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Critiques de Jennifer Egan (169)
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Manhattan Beach

*** Rentrée littéraire 2018 ***



Toute la première moitié m'a emballée : sa toile de fond historique, New-York, Brooklyn durant la Grande dépression puis la Seconde guerre mondiale ; son éclairage sur la participation des femmes à l'effort de guerre, remplaçant les hommes partis au front dans les usines ou en tant que plongeuses-réparatrices des bateaux de la Navy ; son personnage féminin, Anna, qui va devenir femme-scaphandrier grâce à une volonté obstinée qui lui lui donne le courage d'affronter le sexisme ordinaire dans ce milieu très testostéroné.

Une jeune femme forte comme on les aime , mais qui reste une petite fille forgée par la disparition mystérieuse de son père quelques années auparavant. L'écriture est fluide et t'embarque sur les pas d'Anna et de son parcours initiatique pour se construire.



Mais à mi parcours, déception. Comme si l'élégance et la subtilité dont avait fait montre l'auteure jusqu'à présent se dissolvaient dans des rebondissements lourdauds ramenant le personnage d'Anna et tous ceux qui l'entourent. Des clichés «  Harlequin » dans un roman qui n'avait pas vocation à cela et se promettait plus ambitieux.



Ok, nous sommes tous des êtres complexes pétris de contradiction … mais était-il nécessaire de mettre Anna dans le lit du gangster friqué qui a l'âge de son père et qui est peut-être à l'origine de la disparition de son cher papa ???



A partir de là, j'ai décroché tout en continuant à tourner les pages car la construction et l'écriture sont très fluides. La jolie gentille jeune fille et le bad boy. La jolie gentille jeune fille et sa soeur handicapée , sa maman sacrificielle, sa copine délurée, sa tata libre confidente … pfffff du très très prévisible.

Et le papa dans tout ça ? C'est lui qui ouvrait le roman avant de disparaître, sa personnalité était dessinée comme complexe et donc très intéressante. Puis il est à peine évoqué une fois disparu … pour revenir dans l'intrigue de façon peu adroite. Et le fin ( je ne la dévoilerai mais grrrr ) … Anna méritait vraiment mieux que cela !



Ce roman est clairement ambitieux dans sa volonté de traiter de multiples sujets ( sexisme, féminisme, racisme , mafia, patriotisme etc ) avec un arrière-plan historique passionnant. Mais au final, trop de clichés m'ont empêchée de ressentir l'émotion qui aurait du être la mienne avec un si beau sujet.



Lu dans le cadre d'une Masse critique privilégiée.
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Qu'avons-nous fait de nos rêves ?

Il y a un parfum de chef d’œuvre dans cet ouvrage !

Ils sont des gens comme les autres, liés entre eux parce qu’ils sont amis, parents ou que le hasard a fait croiser leur route. Entre la fin des années 80 et maintenant, Jennifer Egan nous les raconte par épisode plus ou moins marquant de leur existence, sans forcément respecter un ordre chronologique. Sexe, drogues et Rock n’roll pourrait être le leitmotiv de leur vie. Ils ont tous des projets, des espoirs, un horizon qu’ils se sont imaginé, mais des éléments extérieurs, le facteur inconnu ou l’intervention divine, qui peut dire, la vie tout simplement se les accaparera et les transformera.

« Qu’avons-nous fait de nos rêves ? » ne se lit pas comme un roman. Ce sont les chroniques de gens qui cherchent tout simplement à exister. C’est aussi une invitation au bilan.

Même si l’auteur peut parfois nous perdre au travers de l’architecture hétéroclite de son ouvrage, les idées qu’elle soulève, l’écriture remarquable et ses personnages font que c’est un beau livre dont le titre ne peut que nous interpeler.

Prix Pulitzer 2011.

Traduction de Sylvie Schneiter.

Editions Stock, Points, 403 pages.

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Qu'avons-nous fait de nos rêves ?

Bien sur pour commencer un grand merci à Babelio et aux Editions Points pour cette masse critique.

D’autant plus que le plaisir est au rendez-vous. En suivant plusieurs personnages, sur plusieurs décennies, à des instants précis de leurs vies, Jennifer Egan brosse un portrait à la fois désabusé, pessimiste, un brun nostalgique sur nos rêves adolescents On est déstabilisé au départ par la forme narrative choisit par Egan, mais très vite sa qualité d’écriture balaie nos réticences. Ce choix narratif nous permets d’apprendre au détour d’une phrase, d’un paragraphe ce que sont devenus ces héros et de faire le lien entre chacun des protagonistes. J’ai notamment beaucoup aimé le personnage de Sasha qui me semble le plus réussit du roman. Un récit choral émouvant et mélancolique. Moi, j’y ai pris beaucoup de plaisir.

Qu’avons-nous fait de nos rêves ? Jennifer Egan en a fait un très beau roman.

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L'envers du miroir

Bizarre !

