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Critiques de Robert Merle (1113)
La Mort est mon métier

C'est un terrible récit. Celui de Rudolf Hoss que nous suivons de son enfance jusqu'à sa vie d'adulte. Sa destiné : commettre le meurtre de masse en inventant ni plus ni moins tout un ingénieux système très réfléchi avec les fours crématoires utilisés pendant la seconde guerre mondiale dans les camps de concentration. C'est terrifiant.



Robert Merle relate les pensées, les idées la vie de cet homme froid, ordonné et totalement soumis à l'ordre nazis. Seul la ferme qu'il possède avant de devenir commandant du camp d’extermination d'Auschwitz semble lui apporter un semblant de bonheur avec sa femme et ses enfants. Même s'il reste étonnamment distant de sa propre vie de famille. Un homme froid, glaçant dans ses propos et sa détermination à faire du chiffre, à tuer le plus possible. Comment peut-on à ce point être aussi déterminer à commettre une telle machination ? Comment continuer jour après jour à commettre de telles horreurs ? Comment peut on se sentir satisfait quand on a atteint le quota de morts demandés ? Pour cet homme, c'est un travail, une entreprise, un but tout à fait normal, aussi normal que celui de tout bon employé normal. Il n'y a pas de mots, de sens à tout cela. Je n'y voie que de la folie pure et dure pour commettre une telle abomination et en ressortir lucide pour autant.
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L'île

Un livre lu au collège, à une époque où je n'étais pas un grand lecteur, et pour une fois les prescriptions professorales avaient fait mouche. J'avais dévoré à belles dents ce bouquin pourtant épais.

Des occidentaux débarquent en Polynésie. Attrait pour la nouveauté, curiosité pour l'étranger. Et puis, les premières amours passées, on se rend compte que ces gens ne sont pas mieux que les autres, et même qu'ils sont pires, car après tout, ils ne sont pas comme nous, ce sont des étrangers.

Le roman dramatique et si vrai d'hommes et de femmes qui s'aiment puis se déchirent, vu dans l'histoire avec Christophe Colomb et ses successeurs, mais vu aussi dans la vie de tous les jours, dans les couples et les familles.

Heureusement, cela finit rarement de manière aussi sanglante que dans l'Ile : du paradis à la descente aux enfers.
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Fortune de France, tome 1 : Fortune de France

Fortune de France est le premier tome d'une fresque historique de 13 volumes. Elle parcourt l'histoire de France de 1547 à 1661 du point de vue d'un médecin protestant.Dans les six premiers tomes le héros est Pierre de Siorac et dans les sept derniers, son fils Pierre-Emmanuel.



C'est une série que j'ai lu il y a de nombreuses années et que j'avais adoré. Je me suis toujours promis de trouver le temps de la relire un jour et c'est une rencontre fortuite avec ce premier tome au détour d'un étal de bouquiniste qui à lancé le processus de relecture. En général, les seconde fois sont décevantes ou en tout cas moins mémorables que les premières fois. Mais ce n'est pas le cas ici, grâce à la rigueur historique de l'auteur et sa capacité à rendre l'histoire de France passionnante. Il faut bien se rendre compte que derrière cette couverture aussi excitante qu'un poulpe se cache un roman d'une très grande qualité littéraire et d'une grande inventivité. Inventif par l'idée de l'auteur d'introduire des dialogues en occitan. Une langue que le lecteur assimile rapidement et qui ajoute beaucoup au plaisir de la lecture. Un roman où l'on apprend beaucoup de chose sur l'histoire de France et avec lequel on s'ennuie jamais. Je n'ai plus qu'a trouver le deuxième tome !
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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Malevil

Le type s'appelle Robert Merle... Non mais Robert quoi.

Désolé pour tous les Roberts mais c'est le prénom du papy qui attend son tour à la pétanque en sirotant son pastis; tout cela 8h10 du mat.



