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Critiques de Robert Merle (1110)
Madrapour

Un avion qui décolle à destination de Madrapour est pris en otage par deux hindous, armes au poing.

Cet avion a décollé d'un aéroport désert avec 15 personnes à son bord...

Dans ce roman, servi par un admirable suspense, Robert Merle mêle les genres et nourrit une réflexion sur le temps auquel aucun être humain n'échappe.

Ce livre est tout simplement passionnant de bout en bout.
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La Mort est mon métier

Quelle claque ! De son enfance à son procès, la vie de Rudolf Höss est "passionnante", on avance dans le livre avec la peur d'arriver au moment fatidique de cette biographie fictive : Auschwitz. C'est prenant, c'est horrible, les dernières pages sont effrayantes d'honnêteté de la part du condamné et comme l'écrit si bien Robert Merle, "Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l'impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l'ordre, par respect pour l'Etat. Bref, en homme de devoir: et c'est en cela justement qu'il est monstrueux.

Cependant, ce livre nous amène à voir encore plus loin que la monstruosité des généraux des camps, on s'interroge sur cet impératif catégorique, sur ce "devoir SS", et Robert Merle arrive superbement bien à nous y "sensibiliser".
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La Mort est mon métier

Plongée dans "Les mains du miracle" de Joseph Kessel et le personnage falot qu'était Himmler, je repense à La Mort est mon métier, petit chef d'oeuvre qui démontre implacablement la frontière ténue entre le devoir, l'obéissance, la bonne conscience et le Mal absolu... ! Rudolf Lang, petit comptable appliqué sans envergure, se voit confier une Mission quasi Divine car venant du Reichsführer, celle d'éliminer le plus de gens possible en un minimum de temps... d'optimiser le rendement assassin des camps... Jamais ne l'effleurera l'aspect humain (ou plutôt inhumain) de cette mission, seuls les chiffres comptent... Absolument magistral !
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La Mort est mon métier

Robert MERLE rebaptise ici Rudolf Hoess, le commandant du plus grand camp nazi qui s'était vu fixé la tâche machiavélique d'industrialiser et de rentabiliser l'éxécution massive des juifs.

On demeure donc sur une fiction mais je trouve que l'approche faite par l'auteur de ce personnage qui n'aimait rien tant qu'obéir aux ordres est assez proche de la réalité. On découvre une enfance où les principes judéo-chrétiens sont imposés comme règles dans la vie de chaque jour. Où il est impossible de savourer des instants, de laisser libre cours à ses sentiments où il faut en permanence se surveiller, se contraindre.

Plus tard, ayant fait abstraction de toute humanité, étant un monstre à l'état pur, on voit Hoess s'appliquer à compter ses victimes comme s'il s'agissait de vulgaires pièces mécaniques : "des unités". Grand Hoess qui voulait tant plaire à sa hiérarchie, tant réussir dans la mission qui lui incombait, au mépris de toute autre considération. Sauf que ce n'étaient pas des unités qu'il manipulait, mais des vies humaines. Effrayant tant on va dans l'ignominie. Ou, quand la folie mène le monde... A lire, vraiment.
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La Mort est mon métier

Jusqu'à quel point, un soldat doit-il obéir ? Peut-il se retrancher derrière les ordres pour s'exonérer ?

Dans ce roman historique, Robert Merle nous livre le « secret » de la dramatique Shoah que les enfants, les femmes et les hommes juifs subirent au cour de la seconde guerre mondiale.

Il n'y a pas, dans cet ouvrage, de passage à tabac ou de sang qui gicle. Cette absence de violence, cette froideur qui anime les exécutants d'une tâche indicible laisse hagard.

Un homme représente une unité. Il faut industrialiser le traitement de ces unités qui arrivent dans le camp d'Auschwitz. Il faut rationaliser la mise à mort de ces personnes faites de chair et de sang.

Un livre indispensable pour comprendre l'impossible.
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Fortune de France, tome 1 : Fortune de France

Vous avez aimé Les rois maudits ? Vous avez aimé La Reine Margot / La dame de Monsoreau / Les Quarante-cinq ? Vous avez aimé Les Piliers de la terre ? Vous avez aimé et vous aimez toujours les grandes sagas historiques qui, d'Alexandre Dumas à Ken Follett, vous enchantent nuit et jour ? Oui, n'est-ce pas? Eh bien vous aimerez Fortune de France de Robert Merle. Pour les mêmes raisons, et pour d'autres qui sont particulières à ce bijou de littérature.