Charlotte Svenson vient d’avoir un très grave accident de voiture. Son véhicule a fait plusieurs tonneaux et s’est enflammé sur le bas-côté de la route. Un inconnu l’en a extirpé et a appelé les secours avant de disparaître. Le chirurgien lui propose de l’opérer de suite car il doit lui reconstituer son visage au moyen de quatre-vingt vis de titane. Son visage est son outil de travail, elle est mannequin à New-York. Les jours défilent et elle voit son entourage disparaître, ses amis, ses relations l’ignorer. C’est l’occasion pour elle de revenir sur son passé, la petite ville provinciale de Rockford dans l’Illinois, Ellen, son amie d’enfance, Moose, le frère d’Ellen et coqueluche de toutes les filles du bahut… Jusqu’au jour où le détective Anthony Halliday la contacte. Il est à la recherche d’un certain monsieur Z, disparu et qu’elle aurait connu…

Jennifer Egan a mis six années pour finaliser l’écriture de ce roman. Elle l’a terminé juste avant l’attentat du 11 septembre. Elle raconte l’histoire de ces gens qui ont tous un lien entre eux, tous un secret, et qui traînent tous une ombre dans leur sillage.

« L’envers du miroir » est le mensonge que nous percevons de notre environnement de l’image que nous pensons donner, de nos actes que nous pensons opportuns à l’instant où nous les vivons.

C’est un roman très bien écrit, dont l’histoire même si elle paraît longue, captive. On y trouve déjà le talent de l’auteure qui sera récompensé en 2011 avec son roman « Qu’avons-nous fait de nos rêves » par le prix Pulitzer et le National Book Critics Circle Award.

Les deux romans sont à découvrir !

Traduction de Julie Sibony.

Editions Points, 607 pages.

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Qu'avons-nous fait de nos rêves ?

Insipide. Fade. Inconsistant. Sans être un grand spécialiste de la littérature américaine, décerner le prix Pulitzer à ce livre est je trouve assez inquiétant de l'état de l'art littéraire américain ! Il fait pale figure quand on regarde la liste de ce prix entre Steinbeck ou Hemingway pour ne citer qu'eux.

Ce n'est pas le style qui m'a dérangé, passant d'une période à une autre, d'un personnage à un autre sans forcement de lien immédiat. Non le problème de ce livre ce sont ses personnages ! Ils m'ont tout simplement ennuyés, j'en avais rien à faire de leur petit destin. Les phrases sont plates et surtout nos protagonistes ont tous des traumatismes, entre des parents morts, des suicides, le sida, la prison, les drogués, les alcoolos, le bipolaire, la voleuse compulsive, comment peut on arriver à un résultat aussi transparent avec autant de vices réunis dans un seul récit ?

Seul les personnages de Bosco et Jules ont suscités un peu d’intérêt au cours de ma lecture, respectivement l'alcoolique et l'ancien taulard, ils apportent enfin une touche d'humour, de fantaisie. Hélas ce fut de courte durée puisque dès le chapitre suivant on repart pour une toute autre histoire consacrée à un dictateur, réenclenchant la boucle de l'ennui jusqu'au dernier chapitre. La fin assez nostalgique, ne me dérange pas, je commençais peut être enfin à ressentir une forme d’empathie pour cette galerie de personnages et ce fut le point final... Tant pis pour moi !



Revenons à la forme, la grande originalité de ce livre est la présence pendant 70 pages d'une présentation type powerpoint. J'avais encore jamais vu ce procédé utilisé dans un récit. Pourquoi pas mais c'est trop long et cette technique n'a guère augmenté mon attention pour cette histoire.



Sans oublier l’utilisation de l'expression holocauste esthétique pour parler de la fin des arts authentiques envahis par le numérique ! Je trouve ce comparatif stupide, assez dérangeant au regard de l'histoire.

L'écriture en elle même est assez simpliste, citons par exemple Dolly s'acheta un café qu'elle but ! Non vraiment en général quand on achète un café il sert à arroser les plantes... ou encore "quelques fois j'imagine quand je regarde en arrière en ce moment précis et je me demande où je serais quand je regarderai en arrière" , la redondance est lourde, pas très agréable à la lecture.

Autre point qui peut expliquer mon désintérêt pour ce livre, la répétition excessive du prénom des personnages. Certes ils sont nombreux mais Egan rappelle quasiment à chaque ligne leurs noms ralentissant le rythme.



Pour conclure, je dis pas que ce livre est mauvais, en fin de compte j'en sais rien puisque comme Ladivine de Marie Ndiaye il m'a tout bonnement pas intéressé.



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Ville émeraude



Il y a un mois, on a vous a dit tout le bien qu'on pensait du roman : Manhattan Beach qui voyait exploser toutes les facettes de la grande romancière américaine Jennifer Egan



Juste avant le confinement, soit le 5 mars dernier, les éditions Robert Laffont, qui avaient édité Manhattan Beach en grand format, ont prolongé notre plaisir en publiant pour la première fois en France, "Ville éméraude", le recueil de nouvelles qui avait fait connaitre la romancière aux USA en 1993.



