L'étude des relations homme-robot est un sujet passionnant et un nouveau champ de recherche multidisciplinaire. On y retrouve le mélange de fascination et d'inquiétude que chacun peut ressentir au cinéma devant un film de science-fiction. Les ingénieurs sont en général de fervents défenseurs de la cause technologique qui libérerait les hommes et proposerait des solutions à leurs problèmes. C'est le cas de David Levy qui, dans son livre « Love and Sex with robots », se montrait très enthousiaste quand à la capacité des humanoïdes de répondre à nos besoins d'attention, d'affection et même d'amour.
Mais la technologie peut également nous asservir en nous rendant dépendant d'elle ! Ainsi les psys - même les plus technophiles comme Sherry Turkle - tirent la sonnette d'alarme. C'est également un avertissement que lance Serge Tisseron : « L'empathie entre l'homme et la machine pourrait constituer un piège redoutable ». Il en appelle donc à l'altruisme, à l'authenticité, à cette empathie morale propre à l'homme qu'il définit comme la « décision de nous orienter vers une utilisation de notre empathie émotionnelle et cognitive dans celui d'un bien vivre-ensemble plutôt que dans celui d'une manipulation permanente de notre entourage. ». A mon avis beaucoup de gens préfèreront leur propre bien-être avec leur robot à un bien-vivre-ensemble d'ores et déjà mis à mal par l'égoïsme consumériste et l'individualisme contemporain. Comme l'auteur le dit lui-même « l'homme est constamment partagé entre le désir d'emprise et celui de réciprocité ». Ce dilemme pourrait être résolu par des robots qui pourraient « satisfaire notre désir d'emprise tout en entretenant l'illusion de la réciprocité ». Sherry Turkle pense quand à elle que ces « robots sociaux » pourraient nous offrir le plaisir de leur compagnie sans le poids de la responsabilité ou d'une intimité qui nous effraie. L'enfer c'est les autres ; le paradis (artificiel), c'est les robots.
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un beau livre , plein de réflexion sur ce qu'est l'acte de prendre une photo ! parfois un peu compliqué et lourd a lire , cela reste néanmoins un écrit interessant !
Seule remarque, beaucoup de réflexions sont à revoir à l'air du numérique !
mais je le conseil pour les amateurs de théorie et de photographie.
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Serge Tisseron est psychiatre et psychanalyste. Passionné par l'univers de Tintin, il affirme avoir découvert le « secret » d'Hergé dans les années 1980, avant même que la biographie de ce dernier ne soit révélée, à l'aune de sa propre histoire familiale. Il a déjà consacré plusieurs ouvrages aux aventures du jeune reporter : Tintin chez le psychanalyste et également Tintin et les secrets de famille. Dans un autre genre, Comment Hitchcock m'a guéri me tente bien !
Selon sa théorie, Hergé aurait projeté de manière inconsciente ses interrogations identitaires dans les albums mettant en scène Tintin. Etayant son propos à l'aide désormais de la biographie d'Hergé – vocabulaire psychanalytique à l'appui – Serge Tisseron nous dévoile des échos troublants entre la vie de l'auteur et son œuvre. « Et d'ailleurs, pourquoi penser qu'un créateur soit le mieux placé pour nous parler de son œuvre ? N'y a-t-il pas justement une part de lui-même qui s'y trouve à son insu ? C'est cette part que je décidai de traquer. » On retrouve ainsi dans les albums des personnages qui évoquent symboliquement certains membres de la famille d'Hergé ; le trio amical Tintin-Haddock-Tournesol renverrait à l'auteur lui-même, à divers degrés de maturité.
Au-delà du postulat de départ – les aventures de Tintin constitueraient la représentation métaphorique et involontaire du secret de famille d'Hergé -, ce qui m'a séduite, c'est surtout le fait de me plonger à nouveau dans les aventures de mon héros préféré puisqu'il y a de nombreuses vignettes extraites des albums. C'était donc agréable de retrouver des bribes de mes lectures enfantines. Tintin fut longtemps ma lecture de prédilection, détrônant même la comtesse de Ségur et Le club des cinq !! Par ailleurs, j'ai apprécié l'analyse des personnages et de leur évolution au fil des albums, leurs relations, les éléments biographiques concernant Hergé – sa vie de famille, ses lectures. Le décryptage de certains éléments m'a semblé passionnant : ce que cache l'ascendance noble du capitaine Haddock, le symbolisme lié à la surdité de Tournesol notamment. Une étude qui m'a révélé que je portais toujours sur Tintin un regard émerveillé d'enfant ! Un univers à redécouvrir donc...