Quelques mots sur l'auteur. Si vous n'avez rien lu de Robert Merle, c'est que vous avez de grosses lacunes dans votre culture littéraire, parce que Robert Merle (1908-2004) est un des plus grands auteurs du XXème siècle. Quelques pièces de théâtre, quelques essais, quelques traductions mais surtout une œuvre romanesque exceptionnelle : 26 romans dont la moitié exactement constitue les 13 volumes de la saga Fortune de France, et parmi les autres, on compte plusieurs chefs-d'œuvre : Week-end à Zuydcoote (1949), La Mort est mon métier (1952), L'Ile (1962, Malevil (1972), Madrapour (1976) (j'ai un faible pour celui-là, qui n'est pourtant pas le plus connu).

Fortune de France est une série de 13 volumes, parus de 1977 à 2003. Il s'agit de romans historiques s'étendant de 1547 à 1661, soit du règne de Henri II à celui de Louis XIV, soit encore 114 ans d'histoire de France, vus par les yeux de Pierre de Siorac (6 premiers tomes) puis par ceux de son fils Pierre-Emmanuel (7 volumes suivants)

Fortune de France, qui donne son nom à la série, en est le premier volume. Il couvre la période 1547-1566, et sert de prélude au reste de l'œuvre.

Nous sommes en Périgord, en plein milieu du XVIème siècle. Deux gentilshommes campagnards, Jean de Siorac et son compagnon d'armes Jean de Sauveterre, tiennent en "frérèche" - association juridique - un château et ses dépendances, aux environs de Sarlat. Jean de Siorac, veuf, a trois enfants, François, Catherine et Pierre, et un enfant naturel, Samson. Parmi les serviteurs, Miroul est particulièrement affecté au service de Pierre et Samson. L'époque est difficile (nous sommes au cœur des guerres de religion) les dangers sont grands, entre les guerres, les épidémies, les brigandages, périls de toute sorte que traversent allègrement nos jeunes gens.

Voilà, le cadre est posé. Fortune de France peut démarrer. Dès les premières lignes, vous vous rendrez compte que vous êtes devant un monument. Par l'ampleur du sujet, d'abord. Nous connaissons le contexte, déjà raconté par Alexandre Dumas dans nombre de romans, ou par Michel Zévaco dans les Pardaillan : ce beau XVIème siècle, riche et sanglant, plein de bruit et de fureur, d'intrigues et de passions, de vie intense et de mort violente. Par le travail préliminaire de l'auteur, ensuite. On a du mal à seulement imaginer la somme de documentation qu'il a fallu réunir (histoire nationale et locale, us et coutumes, législation, économie des villes et des campagnes...) sans parler du travail propre à l'écrivain (construction et rédaction du récit, création et finition des personnages, rythme de l'action...).

Enfin, et j'allais dire surtout car c'est le tour de force ultime de Robert Merle, c'est la langue qu'il a choisie pour nous raconter ces aventures historiques : c'est le langage même du XVIème siècle, tel qu'il l'a recueilli chez les mémorialistes du temps, comme Pierre de L'Estoile, quelque peu modernisé pour les lecteurs du XXème (siècle, pas arrondissement), et surtout agrémenté de termes occitans qui font de l'ensemble une parladure à la saveur inégalable.

Adoncques, ococoulez-vous le plus plaisamment possible dans votre fauteuil et lisez incontinent ces pages merveilleuses de commodité. Ayez totale fiance dans le mien jugement, et vous vous ramenteverrez longtemps l'agrément cette lecture.

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Fortune de France, tome 2 : En nos vertes a..

Fortune de France

Tome 2:  En nos vertes années

Pierre de Siorac, âgé de 15 ans et désormais adulte, quitte son château natal pour Montpellier où il doit étudier la médecine.  Il est accompagné de son demi-frère Samson et de leur valet Miroul. Le trajet jusqu'à Montpellier tout comme la première année d'études ne sera pas de tout repos pour notre impétueux héros. 

