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Critiques de Nedim Gürsel (88)
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Les turbans de Venise

Nedim Gursel est un écrivain turc né en 1951.

Dans son roman "les turbans de Venise", l'historien de l'art Kâmil Uzman se rend à Venise pour y trouver des traces de la présence ottomane notamment en étudiant les œuvres de Gentile Bellini qui s'était rendu à Istanbul, quelques années après sa prise par les ottomans, pour y faire le portrait du sultan Mehmed II le Conquérant.



L'auteur mêle l'histoire contemporaine de Kâmil Uzman à celle de la famille Bellini, noble famille de peintres vénitiens de la Renaissance. Les descriptions des œuvres d'art sont fascinantes même pour les novices. Elles se savourent et l'envie de les voir pour comprendre les explications de l'auteur est irrésistible.



C'est un livre qu'il faut lire lentement et profondément pour en déguster toutes les subtilités.

Le personnage principal n'est pas spécialement attachant et ses aventures amoureuses pour ne pas dire sexuelles peu convaincantes mais en revanche, son univers artistique est attirant. Chaque œuvre est une nouvelle découverte qui nous plonge dans des histoires fascinantes. Au final, l'histoire des Bellini est bien plus intéressante que celle du personnage principal qui semble plutôt un prétexte pour nous faire découvrir la belle Venise, ses canaux, ses places, ses musées et ses églises mais également Istanbul et son Bosphore. Autant de paysages magnifiques qui défilent sous nos yeux.



L'envie que nous donne Nedim Gursel d'explorer un pan de l'histoire de Venise et d'Istanbul est assez exceptionnelle.



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Paroles dévoilées : Des femmes turques écrivent

L'écrivain turc Nedim Gürsel avait été sélectionné pour le Challenge Solidaire 2023 par Gwen 21. Impossible de trouver un seul livre de cet auteur dans l'une des deux bibliothèques que je fréquente assidûment.

Je me suis donc tournée vers un site de vente de livres d'occasion pour essayer de dénicher l'un ou l'autre livre de cet auteur, si possible différent de ceux déjà critiqués par d'autres challengers.

Mon choix s'était porté vers un recueil de récits de voyages Belle et rebelle, ma France; ainsi que sur Paroles dévoilées, même s'il s'agissait d'une anthologies de nouvelles d'écrivaines turques sélectionnées par Nedim Gürsel.

Avant de visiter un pays, j'aime le connaître par sa littérature. Or, après plusieurs séjours en Turquie, je devais avouer que je ne connaissais aucun écrivain turc, et encore moins aucune écrivaine. Comme le disaient les féministes du MLF en 1968 : "Il y a encore plus inconnu que le soldat inconnu : la femme du soldat inconnu".

Cette anthologie permet d'aborder la prose de seize écrivaines turques modernes, depuis la révolution des années 1920 ayant mis au pouvoir Ataturk et jusque aux années 1980. Différents talents qui montrent la société turque qu'elle soit urbaine ou rurale, l'aisance ou la pauvreté, les joies et les peines d'un peuple à la fois attaché à ses racines, mais également ouvert sur le monde.
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La première femme

Pour ceux et celles qui aiment Istanbul ou ont envie de découvrir la capitale turque, ce roman permet de s'évader dans cette ville fondée à la jonction de trois mers. Nedim Gürsel réussit même à nous faire sentir les odeurs, surtout celles qui émanent des plats locaux, savoureux ou écœurants.

C'est le point fort de "La première femme", un livre à la construction surprenante qui n'aide pas toujours à suivre le fil de la pensée de l'auteur.

Le narrateur est à Paris et se souvient des rues d'Istanbul, du quartier de la Corne d'or et de ses angoisses adolescentes quand il est allé pour la première fois chez les prostituées à seize ans. Interne au lycée, ce sont des années de souffrance loin de sa mère idolâtrée restée en Anatolie, qu'il ne reverra jamais.

Ses souvenirs vont se superposer, sur le lit de la putain lui revient l'image de Nilufer séquestrée par son père le Roi des Pirates, le conte que sa mère lui racontait petit. D'ailleurs, il perd cette dernière dans ses cauchemars et ses peurs.



L'intérêt mais aussi la difficulté du texte sont les références à la poésie ottomane et les métaphores auxquelles elle a recours. J'avoue que cela m'a échappé par moment.

Il n'en reste pas moins que "La première femme" est un roman qui raconte des premières fois, pas seulement la première expérience sexuelle. Il y a surtout la première ville que le narrateur découvre, Istanbul lieu de la névrose d'un pensionnaire de seize ans.





Challenge Riquiqui 2023

Challenge Solidaire 2023

Challenge Cœur d'artichaut 2023

Challenge XXème siècle 2023

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Les filles d'Allah

Intriguée par le titre, j’ai mis un petit moment avant de me laisser tenter par ce roman ne sachant pas trop à quoi j’aurais à faire. Les critiques lues ça et là m’ont enfin décidée à me lancer.

Nedim Gürsel nous livre là un roman en partie autobiographique dans lequel il se remémore son enfance, les contes que lui narrait sa grand-mère, la Foi que lui transmettait son grand-père, ses jeux et ses interrogations partagées avec son ami Ismaïl.

