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Critiques de Frédéric Dard (1526)
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Le monte-charge

Je suis surpris. Decontenance. J'en perds mon latin. Bienheureux Saint Antoine de Padoue, apotre plein de bonte, toi qui as recu de Dieu le privilege de faire retrouver les objets perdus, aide moi a le retrouver. Mon latin, ou mon jargon javanais, mon francais deracine, decompose et reconstruit tout altere. Ou plutot, plutot que ce latin argotique, retrouve moi le Saint qui me le dispensait, un Saint Antoine autre que toi. Mais ne te presse pas. Parce qu’en attendant, a sa place s'est manifeste un mage laic, un fameux precheur sous le soleil, un archer aux nombreux dards dans son carquois.



Eh oui, cherchant un Saint Antoine j'ai deterre un Dard, et je n'ai pas perdu au change. Il sait concocter du noir et il excelle a gonfler un suspense.



Ici, un jeune homme sort de prison a Noel. Lumieres et fete partout, mais lui est tout esseule et triste. Sa mere est morte quand il etait encore sous les barreaux. “Jusqu'a quel age un homme se sent-il orphelin losqu'il perd sa mere?”. Il rencontre une jeune femme qui lui semble tout aussi triste et esseulee. Il la raccompagne dans son appartement, et pour y acceder il faut prendre, en guise d'ascenseur, un monte-charge. Qui monte, descend, remonte, comme un symbole faisant grimper le suspense, echafaudant un manege machiavelique. En deux montees et descentes la femme devient femme fatale. Il y a mort en la demeure. Ou peut-etre pas? Qu’a vu notre ancien bagnard? Et que fera-t-il? Dard nous fait plonger dans ses pensees, ses doutes, ses decisions changeantes, esquissant toutes les fluctuations, tous les balancements de sa volonte. Un portrait psychologique magistral. Que vaut la liberte? Et pour qui?



Le monte-charge est un polar psychologique, un roman bien noir, raconte a la premiere personne, en une langue simple, epuree, sans artifices beruriesques. Qui reste alerte malgre ses 70 annees. Meme plus qu'a sa jeunesse car les descriptions de faubourgs parisiens des annees 60, des festivites, des habitudes d'alors, tiennent de l'enchantement.



Voila. Tout ca pour dire que si celui-ci sert d'exemple, les romans noirs de Frederic Dard valent ses San-Antonio. Largement. Ce noir c'est du caviar. A deguster.

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Laissez tomber la fille

Je me lance parfois dans de très grands projets. La lecture de la série des San Antonio en est une qui me tient à coeur puisque c'est un auteur adoré par mon père et qui aura contribué à mon éducation sexuelle quand j'allais fureter du côté des livres de la chambre parentale. Rassurez-vous, je jacte pas comme l'autre indien quand je praline la case-trésor... mais je me délecte toujours des expressions du commissaire et de son Dard (je parle bien de l'auteur sans pseudo, et pas de l'outillage du héros, restons calme).





Toujours est-il que le grand projet prend son temps puisque j'ai lu le premier en 2017... et que voici donc le deuxième, cinq ans après. A ce rythme là, je sucrerais les fraises bien avant d'entamer la dizaine sur une série de plus de 175 livres.





Les ingrédients de base sont là, mots fleuris, action et jolies pépées, le James Bond à la française. Et d'ailleurs le contexte sent un peu plus l'espionnage que le polar puisqu'alors que le premier se déroulait dans l'après-guerre, celui-ci revient sous l'occupation. Il est intéressant de constater que Dard ne souhaite pas positionner immédiatement son personnage dans la résistance. Il a demandé à être mis sur la touche, ne voulant pas être à la botte des Allemands mais indique clairement qu'il n'est en rien engagé avec la Résistance. L'auteur ne semble pas totalement à l'aise avec ces questions , on est en 1950, les règlements de compte de la Libération ont laissé des traces. Le ton reste à la rigolade mais on sent que rien n'est simple pour parler de cette période. Ce sont plutôt les circonstances de l'intrigue qui amèneront le commissaire à choisir plus clairement son camp, et le côté franchouillard du héros permet de se douter duquel il s'agit.





L'intrigue est riche en rebondissements même si on sent parfois que la volonté de créer des retournements de situations prend le pas sur la vraisemblance. La période rend malgré tout assez crédible le fait que de nombreux personnages ne soient pas ce qu'ils semblent au premier abord. La langue est vraiment très argotique, plus que dans le premier encore m'a-t-il semblé. J'ai compris l'essentiel mais ai du aller vérifier deux ou trois fois que je ne me fourvoyais pas quand le contexte ne me permettait pas d'être totalement sûr de maîtriser la jactance du loustic.