Un tome que j'ai trouvé très intéressant car il montre bien à quel point il était difficile de vivre en sécurité à cette époque lorsqu'on n'entrait pas dans la norme établie par les grands de ce monde. L'intolérance était très présente quel que soit le camp où l'on se trouve, protestants et catholiques massacrant ses adversaires exactement de la même façon.





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Fortune de France, tome 11 : La Gloire et l..

La Gloire et les périls, le onzième tome de Fortune de France, est le troisième livre de Robert Merle que je lis. Et bien, personnellement, ce n’est pas le meilleur.



Qu’il me fut difficile d’accrocher à ce récit. Ce n’est pas le fait de ne pas avoir lu les précédents tomes de la saga qui en est la cause. La raison tient d’abord à l’écriture qui se veut Louis XIII dans la tournure des phrases et l’emploi des mots d’époque. Je reconnais néanmoins une bien belle prestation de la part de l’auteur d’avoir rédigé ainsi.



Ensuite, l’intrigue. C’est un récit que j’ai ressenti comme lent et sans intérêt. Je suis loin d’avoir trouvé des similitudes avec les Trois Mousquetaires de Dumas ou d’autres livres qui placent leur histoire dans cette époque de l’Histoire de France.



Ce tome de Fortune de France que j’ai retiré d’une cabane en Bretagne, il y a quelques mois, retournera donc dans une autre cabane, cette fois-ci en région parisienne. Finalement, le seul mérite de ce roman aura été de changer de région.
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Malevil

Roman post-apocalyptique, à rapprocher un peu du "ravage" de Barjavel, et qui démontre que la littérature française n'a rien à envier aux anglosaxons y compris dans ce genre. Un très bon livre, qui nous plonge dans la France profonde, au plus profond du terroir, dans un monde qui perd ses repères. Très bien écrit, c'est une vraie pépite à faire découvrir à tous ceux ne connaissant pas ce livre.
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Les Hommes protégés

Une chose que l'on peut dire à propos de Robert Merle c'est qu'il sait se renouveler. Bon, en même temps, c'est facile pour moi de dire ça, je n'ai lu que deux romans de cet auteur.

Après La mort est mon métier, qui m'avait laissée presque sans voix, roman qui parle, pour ceux qui ne le savent pas encore, de la vie du dirigeant fictif (enfin, fictif...) du camp d'Auschwitz, il s'attaque cette fois-ci à la dystopie.



Imaginez une épidémie mondiale (bon, d'accord, vous ne devriez pas avoir besoin de beaucoup d'imagination, malheureusement).

Imaginez surtout que cette épidémie ne touche que les hommes, plus particulièrement les hommes en capacité de procréer.

Imaginez donc ce que ce monde peut donner si le système phallocrate ne peut plus durer et que, par conséquent, les femmes arrivent au pouvoir.



C'est ce monde que nous raconte ici l'auteur par le biais de son narrateur, un éminent neurochirurgien devenu un « homme protégé », soit un homme en danger que l'on met à l'abri afin qu'il puisse trouver un remède au mal qui ronge le monde. A moins, au contraire, que les nouveaux dirigeants, ou plutôt dirigeantes, aient d'autres projets en tête.



Même si ce roman a un tout petit peu mal vieilli, de mon point de vue, en ce qui concerne la forme particulièrement, il ne faut pas oublier de le replacer dans le contexte de l'époque, soit les années 70, le début des mouvements féministes et d'avancées significatives pour les femmes. N'oublions pas que les femmes n'avaient pas le droit de travailler sans le consentement de leur mari ou de posséder leur propre compte bancaire avant 1965, et qu'elle ne possède l'autorité parentale sur leurs enfants que depuis 1970, cette dernière étant entièrement dévolue au père avant. Sans oublier le droit à la contraception, de l'enfant quand je veux et si je veux, etc... Et c'était assez couillu, excusez-moi l'expression, pour l'époque d'écrire un roman où le pire cauchemar des hommes prend sens et réalité.



Je n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle avec un autre roman, beaucoup plus contemporain, lu il y a deux ou trois ans, le pouvoir de Naomi Alderman où l'autrice arme les femmes d'un artefact extraordinaire. On ne peut bien entendu pas comparer ces deux romans sur tous les plans, deux temps, deux époques, beaucoup de changements sociétaux depuis, mais si je dois dire quelque chose est, qu'au final, j'ai trouvé le roman de Robert Merle plus abouti.