Le tout forme un roman assez complexe et riche qui nécessite une certaine curiosité envers la religion musulmane. Car en effet, le texte est parsemé de références à l’Islam, nous dévoilant quelques histoires qui se cachent derrière des sourates du Coran, nous racontant en partie la vie du prophète, sa naissance, ses mariages, la révélation, les combats contre les Mecquois. Puis, à l’occasion, l’auteur revient à ses souvenirs mais surtout à ceux de son grand-père offrant ainsi au lecteur le récit des combats des ottomans contre les anglais et les arabes soutenus par le célèbre Lawrence d’Arabie.



Le style est simple et poétique même si le genre de narration employé peut surprendre au début. L’auteur s’adresse à lui-même enfant utilisant ainsi en majorité la 2ème personne du singulier. Il fait toutefois une exception lorsqu’il s’amuse à faire parler « les filles d’Allah », ces idoles vénérées par la tribu des Qoraïch avant que Muhammad ne reçoive la Révélation.



Bien que l’idée soit originale, je n’ai pas compris pourquoi l’auteur s’y était pris de cette façon, pourquoi faire de ces statues des « filles » d’Allah que Celui-ci aurait par la suite reniées ? C’est totalement contradictoire avec le précepte fondamental sur lequel repose l’Islam : l’unicité de Dieu et le fait qu’Il n’a pas engendré ( réfutant ainsi la croyance des chrétiens en un Jésus fils de Dieu). Cette incohérence est plutôt dommage ( l’intention de l’auteur a du complètement m’échapper) car les passages relatifs à ces idoles sont plutôt amusants, on connaît leurs pensées et leurs réactions face à la progressive conversion des Qoraïch à l’Islam, tantôt séduites par le prophète au point de jalouser ses femmes, tantôt haineuses et réclamant le sang. Alors peut-être que ce sont des légendes ? Peut-être se racontait-on ces histoires ainsi ? Ou est-ce pure invention de l’auteur ? J’avoue qu’il est difficile pour le lecteur de faire la part des choses et que ça reste du coup un peu confus.



J’ai trouvé intéressant l’idée de romancer la vie du prophète, j’ai beaucoup apprécié les anecdotes relatives à ses relations avec ses femmes, les jalousies et les mesquineries dont elles étaient capables. Tout aussi intéressant est le parallèle effectué par l’auteur entre la guerre Ottomans/Arabes et la guerre Mecquois/Médinois avec toutes les interrogations que cela suscitait chez le grand-père de l’auteur : comment Arabes et Turcs pouvaient-ils se faire la guerre alors qu’ils sont frères en Islam ?



C’est donc un joli texte que nous propose Nedim Gürsel où la petite et la grande histoire se mêlent aux contes et aux légendes, où les souvenirs refont surface peut-être pour mieux souligner l’évolution d’un enfant élevé dans la Foi et devenu un adulte qui a pris ses distances avec la chose religieuse à l’image de cette Turquie actuelle qui se cherche entre tradition et modernité.



Après recherches sur la toile, j’ai appris que, à la parution de ce roman, Nedim Gürsel avait été en procès avec les autorités turques pour avoir «vilipendé publiquement les valeurs religieuses d'une partie de la population», un délit qui peut «menacer la paix sociale ». Je n’ai pas eu le détail complet de ce qui lui était reproché mais étonnamment ce n’est pas ce à quoi je m’attendais. Apparemment, le fait d’avoir romancé la vie du prophète pose problème. Je ne comprends pas pourquoi dans la mesure où ça contribue plutôt à diffuser une bonne image de lui et à mieux le faire connaître. La preuve : j’ai appris beaucoup de choses grâce à ce roman et il m’a donné envie d’en savoir encore plus.


Lien : http://booksandfruits.over-b..
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Le fils du capitaine

Deux découvertes qui valent la peine d’être connues, un auteur et la Turquie moderne…Rares sont les livres, les auteurs qui nous entraînent à la découverte de ce pays, qui pourtant est très souvent présent dans notre actualité

Le livre commence par la mort de la mère du narrateur. Et très vite on s’attache à ce gamin orphelin trop tôt, sa mère est morte d’une balle de revolver dans le cœur, accident ou suicide? Un père absent, toujours choyé par sa mère qui le suivait partout, un père qui se débarrasse du gamin en l’inscrivant comme pensionnaire pendant huit ans dans un lycée.



Huit ans de vie qui constituent la trame du livre, absence du père, la vie de potache et les soirées dans les dortoirs, la camaraderie et les surnoms, les discussions des gamins, l’éveil de la sexualité, les mères des copains, un gamin amoureux de la France et du français… Un père qui l’oublie complètement, qui confie à sa mère le soin de s’occuper de temps en temps du gamin, et à l’Etat le soin de lui accorder des bourses….Un père alcoolique notoire qui fut l’un de ces officiers auteurs du coup d’Etat de 1960 qui envoya à la pendaison l’ancien président et deux de ses ministres.

Un homme que le gamin n’admirera jamais. Huit ans de vie qui forgèrent le caractère rebelle du gamin et de l’homme

Des propos qui sont au fils des pages drôles, amers, sérieux et sages, émouvants..jamais lassants ni insignifiants.