Mais j'avais tout faux à part pour le papy et d'ailleurs ça se sent dans l'écriture car ce roman a plus de 40 piges. C'est le seul défaut véritable de ce roman. Se placer dans un roman d'anticipation sur une histoire en 1977, il y a un petit exercice à faire pour museler la voie de la raison.

- On est dans le futur en 1977, n'importe quoi.

- Vraiment? Tu es vraiment obligé d'être en slip pour lire le bouquin

- Tous les gens du parc te regardent et ça ne te gène pas.



Sinon une fois muselée c'est une dystopie superbe.

On suit l'aventure d'Emmanuel, jeune homme intelligent dans une famille pauvre d'esprit (ouais c'est des teubés, t'as compris). A part son oncle qui lui lègue tout à sa mort et lui permet d'acheter le château de Malevil, qui va lui sauver la vie.

Ce qui est intéressant est qu'on suit tout sous l’œil de cet Emmanuel et comme lui, on ne pressent rien à l'arrivée de l’événement comme il le nomme.

Cet événement est semble-t-il une explosion nucléaire puisque tout est rasé, tout est mort, sans électricité, sans la moindre communication radio. Par chance, Emmanuelle et son petit groupe survivent pensant être les seuls au monde.

Où l'approche est intéressant, c'est que dans un roman de SF classique, l'héros aurait cherché à savoir ce qui s'est passé et finirait par découvrir tout, les trahisons mondiales, les guerres, les bombes atomiques.

Là, pas du tout. On est irrémédiablement raccroché au réel, à savoir survivre.

Faire l'inventaire des outils, des denrées, des animaux. Arriver à pérenniser les choses essentielles. Nourriture, eau, chauffage.

Et ensuite, se protéger...

Et ouais, ce n'est pas les seuls à avoir survécu...



Écris sous forme de journal intime, le réalisme est frappant. C'est vraiment ce que j'attends d'un roman d'anticipation.

Et ici, l'anticipation, c'est retourner au moyen age.



Merci Robert.

Tu as bien mérité un bon pastis (deux glaçons et une larme d'eau).
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La Mort est mon métier

Quand le devoir envers son pays, l'ordre et la discipline occultent la raison, l'empathie ou tout simplement l'humanité; parcours d'un enfant bridé et brimé devenu adulte qui vit à la lettre ses convictions sans état d'âme.
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La Mort est mon métier

C'est l'histoire d'un homme amené à devenir l'un des plus grands tueurs du début du XX°s. Comment un individu comme celui-ci peut-il ne rien ressentir, face à l'abomination qu'il commet? Comment peut-il être en extase devant les décisions et les ordres d'un monstre dénommé Himmler? Comment en est-il arrivé là sans rien se reprocher? Voici l'histoire, plus ou moins romancée de celui qui deviendra le commandant et le dirigeant du camp de la mort, Auschwitz-Birkenau. Ce livre est un brûlant témoignage de la shoah et de tous les crimes perpétrés au nom d'une idéologie!
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Malevil

Ce livre, je l'ai d'abord découvert puis relu quelques années après, avec beaucoup de plaisir. Je l'ai adoré pour plusieurs raisons, dont voici les principales.

D'abord la situation de ces "Robinsons", confrontés à une apocalypse nucléaire inopinée, est un sujet passionnant. Le récit est mené d'une main de maitre, sans temps mort mais sans volonté d'entretenir abusivement le "suspense".

Ensuite, je trouve que tous les personnages sont extrêmement attachants et vraisemblables, surtout le héros principal; l'auteur les a vraiment bien campés. On tremble pour eux qui traversent une terrible épreuve, comme s'ils étaient pour nous des amis personnels.

Enfin, "Malevil" pose implicitement quelques questions fondamentales sur la nature humaine, sur le bien et le mal et sur les conditions nécessaires à la survie des individus.