J'ai passé un agréable moment de lecture même si l'auteur n'a pas réussi à totalement me convaincre sur certains aspects, et il n'est pas parvenu non plus à passer au travers de certains écueils, notamment la domination subliminale de l'homme sur la femme, donnant quand même le très beau rôle à son « héros » alors que les femmes peuvent passer tout de même pour des dames n'attendant finalement que le prince charmant. Libres, certes, mais pas complètes.



En soi, c'est un roman que je conseille de lire, particulièrement en ces temps #metoo et compagnie.



Lu (et manifesté) en octobre 2021
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La Mort est mon métier

Une lecture qui ne laisse pas indifferent(e).



Habituée à lire sur ce sujet, c’est assez rare de connaitre l’histoire vécue du côté des « Bourreaux » et de connaître leurs points de vue. D’habitude ce sont des récits écrits par des survivants, et c’est pour cela que cette lecture est bien différente, et très intéressante.



Malgré la noirceur de certains passages ; les sentiments du personnage dont on raconte l’histoire (qui n’est autre que le commandant d’Auschwitz), toute cette horreur effectuée car « c’était les ordres » … C’est glaçant par moments. Mais c’est à lire absolument !
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L'Idole

D'un fait réel - l'histoire d'amour entre Vittoria Accoramboni et Paolo Giordano Orsini - Robert Merle propose un excellent roman historique.



Le cadre l’Italie du XVIeme siècle. Rome sous les pontificats de Grégoire XIII puis de Sixte Quint. Les Medicis -belle famille de Paolo - très influents notamment auprès de Grégoire XIII.



La très belle Victoria entame un liaison avec Paolo. Mariée à Francesco Peretti c'est une femme adultère, situation insupportable dans un monde dominé exclusivement par les hommes, notamment les religieux.



En 1585, Veufs ils obtiendront de Sixte Quint l'autorisation de régulariser la situation.



La construction de l'ouvrage est très intéressante. Outre 14 chapitres, l'histoire nous est contée par les vingt protagonistes principaux. Les événements sont présentés en fonction du clan auquel appartient le narrateur.



Très bon livre qui fait passer d'excellentes heures de lecture.







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Week-end à Zuydcoote

Nous sommes en mai-juin 1940. Les troupes franco-britanniques sont coincées dans la poche de Dunkerque entre la Manche et l'armée allemande. Chaque jour, la poche se rétrécit. L'armée française a disparu depuis longtemps. Plus d'ordres, plus de QG, plus d'officiers. Quatre d'entre eux ont élu domicile dans une roulotte aux abords du Sanatorium de Zuydcoote. N'étaient les sirènes des Stukas qui, de temps à autre, arrosent de bombes les maisons et les plages, on pourrait se croire en ce week-end ensoleillé au milieu des dunes aux prémices de la saison touristique.

La vie s'organise dans les popotes. Chacun s'accommode de la situation comme il peut. Tandis que certains se sont résignés à la défaite, d'autres à l'instar de Julien Maillat cherchent à s'embarquer pour l'Angleterre. Mais les Anglais n'embarquant que les Anglais, il faut ruser.

Robert Merle raconte dans ce roman le point de bascule où les soldats, débris d'une armée en pleine débâcle, livrés à eux-mêmes, désorientés, doivent désormais imaginer seuls leur avenir. Les quatre compagnons d'infortune savent que leur camaraderie n'est qu'un havre précaire. Sobre, économe dans les descriptions, nourri de dialogues au ton très juste, ce livre, le premier de l'auteur, traduit très bien, dans un genre plus romanesque, "L'Etrange défaite" si bien expliquée par Marc Bloch.
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Week-end à Zuydcoote

Un weekend sur la côté mais certainement pas un weekend de villégiature. C'est une "drôle de guerre" qui est décrite dans ces pages. Une guerre qui a rejeté les soldats anglais et français sur les plages de la côte d'Opale. Tous veulent passer la Manche, cet obstacle mince et pourtant infranchissable. Les anglais ont plus de chance d'évacuation que les français. Mais c'est un petit groupe de français que nous suivons le temps d'un weekend.

Mes espérances envers ce livre étaient élevées et la lecture s'est révélée être à leurs hauteurs. Cela me donne très envie d'approfondir cet auteur.