On sent que Dard tente de créer doucement un environnement autour de son personnage principal. On rencontre enfin réellement la mère, Félicité. Les collègues de San Antonio ne sont pas encore des figures marquantes, Bérurier n'apparaîtra qu'au septième tome. Pour l'instant, le personnage fait un peu tous les rôles, il harangue le lecteur, se ridiculise parfois et réalise des exploits la seconde suivante. J'ai eu l'impression (mais c'est facile quand on connait la suite) qu'il lui manquait en effet un pendant tel que Béru pour pouvoir affirmer une personnalité plus spécifique.





Les 256 pages passent en tout cas comme une fleur, on en ressort avec le sourire... et l'envie de transformer les deux lectures par décennie en un rendez-vous annuel, le printemps serait un bon choix à retenir pour ma lecture sanantonienne, la montée de sève correspondant bien au personnage !
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Réglez-lui son compte

Le commissaire San-Antonio est un flic tenace et perspicace mais aussi un don juan irrésistible. Il a des amis inoubliables tel Béru, son associé "Gueulard, soudard, picoleur ". Ce colosse obèse a quelques surnoms à son actif : L'abominable homme des bistrots, Mister Big Paf, Sa graisseuse majesté, Don Quichiotte de la Mangea, Queue D'âne....

Il a son franc-parler : " Je suis t'ici en compagnie galante d'une personne que voilà et dont à laquelle j'ai l'habitude de rendre des hommages tardifs, tante et scie bien qu'à six plombes, pour peu que j'aie pas ma dose de caoua, je risque fort de m'annoncer avec des yeux en portefeuille et des genoux qui feront bravo."

Il fait souvent des réflexions pleines d'à propos : "Parfois, dans un orchestre, vous voyez un minable qui joue du triangle. A coté du batteur cerné par ses chaudrons, il a l’air de touiller une infusion. Vous vous dites que s’il allait touiller la sardine dans le bassin des Tuileries ce serait du kif côté harmonie ? Eh bien non ! Que le zig s’en aille avec son petit cintre pour vêtement de poupée et illico, il manque quelque chose. On entend son silence, on voit son absence… Car c’est ça le mystère : le gars n’a pas de présence, mais il a une absence."

Sa femme, Berthe Bérurier, dite B.B., affiche plus de 100 kilos sur la balance, elle a un appétit certain pour la bonne chère et la bonne chaire, collectionnant les amants." Sans maquillage, elle est enfin telle qu’en elle-même, à savoir qu’elle ressemble à un bloc de saindoux, en moins expressif."

Pinaud, un autre collaborateur du chouchou de ses dames, est un inspecteur chétif, décati mais baratineur, c'est sa méthode. Il a comme surnoms : Pinuche, La limace, L'amère loque, Le flegmatique. "Affalé sur son bureau, les bras en arc de cercle, le chapeau en avant, Pinaud ressemble à un Martien timoré qui n'oserait pas sortir de sa capsule.

- Pinuche est en train de trépigner des cellules grises, révèle Béru ; figure-toi que cette vieille loque fait des mots écrasés pour un concours dont à propos duquel le premier prix est une mobylette !"

Terminons par une réflexion très juste du narrateur à propos de ses propres lecteurs : "C’est vrai qu’avec votre cervelet pareil à une morille déshydratée, rien ne vous surprend. On vous raconterait n’importe quelle couennerie que vous ne sourcilleriez pas. De véritables entonnoirs, voilà ce que vous êtes. Et c’est pour ça dans le fond que je vous aime bien !"

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San-Antonio - Bouquins 18

Quel bonheur de lire et relire un San-antonio. C'est un plaisir renouvelé chaque fois que je me plonge dans la prose de ce grand écrivain qu'est Frédéric Dard (A quand la pléiade...).



La première fois que j'ai lu SA j'avais quinze ans, il y a 37 ans déjà et ce fut une révélation. Comment j'avais pu passer à côté?



Dard prend le pseudo de San-Antonio parmi tant d'autres et nous fait traverser toute la seconde moitié du XXème siècle à travers ses aventures policières. (les premiers SA se situent dans les années 40)



L'humour est très présent, la grossièreté aussi mais attention jamais vulgaire. (en tous les cas pour moi)



Il traite souvent de sujets graves avec légèreté et de sujets légers avec gravité, bien sûr les aventures du commissaire SA sont souvent loufoques mais ces quelques pages de pur chef-d'oeuvre littéraire qui traversent chaque roman sont un pur bonheur.