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On connaît Serge Tisseron pour son intérêt inépuisable dans deux domaines : la bande dessinée et les impacts de plus en plus massifs de l'informatique dans la vie quotidienne.
Il aborde ici un phénomène qui peut sembler anecdotique : "les machines parlantes", et le risque d'emprise des robots "de compagnie " et des enceintes connectées.
Un sujet que Stanley Kubrick avait déjà pressenti en 1968 dans le film "2001 l'odyssée de l'espace ", où on voit le super ordinateur Hal 9000 tenter de prendre le pouvoir au cours d'un voyage spatial. Cet ordinateur est doté de la parole, il a reçu une forme d'éducation pour s'adapter à toutes les situations et répondre à toutes les questions.
Depuis, cette situation peut nous concerner, nous autres simples Terriens, depuis que les enceintes connectées commencent à s'installer dans nos foyers.
Elles portent de jolis prénoms et sont prêtes à exécuter des tâches ou à répondre à nos questions. Déjà les smartphones nous proposent une commande vocale "allo google ", et l'application GPS nous guide dans nos trajets en voiture.
Il devient alors tentant d'attribuer à ces machines parlantes un esprit, une personnalité, et pourquoi pas des émotions. Des robots font leur apparition dans les Ehpad ou au domicile des personnes âgées dépendantes.
Des parents achètent des machines à raconter des histoires ou chanter des comptines. Les utilisateurs vont-ils développer une forme d'attachement envers ces objets que les concepteurs essaient de rendre bienveillants, toujours disponibles, "empathiques"?
On se souvient de la mode des Tamagotchis, créatures virtuelles qu'il fallait soigner et nourrir comme des chatons. Ce petit gadget n'était qu'une étape vers un mode de relations humain /machine, de plus en plus interactif.
Car les enceintes connectées ne font pas que se plier à nos besoins. Elles enregistrent et transmettent nos données les plus intimes, les plus détaillées, à ceux qui nous les vendent. Elles pourraient donc, par le jeu des algorithmes, traiter ces données, connaître en détail nôtre profil, et éventuellement influencer nos décisions. Et pas seulement sur le choix du programme télé.
En outre, quel sera l'effet de l'utilisation de ces machines sur les enfants?
Vont-ils s'habituer à des nounous mécaniques capables de préparer et donner un biberon, surveiller les devoirs, conduire à l'école? Vont-ils s'attacher à leur robot qui parle si affectueusement et ne se fâche jamais ?
Ces craintes me paraissent fondées. Il y a d'un côté des géants d'Internet avides de données personnelles, et de l'autre une génération avide de technologies, des jeunes parents qui font confiance à des caméras de surveillance pour les prévenir à distance que bébé est réveillé, pendant qu'ils se promènent dans le quartier. Ils pourront maintenant lui parler grâce aux enceintes connectées.
La prochaine étape sera de greffer des puces et des électrodes dès la naissance pour encore plus d'efficacité!
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Je ne suis pas convaincue par cette théorie de la résilience mais cet ouvrage est très bon. En même temps que celui-ci, j'en lisais un sur le même sujet, très mauvais et beaucoup plus long.
C'est très clair, et très finement analysé.
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un livre que je ne lirais pas, je veux garder Tintin comme un personnage de BD qui a accompagné ma vie. Même si j'adore Serge Tisseron
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Still-Life , in situ, nature morte. Les photographies d'Eric Pillot ont l'élégance d'un tableau de Ludin Bauguin. Quelques siècles les séparent, bien sur. Mais le tempérament de leur oeil est le même.
Les sujets sont ils si éloignés ? Pièces déposées, mise en place, en situation, en situation de..
d'être regardé ? Qu'attend donc ici mon regard ? Architecture du vide et de l'instant. Quelle distance définit mon regard ? Quelle est ma venue dans cet espace advenu ? Quelle est ma place ? Quelle est la prospective de ma propre perspective..