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La Mort est mon métier

Étudiant en Histoire, j'ai lu une multitude d'ouvrages traitant du sujet - des récits, des témoignages, des recherches. Mais, rarement. Jamais, même, un récit n'était parvenu à toucher en plein coeur, au creux du régime, la réalité crue et froide du système d'extermination nazi.



Parce que oui, le processus d'extermination est un système. Planifié, organisé et orchestré par une hiérarchie. Appliqué, avec horreur et rigueur.



Rudolf Lang a véritablement existé. Il s'appelait Rudolf Hoess.

Son récit, il l'écrit de 1950 à 1952. Robert Merle, avec talent, reprend celui-ci, et parviens à extirper toute l'horreur et la complexité humaine de l'un des plus grands criminels de guerre de nos époques.



Ce récit est dérangeant. Il nous met dans la tête d'un nazi. Il nous immerge au coeur de la machine du Troisième Reich.

Ce récit est puissant. Il nous plonge dans l'obscurité et la réalité terrifiante de la Seconde Guerre mondiale.



Comment parler d'un homme, en partie, responsable de la mort elle-même ? Robert Merle ne tombe pas dans le stéréotype. Non, il en donne un titre : il s'agit d'un homme dont la mort est le métier.



Avec ce livre, nous tombons dans l'indicible, dans l'inimaginable, dans l'insoutenable ; en fait, dans la réalité historique. Le passé et le présent, la souffrance et l'espérance, se mêlent au chaos et à l'avenir d'un monde en faillite. La soumission à l'ordre, l'impératif national, la fidélité au chef mènent à la tragédie. Voilà, comment on devient le commandant du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.



Parce que l'horreur de cette époque, pas si lointaine ; parce que, dans nos sociétés où les relents d'intolérance et d'impitoyable renaissent. Parce qu'il faut comprendre : comment une éducation militaire et rigide façonne des êtres froids sans objection de conscience, déshumanisé par la notion de devoir.



Parce que Robert Merle nous livre, ici, plus qu'un récit, plus qu'un témoignage, il nous livre l'Histoire. Et la vie.

Pour tout cela, il faut lire, ou re-lire, Robert Merle.
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Les Hommes protégés

A lire !



Ce livre m'a fait penser à une célèbre expérience de psychologie sociale réalisée sur les rats.

Pour faire court et simple : on a mis des rats dans une cage avec à un bout de la nourriture et des obstacles pour arriver à celle-ci. Très vite parmi les rats on retrouve un dominant, un dominé et un souffre-douleur.

Le plus étonnant dans cette expérience c'est qu'en ne mettant que des individus dominants, uniquement des dominés ou des souffre-douleurs, la même hiérarchie se remet en place après une nuit de combats.

Même en ne mettant que des rats dominés dans une cage on va retrouver ce schéma de dominant, dominé, souffre-douleur. Comme si, pour fonctionner, le groupe rats avait besoin de ce système de castes.

L'être humain étant lui aussi un être social, a t-il, comme le rat, nécessairement besoin d'un schéma identique ?



Peut-être que Robert Merle a pensé à cette expérience en écrivant ce livre.

Mais il a plus probablement été inspiré par les évènements qui l'entouraient.

Les hommes protégés date du milieu des années 70. A l'époque le Women's Lib (MLF en France) prend de l'ampleur. Les femmes se font entendre, les artistes s'insurgent. Quelques années avant les 343 salopes ont eu le courage de rappeler que nos corps nous appartiennent et que l'on en dispose comme bon nous semble.

C'est dans ce climat que Robert Merle écrit Les hommes protégés.

Je ne sais pas où il se place dans le débat - je n'ai pas fait de recherches - mais son livre fait clairement réfléchir et mériterait, encore aujourd'hui, d'être beaucoup plus lu, notamment dans les lycées où il pourrait donner naissances à de beaux débats.



Nous sommes aux États-Unis. Une maladie, l'encéphalite 16, se répand à une vitesse vertigineuse. Cette maladie ne touche que les hommes et les tue en masse en très peu de temps.

Les femmes se retrouvent, malgré elles, à devoir assumer toutes les plus hautes fonctions de la société. Et désormais, à la tête du pays, Bedford, une LIB dure.