Un recueil de nouvelles enfin traduit après trente ans et un florilége de nouvelles très différentes dans la forme qui montrait déjà l'étendue du talent de Jennifer Egan et sa faculté énorme à nous faire entrer en empathie avec des personnages pas forcément très aimables, et ce juste en quelques pages seulement .



Chacune de ces nouvelles brillent par leurs personnages.et le talent immense de caractérisation de son auteur; secret de réussite de toute grande nouvelle.



"Je dois vous faire un aveu, dit il .Jai eu une liaison une seule. en dix huit ans de mariage. Elles le regardèrent ébahis.Il pliait et dépliait sa serviette.le tissu tremblait entre ses doigts." « Puerto Vallarta »,



Les intrigues mettant habituellement en exergue souvent des Américains qui sont en transit à l’étranger (Chine, Espagne, Mexique, etc.) et souvent aussi des adolescents qui voient leurs parents descendre du piédestale sur lesquels ils les avaient mis



Des personnages souvent dans l'incertitudes, des gens plutôt aisés financièrement mais qui éprouvent quelques doutes quelques angoisses voire quelques scrupules, bref des gens pour qui le lecteur ressentira une empathie immédiate.



Ces protagonistes ont souvent une belle manne financière mais savent au fond d'eux que ce n'est pas vraiment cela qui compte.



Nos nouvelles préférées : Peut etre "Pourquoi la Chine? où l'on suit les affres d'un trader américain qui pense retrouver en Chine l'homme qui l'a escroqué et qui hésite entre vengeance et compassion ou « Puerto Vallarta » qui voit une jeune adolescente tomber de haut lorsqu'elle découvrira les mensonges et les faux semblants d'un père qu'elle chérissait tant.



Mais n' oublions pas non plus d'autres récits comme « le coup de la montre», «Lettres à josephine ", "Hiver espagnol, ou encore " une seule pièce" qui valent aussi largement la lecture.



Bref, un recueil de ouvelles comme un idéal de littérature américaine, juste, authentique, élégante et teintée de vérité glaçante. Une vision de l’Amérique, intelligente, palpitante et follement romanesque.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Qu'avons-nous fait de nos rêves ?

Je suis ressortie de ce roman avec une impression de puzzle, les chapitres en constituant les pièces. Mais, ne disposant pas de l’image sur le couvercle de la boîte pour me servir de modèle, j’ai eu du mal à les assembler en quelque chose de cohérent. Sans compter que ce « quelque chose » me paraît inachevé. En fait, plutôt qu’un puzzle, ce serait une de ces mosaïques antiques dont on n’aurait retrouvé que des fragments, en appelant à notre imagination pour reconstituer le tout.

Bien sûr on repère facilement le thème, le fil conducteur : un groupe d’amis fans de punk-rock dans le San Francisco des années 70. Pendant les 50 années suivantes, certains se marieront, d’autres se perdront de vue, ou divorceront, ou se croiseront à nouveau, ou se suicideront. Tous vivront des galères, certains rebondiront (ou pas), d’autres mourront d’un cancer, se remarieront et/ou auront d’autres enfants.

Tous sont nostalgiques de leur jeunesse insouciante, planant entre musique, alcool et drogue, et se demandent où sont passés leurs idéaux d’alors.

Tous se souviennent. Ce sont ces souvenirs qui sont égrenés au fil des chapitres, remontant à la surface sans linéarité, déclenchés par un rien, un son, une association d’idée, une sensation de déjà-vu.

Roman choral (quoi d’autre pour un livre truffé de références musicales – qui malheureusement ne m’ont guère parlé), avec autant de styles de narration que de chapitres, ce livre distille mélancolie et regrets à haute dose, néanmoins éclaboussés de quelques gouttes lumineuses.



L’absence de chronologie, le mélange des styles et des époques, les nombreux personnages m’ont rendu l’ensemble un peu difficile à suivre. J’ai même été tentée de le relire avant de le chroniquer pour rétablir les liens entre les épisodes.

Œuvre géniale pour certains, prétentieuse et laborieuse pour d’autres, ni l’un ni l’autre pour moi. C’est bien écrit, créatif mais complexe, un peu trop dense peut-être. Prometteur, en fait. Je garde une impression douce-amère de ce récit baigné de nostalgie, qui me renvoie son titre en pleine figure, et qui me laisse drôlement pensive…



Merci à Babelio et aux éditions Points pour cette découverte intéressante.

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La maison en pain d'épices

Roman choral qui flirte avec le recueil de nouvelles harmonieux et unitaire, ce livre kaléidoscopique crée un réseau de personnages semblable à une ligne de code, chacun lié par la technologie. Les éléments dystopiques sont à la fois centraux et accessoires, présence banale dans une société différente de la nôtre, sorte d'évolution parfois perturbante mais froidement familière (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/11/17/la-maison-en-pain-depices-jennifer-egan/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Manhattan Beach

Jennifer Egan m'a emporté dans le flot de son roman depuis Manhattan Beach, le port de New York à l'océan Indien, en passant par le canal du Mozambique, le Cap et le port de San Francisco. L'eau est omniprésente tout au long de ce roman qui nous plonge, c'est bien le mot, dans la vie d'Anna, héroïne très sympathique qui n'a pas peur de s'affirmer malgré toutes les épreuves qu'elle subit.



