L'histoire :
L'émission "Vivre au max" cartonne au Québec. Max Lavoie, le milliardaire à l'origine de ce projet, promet de réaliser vos rêves les plus fous. Quasiment aucune limite, des millions de téléspectateurs, du direct et du scandale, voilà les ingrédients de son succès. En parallèle, Pierre Sauvé enquête sur les meurtres perpétrés par une femme sur son ex, sa nouvelle femme et leurs bébés. Le mobile semble évident mais le comportement de la tueuse est très étrange…
Mon avis :
Ce livre est l'un de mes cadeaux d'anniversaire. J'ai lu auparavant deux romans de cet auteur, que j'ai beaucoup aimé. Je savais donc où je mettais les pieds car il faut que je vous prévienne, les ouvrages de Senécal ne sont pas à mettre entre toutes les mains… Quand vous commencez pas de retour en arrière possible car ce que vous aurez déjà lu va s'imprimer dans votre cerveau, un peu à la manière d'un traumatisme. Le style Senécal c'est ça : une histoire dérangeante, des personnages malsains et des passages qui nous choquent, impossibles à effacer. Deux choix s'offrent alors à nous : soit vous continuez soit vous arrêtez, dans tous les cas il est déjà trop tard car ce que vous avez lu vous hante déjà !
Vous voilà avertis donc. "Le vide" c'est un polar avec une enquête sur un quadruple meurtre et l'histoire d'une émission de télé à succès borderline. C'est aussi un gros pavé de plus de 700 pages, avec une construction originale. Les chapitres sont présentés dans un désordre chronologique. Libre à vous de les lire soit tels quels ou dans l'ordre chronologique, ce que l'auteur déconseille au risque de gâcher la surprise de l'intrigue. J'ai opté pour la première option.
Les chapitres se suivent et s'enchaînent assez vite, l'intrigue tient en haleine, on suit sans sourciller les pistes sur lesquelles Senécal nous entraîne en tentant de nous envoyer dans les mauvaises directions. J'insiste sur le "tenter" car j'ai deviné à l'avance les destinations qu'il nous réservait. C'est dommage certes mais pas rédhibitoire car ça reste un très bon polar.
Je m'attendais à découvrir des personnages immoraux, je ne m'étais pas trompée. On nous livre des personnages abjects, avec tout ce qu'il peut y avoir de pire dans le genre humain. Pour certains on peut éventuellement leur trouver des excuses, je pense notamment à Max Lavoie, le milliardaire. Mais pour d'autres c'est impossible, je pense cette fois à Ferland, un psychologue sans aucune scrupule, totalement indifférent à ses congénères, perturbant au possible.
Néanmoins le summum du dérangeant ce sont les réflexions qui vont émaner de ce livre. A savoir les conséquences de l'omniprésence de la télévision dans nos vies (roman sorti dans les années 2000) et l'asservissement qui s'ensuit. Aujourd'hui c'est encore d'actualité mais plutôt avec Internet et les plateformes de streaming. Mais aussi la dénonciation de l'égoïsme de l'Homme, de son hypocrisie et de la futilité de son existence. L'auteur appuie là où ça fait mal, ça nous la boucle et nous rend honteux car c'est la réalité. C'est plutôt extrême et ça nous force à ouvrir les yeux, à sortir de notre hypocrisie, ça nous saute à la figure et même, ça nous désespère. Franchement je déconseille cette lecture à quelqu'un de dépressif, qui aurait des pensées suicidaires car je pense qu'il sauterait le pas ! J'avoue avoir moi-même été chamboulée par ce manifeste.
Mon troisième Senécal et mon troisième coup de poing. J'ai aimé , j'ai été secouée, je suis encore perturbée et surtout je suis impressionnée par son talent ténébreux. Il me manque cependant un petit quelque chose, sans doute l'effet de surprise, pour que ce soit un coup de cœur. C'est le seul écrivain qui, jusqu'à aujourd'hui, me fait un effet si puissant. Attention encore une fois, ce livre n'est pas pour tout le monde, âmes sensibles s'abstenir !
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