Le Dr Ralph Martinelli, le premier a avoir découvert la maladie, est mis sous cloche avec d'autres hommes à Blueville, où il doit mettre au point un vaccin. Ils sont désormais les "hommes protégés".



Du monde extérieur nous n'aurons que quelques bribes, comme le Dr Martinelli. Comme lui, nous vivons dans le huis-clos de Blueville mais on devine toute l'horreur de ce qu'il se passe en dehors des murs de ce "château". Ce qu'il se passe à l'intérieur n'est pas plus réjouissant et nous ouvrons les yeux sur la réalité au même rythme que le protagoniste (quand il n'est pas en train de détailler ses congénères...).



Roman féministe ? Pour l'égalité des sexes ? Excuse à la misogynie ? Il y a de tout ça dans Les hommes protégés.

Si on sent bien parfois que Martinelli (et par là l'auteur) prend la mesure de toute l'injustice faite aux femmes, on sent aussi qu'il veut faire comprendre qu'il n'est qu'une victime d'une culture.

La guerre ou l'éducation ? Dans un cas comme dans l'autre, est-ce suffisant ? Ne sommes-nous pas comme les rats de l'expérience ?



L'auteur aborde beaucoup de thèmes (l'égalité des sexes bien sûr, mais aussi le racisme, les dérives de la science, le fascisme, les relations de couple, le rapport à la maternité...) et le fait avec brio.



La plume est fluide, agréable et belle.

Difficile de lâcher le livre quand on l'a commencé.

Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est un coup de coeur mais il l'a frôlé.



Je pensais n'avoir jamais lu Robert Merle mais en me penchant sur sa bibliographie grâce au challenge solidaire je me suis rendue compte que j'avais découvert Un animal doué de raison il y a fort fort longtemps. C'est très confus, je me souviens bien du nom des deux dauphins et il me semble que j'avais beaucoup apprécié à l'époque.

Après lecture de Les hommes protégés, j'ai très envie de relire ce titre et surtout Malevil qui me paraît lui aussi très très prometteur.



J'ai vraiment beaucoup aimé Les hommes protégés qui, près de 50 ans plus tard, sonne très actuel (et je ne suis pas certaine que ce soit une bonne nouvelle pour la cause féminine...).

Définitivement un titre à lire !
Lien : https://demoisellesdechatill..
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Week-end à Zuydcoote

Une relecture me permet de dire que c'est toujours d'actualité et que l'histoire est encore fraiche.

Un lecteur situe ce livre entre "Kaputt" et " l'étranger " pour le livre de Malaparte je comprend; encore que le réalisme de celui-ci est beaucoup plus féroce et morbide que celui de Merle par contre pour l'étranger je ne vois pas Pour la plage peut-être?

Je le situerai plutôt entre "les noces barbares " pour le viol, lieu et la période et "le caporal épinglé" de Perret pour la petite vie pépère de bidasses dont l'unique soucis c'est de casse-croûter avant le déluge

c'est intéressant de voir comment les personnages se positionnent par rapport à la guerre Un pacifiste qui se pose beaucoup de questions L'une d'elles et non pas des moindres est de savoir si il est lâche et qui se révolte contre l'absurdité de la guerre ( là surement c'est du Camus) un français lambda qui prend les choses avec pragmatisme, assure le dîner et imagine son futur ...après la guerre, un opportuniste qui envisage ses affaires et sa reconversion...après la défaite et mais pendant l'occupation et un curé, militariste , qui attend patiemment sa captivité sans trop d'états d'âmes car il croit

De beaux portraits d'hommes, une description très crue des blessures , mutilations terribles des soldats ainsi que leurs douleurs mentales

Une histoire d'hommes donc mais un livre extraordinairement féministe pour l'époque (...!) mais le titre est certainement un faux ami et j'ai du mal à me l'expliquer



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Malevil

J'ai été refroidie (Mais vraiment, genre douche glacée) à l'arrivée du premier personnage féminin "en âge".

Le sexisme (même pas latent. Le sexisme évidement, limite assumé) du récit dès son entrée en scène m'a scandalisé.

Avant, Le roman était presque exclusivement masculin, 6 hommes et une petite vieille, et je me disais avec un demi sourire qu'on ne risquait pas de passer le Bechdel.

A l'arrivée de la jeune fille, l'auteur aggrave son cas!