J'ai cru, un moment, que ce roman allait m'emmener dans les méandres de la mafia, du monde du crime organisé bien réel à l'aube de la seconde guerre mondiale, aux États-Unis. Bien sûr, avec Dexter Styles, ces organisations plus ou moins secrètes, plus ou moins tolérées par le pouvoir et qui excellent à gruger le fisc, ces liens toujours à la limite de la légalité ou carrément en dehors, sont bien présents. Il y a même un parrain, Mr Q, homme très âgé qui cultive son jardin, fait ses conserves, alimente son épicerie…

Manhattan Beach est bien plus que cela et c'est heureux car ce livre ressemblerait trop à d'autres récits déjà publiés. C'est d'abord l'histoire d'une famille dont la seconde fille, Lydia, est née fortement handicapée. Entourée de beaucoup d'amour et de soins de la part de sa mère et de sa soeur, Anna, elle m'a ému surtout lorsque, grâce à l'obstination de son aînée, elle voit enfin l'océan : « La mer étrange, violente et belle : voilà ce qu'elle avait voulu montrer à Lydia. L'océan baignait toutes les parties du monde, vaste rideau scintillant, tendu à travers un mystère. » Mais il y a leur père, Eddie Kerrigan, qui est coursier pour Mr Styles, justement, et qui disparaît subitement.

L'auteur divise son récit en huit parties et réussit à détailler la vie quotidienne aux États-Unis, après l'attaque de Pearl Harbour par les avions de guerre japonais, le 7 décembre 1941, ce qui décida enfin les USA à s'engager à fond avec les Alliés. Ce sont les hommes qui partent sous les drapeaux mais il y a ceux qui réussissent à échapper à la mobilisation pour de bonnes ou de mauvaises raisons et surtout les femmes et leur rôle, indispensable. Elles montrent à ce moment-là qu'elles sont capables d'assumer bien des tâches malgré les énormes réticences du monde masculin.

J'ai bien aimé comment Jennifer Egan suit pas à pas, l'obstination d'Anna qui veut faire partie des scaphandriers et plonger malgré les quatre-vingt-dix kilos qu'elle doit porter pour descendre sous l'eau. Les détails qu'elle donne sont utiles, jamais ennuyeux et les remerciements publiés en fin d'ouvrage sont éloquents et instructifs.



Plus ma lecture avançait et plus j'étais emporté par le désir de savoir, de comprendre et j'ai bien apprécié l'hommage rendu à la marine marchande, l'oubliée des films et récits de guerre. Pourtant, ces marins ont risqué leur vie, beaucoup l'ont perdue pour alimenter armées et populations malgré la menace sous-marine des U-boots au drapeau nazi.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Manhattan Beach

Ce roman en huit parties nous plonge au coeur de New- York , fin des années 30 jusqu'à l'époque de la guerre où Anna , l'héroïne principale s'engagera au chantier naval de Brooklyn, au mi-temps de la deuxième guerre mondiale où cette fille affirme à la page 100 «  Je veux être scaphandrier » .

C'est sa vocation....

Une fille à la force mentale remarquable , brillante , moderne, pétrie de valeurs convenables participera à l'effort de guerre comme des milliers d'autres américaines , le fait qu'elle devienne scaphandrier ——au grand dam au début de ses compatriotes mâles ——90 kgs de matériel ——la verra s'imposer au coeur de missions dangereuses dans un monde masculin raide et dur.

La première femme qui plongea pour l'armée américaine durant le 2ème conflit mondial!

Alors qu'elle avait douze ans elle a accompagné son père chez Dexter Styles , un homme mystérieux , tortueux , qui jouera un grand rôle dans la vie de sa famille .

Elle a une soeur très jolie Lydia , handicapée ...

La complexité de la vie de son père lui apparaîtra lorsqu'elle croisera de nouveau Dexter Styles dans un night-club .

N'en disons pas plus!



L'auteure décrit le New- York des quartiers pauvres entre les tensions liées à la guerre, les tripots , le monde des gangsters, rackets , mafia, truands , prostitution, disparitions, complots , les relations entre les hommes et les femmes qui changeront, le patriotisme avec , en toile de fond , un arrière plan historique ., très intéressant .

S'y ajoutent une galerie de portraits dans le milieu maritime et sous- marin, New- York , l'océan et les bateaux tiennent une grande place dans ce roman , l'eau , la mer , la réparation de navires , les marins au destins contrastés., les femmes effectuant des tâches autrefois réservées aux hommes.....



Nous apprenons beaucoup de choses , à propos de l'évolution entre l'Amérique et le monde , le sexisme, le racisme, la corruption ,les pots de vin et la mafia omniprésents ...

L'écriture et la construction sont très fluides .