C'est avec San-Antonio que j'ai rit la première fois en lisant et quand je dis rire c'est rire , pas sourire ou esquissé un rictus,non non c'est s'esclaffer à tel point que mes camarades de classe se demandaient ce que j'avais (je lisais dans le car scolaire, en permanence et parfois même en classe...)



J'ai toujours aimé lire, mais c'est grâce à Frédéric Dard que je suis devenue accro.



Il ne faut pas oublier les acolytes de San Antonio qui sont pour beaucoup dans le succès de la série et parmi eux le truculent inspecteur Bérurier alias Béru, Queue-D'âne, L'ignoble, le gros, L'ogre de barbarie, le gravos, L'enflure etc...



Un équipier obèse, sale impudique avec un vocabulaire bien à lui, outrancier et un sexe énooooorme. Il est aussi le meilleur ami de San-Antonio d'une gentillesse et d'un professionnalisme à toute épreuve.



Voilà quelques raisons parmi tant d'autres pour lesquels j'aime Frédéric Dard et San-Antonio.



Frédéric Dard c'est San-Antonio mais c'est aussi des romans noirs, d'espionnage, d'épouvante, des pièces de théâtre des scénarios pour le cinéma mais aussi des articles dans des revues.



Quand je vous dis que c'est un grand écrivain, certains de ses romans noirs me font penser à Simenon.

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Puisque les oiseaux meurent

Un homme trompe sa femme. Rien de plus courant. Elle est artiste et souvent en tournee. A chacun de ses deplacements l'homme amene sa maitresse, ou une de ses maitresses, a la maison. Au su de sa femme. “Dès le début de ses voyages, elle avait déclaré à son mari, du ton à la fois malicieux et grave qu’elle prenait pour discuter les choses sérieuses :– Si tu me trompes, amène-la chez nous. Ce sera mieux!” Cela aussi peut etre assez courant.

Un soir de tournee la femme fait un accident de voiture et, gravement blessee, ne survivra que quelques jours. Et l'homme apprend qu'il y avait un autre passager dans la voiture, mort instantanement, et que c'etait l'amant de sa femme. Cela declenche chez lui une crise de jalousie extravagante. Il devient incoherent, violent, enrage, ignoble.





Et c'est tout. C'est tout le livre. Le suivi, presque clinique, de l'ecroulement psychologique de l'homme.





Vous aurez remarque que je le nomme “l'homme”. Pas le heros, pas le protagoniste, pas par son nom, “l'homme". Je sais bien que de nos jours, pour tout ce qui a trait aux attachements et aux detachements, aux amours aux infidelites et a la jalousie, hommes et femmes sont indistinctement confondus. Mais ce livre date. Il a l'age de mon education. A l'epoque et dans la societe ou j'ai grandi, les hommes s'enorguellissaient de leurs conquetes amoureuses, et s'ils n'en avaient pas frequentaient les lupanars. Les femmes se devaient de garder leur virginite jusqu'au mariage, et ensuite de rester fideles a leurs maris, heureuses ou pas, sous peine d'etre la cible d'une condamnation sociale generalisee ou meme de provoquer leur repudiation (le mot divorce n'existait que dans le dictionnaire). Les choses ont bien change, heureusement.





Il n'en reste qu'il y a une verite intemporelle dans ce livre. Hommes et femmes confondus, nous n'acceptons pas toujours qu'on nous fasse ce que, incidemment, nous infligeons aux autres. Nous refusons de voir la poutre qui nous barre les yeux quand nous agrandissons a la loupe la paille que nous avons percue dans l'oeil du voisin. Dans le domaine des amours cela inspire souvent une jalousie a sens unique, sinon de pires sentiments. Mais il n'y a pas que les amours…





J'arrete mes elucubrations. Ce petit livre se lit facilement. Dard sait ecrire et la descente aux enfers du heros, son effondrement psychologique, sont assez bien campes. Et comme il decrit aussi l'agonie d'une mourante, il a quelques phrases que je retiens: “Chacun reconnaît sa propre mort dans la mort d’autrui". “Les objets mutilés donnent davantage que les gens morts la notion de destruction”. Deux phrases a retenir? C'est pas mal. C'est deja beaucoup.

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Le monte-charge

- Une étoile pour cette petite pépite de lecture qui jette davantage d’éclats à mes yeux qu’un joyau de la bijouterie Machiavel.