J'ai trouvé ça sur internet :

"Un des points négatifs de ce roman se situe d'ailleurs dans le rapport aux femmes et a leur place dans la communauté. Les rôles sexuels sont fortement différenciés. Les hommes ont le pouvoir et réalisent les taches prestigieuses ; au contraire, les femmes ne sont vues que comme des mères ou des partenaires sexuelles éventuelles. Les personnages féminins passent leur temps a faire la cour, l'amour ou la vaisselle. Elles ne parlent que pour séduire les hommes ou se livrer a des commérages. Elles n'ont pas voix au chapitre concernant la vie du groupe. D'ailleurs, la jeune et jolie Miette est muette. Alors que cette impression désagréable s'accroit au fil des pages, on ne comprend pas bien si Merle décrit la difficile situation des femmes dans une société pré-moderne ou s'il laisse simplement exprimer un sexisme inconscient et encore très présent dans une société moderne. "



Et je ne crois pas vraiment à une dénonciation de la difficile situation des femmes dans une société post-moderne.

Ce récit est une fiction.

L'auteur aurait pu donner la parole à des personnages féminins. Il aurait pu en inventer une (ou deux, ou trois) qui ne soit ni une mégère ni une poupée gonflable.

Il a décidé que la jeune fille serait MUETTE.

Pratique! Quel homme ne rêverait pas d'une partenaire sexuelle qui fait aussi sa lessive, Mais n'a pas de voix pour se plaindre ni gémir qu'elle a la migraine? Le paradis en quelque sorte! Dire qu'il n'a fallu qu'une petite apocalypse nucléaire pour que ces bonnes femmes retrouvent leur place!



La sexualisation et les sous-entendus autour d'un personnage de très jeune fille (14 ans) frôle la pédophilie. Mais à en croire l'auteur, c'est l'apocalypse! Il faut bien renouveler l'espèce, il serait malvenu de chipoter sur l'âge de cette gamine!



Par ailleurs, il se trouve dans le roman un traitement du viol comme jeu sexuel qui m'a fait froid dans le dos :

"-même que j'ai été violée, je suis quand même pas une putain.

- Mais j'en suis sûr, dis-je avec force. Ce n'est absolument pas ta faute, je n'y pensais pas!"

Je la prends dans mes bras, je lui caresse d'une main tremblante la joue et les cheveux. A cet instant, c'est surtout de la compassion que je devrais ressentir, mais je n'éprouve rien que du désir. Il me tombe dessus à l'improviste et me possède avec une brutalité qui m'effraie. Mes yeux se troublent, ma respiration change. Il me reste juste assez de lucidité pour penser qu'il me faut obtenir son consentement à tout prix et tout de suite, si je ne veux pas me mettre dans le cas de la violer à mon tour.

Je la presse. Je la somme de me répondre. Bien qu'elle soit passive dans mes bras, elle hésite, elle résiste encore et enfin quand elle acquiesce, c'est, je crois, davantage parce qu'elle est prise par la contagion de mon désir que persuadée par mes raisons. [...] On dirait que je l'ai enfermée, cette tendresse, dans un coin de ma conscience pour qu'elle cesse de me gêner. Et je prends Agnès avec rudesse, avec violence."



On peut traiter de la difficulté et de la violence des rapports humains suite à une apocalypse. Mais l'auteur ne dénonce rien. Il est d'une bonne foi affligeante.

Son protagoniste, Emmanuel, est un cas de Gary-Stu, à savoir un personnage idéalisé, admiré de tous, qui s'avère aussi compétente en agronomie, finances, arts de la guerre, stratégie, diplomatie, politique, religion, tout en étant irrésistible auprès des femmes de tous âges, respecté par ses pairs, d'une autorité naturelle, d'une intelligence hors norme, et d'un sens aigü de la justice.

Ou vraiment? C'est lui qui viole Agnès, ci-dessus, sans l'ombre d'un remord.



Et c'est ce cliché de personnage lisse de perfection qui me pousse à croire que les points de vue d'Emmanuel sont ceux de l'auteur : Emmanuel ne commet pas d'erreur de jugement, il est tout au long du roman une sorte de messie. Son point de vue est partagé comme celui du juste.