Un roman riche, puissant , aux personnages multiples , un peu trop long ( 545 pages ) où j'ai beaucoup aimé le début, l'aventure d' Anna que je ne détaillerai pas m'a un peu déçue ....

Je ne connais pas l'auteure .
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Qu'avons-nous fait de nos rêves ?

Je me suis posée la question : qu’ai-je fait de mes rêves ? Je suis incapable de répondre à cette question. J’ai préféré suivre cette bande d’adolescents. Je crois que c’est bien la première fois que je n’arrive pas à écrire un avis sur un livre. Mais celui-ci est tellement réaliste ! Cette histoire se lit comme un puzzle, nous passons du présent au passé d’un protagoniste à l’autre sans réel fil conducteur. Je me suis retrouvée enivrée suivant l’un ou l’autre dans sa vie d’adulte, réussie ou pas avec des retours en enfance. Les failles, la souffrance, les joies, tout y est. Sauf… sauf, peut-être le bonheur. Pourtant certains ont réussi à vivre leurs rêves. Une chose est sûre : l’auteure est une virtuose de l’écriture !
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Qu'avons-nous fait de nos rêves ?

Quand j’ai lu les deux citations de Proust en exergue, je me suis dit :«Me voilà prévenue, mes neurones vont-ils être assez solides pour tenir le coup ? ».

Sans débiner, je confirme, ils ont ramé dur durant les cent premières pages.

Les jeux de piste, les énigmes, le mélange des époques, les histoires éclatées, ça ils en ont l’habitude et ils y prennent souvent beaucoup de plaisir. Ils sont joueurs. Mais là, à force de réunir les pièces du puzzle en recherchant les bords droit pour définir le cadre, à assembler en tas les couleurs et à essayer de deviner qui est qui et avec qui... quand ils ont un nom ! (un sacré boulot, je vous le dis) ; conduit à une contre-partie fâcheuse, celle de ne s’attacher à aucun des personnages. Leurs parcours (nombreux), leurs désillusions (immenses), leurs préoccupations (leur ego) ne m’ont pas intéressée. C'est quand même gênant !

Quant à l’OVNI qui s’est écrasé entre les pages 262 et 337, genre de cahier de «travail en train de se faire», que l’on feuillette de haut en bas après avoir basculé le livre, j’aimerais que quelqu’un m’explique ce qu’il fait là, et quel est son intérêt. A moins que ce ne soit «pour faire genre» justement, expression favorite de mon jeune voisin.

C’est sans nul doute un bel édifice mais pour moi, vide d'implications et d’émotions.

Pourtant la musique est très présente dans ce livre mais hélas je ne l'ai pas entendue. Trop de pauses peut-être ?
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Qu'avons-nous fait de nos rêves ?

"Le temps est un casseur? Tu vas le laisser te basculer?"

Qu'avons-nous fait de nos rêves? étudie, de façon romancée et sociologique à la fois, les effets du temps et les choix de vie d'une bande d'adolescents des années 70 baignant dans le milieu de la "musique punk" et des amis ou amours qui vont croiser leur route.

Toute société a ses leaders, ses sous-fifres,ses gagnants et ses perdants. D'où l'intérêt de ce livre qui montre qui se sort des dépendances (drogue,alcool,cleptomanie..) enclenchées par le manque de repères et son vide sous-jacent et qui se suicide (au propre et au figuré) lorsque l'autodestruction est trop forte.

Des destins se croisent ici sur une période de 40 ans entre présent et passé (jusqu'à l'ère d'internet,des smartphones et des SMS qui en dit long aussi sur l'évolution de notre société).Que deviendra la jolie rousse Sasha, qui après s'être droguée, vole à tout va?Que deviendra Bennie,son patron,le chanceux du groupe devenu producteur de disques à la libido en berne?Et Scotty à la géniale guitare qui ramasse des ordures?Et Lou, leur premier producteur, dont "le charme fou" essaime de ci de là?Quel impact cet "ogre égoïste" aura-t-il sur ses enfants? Des mains parfois se tendent et l'espoir revit!

Ce roman m'a évoqué Sur la route de Jack Kerouac et sa "beatgeneration" de jeunes Américains des années 50 aux expériences limites sur fond de musique. Mais point trop de routes ici,sauf un voyage vers Pompei. J'ai pensé également à Generation X de Douglas Coupland et à L'attrape coeur de Jérôme D. Salinger car c'est un rejet de la société et des parents qui se ressent à travers les dérives.

Qu'avons-nous fait de nos rêves? interroge le lecteur directement et est fort enrichissant: Tout d'abord on s'aperçoit qu'il suffit d'une accumulation de duperies dans un couple pour qu'une trop grande évolution en parallèle enclenche la rupture.

La chance se provoque, les opportunités se saisissent.Un simple faux pas détruit une carrière.L'opinion publique est facilement manipulable par un bon publiciste ou une rumeur distillée à bon escient. On peut faire beaucoup (ou dépasser certaines limites) pour l'argent,par amour,par jalousie,par ambition,pour le pouvoir..

Tu aurais pu? Tu aurais du?