J'ajoute que le style de R. Merle parait sans grandes prétentions littéraires mais très agréable. Quoique relativement long, le livre se lit (et se relit !) facilement.
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L'île

J'ai adoré. Je l'ai lu plusieurs fois et chaque fois je me laisse prendre au jeu du suspens qui se met en place entre les groupes de personnes d'origines différentes. C'est une illustration des différences culturelles qui peuvent vous amener à l'incompréhension totale et à la guerre.
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La Mort est mon métier

La mort est mon métier est le pendant des livres de témoignage sur la SHOAH comme "s il était un homme " de primo Levi.

C est un excellent livre historique.

Attention cependant car on est au plus près des chambres à gaz et des fours crematoires d Auschwitz. On ne nous épargne rien sur l optimisation du camp d Auschwitz.



On suit dans ce livre la vie de rudolf lang, biographie romancée de Rodolphe Höss, commandant d Auschwitz.

On découvre la logique implacable de cet homme, qui passe de l enfance avec un père intégriste catholique à l obédience aux dirigeants nazis, ce qui l amènera à gérer un camp d'extermination et à chercher des solutions pour "optimiser ses missions " en se référant toujours à obéir sans réfléchir, faire ses missions sans se poser de questions.



Comment, même aujourd'hui, l absence de libre arbitre, de remise en question peut conduire une personne à faire des actes insensés.

Un témoignage hyper important pour ne jamais oublier ce que peut faire la folie des hommes.
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Fortune de France, tome 1 : Fortune de France

« Ne verra t-on la Fortune de France relevée ? » voilà ce qu'aurait dit le chancelier Michel de l'Hospital, et la citation qu'a choisi Robert Merle pour ouvrir sa saga romanesque.

Une saga qui prend lieu et place en pleine France déchirée des guerres de religion dans la seconde moitié du XVIe siècle. J'ai mis pas mal de temps avant de me décider à me lancer dans cette sage, premièrement car je lis très peu de romans historiques et deuxièmement parce qu'il s'agit de ma période préférée donc je rechignais encore plus à la lire en fiction. Finalement ce qui a fini par me décider c'est qu'il ne s'agissait pas de la mise en scène direct des Valois mais plutôt d'une famille lambda et fictive, cette idée me plaisait assez alors je me suis lancée. Et fort heureusement, je ne suis pas déçue.

J'ai donc fait la connaissance de la famille de Siorac et du beau domaine de Mespech. Comme ces sonorités le laissent deviner on va plonger en plein Périgord, dans l'atmosphère aride et huguenote de ce sud-ouest. Car oui les Siorac sont protestants et en tant que tel la vie ne sera pas de tout repos en pleine guerre civile entre catholiques et protestants, entre batailles et édits de paix, entre cour et province, et c'est cela que l'on va suivre, la vie quotidienne de toute cette joyeuse tribu, la grande histoire à échelle d'hommes et de femmes. Je dis tribu car à Mespech c'est une grande famille atypique qui y vit, fondée par deux hommes, deux ex compagnons de guerre devenus frères de coeur : Jean de Siorac et Jean de Sauveterre, que tout le monde va appeler La Frérèche. Ensemble ils vont bâtir le grand et vaste domaine de Mespech qui va peu à peu se peupler ; trois anciens soldats, la nourrice (et ses enfants), la femme de chambre, divers hommes de main, et vagabond recueillis, chaque personne intégrant le domaine intègre en quelque sorte la famille. Sans oublier les trois fils de Jean de Siorac, d'ailleurs c'est Pierre, le cadet, qui est le narrateur du roman et de la saga et dont on suivra les aventures tout au long des tomes. Dans ce premier tome il nous raconte la genèse de sa famille et son enfance, sur un ton à la fois drôle et touchant.

J'ai beaucoup aimé cette joyeuse et attendrissante cohabitation pleine de vie, avec une affection particulière pour la Frérèche dont j'ai adoré le duo atypique plein de sagesse et de complicité (j'aurai d'ailleurs bien aimé que toute la saga soit sur eux deux).

Je l'avais maintes fois entendu, et j'ai pu le constater, Robert Merle a effectivement totalement nimbé son récit de l'atmosphère non seulement du XVIe siècle mais aussi de la Guyenne, à travers le parler et les dialogues, dont l'effet est franchement réussi et plutôt sympa. Il a également su incorporer les faits historiques et politiques de l'époque dans sa narration en gardant un style vivant et dynamique et sans que cela semble trop lourd, un peu comme Druon avec les rois maudits.