En plus de rendre le personnage insupportable, ça rend le roman illisible.
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Week-end à Zuydcoote

C'est la débâcle dans le camp des Alliés. Churchill met en place l'opération Dynamo, et toute la Royal Navy est mobilisée pour ramener les soldats britanniques en vue de la bataille d'Angleterre.

Les troupes françaises assistent, impuissantes, au départ des Tommys et aux bombardements Allemands.



Robert Merle raconte, demi-journée par demi-journées, un week-end dans la célèbre poche de Dunkerque, du point de vue d'un sergent Français. le sergent Maillat, tente de s'embarquer à bord de la Navy pour fuir les combats. Parallèlement, ses errements dans le village de Zuydcoote sont ponctués de rencontres, aussitôt oubliées, de soldats défaitistes…



J'ai eu du mal à m'enthousiasmer sur ce livre, pourtant écrit de façon dynamique.

L'auteur a certainement, délibérément, voulu éviter de refaire l'histoire, une nouvelle fois, de la Bataille de Dunkerque ; alors il a choisi de parler d'anecdotes en marge de la guerre et d'histoires individuelles.

Ce livre manque de sel, d'autant plus que les récits auraient pû être plus tragiques ; on dirait assister à un simple journal. Les émotions du personnage principal sont imperceptibles, car il raconte avec un détachement ennuyeux la mort qui siffle autour de lui et la disparition de ses compagnons.

Néanmoins, Robert Merle maîtrise très bien le délicieux argot de la bidasse ; les dialogues sont suffisamment mordants pour nous garder le livre ouvert ; mais de là à donner le Goncourt…





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Fortune de France, tome 1 : Fortune de France

Ce premier tome est agréable à lire. C’est un bon début. Il pose les bases et le contexte dont est issu le personnage principal et narrateur, Pierre de Siorac. Le roman nous raconte des événements historiques violents, confus – la guerre entre catholiques et protestants – mais pour une fois, du point de vue de la province.





J’ai déjà lu des romans sur cette même période, passionnante et violente à la fois, mais ils se passaient tous plus ou moins à Paris. C’est évidemment oublier la province qui a vécu ce conflit, différemment certes, mais qui l’a vécu.

C’est ce que j’ai beaucoup aimé dans ce livre. Bien sûr on entend parler de Catherine de Médicis, des rois, Henri II et Charles IX, mais le roman se concentre principalement sur la manière dont la campagne périgordine a vécu au cours de cette période. Et c’est particulièrement intéressant. On voit concrètement comment les campagnes et les villages étaient organisés. On se rend compte de la dureté de la vie dans ces régions. La misère parfois, le manque de travail pour certains, l’aisance pour d’autres, les liens entre seigneurs et les plus petites gens, le manque d’éducation des paysans, l’importance de la religion et des superstitions. Je me suis aussi vraiment rendue compte du fossé et de la distance géographique immense qui existait entre Paris et le reste de la France. Voilà une citation qui représente bien la réalité du royaume:

« Pour la plupart des Périgordins, le Roi était un personnage lointain que nul, sauf quelques nobles, ne verrait jamais, et qui comptait peu dans leur vie quotidienne, sauf au moment où les officiers royaux exigeaient d’eux la taille. Mais pour les réformés qu’il foulait sans merci, Henri II avait tout autant de réalité que les brodequins, l’estrapade, le chevalet, la flamme qui jaillissait des fagots ou la fumée qui répandait sur les villes l’odeur infecte de la chair brûlée. »



Un autre point que j’ai vraiment aimé et qui donne encore plus de réalisme au récit, c’est que l’auteur utilise le langage régional de l’époque. Il utilise le parler local du Périgord. Et c’est une idée géniale. Le ton est tellement particulier que l’on se prend dans l’histoire tout de suite. On a parfois droit à des expressions assez drôles et imagées. Voici quelques exemples de termes typiques que j’ai notés: une « garce » pour dire une femme, un « pitchoune » pour bébé ou encore un « drole » pour enfant.

J’espère que l’auteur gardera ce ton et ce langage dans les tomes suivants car cela donne encore plus de caractère à cette oeuvre qui traite d’une période qui a pourtant été vue et revue.



C’est un premier tome prometteur, qui a l’originalité de nous plonger dans le monde campagnard du XVIème siècle et de nous montrer un point de vue que je n’ai pas souvent eu l’occasion de rencontrer dans mes lectures traitant de cette époque.
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