Dis qu'as-tu fait de ta jeunesse?

Que d'interrogations découlent de ce livre à lire absolument.

J'ai beaucoup aimé vers la fin les 70 pages de journal intime de la fille de Sasha, tenu de façon simpliste et schématique,qui en dit long sur l'évolution de la jeunesse actuelle.

Les idéaux pourtant ne sont-ils pas les mêmes?

Jennifer Egan (romancière,nouvelliste américaine reconnue) a obtenu le Pulitzer et le National Book Critics Circle Award pour ce petit bijou truffé d'émotions et à l'écriture alerte: Qu'avons-nous fait de nos rêves?

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Qu'avons-nous fait de nos rêves ?

Ce qui est bien avec le titre, en tout cas français, de ce roman de Jennifer Egan, c’est qu’on ne s’embarrasse pas à chercher bien loin ce que cette dernière cherche à nous dire : « Qu’avons-nous fait de nos rêves ? » parle sans surprise d’êtres qui se réveillent un jour en se rendant compte que leur vie a commencé sans eux, et que le virage qu’elle a pris ne leur pas apporté tout à fait ce qu’ils attendaient. Que les promesses illimitées de la jeunesse se sont transformées en un cadre étriqué une fois la vue adulte atteinte. « Life is a bitch », comme on dit en vo. C’est dur, c’est âpre et c’est amer, comme la boule dans la gorge quand on a envie de pleurer.



« Qu’avons-nous fait de nos rêves ? » s’ouvre sur deux personnages qui seront un fil rouge dans ce roman choral, beaucoup (trop) de personnages allant être introduits par la suite : Bennie, un magnat de l’industrie musicale et son assistante Sasha.



Sasha est kleptomane, elle ne peut s’en empêcher malgré sa volonté de s’en sortir et l’aide qu’elle reçoit à contrecœur d’un psy qu’elle a pourtant embauché.

Bennie, quant à lui, est en pleine crise - de quarantaine, de mélancolie - et mène une vie dominée par le regret de sa jeunesse punk pleine de rêves où tout allait bien. Aujourd’hui il ne bande plus, il déteste son job, et il s’occupe mal de son fils qu’il voit peu depuis sa séparation.

Ce sont des personnages dont la sensation de vide est matérialisée par celui qu’a créé la chute du World Trade Center dans New York, que d’ailleurs Sasha évoque régulièrement dans les premières pages.



Le début de ce roman m’a fait fortement penser à la littérature américaine du début des années 2010, Jay McInerney et Brett Easton Ellis en tête, avec ces personnages à la dérive et égoïstes dans l’observation de leur petit nombril, symboles d’une occidentalisation et d’un capitalisme forcenés. Rien d’étonnant ceci dit, puisqu’il a été écrit pendant cette période. J’aime ce type de romans pour ces chroniques désenchantées de personnes ordinaires, et j’étais curieuse de savoir où Jennifer Egan allait les emmener dans ce roman.



Surprise, au bout de quelques pages on quitte rapidement Bennie et Sasha pour faire la connaissances d’autres personnages, à une époque différente, et ce de manière incessante, comme un kaléidoscope un peu éclaté de vies décevantes et déçues, avant de revenir vers eux deux, là encore à une autre période de leur vie. J’ai eu du mal à suivre ces changements incessants, d’autant plus que certains détails donnés incidemment au début d’une histoire ont parfois pris de l’importance plus tard sauf que je ne m’en souvenais vaguement, et de ce fait j’ai été complètement perdue. En outre, les personnages finissent tous par se connaître et se croiser, comme dans les mauvaises séries où les rebondissements se concentrent sur les mêmes personnages par économie. Et Jennifer Egan confine à la radinerie dans le destin de ses personnages : ils sont tous désenchantés, pas épanouis, et finissent par tourner en rond. En outre, l’autrice se permet, en pythie omnisciente, de nous raconter le déroulé futur de leurs vies en quelques mots vite troussés, nous rappelant que ces destins de peu d’importance sont déjà tout tracés, qu’aucune surprise ne peut avoir lieu et que la déprime attend au tournant. Impossible dans ces conditions de s’attacher aux personnages et de s’intéresser autrement que superficiellement à leurs vies. Et pourtant, ce roman s’est vu décerner le Pulitzer, la preuve si besoin était, qu’aucun prix ne peut garantir l’intérêt d’un roman…
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Qu'avons-nous fait de nos rêves ?

Jennifer Egan croise plusieurs destins, celui de Bennie, producteur de disques, Sasha, son assistante cleptomane et bien d’autres, qui gravitent autour d’eux. Chaque chapitre se concentre sur un personnage et un moment de sa vie. On se retrouve ainsi dans les années 70, lors d’une soirée où l’on se drogue et l’on écoute de la musique punk, ou lors d’un concert, dans un futur proche, où il existe des smartphones pour … bébés ! L’auteur brasse astucieusement plusieurs époques et l’on découvre peu à peu ce que les héros sont devenus, ce qu’ils ont fait de leurs vies, et en quoi elles ont évolué… Le constat, pour la plupart des protagonistes, est amer et pousse le lecteur à s’interroger sur ses propres choix de vie. Un livre dense, qui remue et ne laisse pas indifférent.
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Manhattan Beach

Dès les premières pages, j’ai su que ce livre allait me plaire. Dire que ce roman possède plus de 500 pages, quel bonheur ! le style est simple et donc facile à lire.