Même si au début cela me faisait très bizarre de lire sous forme de fiction le siècle dont j'ai tant lu en non-fiction, mais j'ai été ravie (et soulagée) de constater que c'est un roman qui, pour le moment je trouve, est bien dosé entre histoire et fiction. On verra ce qu'il en sera des tomes suivants, car j'ai cru comprendre que Pierre atterrirait à la cour et dans ce cas je risque d'être plus tatillonne… Quoi qu'il en soit, j'ai été agréablement surprise et je ne pensais pas m'attacher aux Siorac !
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La Mort est mon métier

La partie sur l'enfance de Hoess à été vite lue, parce que, franchement, je m'en contrecarre. Même pas envie de savoir pourquoi il en est arrivé là. Vient ensuite son intégration dans la SS et sa direction dans les camps et là, je pensais avoir tout lu de l'horreur... C'est très dur et très lourd à supporter, il y a beaucoup de détails, il m'a fallu plusieurs pause. Mais il faut impérativement lire ce livre !
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La Mort est mon métier



La mort est mon métier

Robert Merle (1908-2004)

On a beau avoir entendu parler et avoir lu beaucoup de littérature concentrationnaire, ce récit de Robert Merle écrit entre 1950 et 1952 sur le rôle de Rudolf Hoess dans la mise en place du système d’extermination dans les camps de la mort durant la Seconde Guerre Mondiale fait froid dans le dos. Et c’est un euphémisme !

Rudolf Lang est donc bien le pseudonyme que l’auteur a donné au commandant du camp d’Auschwitz qui fut interrogé longuement dans sa cellule par un psychologue américain lors du procès de Nuremberg et dont le compte rendu a servi de sources à Robert Merle. Plus tard, après que les Américains l’eurent remis aux Polonais une fois le procès de Nuremberg terminé, Rudolf Hoess a écrit une brève confession avant d’être exécuté.

La première partie du récit écrit par Robert Merle et dont Rudolf est le narrateur retrace son enfance et son adolescence victime consentante d’un père très chrétien mais tyrannique qui voue son fils à la carrière religieuse. Mais à 16 ans, Rudolf s’engage dans les Dragons et plus tard rejoint les Corps Francs durant la Première Guerre Mondiale où il se distingue par son courage et déjà par sa fidèle et aveugle obéissance. Puis ce seront une fois la guerre finie des années de galère jusqu’au jour où il rejoint les Chemises Brunes et entend parler pour la première fois de Hitler. Les voix des jeunes gens bras tendus hurlant « Heil Hitler » le transportent et résonnent puissamment dans son cœur et il éprouve alors un profond sentiment de paix. Pour lui, il vient de trouver sa voie, une route droite et claire. Tout dévient simple et il n’a plus de question de conscience à se poser : il suffit d’être fidèle et d’obéir. C’est son unique devoir à présent. Grâce à cette obéissance absolue, il est sûr de ne plus jamais se tromper, d’être toujours dans le droit chemin. Servir de façon inébranlable chaque jour est son principe éternel pour l’Allemagne au dessus de tout : « Deutschland über alles ! »

Dans la seconde partie du récit, Rudolf met en application ses dons d’organisateur en suivant à la lettre les recommandations de ses supérieurs et notamment de Himmler, son Reichsführer.

Une fois la décision prise par Himmler de mettre en place la Solution Finale, les tâtonnements furent multiples au départ quant à la meilleure façon de procéder à l’usine de mort d’Auschwitz. En fait tout dans cette affaire dépasse l’imagination quand on songe à la méthode et l’ingéniosité dont a su faire preuve Rudof Hoess dès son arrivée pour assassiner en masse des humains, humain comme lui. De 1941 à 1945, 5 millions de juifs ont ainsi été gazés rien qu’à Auschwitz. Un effroyable et monstrueux génocide soigneusement et méthodiquement planifié dans les chambres à gaz et les fours crématoires. Sans haine, sans méchanceté et sans sadisme aucun, Rudolf et consorts ont fidèlement obéi à l’impératif catégorique de leur chef, sans réfléchir, soumis au devoir même quand cela les ennuyait un peu surtout en raison des odeurs !