On apprendra au fil de la lecture que le texte est la retranscription d’un enregistrement au magnétophone fait par un journaliste qui, sur ses vieux jours, raconte sa vie. Il est donc normal que les pensées remontent à la surface, parfois sans suite logique, une idée en appelant une autre et ainsi de suite. La construction peut sembler parfois un peu décousue, elle peut dérouter quelques minutes, on ne sait plus trop à quelle période on se trouve, mais très vite une phrase nous permet de retrouver le fil et de situer la période : on passe du rappel de son enfance dans un lycée de Galatasaray, à des considérations sur le premier Ministre, ou des années 60 à la Turquie moderne, de l’actualité à des retours en arrière.

Des souvenirs qui reviennent à l’esprit

Un journaliste courageux qui, au soir de sa vie, en nous livrant son regard d’homme qui a parcouru le monde, nous en apprendra plus sur les attentes de cette Turquie moderne, sur son caractère, sur ses espoirs pour intégrer l’Europe, une Europe qu’elle aime mais une Europe qui n’en veut pas, une Turquie lassée d’attendre, une Turquie qui peut basculer vers l’Islam…Mais aussi une Turquie gérée par un homme à la « moustache en amande », un premier ministre qu’il nommera « Moustache en Amande » dont il n’hésite pas à se moquer et que chacun reconnaît.

Il y a certainement une part autobiographique de Nadim Gürsel dans ce récit. En tout cas, l’homme qui raconte sa vie est un homme courageux et rebelle pour attaquer à plusieurs reprises le premier Ministre turc, l’Islam, et mettre l’Europe face à ses responsabilités, même si ces propos n’occupent qu’une part minime du livre sur cette Turquie « Je t’aime, moi non plus ».

En tout cas, derrière le roman plaisant, le massage est toujours présent.

J’ai aimé le roman et le message
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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L'ange rouge

Nâzim Hikmet était communiste. Communiste dès 1920. Et il le restera jusqu'à sa mort. Ce n'est pas à sa poésie que s'attache ce livre. Mais plutôt à une période de son exil, celle qu'il aura vécue à Berlin.

Il n'aura pas connu l'effondrement du mur . Quel regard, quels mots lui seraient venus ? Certainement les mots justes. Lui qui était surveillé par la Stasi, en raison de sa sensibilité trotskiste et de son engagement pour le désarmement.



Ce livre n'est pas facile, en ce ce sens qu'il pose la question politique. Dissocier le combat politique et la poésie de Nazim Hikmet est inconcevable.

L'action, la lutte, voilà les espaces incontournables du poète, comme le furent l'amour, l'amitié, et la terre de son pays, la Turquie.

Ne pas replacer sa poésie dans son action militante serait une injure à son œuvre.

Emprisonné en raison de son opposition au fascisme , banni de sa terre, son seul refuge fut son espoir. Un autre monde, un monde de fraternité. En 1953, il reçut le prix international de la Paix.



Bien sûr il y eu Staline. Mais comment peut on encore aujourd'hui qualifier Staline de communiste? Fallait il que le poète rejette son espoir, son rêve, à la lumière des crimes innombrables de l'usurpateur?



Un coquelicot sur les blés d'Anatolie, voilà le chant de Nazim Hikmet.



Homme engagé, le poète ne le fut pas moins. C'est justement cette cohérence entre sa vie et son écrit qui donne à sa poésie toute son authenticité et sa justesse. L'Idéal voilà l'unique étoile du poète. La démesure est l'écho que renvoie souvent ses rêves.



Si vous aimez la poésie de Nazim Hikmet, si vous voulez entendre ses mots, alors il faut tout recevoir. L'ombre s'attache à l'homme, et la lumière éclaire le poète.

« C'est un dur métier que l'exil ».

Le poète a raison : un métier ce n'est pas une vie.



Astrid Shriqui Garain
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Un long été à Istanbul

Je ne suis pas mécontent d'être arrivé au bout du livre. Pas parce que c'est inintéressant ou frivole, léger. Que du contraire ! Non, simplement parce qu'il est fort éloigné de mes habitudes de lecture, des styles que j'affectionne. C'est pesant, lourd, onirique parfois, flou comme des souvenirs, chaotique comme des pensées qui s'enchaînent sans fil rouge. J'ai déjà expérimenté cet égarement de lecteur avec Ismaël Kadare (que je rapprocherai du style de Gürsel ici).



Mais ce style sert un but. Clairement le propos est grave. Nedim Gürsel le signale, c'est son livre le plus politique. Ecrit en 1975, l'auteur y relate le coup d'état militaire de 1971. Encensé en Turquie en 1976, il sera censuré, mis à l'index suite au coup d'état de 1980 (année où il sera traduit en français).



Le livre reprend 2 longues nouvelles. Celle qui donne son titre au livre met en scène un auteur à la recherche d'amis qui ont disparu. Gürsel y aborde les liens parentaux, l'absence ou la disparition, l'engagement politique citoyen, les tortures décrites de manière précise, sans fausse pudeur... L'électricité, les coups sur la plante des pieds jusqu'au sang... La mort rôde et même en ne faisant rien, on est susceptible d'être arrêté et exécuté. le tout est parfois un peu cryptique, mais le propos est engagé, et compréhensible en se concentrant un peu. Il y a des lectures qui se méritent.