- Une étoile pour l’atmosphère des années soixante qui se sont infiltrées en moi, m’asseyant sur un fauteuil en skaï à écouter l’électrophone crachoter sur les 33 tours en buvant un Cherry et fumant une Gauloise devant la croisée ouverte d’où arriverait la Peugeot 403.

- Une étoile pour l’intrigue tarabiscotée mais tellement captivante et franchement crédible où une femme a le premier rôle, pas le plus plaisant ni le plus drôle mais le plus séduisant.

- Une étoile pour le style cinématographique digne de la précision des films noirs américains avec un Humphrey Bogart mythique et ténébreux et le grain de sable implacable, tyrannique et rigoureux.

- Une étoile pour l’écriture déliée empreinte de nostalgie jolie où un humour sous-jacent résonne à tout instant avec un personnage principal attachant au fatalisme certain mais qui sait prendre du recul avec détachement malgré un vécu compliqué mais maitrisé.

- Une étoile pour cette angoisse que j’ai aimé ressentir page après page jusqu’au dénouement dont je ne vous soufflerai pas un mot, déjà que par moment j’ai eu du mal à respirer.

Souffler n’est pas jouer.



Zut et crotte, ça fait six étoiles ! Laquelle enlever ?

J’ai une idée, lisez ce roman dare-dare et vous me direz. Il vaut mieux Dard que jamais.



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Le bourreau pleure

Il est en vacances en Espagne. Une nuit, il percute une femme qui s'est carrement jetee devant sa voiture. Affole, il la ramene a la maison d'hotes ou il piaule. Un docteur verifie qu'elle n'a rien de grave, des carabiniers notent sur un carnet les details que quelques verres leur ont vite fait oublier. Deux jours plus tard elle est sur pieds : bondieu qu'elle est belle! Mais elle a perdu la memoire, ne sait plus qui elle est et n'a sur elle aucun papier. Comme c'etait a prevoir il en tombe amoureux, essaie de chercher son identite et de la ramener en France.



Bon, c'est un roman a suspense, n'est-ce pas? Il va donc decouvrir un passe tres noir; il va essayer de la sauver, et de ceux qui peuvent la poursuivre pour ses actes, et de sa memoire, qui pourrait, se reveillant, mettre un point final a leur idylle. Une cavale commence, mais jusqu'ou pourront-ils se cacher, jusqu'a quand pourra-t-il la garder amnesique?



Je n'ai pas senti que le suspense etait assez prenant, bien qu'en cours de lecture j'ai quand meme envisage toutes sortes de developpements et toutes sortes de fins. Tres classique en fait, comme si Dard s'adonnait a un exercice. Ce qui m'a plu c'est la description du processus psychologique par lequel passe le protagoniste. Affolement, admiration, amour, essais de garder cet amour (par egoisme? par altruisme?) envers et contre tout et tous, contre la loi, la societe, meme contre la femme, l'objet de son amour (Et voila, cruche que je suis, j'ai encore accole femme et objet, je vais avoir droit aux foudres de toute la babeliosphere).

Sera-t-il son sauveur ou son bourreau? le titre dit bien bourreau mais moi je n'en suis pas si sur. Ce qu'il faudrait retenir du titre serait plutot pleure. Dans le sens de la vieille legende espagnole qui fait dire a la mere du roi de Grenade partant en exil: pleure comme un femme ce que tu n'as pas su defendre comme un homme. Ici cela donnerait: pleure l'amour que tu n'as pas su garder et la femme que tu n'as pas su sauver. Et dans ce sens il ne serait que son propre bourreau.



Mais j'exagere avec mes extrapolations. Pour le dire clairement et simplement j'ai trouve le suspense d'action tres moyen mais en arriere-plan un suspense psychologique assez captivant. Un Dard tranquille lecture d'ete. A ceux qui voudraient essayer un noir plus noir de cet auteur, au suspense prenant, (sans rien lacher du cote psychologie) je conseillerais plutot le Monte-charge.

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La crève

On m'a mis au coin avec un bonnet d'ane. Mes compositions sont trop longues. Et je spolie. Je dois m'amender. Je fais donc un essai avec ce livre.



C'est un huis-clos. La plupart du temps. Presqu'une piece de theatre. Ca dure le temps d'une nuit et d'une journee de 1944, le jour de la liberation d'une ville par les Forces Francaises Libres. Et quand le huis-clos explose, que chaque personnage prend un chemin particulier, ce sera un chapitre intitule le Chemin de Haine.



