement, c'était dur. J'ai cru que je n'allais jamais réussir à finir ce livre. Vraiment l'écriture d'André Malraux n'est pas faite pour moi.

Je ne vais pas plus accabler Malraux car si je le note si mal c'est par ce que la langue ne m'a pas plus du tout. C'est tout à fait personnelle, pour être honnête j'ai trouvé ça particulièrement ennuyant et je n'ai pas vraiment d'argumentaire. (peut-être par ce que je n'ai pas tout compris)



Pourtant, le thème est vraiment intéressant et j'attendais beaucoup de ce roman. Toutefois rien à faire, j'avais l'impression que les phrases n'avaient aucun sens et il me fallait les relire plusieurs fois pour leur en trouver. Je retiens quand même des moments marquants et à peu près agréable à lire, avec des questionnements vraiment pertinants sur la mort, la dignité, les femmes, la religion. Mais le reste...



Je ne pense pas qu'il faut s'appitoyer lorsque l'on ne comprend pas une oeuvre pourtant considérée comme charnière, prix Goncourt, etc... Même si on se sent particulièrement idiot ( je parle pour les jeunes ). Parfois ce n'est pas fait pour nous, ou on l'a lu trop tôt.



Faites votre propre avis.
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La Voie Royale

Un roman qui retrace l'atmosphère pesante de la "brousse" cambodgienne, le foisonnement hostile de la nature, végétation, insectes mais aussi des hommes. Tout fourmille et crée une tension palpable, pesante. Aucun moment de sérénitė. Pour les 2 protagonistes , c'est un moyen de se sentir en vie.
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L'Espoir

Plongée en Espagne pour ce roman ci de Malaux une virée hyper realiste dans la guerre d'Espagne ! Un superbe roman tres riche et documenté qui vous ravira ! à ne pas rater !
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