La seconde nouvelle, en plusieurs parties, est plus digeste et évoque le temps qui passe, les liens familiaux, la vie à la campagne, loin de l'agitation des villes (ce qui est abordé dans la nouvelle sur l'été à Istanbul).



Au final, ce n'est pas une lecture facile, mais elle vaut la peine de s'accrocher, de recommencer certains paragraphes, d'essayer de capter l'essence du récit, de s'imprégner des images et de la poésie dont Gürsel tisse son récit.
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Nâzim Hikmet : Le chant des hommes

C'est en 1965, alors adolescent et interne au lycée de Galatasaray (quartier d'Istanbul) que Nedim Gürsel découvre pour la première fois la poésie de Nâzïm Hikmet. Cette découverte agit alors comme une véritable révélation.

Son intérêt pour le grand poète turc ne se démentira pas. Arrivé plus tard en France pour étudier les lettres modernes, Nedim Gürsel soutient en 1979 sa thèse de littérature comparée sur Louis Aragon et… Nâzïm Hikmet, sous le titre de « Modernité et tradition dans les poésies contemporaines française et turque ».

Plus tard encore, en 1985, Nedim Gürsel publie « Nâzïm Hikmet et la littérature populaire turque » (Éditions de l'Harmattan), ouvrage dans lequel il explore les influences littéraires qui jalonnent l'oeuvre poétique d'Hikmet.



Dans « Nâzïm Hikmet – le Chant des hommes » paru en 2002 aux éditions le Temps des Cerises et augmenté en 2022 par les Éditions Empreinte Temps Présent, Nedim Gürsel reprend pour partie la même approche. Derrière le style et le contenu des poèmes d'Hikmet, l'auteur aborde des voies d'accès, énumère les influences, l'intertextualité à l'oeuvre dans l'écriture du poète turc.



Dans cet essai, pour soutenir son propos, Nedim Gürsel se sert de nombreux repères historiques et biographiques. Les engagements politiques du jeune Hikmet (l'occupation d'Istanbul en 1919 par les grandes puissances va faire de lui un activiste. Il rejoindra rapidement la Résistance en Anatolie, membre du Parti communiste clandestin, il sera arrêté et détenu de 1938 à 1950) vont façonner toute son écriture.



Nedim Gürsel s'arrête sur cette longue période de détention - période durant laquelle Nâzim Hikmet écrira beaucoup – et interroge deux de ses oeuvres poétiques : « L'Épopée du cheikh Bedreddin » (écrit en 1938) et « Paysages Humains » (1940).

L'auteur fait une analyse cohérente, opère des rapprochements avec des témoignages, des extraits de poèmes et de lettres,... Ainsi, au fil des pages, apparaît toute la beauté des racines, des origines de l'écriture d'Hikmet, de tout ce qui fait sa particularité mais aussi tout l'immense talent du poète, sa vivacité d'esprit, sa curiosité tout imprégnés de la littérature populaire et du folklore turc, sa connaissance et son usage des traditions narratives islamiques, turkmènes, voire ottomanes, tout un champ d'intertextualité qu'il a su si bien articuler et mettre en évidence.



J'ai particulièrement apprécié la lecture de ce court essai de Nedim Gürsel. Il m'a permis de me rapprocher encore un peu plus d'un auteur et d'une oeuvre pour qui je nourris une profonde estime. Au fil de la lecture, s'est confirmée à moi la figure exceptionnelle de Nâzïm Hikmet, un homme pétri d'humanisme, d'idéal de fraternité et d'engagement. Un poète immense.



Je tiens à remercier Babelio mais aussi, et tout particulièrement, les éditions Empreinte Temps Présent qui m'ont permis de faire cette belle lecture.
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Voyage en Iran

T'es qui, toi, écrivain voyageur qui déambule seul dans la capitale iranienne,

t'es errant ?



Etrange coïncidence !

Un matin de la semaine dernière, j'entends (et j'écoute) sur France Inter une interview de François-Henri Désérable, qui vient de faire un voyage de six semaines en Iran qu'il relate dans « L'usure d'un monde », livre qui vient de sortir.

Deux jours plus tard, je trouve dans la boîte aux lettres « Voyage en Iran » de l'écrivain turc Nedim Gürsel, la sélection de la bibliothèque orange tournante.



Deux récits de voyage bien différents, mais sur le même pays, avec la même référence au célèbre « L'usage du monde » de Nicolas Bouvier.

Le Français, relatant un pays vicié, va jusqu'à détourner le titre du livre du Suisse.

Le Turc, avec en sous-titre « en attendant l'imam caché », emprunte les chemins référencés de la littérature pour illustrer son propos.



J'ai trouvé l'accroche, je me lance un défi, aller à la découverte d'un pays que je ne connais pas, l'Iran, vu par des écrivains voyageurs, à des moments différents, pour essayer de comprendre les richesses insoupçonnées de l'ancienne Perse.  



Ce qui marque en premier lieu à la lecture de ces romanciers de récits, c'est la description de la lumière et des couleurs, tout un florilège éclatant.