Qu'est-ce que je peux divulgacher sans crainte? Que Frederic Dard est tres dur. Avec presque tous les protagonistes, qu'il rend archetypiques, presque caricaturaux. le milicien petainiste, le pere qui n'approuve pas mais n'en peut rien, les policiers qui se decelent un devouement nouveau, la foule qui fait du zele pour se mettre du bon cote.



J'ai moyennement apprecie. Dard est trop dur, tout est clarissime, et j'aurais aime des personnages un peu plus nuances. En fait il n'y a que les femmes qui soient un peu plus complexes, plus en demi-teintes. Mais c'est quand meme tres bien ecrit, et ca prend aux tripes, surtout la derniere partie.



Voila. J'ai fait court et je crois n'avoir rien divulgache.



Mais je ne suis pas tranquille. Les doigts me tiraillent faute de frapper les touches. Je me leve. Je fais le tour de la chambre. Je me rassois. Peut-etre une petite citation pour appuyer ce que j'avance? Je me releve, me mets a la fenetre regarder la cour. Vide. Personne. Et ce poteau en son centre? Je divague. Un pilori? Pour qui ce pic qui piquenique hors ma piaule? On veut m'intimider? Ah, mais, on s'est trompe de bonhomme. du coup je vais empiler les citations, accumuler les preuves du bien-fonde de mes dires, je resterai droit dans mes bottes devant mes juges.

Le milicien? “En regardant une vieille photo de Petit Louis, on decouvre un gamin sournois, evitant l'oeil de l'objectif. […] Et puis, ça a ete une coalition : la mediocrite, la guerre. Petit Louis est devenu une crapule avant de devenir un homme. […] Il remue de sales pensées. Il exerce de memoire sa cruaute. Parce que, s'il cessait d'etre mechant, il pleurerait surement. […] Il a tue des gens de loin ; et puis il est la, peureux et affole, tellement pale qu'on a envie de le gifler pour voir quatre traces roses sur ses joues.”

Le pere? “Ton gamin, disaient certains, a tort de frayer avec cette milice, ça n'est pas tres propre. Et puis peut-etre qu'un jour… » Alors le pere buvait. Et lorsqu'il etait ivre, le monde tournait dans le bon sens.”

La foule? “Parfois, la foule s'ouvre devant une bande tapageuse, composee de tous ceux qui n'ont pas bouge pendant quatre ans et qui viennent de decouvrir l'action. Derriere, une cohorte hirsute, hurlante, cherche une bastille à prendre. Ils s'egosillent genereusement. Eux aussi auront fait quelque chose : pares de tricolore, ils exploitent la gloire de ceux qui n'en veulent plus […] le bonhomme à la hache demolit le portrait de Petain. La figure placide du vieux dieu part en eclats de bois; sa mutilisation s'accentue, il ne reste bientot plus qu'une caricature galonnee que la rage du peuple n'abandonne pas.— Ils demolissent leurs erreurs, chuchote le vieux monsieur. A coups de hache ils se frayent le chemin de l'oubli.”



Bon, ca suffit, j'arrete la et me prepare a rejoindre de nouveau le coin. Pas si fier que ca en fait. Qu'est-ce que je me suis imagine? J'hallucinais… Pour me ressaisir le mieux sera d'ouvrir un autre Dard. Ce sera un nouvel essai. de faire court. A moins que de nouvelles envies de citations me chatouillent. Parce qu'il ecrit bien, le Frederic, meme s'il ne m'a pas completement seduit cette fois-ci.



P.S. le resume editeur presente sur ce site est surement une erreur. Ce n'est pas du tout un resume de ce livre. Quelqu'un devrait avertir les autorites.



P.S. au P.S. Une journee est passee et je vois que de bonnes fees ont vite corrige le resume, mettant celui qui convient. Merci, Marina 53 et Florencem !

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C'est toi le venin

Gare à l'amphisbène, qui possède une tête à chaque extrémité du corps et se nourrit de cadavres laissés à l'abandon. C'est à cette créature que l'on pense lorsque débute l'intrigue de Toi, le Venin, signé Frédéric Dard.

Victor Menda, un beau loser parti chercher fortune sous le soleil de la Côte d'Azur n'y a trouvé que la ruine dans les casinos. Une nuit il est abordé sur le bord d'une route par une belle et mystérieuse blonde au volant d'une Américaine qui le jette après l'amour. Vexé, il relève la plaque d'immatriculation de la voiture puis se rend à l'adresse trouvée. Les propriétaires du véhicule sont deux demoiselles riches et isolées, Hélène, l'aînée, séduisante et altruiste et Eve, la cadette, âgée d'une vingtaine d'années, clouée dans un fauteuil roulant.