Un ouvrage à lire absolument pour connaître vraiment et ne rien oublier de ce que fut l’horreur du camp d’Auschwitz.

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La Mort est mon métier

Robert Merle s’est inspiré d’un personnage réel, Rudolf Hoess, pour créer Rudolf Lang, dont il relate la vie d’un ton froid et précis, à l’image de cet homme. Éduqué par un père autoritaire aux troubles obsessionnels, il errera dans une Allemagne écrasée par le diktat de Versailles, jusqu’à son amarrage au parti nazi, dont il gravira progressivement les échelons, jusqu’à devenir le directeur d’Auschwitz, le plus grand et le plus meurtrier des camps d’extermination. Son zèle aveugle et son obéissance inconditionnelle aux ordres de sa hiérarchie ne manqueront pas d’interpeller, comme si la mort pouvait être un métier comme un autre.
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Malevil

Dystopique avant l'heure, récit mêlant science-fiction et ruralité, prémonition du futur qui s'impose à nous (sobriété, menaces vitales...) tous les ingrédients qui font de Malevil un roman d'une triste actualité.

On peut y puiser des éléments de réflexion sur notre devenir et les conditions d'une survie de l'espèce dans un environnement post-apocalyptique.

Deux déceptions toutefois :

- une vision très machiste et autoritaire du salut de l'humanité (un figure tutélaire et masculine doit s'imposer pour garantir la survie de la communauté...).

- des narrations parfois superfétatoires qui alourdissent le récit.







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La Mort est mon métier

Rudolph Lang nait au début du XXème siècle dans une famille allemande sous l’emprise du père, un fou de dieu qui destine son fils à la prêtrise. Mais Rudolph perd la foi suite à une indiscrétion de son confesseur et à la mort de son père s’engage dans l’armée à peine âgé de seize ans. Il fait ses preuves mais à la fin de la guerre, démobilisé, il retourne à la vie civile. Il vit dans la misère et pense au du suicide jusqu’à ce qu’il rencontre des membres des jeunesses nationalistes qui lui feront rencontrer Himmler. Rudolph Lang deviendra le directeur du tristement célèbre camp de concentration d’Auschwitz Birkenau où des centaines de milliers de juifs trouveront la mort dans les chambres à gaz…

La mort est mon métier est la biographie romancé d’un homme froid, tout entier dédié à l’obéissance du chef et des valeurs nationalistes. Rudoph Lang ne se pose pas la question du bien et du mal, il obéit et exécute. Les Juifs ne sont que des unités à éliminer et il faut trouver le meilleur moyen, le plus pratique et le plus économique pour y arriver. Un roman très fort mais éprouvant qui permet de mieux connaitre la psyché des nazis et l’obéissance aveugle de presque tout un peuple malgré l’horreur absolue.
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La Mort est mon métier

Biographie romancée de Rudolf Hoss, renommé Lang dans le roman. Il fut chargé d'organiser l'extermination de 2,5 millions de juifs au camp d'Auschwitz.

Robert Merle démarre la narration lorsque Lang a 13 ans, relatant son éducation catholique très stricte avec un père autoritaire et obsédé par le pêché. Puis vient son engagement pour l'armée allemande à 16 ans.



C'est dur de dire qu'on apprécie un tel roman dans la mesure où c'est la biographie d'un diable, Diable qui est d'ailleurs le compagnon de toilettes de Lang dans son enfance, le père ayant accroché son illustration sur la porte des WC.

Mais c'est un livre nécessaire.