Nicolas Bouvier, dans L'usage du monde, écrit ceci :



« Et surtout, il y a le bleu. Les portes des boutiques, les licous des chevaux, les bijoux de quatre sous : partout cet inimitable bleu persan qui allège le coeur, qui tient l'Iran à bout de bras, qui s'est éclairé et patiné avec le temps comme s'éclaire la palette d'un grand peintre. Les yeux de lapis des statues akkadiennes, le bleu royal des palais parthes, l'émail plus clair de la poterie seldjoukide, celui des mosquées séfévides, et maintenant, ce bleu qui chante et qui s'envole, à l'aise avec les ocres du sable, avec le doux vert poussiéreux des feuillages, avec la neige, avec la nuit... C'est ce fameux bleu, j'y reviens. Ici, il est coupé d'un peu de turquoise, de jaune et de noir qui le font vibrer et lui donnent ce pouvoir de lévitation qu'on n'associe d'ordinaire qu'à la sainteté.»



Pour Nedim Gürsel, dans Voyage en Iran :



« En persan, gol signifie fleur. Avec ses murs de brique jaune renfermant un grand bassin rectangulaire et ses jardins ornés de vieux cyprès, arbre sacré en Iran, le palais du Golestan est un endroit chaleureux et accueillant, dénué de toute ostentation. L'enceinte extérieure qui enclot le jardin est couverte de carreaux de faïence bleus et jaunes qui n'ont pas leurs pareils dans l'art iranien. »



Il reprend également Pierre Loti dans Vers Ispahan :



« Chiraz et ses milliers de maisons de terre qui s'emmêlent, ses dômes en faïences bleues et vertes semblables à des oeufs géants, comme une ébauche de grande cité, moulée dans une argile couleur tourterelle. »



et aussi l'Iranien Sadegh Hedayat dans La Chouette aveugle :



« Elles sont bariolées comme des boîtes à bijoux. Des montagnes violettes, mauves, turquoises, jaune brûlé, marron, jaune safran. Derrière elles, un ciel bleu azur. »



Dans son interview, François-Henri Désérable parle du « bleu inimitable des mosquées d'Ispahan, la lumière qui se lève et qui se couche derrière les dunes du désert de Lout. »

 

Ce qui se remarque également, c'est la poésie, présente à tous les coins de rue et à toutes les époques, avec une prédilection pour l'incompréhension du monde.

En voici deux cités par Nedim Gürsel :



Omar Khayyam (auteur perse du 11ème siècle) :



« J'ai quitté atterré ce bas monde, j'ai trépassé.

Mes perles de savoir jamais ne seront plus percées.

Faute à la folie des ignorants

Je laisse mille idées irisées qui jamais n'auront essaimé. »



Sabahattin Ali (auteur turc du début du 20ème siècle) :



« Si un jour mon destin se sait,

Mon nom est murmuré,

Et si l'on s'inquiète de savoir où je suis,

Mon pays est celui des montagnes. »



Nicolas Bouvier n'était pas en reste, vu l'inscription sur sa Fiat Topolino:



« Même si l'abri de ta nuit est peu sûr

Et ton but encore lointain,

Sache qu'il n'existe pas

De chemin sans terme.

Ne sois pas triste. »



Et récemment, Désérable, dans « L'usure d'un monde » :



« Sur les dômes des mosquées

Sur les turbans des mollahs

Sur les barreaux des prisons

Sur le drapeau de l'Iran

Sur les cyprès millénaires

Sur les tombes des poètes

Sur les portes des bazars

Sur les dunes du désert

Sur les voiles embrasés

Sur la peau abandonnée

Sur la lutte retrouvée

Et sur l'espoir revenu

Femmes, vie, liberté. »



Ces trois derniers mots sont scandés dans la rue et aux fenêtres des maisons par le peuple iranien depuis l'automne dernier.

Désérable l'explique ainsi :



« La peur était pour le peuple iranien une compagne de chaque instant, la moitié fidèle d'une vie. Les Iraniens vivaient avec dans la bouche le goût sablonneux de la peur. Seulement, depuis la mort de Masha Amini, la peur était mise en sourdine : elle s'effaçait au profit du courage. 

Mais chacun sait une chose : derrière chaque personne qui meurt battent mille coeurs. »



En conclusion, laissons la fin du périple à Nassim Gürsel :



« L'imam caché, nous disent les Iraniens, un jour réapparaîtra et alors, rétablira l'égalité, remplira le ventre de l'affamé, soignera le malade, châtiera les tyrans et rétablira cette justice qui chaque jour passant, se fait de plus en plus désirer. Un jour l'imam caché viendra et il sera le bienvenu. Viens donc, hâte-toi, notre patience est presque à bout ! »



Des bribes d'histoires de l'Iran, pays délirant.
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Au pays des poissons captifs : Une enfance ..

Voici la première critique de ce livre sur Babelio. Je ne suis pas sûre que ma chronique donne envie de découvrir ce livre.