Victor Menda, comme un chien dans un jeu de quilles, perturbe le duo de femmes recluses, s'installe dans la propriété, éveille les convoitises. Le loup serait-il entré dans la bergerie, ou, Menda n'est-il qu'une petite souris à la merci de deux chattes? Le lecteur pressent que la quiétude de la propriété n'est qu'apparente. Frédéric Dard tire habilement les ficelles d'une intrigue diablement bien construite, et distille son venin au goutte à goutte.

On comprend que le film, adapté en 1959 par Robert Hossein  portait sur l'affiche la mention: « ATTENTION : Ne manquez pas les cinq premières minutes... ne racontez pas les cinq dernières… ».

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La pelouse

Fâché avec Denise, Jean-Marie prend l'air sur la Côte d'Azur à Juan les Pins dans une chambre d'hôtel. En sortant du resto, il retrouve assise dans son cabriolet, Marjorie une jeune anglaise pleine de tâches de rousseur. le courant marin passe tout de suite avec la lovely English et quand elle lui demande de venir la rejoindre dans quelques jours au pays du kilt et de la cornemuse, il frétille comme un Westie...

Ce petit polar de Frédéric Dard fait l'effet d' une bonne douche écossaise.

On suit sourire aux lèvres le jeune amouraché bronzé errant comme Ivanhoé dans le froid, la grisaille et la pluie battante de Prince Street à la recherche de sa princesse rouquine ...Tout l'air d'un pigeon voyageur qui cherche sa mie en tendant le cou.

La pelouse de Frédéric Dard n'est pas un poil rase-motte. On découvre la face cachée de la ville d'Edimbourg , ses ruelles sombres et ses grands jardins où un jeune richard au coeur de lion, crinière au vent, court comme un damné dans ce dédale en creusant peu à peu son trou... Pas de temps morts ni le loisir d'une petite visite commentée du château de Marie Stuart, c'est du roman noir bien trempé sonnant et rebondissant comme je les aime.
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Je le jure - Entretiens avec Sophie Lannes

Le titre de ce bouquin m'est resté très longtemps en mémoire avant que je ne trouve son édition de poche en J'ai Lu .

Maintenant, j'ai lu le J'ai Lu, avec sa couverture illustrée (et non photographiée) du visage souriant de Frédéric Dard.

Le père assumé du célèbre commissaire San Antonio, en 1975, se raconte comme aucun et comme jamais!.. Et c'est passionnant, passionné et captivant, pas trop long car écrit vingt-cinq ans avant son décès.

Deux mariages, une tentative de suicides, une œuvre abondante... Frédéric Dard raconte, assume et fait les mise au point nécessaires et essentielles sur son existence déjà riche: Il y a de l'action, des chagrins, de l'humour et énormément d'amour chez cet écrivain populaire dans le sens si noble du terme!

Il y a ce rapport aux autres, fait de retenue et d'avidité de connaître, de découvrir... Et cette touchante déception quasi-enfantine de découvrir, par exemple, que certains lecteurs lisent San-Antonio en cachette, avec une certaine honte.

Avec Dard, la vie n'est pas un long Fleuve (noir) tranquille. Je sais, celle-là est facile. Sa lucidité sur l'homme est aveuglante et quasi-désespérée.

Je n'ai pas encore entamé la lecture des aventures du commissaire San-Antonio, peu-être (je l'avoue sans fausse honte) un peu effrayé par le nombre et la saveur de ces enquêtes... Mais Je le jure m'a donné une envie d'y plonger comme on plonge une cuillère dans une soupe épicée...

. Sans compter tous les autres Dard...



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Artbook San Antonio

Superbe livre d'art, les 103 couvertures de San-Antonio dessinés à l'aquarelle par Boucq accompagnés de commentaires replaçant chaque dessin dans son contexte.



Les dessins magnifiques de Boucq mis en valeur dans cet ouvrage sont d'une qualité rare, les romans de San-A ont trouvé en Boucq un digne successeur à Michel GOURDON, Roger SAM, et Georges WOLINSKI.
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Une gueule comme la mienne

Jean François Roy est un pamphlétaire

condamné à mort pour collaboration

qui se planque depuis plus d'une décennie en Espagne.

Nostalgique de Paname, le scribouillard plus trouillard se refait faire le

portrait pour rentrer incognito au bercail

mais Fernand Medina, un journaliste grand admirateur

de son style et de sa prose reconnaît dans le métro sa sale gueule...

