Citations de Mireille Pluchard (233)
Parfois elle était prise de scrupules à faire danser, dans l’imagination déjà fertile de l’enfance, des farandoles de rêves qui ne seraient peut-être qu’utopies. Donner à ses enfants le goût du beau, du bon, n’était-ce pas agiter devant leurs yeux avides de nouveauté le chiffon rouge des désirs inassouvis, eux qui n’étaient pas sûrs d’accéder un jour à ces richesses ? C’est bien ainsi qu’aurait réagi Lazare Pradier aux narrations de Blanche et il n’aurait pas manqué d’exiger d’elle une tout autre attitude. Or, son épouse ne raisonnait pas comme lui et nourrissait de belles ambitions pour sa progéniture.
Et les lubies, ça manque pas, chez les petits comme chez les grands de ce monde. Il n’y a qu’à voir le Badinguet et sa Badinguette ! Des trains, des trains partout et jusque par chez nous ! Tout juste bons à défigurer le paysage, ces rails, ces ponts, ces tunnels !
L'a Blanche, faudra voir de l’attifer un peu mieux, notre fille, quand viendra le temps de lui trouver mari ; je sais bien que l’habit ne fait pas le moine, mais dans son cas, tous les subterfuges sont bons, les fanfreluches tiendront lieu de cache-misère. Pouf ! Quelle renglore2 !
Que de coups de poignard dans le cœur d’une mère ! Que de propos blessants visant la fillette craintive ! Et cela de la part d’un mari, de la part d’un père et de la part d’un homme si peu servi par la nature, un comble ! D’autant que, chez Adélie, cette même nature était loin d’avoir dit son dernier mot, au contraire de son irréversibilité dans le cas de Lazare.
-- Je te trouverai un bon mari, Adélie, et tu feras honneur à notre famille en te comportant en épouse docile.
Puis il ajoutait avec dédain, posant un regard sans concession sur la maigrichonne fillette, prisonnière de trois carcans, sa sensibilité à fleur de peau, sa timidité maladive et son corps anguleux, sec, sans grâce :
— Enfin… s’il s’en trouve un qui veuille bien de toi !
Je déclare ouverte la session de maîtrise en poterie de terre de l'an de grâce 1715!
Puis ce fut au tour d'un de ses assesseurs de rappeler les droits et les devoirs d'un maître potier. D'une voix docte et sentencieuse, il énuméra les interdits: -Ne sont pas autorisés à ouvrir et entretenir négoce de leur production les protestants, les juifs et autres mécréants, de même que d'en employer à titre d'ouvrier, assistant, apprenti...
Un grand silence suivit cette énumération, chacun interrogeant sa conscience.
N'avait-elle pas droit à un peu de soleil dans ses vieilles années ?
Ne dis pas : « Mon art n’est rien ! » Sors de la route tracée, ouvrier magicien,
Et mêle à l’or ta pensée.
Victor Hugo
Et la soie naquit en Chine…
Deux mille six cent quarante ans avant notre ère, Si Ling Chi, première épouse de l’empereur de Chine Hoang Ti, savoure voluptueusement une tasse de thé au jasmin sous l’ombrage feuillu d’un mûrier. Un cocon duveteux tombe dans le liquide fumant où il semble s’effilocher. Si Ling Chi, pour s’en débarrasser, tire délicatement sur un fil ténu qui se déroule à travers le jardin.
Aussitôt, elle fait tisser ce fil solide, soyeux et précieux dans le secret le plus absolu et le commercialise à prix d’or.
Il est rare que les souhaits se réalisent en leur entier.
La honte est sur vous, madame, elle colle à vos basques. De pareilles lectures, à votre âge ? Et quel plaisir malsain que de vouloir les partager avec ces innocentes que sont les Augustines ? Il y a de la sournoiserie en vous, madame ! Les sœurs, elles, ne veulent plus, dans leurs murs, d’une pareille dévergondée !
On se sent si démuni devant la souffrance.
« Il n’est rien de plus doux que de laisser vagabonder librement son esprit ; c’est fou le chemin qu’il nous fait parcourir dans le dédale de notre mémoire. »
Nous ne sommes pas dans l’ignorance du dévouement de nos instituteurs et institutrices de nos campagnes. Nous exigeons beaucoup et accordons peu de moyens. Hélas, notre ministère demeure le parent pauvre de la République, que voulez-vous ! Et l’instruction à la portée de tous et de toutes est encore un vœu pieux.
Il n’est plus temps de se lamenter, il faut agir.
C’est ma vie qui est là, par terre, à mes pieds ! Une vie d’honnête homme ! Une vie de labeur, certes, de contraintes et de soucis, mais une vie dont je n’avais pas à rougir.
Elle portait l’enfant d’un homme qui n’était pas son époux, elle portait l’enfant d’un suborneur.
Les passions les plus folles ne s’exposent pas !
livre magnifique sur le monde paysan, je le conseille
C’est intolérable, à la fin, de devoir interrompre le fil de sa pensée.
Un mariage d’amour se passe de considérations bassement matérielles.