Des enfances terribles, beaucoup en ont connu. Ce n'est pas une explication suffisante. Une loyauté excessive pour sa patrie peut-elle réellement être l'explication de l'implication de Lang dans cette tuerie méticuleusement organisée ? Et cette froideur de Lang qui ne considère le juif que comme une unité à exterminer, à quel point est-elle une armure pour ne pas craquer face à ces atrocités ? Peut-être n'en est-elle pas une...

Et peut-être que le libre arbitre, le choix de dire non, est inconnu de Lang.

Bref. Je ne suis pas psy. J'arrête là.

C'est un excellent roman biographique à ne pas mettre entre les mains des plus sensibles car les détails sur les chambres à gaz et les fosses communes sont chirurgicaux, sans pudeur.
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La Mort est mon métier

Sur le ton de l’autobiographie, Robert Merle retrace l’itinéraire du commandant du camp d’Auschwitz.

Il en ressort un récit très vraisemblable de ce que fut la vie de Rudolf Hoess (rebaptisé en l’occurrence Rudolf Lang).

C’est un récit épuré, réaliste, qui fait écho à l’aridité émotionnelle de son personnage. On y découvre la « psyché » du narrateur, un être conditionné à l’extrême, « éduqué à mort », depuis sa sombre enfance sous la férule d’un père détraqué et psychorigide, jusqu’à la hiérarchie SS, en passant par l’enrôlement précoce dans l’armée du Kaiser.

Des figures marquantes joueront un rôle-clé dans cette existence austère et laborieuse : notamment le dragon Günther, officier impétueux de la Grande Guerre et nationaliste fanatique, et surtout le grivois et tyrannique hobereau von Jeseritz, parfait prototype du Junker prussien tel que l’a décrit William Shirer dans « Le Troisième Reich ».

Incarnant le type de l’allemand consciencieux à l’extrême, austère et spartiate, dur avec lui-même comme envers autrui, Rudolf Lang ne semble posséder qu’une seule véritable crainte : déplaire à ses chefs, se retrouver en disgrâce.

On le voit dans les premiers passages du livre : une expérience d’enfance traumatisante a visiblement déshumanisé la personnalité de Lang qui, après avoir perdu la foi, ne trouvera refuge et sécurité que dans l’obéissance. L’appareil militaire auquel il aspire tant d’appartenir n’est-il pas pour lui un foyer de substitution ?

Quoi qu’il en soit, en tant que lagerkommandant d’Auschwitz, il assistera à toutes les scènes de l’holocauste avec ce regard toujours étonnamment neutre, comme déconnecté, ne se préoccupant que de problèmes logistiques, faisant passer son propre intérêt - et celui sa famille - derrière l’ « impératif catégorique ». « C’était un travail ennuyeux », dira t-il finalement à ses juges.

Évidemment, cette biographie amène de multiples questions. Au-delà de celle, souvent posée, des fonctionnaires allemands consciencieux qui participèrent à la solution finale, il y en a aussi une autre : celle du poids des traditions et courants philosophiques qui ont constitué le socle d’un appareil d’état entièrement fonctionnel. On peut penser à Treitschke lorsqu’il s’adressa à ses étudiants en leur déclarant : « Peu importe ce que vous pensez, du moment que vous obéissez ». Certains affirment aussi que le régime nazi a pris ses origines dans la raison (une raison qui ne tolère pas la contradiction), et non dans un mysticisme à connotation païenne. Il y a aussi l’héritage d’un processus d’ « automatisation » des êtres inhérent à l’esprit prussien. Tout ces causes trouvant finalement leur manifestation dans un phénomène (l’Holocauste) dont on ne peut nier la modernité.













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Malevil

Ce roman se déroule en France, dans les années 70, dans une zone rurale. Quelques personnes se retrouvent rescapées d'une bombe qui a soufflé le pays, par hasard, retranchées au départ dans la cave d'un vieux château fort en cours de restauration. Ce récit est écrit par le "propriétaire" du château et complété par une seconde main qui apporte des précisions et rectifications ; il retrace ces événements, la façon dont la survie s'organise, aussi bien pour la subsistance que pour la défense contre divers agresseurs... Un livre très prenant, bien écrit, avec des personnages bien brossés et des situations dépeintes avec beaucoup de finesse.
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La Mort est mon métier

Un livre historique qui est une "biographie romancée".