Il l'installe chez lui, lui présente sa jeune femme Emma

et lui demande de lui prêter sa plume...corrosive

Un Frédéric Dard bien noir, sec et nerveux sans trop de bavardage

une sorte de huit clos prenant au final explosif

ça ce laisse bouquiner peinard dans le plumard !

Une gueule comme la mienne, ça a de la tronche... sans plus
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Si ma tante en avait (BD)

Une deuxième adaptation en BD du célèbre commissaire San-Antonio, c'est une nouvelle réussite, une narration dynamique, des personnages hauts en couleurs.



Les romans de Frédéric Dard, considérés comme «inadaptables» ont trouvé enfin un auteur de BD à la hauteur du challenge.



A noter cette petite touche qui ajoute du piment, à savoir les caricatures de personnages célèbres qui parsèment l'ouvrage, c'est du plus bel effet.
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Les salauds vont en enfer

Deux hommes sont enfermés dans la même cellule,

l'un est flic incognito qui se fait passer pour une crapule,

l'autre est l'espion qu'il faut faire parler pour démasquer son organisation

mais ce dernier est plutôt du genre méfiant et pas très bavard...

Dans ce huis clos musclé et futé, Frédéric Dard s'amuse à semer le trouble et le doute sur l'identité des deux taulards qui se renvoient la balle...mais au fil des pages et des coups... tordus, le mystère se dissipe, le brouillard se lève...

Publié dans les années 50 avant la série des San Antonio, Frédéric Dard n'en fait pas encore une tonne. Les personnages sont travaillés au corps à corps, les deux copains comme cochon se roulent dans la boue et la farine mais ne se quittent pas d'une semelle avant qu'une blonde ne vienne s'immiscer dans le ménage...

J'ai un petit faible pour un gardien chef peau de vache qui mâche des fleurs des champs.

Un bon petit roman noir mené... Dare-Dard !
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Les Vacances de Bérurier

Paru en 1969 (année érotique !) dans une édition reliée sous jaquette illustrée par Dubout, ces Vacances sont une belle occasion de faire travailler ses zygomatiques !



San-Antonio embarque pour une croisière à bord du Mer d'Alors (oui, je sais…) accompagné du couple Bérurier de leur nièce Marie-Marie et de Monsieur Félix un professeur doté d'un organe remarquable (et bien sûr, il n'est pas question de sa voix !)



Comme souvent dans les romans de Dard de la série San-Antonio, l'intrigue abracadabrantesque n'est que prétexte à déconnades..!



Toute une galerie de frappadingues s'agite sur le bateau de croisière, pour le plus grand plaisir du lecteur.

Je me répète (si ! Je l'ai déjà écris), mais la période la plus faste pour les San-Antonio, et en outre ma préférée, est celle située entre la fin des années soixante et le milieu des années soixante-dix, ici, nous y sommes pile !



Bien entendu, les illustrations de Dubout (sont-elles encore présentes dans les rééditions récentes ?) sont un plus très appréciable…



Pour conclure, mon attention a été retenue par la citation de L.F Céline en page de garde : "Je ne me réjouis que dans le grotesque, aux confins de la mort".



Or, il y a dans ce roman, une scène qui rappelle celle de la traversée de la Manche dans "Mort à crédit" (quand tout le monde se dégueule dessus !), je me m'avance pas beaucoup en disant que l'on peut y voir un hommage en forme de clin d'oeil de Dard à l'un de ses maîtres...
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L'accident

Ce bref polar de Frédéric Dard est une petite merveille!

C'est un air déjà connu de fatalité, de passion et de crime qui n'est pas sans rappeler certain facteur qui sonne toujours deux fois...

Mais, c'est un polar à la "sauce Dard"!

Ce récit sent bon la province du début des sixties, avec son bled loin de tout (en Ardèche!), son école communale aux fenêtres démesurées et ses élèves de primaire (les martiens, comme les appelle le directeur)

Dard sait, comme peu, faire partager au lecteur cette ambiance lourde de drame qui couve... La jeune Françoise va découvrir la cuite carabinée, la morsure du serpent et la passion amoureuse qui dévore (dans l'ordre...). Cerise sur le gâteau, la chute est assez inattendue.

Alors, si Frédéric Dard nous promène en Ardèche, il ne laisse pas le lecteur dans la dèche.

Ah!
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Mange et tais-toi !