Manhattan Beach, décrit la vie des Kerrigan, une famille irlandaise de Brooklyn, dans le contexte de la Grande Dépression puis de la Seconde Guerre mondiale. Une jeune femme Anna devient plongeur scaphandrier pour aider à l’effort de guerre et découvre peu à peu les raisons qui ont mené à la disparition d’Eddie, son père bien-aimé ; un père qui pour faire vivre sa famille, est devenu les yeux et les oreilles de Dexter Styles, un gangster, et qui est forcé de quitter sa famille pour sauver sa propre vie. Anna est loin de s’imaginer qu’un jour elle sera amenée à plonger pour remonter un corps accroché à un bloc de béton par une lourde chaine.



La construction habile du récit, où les destins chargés de secrets des trois personnages principaux Anna, Eddie et Dexter s’entrelacent, rend l’histoire passionnante. La disparition inexpliquée du père d’Anna donne une allure de polar à ce roman et Anna n’aura de cesse de savoir ce qui est arrivé à son père et trouver les clés qui lui manquent.



Je suis rapidement tombé sous le charme d’Anna. « Elle aurait aussi bien pu être un garçon : ses bas pleins de poussière, ses robes pas très différentes des culottes courtes. Elle était un petit bout, une herbe qui pousserait bien partout, survivrait à n’importe quoi. » Une fille qui a du cran, indépendante, brillante, moderne, murie par les temps difficiles de la guerre et par une tragédie familiale. Rompant avec le rôle attendu d’une femme à son époque, elle acquiert du respect en combattant l’idée que parce qu’elle est une femme elle n’est pas assez forte mentalement et physiquement pour faire un travail exclusivement réservé aux hommes.



Je trouve que la force de ce roman écrit à la troisième personne tient essentiellement dans l’écriture réaliste et bien documentée de l’auteur. Nous voici, comme dans un film noir, à la période des incorruptibles et d’Eliot Ness, la corruption, les usuriers, les gains légitimes réglés par chèque et les gains officieux provenant de l’alcool, des filles, des cigarettes, et des loteries clandestines ; les boites de nuit, les clubs, le Syndicat, les arrangements avec les représentants de la loi, la prohibition : on emmène faire un tour les hommes qui enfreignent les règles.



J’ai apprécié la fluidité avec laquelle Jennifer Egan nous transporte des bas-fonds de Brooklyn au milieu de l’océan sur un cargo chargé de chars, de jeeps, de caisses de matériel en passant par les eaux sombres de l’East River où les plongeurs tentent de réparer les navires. L’écriture est technique et précise lorsque nous plongeons avec les scaphandriers et partageons le rituel de l’habillement. La narration se transforme en drame lorsqu’elle nous raconte le naufrage d’un cargo américain suite à l’attaque de sous-marins russes : « Un grondement vibrant déchira les entrailles de l’Elizabeth Seaman. Bien qu’Eddie n’ait jamais entendu ce bruit, il savait que c’était celui de la mer s’engouffrant dans les soutes. Kittredge donna l’ordre d’abandonner le navire et une ambiance irréelle plana, une confusion redoublée par les ténèbres et la houle qui fouettaient le vaisseau mort comme un chat tentant de ranimer une souris épuisée. »

Un roman où New York, l’océan et les bateaux sont omniprésents qui m’a passionné du début jusqu’à la fin.





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Manhattan Beach

MANHATTAN BEACH de Jennifer Egan



Traduit par Aline Weill



Éditions Robert Laffont ( GF) / 10/18 (poche)



Aucun doute, c'est un livre divertissant, les pages se tournent facilement, mais sans plus... très certainement parce que j'attendais plus de complexité de la part d'un auteur ayant reçu le prix Pulitzer pour un livre précédent.



Mais même si j'ai été déçue par ce livre, il plaira à de nombreux lecteurs.



MANHATTAN BEACH de Jennifer Egan est mis à l'honneur dans le #PicaboRiverBookClub dans le cadre de sa sélection "poches du mois de septembre".
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Manhattan Beach

Un drôle de livre que ce Manhattan Beach assez inclassable.

On y suit la jeune Anna Kerrigan dans les années 40 à New York entre sa bataille pour devenir la première femme scaphandrier des Etats-Unis et ses recherches pour comprendre ce qui est arrivé à son père mystérieusement disparu quand elle était adolescente.

Jennifer Egan entrelace plusieurs trames et histoires, passant d'un style de récit à un autre : on y croise de mystérieux hommes d'affaires liés à la Mafia, on suit la découverte du monde des scaphandriers pendant l'apprentissage de Anna et on découvre de l'intérieur l'étrange atmosphère qui suit l'entrée des Etats-Unis dans la seconde guerre mondiale.