Ici, Robert Merle s'est inspiré d'un dossier psychologique et des éléments d'un procès pour reconstituer la vie du personnage Rudolf Hoess, qui sera nommé Rudolf Lang dans le livre.



On suit ici la vie d'un enfant allemand, issu d'une famille dont l'arrière grand père, le grand père, le père et l'oncle étaient militaires.

Élevé dans le monde militaire, et donc dans la rigueur et l'application formelle des ordres, adulte, il s'est lui même porté vers l'armée, en étant volontaire lors de la première guerre mondiale.

Après celle ci, et après le traité de Versailles, et la situation catastrophique du pays, il connaîtra la misère.



Le jour où il a prévu de mettre fin à sa vie, il sera secouru par un homme qui le fera rentrer dans la SA, le sortant ainsi de la misère et lui donnant de nouvelles perspectives.

Rudolf sortira donc de la misère et deviendra donc général... en charge de l'organisation interne du camp de concentration d'Auschwitz, et de toute les atrocités en découlant. L'homme qui, lors de son procès a contesté l'accusation d'avoir tué six millions d'hommes en affirmant en avoir tué "seulement" deux millions. Et le tout sans jamais remettre ne serait ce qu'un ordre en question.



Un livre très sombre donc, mais à lire absolument, surtout dans le contexte actuel, où les théories du complot fleurissent, collant des étiquettes de parfaits coupables à des gens n'ayant rien demandé. Dans ce contexte, où les gens tolérants ont une vision tellement fermée de la tolérance qu'elle ne semble plus l'être. Dans cette société où la cancel culture, le rejet, la mise de côté systématique de certaines personnes devient très fréquente et où certains courants de pensée sont systématiquement mis à bas et proscrits, où les manifestations font l'objet de mises à sacs ciblées. Il est peut être important de se rappeler que suivre des mouvements sans jamais les remettre en question, c'est laisser la haine prendre le dessus sur l'humain, et que laisser la haine prendre le dessus, c'est dangereux, et très souvent dramatique.
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Malevil

« La nuit commence ce jour de Pâques où l'Histoire cesse, faute d'objet : la civilisation dont elle racontait la marche a pris fin. »



Malevil est un roman post apocalyptique rural : nous sommes dans les campagnes du Périgord, ses forêts, ses terres agricoles, ses bastides et ses châteaux. C'est justement protégé par les murs épais de l'un de ses châteaux adossés aux parois rocheuses qu'un petit groupe va survivre à

« l'Evenement » , comme est tacitement appelée l'explosion vraisemblablement nucléaire qui a tout détruit autour d'eux.



J'ai trouvé la description de ce monde apocalyptique plutôt réussie et beaucoup plus crédible que dans certains romans plus récents ( je pense par ex à celui de Sandrine Colette , Et toujours les forêts , que j'avais trouvé truffé d'incohérences )

Crédibles aussi les différents personnages , ces paysans hauts en couleurs, fiers de leur région , attachés à leur terre et à leurs bêtes, le monde rural du milieu du XX e siècle.



C'est un roman d'aventure : comment cette petite communauté va t- elle survivre ? A quels dangers devra t-elle faire face ?

Mais c'est surtout une fine analyse sociologique des rapports humains, une réflexion sur l'autorité et le partage du pouvoir, sur la religion vue ici comme ciment pour assurer la cohésion du groupe et comme élément de socialisation. le fonctionnement du Malevil « d'après » fait bien sûr penser aux communautés post soixante huitardes , entre retour à la terre, partage des biens et liberté sexuelle. (Le livre date de 1972)



Avec un parfait sens de la narration qui fait qu'on ne s'ennuie jamais, Robert Merle nous donne un conte presque philosophique, un roman humaniste et finalement plutôt optimiste , et ça fait du bien !
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