Les collègues des stups se sont fait repasser! C'est ce qui met le Boss en joie ce matin là … le Boss qui appelle San A. à la rescousse… Alors qu'attend, dans son bureau, Mme Laura Curtis, une superbe créature qui n'est autre que l'épouse de l'homme qui sauva notre valeureux commissaire d'une mort certaine. Il est condamné à mort, supposé traitre à sa Nation, les USA. Nous sommes en 1966, en pleine guerre du Viêt-Nam …

Lui, vous le connaissez, doubler les stups ou aller sauver un ami pour les beaux yeux d'une donzelle …

Pineau s'occupera des stups, Béru et San A. du reste. En route pour Saïgon, hôtel Troû du Thronc …

Et si y'avait pas maldonne d'entrée dans cette affaire là ? ...





J'ai coutume de dire à quel point la période fin des années 60 est ma préférée. Bingo ! Ca se vérifie ici. On a un bouquin où rien ne manque : Béru, Pineau (un peu), des calembours, une bonne intrigue plus typée espionnage que police, "whisky et petites pépées", des digressions et énumérations délirantes, des notes en bas de page, etc.



Bref, un excellent bouquin de vacances !
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Béru et ces dames

On est en 1967. La période dont au sujet de laquelle je vous ai déjà dit que c’est une période commak dans la série des San-Antonio… « Béru et ses Dames », il serait bien possible que ce soit ma première lecture liée au célèbre commissaire. Un Hors-série qui vaut le déplacement !

Certes, il s’agit du troisième, après « L’Histoire de France… », en 1964 un peu différent dans la démarche, et « Le standinge selon Bérurier », en 1965, pas si mal, mais sans Pinaud…



L’oncle Prosper glorieux habitant de Saint Locdu le Vieux, la commune natale de Béru, est mort ; Prosper (Yop la boum !) l’oncle de Béru… Inhumation… Ouverture de testament : « C‘est toujours émouvant, l’ouverture d’un testament, même comme, lorsque c’est mon cas, on n’est pas concerné. Ca radine de l’au-delà, ce genre de message. D’accord, quand le testateur a testé, il était vivant, mais sa mort fait que le papier aussi est mort. Une surprenante métamorphose réussit à transformer les dernières volontés d’un vivant en premières volontés d’un défunt. »

Pas concerné, San-Antonio ! Tu parles ! D’autant que la pièce principale dont Béru va hériter n’est rien moins qu’une maison close. Oui, non seulement, elle est fermée, mais c’est un claque, un bordel, quoi… Et puis autour de la maison, ça tombe comme des mouches… Et puis, on a enlevé Berthe ! Si , la fameuse BB, Berthy, la gravosse à Béru…



Avec « Bérurier au sérail », paru en 1964, il me semble qu’on a là mes deux préférés, avec une mention particulière pour « Béru et ses Dames » dans la mesure où, hors-série grand format cartonné, Frédéric Dard bénéficie d’un plus grand espace pour développer son intrigue et sa recette, maintenant bien posée : des calembours à chaque page, des pin-up, une intrigue farfelue à souhait, des notes en bas de page, des digressions fantaisistes accompagnées d’énumérations non moins fantaisistes ; Béru, Pinaud, San-Antonio… Béru qui s’affirme − mais on le voyait venir – comme l’attraction principale de la série : une espèce de faire valoir grotesque par opposition au si élégant commissaire…



Oh, naturellement, il s’agit de littérature dite « de gare », mais comme dirait cécoinse Béru : je m’en bats les… enfin, vous me comprenez… Oui, un San-Antonio, c’est con… Mais moi, ça me fait marrer...



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Le tueur en pantoufles

Derrière le pantouflard Jango, qui vit confortablement dans un pavillon de banlieue avec sa maman et son rejeton surnommé Zizi, se cache un tueur professionnel et un peintre du dimanche qui sait bien tirer les portraits... Jusqu'à maintenant ses contrats se déroulaient à la perfection mais là, il a affaire à un dur à cuir, un général en retraite décoré de la légion d'honneur qu'il doit occire à la demande de son fainéant de neveu qui vise l'héritage. L'affaire rondement mené à la piqouze et au bain d'acide ne tourne pas comme prévu et on s'attend à ce qu'il leur arrive un tas de babioles...

J'ai fait une mauvaise pioche parmi tous les bons Frédéric Dard. Celui-ci est faiblard, en très petite forme, il a l'air de traîner ses savates ou ses charentaises dans ce polar rocambolesque sans queue ni tête. Au niveau dialogue et scénario, il a fait mieux. Là, c'est du poussif malgré quelques bons moments passés avec les miches de la boulangère du coin qui se pâme devant un de ses plus fidèles clients.

Le tueur en pantoufles, c'est pas le panard !
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