Peut-être n'aurai-je pas dû lire ce livre de souvenirs de manière classique. Je l'ai en effet lu du début jusqu'à la fin (logique) alors que ce livre semble des morceaux de souvenirs. Je les ai trouvés parfois répétitifs, en dépit de la relative brièveté de l'oeuvre (230 pages). Les chapitres sont souvent très courts. Nedim Gürsel nous parle de sa famille, son père, mort très jeune, sa mère, son frère aîné, ses grands-parents. Peu de secrets dans cette famille, du moins, les secrets sont rapidement éventés, comme le fait que le père de Nedim Gürsel aurait voulu que sa femme avorte de ce second enfant.

Il parle aussi, beaucoup, de sa vocation d'écrivain, de ses premiers écrits, de sa volonté, très tôt, d'être publié. Il nous parle de la Turquie aussi, de ses "problèmes", ceux causés par l'écriture de ses romans, de la manière dont il a fait vivre (et mourir) ses parents à travers ses oeuvres, des lieux où lui et son frère ont vécu, des maisons qui ont été construites puis vendues. Récit et poésie se retrouvent parfois entremêlés. Et j'ai beau écrire, nommer, disséquer presque chaque partie, je m'aperçois de nouveau que cette lecture ne m'a pas apporté beaucoup de plaisir de lecture. Peut-être tenterai-je de relire un jour une oeuvre de cet auteur, pour voir si cette impression se confirme.

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Les écrivains et leurs villes

C'est un très beau voyage que propose l'écrivain d'aujourd'hui Nedim Gürsel, dans les pas des grands poètes et écrivains d'hier. Son regard tendre et son art d'exposer ses souvenirs nous font parcourir plusieurs villes où se croisent les fantômes de grandes plumes. Ainsi Venise est-elle évoquée par Aragon, Proust et Hemingway (j'aurais aimé y trouver Brodksy, tant pis), Berlin au travers de Kafka et la fascinante Else Lasker-Schüller (qui écrivit ses superbes vers : "chez moi j'ai un piano bleu / mais je ne sais aucune note / Il se tient dans le noir de la porte de la cave / depuis le jour où le monde est devenu brutal), la Leipzig de Goethe (génial), l'Alexandrie de Cavafy, et - sans doute mon passage favori - Moscou, avec les portraits croisés de Pouchkine et Gogol ainsi que du poète turc que j'adore : Nâzim Hikmet. Pour Nadim Gürsel c'est aussi l'occasion de nous parler de la naissance de ses propres livres qui ont vu le jour dans ces villes. L'occasion encore de se remémorer des amours réels ou plus souvent fictifs.

C'est un beau livre, intelligent, avec des passages plus intéressants que d'autres certes, mais cela reste une sorte de récit de voyage à ranger près de la Trieste de Franck Venaille ou bien l'excellent Vertige de Sebald qui, sur les traces de Stendhal, Kafka et Casanova, marie imagination et érudition, faits divers et souvenirs.
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Retour dans les Balkans

L'auteur, turc, raconte ses voyages et séjours dans différentes villes de Balkans, recherchant en vain ce qui pourrait restaurer l'harmonie entre les peuples qui y vivent.

De Sarajevo à Salonique en passant par la Macédoine, il interroge les lieux et y mêlent souvenirs personnels et citations littéraires pour tenter d'en transcrire les points saillants, qu'ils soient géographiques ou culturels.

Ce récit de voyages m'a parfois un peu perdue, déroutée, sans doute par manque de connaissances historiques et géographiques de ma part. Une carte et quelques dates auraient été bienvenues pour aider au repérage et pouvoir mieux accompagner l'auteur et partager ses sentiments.
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Voyage en Iran

Voyage en Iran de Nedim Gürsel – attention, dépaysement garanti ! non pas en tant que voyage comme on l’entend au sens courant du terme mais en tant que plongée dans la littérature persane ! C’est passionnant, érudit, déroutant et pas ennuyeux du tout grâce à l’auteur qui réussit à nous faire partager son amour de l’écriture, ses coups de cœur, son immense admiration pour les grands poètes persans, et écrivains contemporains. Il ne se noie pas dans les détails, au contraire, il fait goûter, il nous fait toucher du doigt le caractère unique de l’œuvre, on a à peine le temps de savourer qu’il est déjà passé au suivant !

Pour les connaisseurs, ce livre semblera être un pâle survol des grands classiques, mais pour quelqu’un qui découvre, comme moi, ce n’est que du bonheur, juste assez pour donner envie et admirer la richesse de cette littérature persane que je ne connaissais pas.



Voici quelques-uns des chapitres qui m’ont intéressée : Ecrivains et persécutions (beaucoup d’assassinats ou « disparitions » d’écrivains contemporains) ; Omar Khayyam ; Le cantique des Oiseaux d’Attar ; Le Livre des Rois de Firdoussi. Par ailleurs, il consacre tout un chapitre au voyage de Loti en Iran, un autre à la ville d’Ispahan et encore un autre à Cyrus, roi de Perse.