Le rythme assez lent et cette disparité dans les histoires et récits m'ont rendu l'accès à ce roman un peu difficile : j'ai eu du mal à voir où l'auteur nous entrainait et certaines parties de l'histoire m'ont plus intéressées que d'autres. J'ai fini par plonger (!) dans ce récit grâce au style de l'auteur et à son talent pour nous faire partager les descriptions des lieux et personnages. L'eau est omniprésente dans ce roman, les plages sauvages en hiver, l'eau sombre et trouble du port et des chantiers navals, l'océan transformé en cimetière par les raids des sous-marins allemands sur les navires de commerce ou militaires. La description de New York vue sous cet angle différent, celui du port et des plages encore sauvages (à l'époque) de Manhattan Beach, m'ont également passionnée.

Au final ce fut une bonne lecture pour son ambiance mystérieuse et différente des romans habituels.
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Qu'avons-nous fait de nos rêves ?

Ah le prix Pulitzer ! Info ou intox?! Et bien j'assume et je dis intox ! Franchement ce Qu'avons-nous fait de nos rêves est aussi plat que la Hollande et aussi insipide et barbant qu'une musique d'ascenseur. C'est un des rares romans où tout le long je me suis demandée où l'auteur voulait en venir, quelle était la morale? Je m'attendais à un vrai roman des désillusions, d'une jeunesse rock and roll se perdant en cours de route, faisant parfois les mauvais choix, cédant à la facilité. Mais rien de tout cela. Aucun des personnages n'est attachant et le roman alterne le point de vue d'une poignée d'hommes et de femmes qui d'une manière ou d'une autre se sont croisés. Ce procédé narratif et cinématographique perd ici tout son charme et son sens. Je ne mets pas un zéro pointé car il faut reconnaître à Jenifer Egan une belle écriture qui mérite donc un bon point. Mais quel gâchis! Roman trop ambitieux, manque d'inspiration? Ce roman restera un mystère insoluble et une relique de plus qui prendra la poussière.
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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Manhattan Beach

Jennifer Egan, prix Pulitzer pour un de ses précédents romans (que je n'ai pas lu) a choisi comme principal cadre à son roman, Manhattan Beach, les docks de New York. L'histoire commence peu de temps après la fin de la prohibition, alors que les effets du krach boursier sont encore très perceptibles, et elle finira à peu près en même temps que la Deuxième Guerre mondiale. En toile de fond, les rivalités des mafias irlandaise et italienne, les compromissions du syndicat des dockers, la corruption de certains flics et politiciens, l'engouement pour les boîtes de nuit où l'alcool coule à flots. Même décor pendant la guerre, mais on y ajoute les femmes qui ont remplacé les hommes dans les ateliers des docks, les réparations de bateaux qui nécessitent plusieurs équipes de scaphandriers, l'effort de guerre, les restrictions, etc.

***

Un narrateur à la troisième personne nous permet de suivre essentiellement trois différents personnages : Anna Kerrigan, 12 ans au début du roman ; Eddie Kerrigan, son père, et un propriétaire de nombreuses boîtes de nuit, Dexter Style, parfois sur des plans temporels différents. Anna reste cependant le personnage principal et, même si elle est parfois mise de côté, nous la suivrons jusqu'à ses vingt ans pour la quitter à l'orée de la nouvelle vie qu'elle s'est choisie. La famille d'Anna a connu des jours meilleurs avant le jeudi noir de 1929, mais elle se retrouve dans un petit appartement à Brooklyn. La mère, ancienne girl dans une revue, fabrique maintenant des costumes pour améliorer l'ordinaire. Quant au père… on ne sait trop ce qu'il fait : il porte des colis, des enveloppes, il rencontre des gens… entre autres, Dexter Style, un personnage interlope navigant entre la pègre et la haute société. La soeur d'Anna, Lydia est lourdement handicapée et l'immeuble n'a pas d'ascenseur : toute sortie devient une expédition. Quand Eddie Kerrigan disparaît mystérieusement du jour au lendemain, il faut bien survivre…

***

J'ai trouvé ce pavé en 8 parties très intéressant, mais parfois difficile à suivre, parfois longuet… Si le rythme est très enlevé jusqu'à la moitié du récit à peu près, il se ralentit par la suite. En fait, je ne sais trop ce qui m'a fait décrocher à un moment : ce changement de rythme ou le fait que l'on « perde » Anna pendant plusieurs chapitres, certes intéressants, mais dont les personnages sont moins fouillés si l'on excepte celui du père, extrêmement complexe. Il n'en reste pas moins qu'il s'agit là d'un beau roman, qui s'attarde avec justesse sur la difficile condition des femmes à cette époque, sur les préjugés machistes et sur les tentatives d'émancipation de la courageuse Anna qui va choisir d'exercer un métier bien insolite : nous assisterons à tous ses efforts pour devenir scaphandrier, à sa réussite, et au spectaculaire retournement de son supérieur.



Challenge multi-défis # 45
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