Le cantique des Oiseaux d’Attar m’a particulièrement touchée. Le poète Attar fait partie du courant mystique du Soufisme, vers le 12è – 13è siècle, Rûmi est un de ses pairs. Or le Soufisme rejoint la même quête du Divin que l’on retrouve chez les mystiques catholiques, comme Thérèse d’Avila ou Jean de la Croix. Je suis donc allée me renseigner un peu plus sur ce texte « Le Cantique des Oiseaux » et j’ai trouvé ces quelques lignes qu’on croirait sorties d’une préface aux œuvres de Jean de la Croix :



Pour ’Attâr, l’âme a été séparée de l’Être aimé et jetée dans le monde qui est une terre d’exil. Ainsi chaque âme porte en elle la nostalgie du temps où elle était unie au Divin ; elle aspire à retourner à son Origine. C’est pourquoi, dès l’ouverture, les oiseaux cherchent l’Être suprême, Celui qui a été loué au début du prologue comme le Créateur des mondes. Ainsi, la situation de l’âme dans le monde est déjà une souffrance, souffrance que le cheminement va amplifier car la condition même du perfectionnement est le renoncement à soi. Pour que l’Aimé advienne au miroir de l’âme, il faut se vider de l’ego, il faut s’arracher à tout ce qui n’est pas Lui.



En résumé : un livre intéressant et réjouissant

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Le fils du capitaine

Un vieil homme revient avec nostalgie sur le chemin de son enfance. Il entreprend de raconter sa jeunesse passée en partie dans un lycée d'Istanbul, comme "interne non payant".



Sa mère a disparu alors qu'il était jeune, accident ou suicide, il ne saura jamais, et son père est un militaire pochtron.



Rien de simple, mais il va grandir aux côtés de copains qui vont lui ouvrir de nouveaux horizons.



C'est touchant, emprunt de poésie et la description d'Istanbul à cette époque là est magnifiquement retranscrite, autant pour la vie quotidienne que des moeurs.



Bon, un seul petit bémol, une trop grande partie du bouquin traite des émois d'adolescents pubères...

En revanche j'ai adoré la partie où ce vieil homme s'en prend de façon très incorrecte à Erdogan ! Et j'ai été touchée par le regard lucide du héros sur son déclin du à l'âge.

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La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

Nous avons tous un rapport particulier avec le train, des souvenirs d’échappées belles, de rencontres cocasses, de paysages qui défilent, de baisers échangés sur un quai de gare, de voyages qui ont changé une vie…



C’est le cas d’une trentaine de plumes de la littérature française, qui souhaitent intervenir, au moyen de la fiction, en soutien à la grève engagée par les cheminots. Car la lutte des cheminots n’est pas une lutte corporatiste, elle cristallise au contraire l’idéal de solidarité, concrétisé par des services publics, de tout un peuple.

Avec Patrick Bard, Agnès Bihl, Laurent Binet, Geneviève Brisac, Bernard Chambaz, Didier Daeninckx, Abdelkader Djemaï, Bruno Doucey, Annie Ernaux, Pascale Fautrier, Patrick Fort, Valentine Goby, Nedim Gürsel, Hédi Kaddour, Leslie Kaplan, Jean-Marie Laclavetine, Lola Lafon, Hervé Le Corre, Sandra Lucbert, Mako, Roger Martin, Guillaume Meurice, Gérard Mordillat, François Morel, Grégoire Polet, Jean-Bernard Pouy, Patrick Raynal, Alix de Saint-André, Danièle Sallenave, Jean-Marc Salmon, Alain Serres, Shumona Sinha, Murielle Szac, Tardi, Carole Trébor et Philippe Videlier.

Je soutiens le mouvement de grève des cheminots. Je remercie tous les agents qui se battent chaque jour pour notre service public. Si comme moi vous aimez le train, achetez ce livre. Et faites achetez. Moi, j’ai convaincu 3 personnes et vous ?



Je remercie tous les écrivains, animateurs qui s’engagent auprès des grévistes. Ce qui ne gâche rein, la lecture des textes est magnifique !
Lien : https://blogentresoi.wordpre..
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Yachar Kemal : Le roman d'une transition

Un essai passionné, livré par Nedim Gürsel, romancier et essayiste, vieil ami du "légendaire" romancier turco-kurde Yachar Kemal (né 1923 à Hemite, Cilicie)... malgré la différence de génération (N.G. est né en 1951).



Comment tout un continent imaginaire d'art littéraire PUR peut naître de steppes, de marécages et de champs de cotons : un jour, près d'Adana, au sud de l'Anatolie....



Paru en 2003 aux éditions L'Harmattan" (214 pages) [*]



Passionnant.



Tout apprendre, enfin, sur la genèse du bandit d'honneur-au-grand-coeur "Mémed le Mince" (orphelin qui reprend aux riches beys et aghas ce qu'ils ont — honteusement — rapiné sur le dos des pauvres) et l'existence aventureuse de son créateur, écrivain laïc "kémaliste à 300 %" (son pseudonyme vient bien d' "Atatürk", "Mustafa Kemal pacha", père de la Turquie moderne...). Yachar Kemal — dit "le rouge" — fut par ailleurs l'un des premiers à défendre — aux côtés d'Orhan Pamuk — la mémoire des Arméniens massacrés et les grandeurs de l'oralité millénaire de la civilisation kurde...



La partie de l'essai consacré à "L'épopée de Keuroghlou" montre le passage du mythe au roman, de l'activité d'ethnographe infatigable qu'il fut dans sa jeunesse (avec son lien organique avec la tradition orale des "achik") à l'activité de recréateur de mondes (romancier pur) que Yachar Kémal "Le Grand" [1923-2015] est devenu pour notre bonheur et la mémoire de toute l'humanité ...



[*] On peut juste regretter l'absence manifeste de relecture du manuscrit par l'auteur et/ou l'éditeur : en effet, le texte de cet essai magistral, écrit directement en français, au contenu à la fois passionnant et inédit — et je pense particulièrement à l'entretien de Nedim Gürsel avec Yachar Kemal — se trouve assez souvent dévalorisé par maintes coquilles ou de l' "à peu près" dans certaines expressions ou noms tirées du turc, multiples fautes de syntaxe, voire erreurs de conjugaison des verbes... On pourrait en déduire et déplorer que "L'Harmattan" ("L'Harmattan" de 2003 : année de parution de ce superbe essai) manquait à cet égard singulièrement d'exigence et donc de professionnalisme... Une exception dans sa politique de production effrénée ? Nous l'espérons...
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Les turbans de Venise

C'est un très joli texte que nous offre Nedim Gursel avec Les Turbans de Venise. La ballade dans Venise est une véritable invitation au voyage, tout comme les descriptifs des oeuvres picturales, qui donnent envie de parcourir les églises et musées italiens.

Si j'ai beaucoup aimé ce texte (qui parfois m'a fait penser à Parle leur de batailles,de rois et d'éléphants de Mathias Enard), je suis assez peu convaincue par le rebondissement final, qui ne colle pas à ce livre où les actions s'étirent, où la sensualité prime sur les faits.

En conclusion, c'est un roman très agréable à lire, et c'est de surcroît une mine d'information pour qui s'intéresse à la peinture vénitienne.
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Les filles d'Allah

Je pensais lire un roman largement autobiographique sur l’enfance de l’écrivain turc Nedim Gürsel.



En fait, s’il y a bien l’évocation, au fil du livre, d’épisodes de son enfance auprès de ses grands parents, et un hommage à son grand-père à travers les pages d’un petit carnet dans lequel celui-ci raconte ses souvenirs de guerre en Arabie lors de la 1 ère Guerre Mondiale, ce n’est pas le sujet principal.



C’est un livre qui parle essentiellement de la religion islamique : ses débuts dans l’Arabie polythéiste qui adorait encore les « Filles d’Allah », la vie romancée de Mahomet et de ses relations avec ses femmes, la lente mise en place de la nouvelle religion monothéiste … Intéressant en soi, mais de passer continuellement d’un sujet à l’autre , les monologues des Filles d’Allah entrecoupant les récits sur Mahomet et les quelques souvenirs d’enfance, ont rendu l’ensemble trop confus pour moi et trop long.

Bref, malgré une belle écriture, je n’ai jamais vraiment réussi à rentrer dans ce livre qui pourra plaire à d’autres certainement.



Challenge solidaire 2023.
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L'ange rouge

Nazim Hikmet (Salonique 1901- Moscou 1963) est un poète très connu dans la littérature turcophone. Ses convictions communistes l'obligent à quitter la Turquie pour un exil en URSS. au travers du biographe turc du poète, Nédim GURTSEL, qui a défendu une thèse de doctorat sur ce poète- nous raconte l'engagement politique de Nazim Hikmet. Convoqué d'urgence à Berlin par un personnage anonyme qui dit avoir des documents importants à lui remettre, le biographe se remémore sa vie à Berlin Est. Le livre est divisé en 3 trois parties la première concerne le biographe, la deuxième, le contenu des documents et la troisième le personnage anonyme dit l'ange Rouge ou Diable.

L'ouvrage m'a paru assez confus. Il faut jongler avec Berlin Est jadis Berlin-Ouest aujourd'hui, la vie de Nazim Hikmet, la vie du biographe et celle de l'Ange Rouge. Finalement , j'ai retiré une satisfaction de lecture dans les passages décrivant Berlin, une ville qui se lit à ciel ouvert. Actuellement, elle est encore marquée par le Mur. Le tracé de celui-ci est ancré dans les pavés de la ville laissant une marque indélébile et volontaire du Mur de la Honte.
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Le roman du conquérant

Pour enrichir un séjour à Istanbul, j’ai pioché par défaut ce livre dans les rayons d’une bibliothèque. Pas vraiment friand des romans historiques, j’ai débuté ma lecture sans grande conviction. Mais le sournois Nedim Gürsel a réveillé mon intérêt par un traitement subtil des enjeux romanesques. Construisant son œuvre par des récits enchâssés, le narrateur-auteur se met en scène à la manière d’un Diderot dans "Jacques le Fataliste", permettant au roman de se dégager des lourdeurs du récit historique. L’alternance des scènes décrivant l’Istanbul des années 1980 à la Constantinople de 1453 permet de toucher au plus près le rapport au temps que chaque visiteur réveille lorsqu’il se confronte aux grands sites patrimoniaux. On ne regarde pas de la même manière les murailles de la vieille ville après avoir lu "Le roman du Conquérant", les reflets rouges du Bosphore au crépuscule évoquent alors le sang versé lors du terrible siège de la ville par Mehmet II. Plus que la recherche d’une véracité historique totalement vaine, ce roman du Conquérant est surtout un envoûtant face-à-face avec la mort et le temps.
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