Et puis cesser de tourmenter. L'image, l'animal et puis l'autre.
Regarder seulement. Ouvrir ses yeux. Comme on ouvre ses mains, ses oreilles. Se rendre.
L'artiste saisit.
Se taire peut être, pour respecter le geste des lieux. Ressentir, renaitre, ...still-life..., enfin voir ce qui nous échappe.
Astrid Shriqui Garain
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Serge Tisseron, psychanalyste, est surtout connu pour ses ouvrages sur Hergé et Tintin ("Tintin chez le psychanalyste" et "Tintin et le secret d'Hergé"). Dans cet ouvrage c'est lui-même qu'il met en scène en rendant à Hitchcock ce qu'il lui doit, c'est-à-dire la compréhension du mal-être de son enfance.
Pendant longtemps Tisseron a cru être à jamais marqué par la mort de son grand-père alors qu'il avait deux ans. Mais les films de Hitchcock lui font éprouver des émotions violentes jusqu'à ce qu'il découvre que les regards froids des héros hitchcockiens le ramènent au regard de sa mère pendant son enfance, notamment quand il a failli se noyer.
Sa théorie sur le pouvoir des images est vraiment intéressante et chacun peut y trouver des exemples dans sa propre histoire.
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Serge Tisseron nous fournit de nouvelles clefs pour décrypter l'œuvre d'Hergé sur laquelle beaucoup a déjà été dit.
On y trouvera une gémellité qui aurait donné naissance aux policiers Dupont et Dupond, des secrets de famille, un rapport aux femmes dans la famille qui éclairerait la Castafiore d'un jour nouveau.
Un ouvrage intéressant réalisé par un psychiatre de renom qui complète utilement la lecture des albums du jeune reporter sans vraiment la bouleverser.
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Abandonné, moins qu'à moitié lu, après 7 semaines. Je n'ai jamais pu embarquer dans son jeu de dénigrement de ceux qui n'ont pas pu se plier au narratif dominant, voire narratif étatique imposé. Non seulement c'est une insulte au libre arbitre des lecteurs mais c'est aussi une insulte à tous les soignants, chercheurs, politiciens qui ont soulevé des questionnements légitimes.
Ça n'enlève rien à ses qualificatifs professionnels dans la description de ce qu'est le déni. C'est l'application à la situation que je trouve fautive.
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Dans presque toutes les familles, il existe un secret qui affecte une génération ou une autre, et qui peut avoir des retombées sur tout le monde. Ce secret « suinte » à travers de subtiles distorsions entre le verbal et le non-verbal, qui peuvent échapper aux adultes, mais pas aux enfants. Il y a toujours des bons prétextes pour taire ces secrets, notamment le (soi-disant) intérêt de l'enfant. Mais celui-ci est miné par le tabou qu'il a pressenti devant les embarras (plus ou moins visibles) des grandes personnes. Il est insécurisé, il fantasme, il va jusqu'à culpabiliser. La rupture du secret est nécessaire pour l'enfant, mais souvent très difficile pour l'adulte.
Le psychiatre Serge Tisseron étudie les divers aspects des secrets de famille, dans un langage qui ne m'a pas semblé abscons. Il s'appuie sur de nombreux exemples, dont certains m'ont paru très probants. Cet ouvrage est court et lisible. Il peut favoriser la réflexion et surtout la solution de problèmes en suspens au sein de la famille.
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique. Je tiens donc à remercier les éditions de Boeck et Babelio.
La lecture de cet ouvrage collectif m'a permis d'appréhender ce phénomène d'accumulation des objets sous divers aspects : sociologiques, anthropologiques, historiques, philosophiques et marketing. Il m'a aussi permis de comprendre tous les enjeux générés par cette accumulation d'objets.
Je dois avouer que si j'ai été surprise et intéressée par certains chapitres, j'ai totalement décroché avec d'autres. Tout est une question de terminologie, de vocabulaire qui rendent accessibles ou non les propos à la béotienne que je suis. A mon sens, certains chapitres s'adressent uniquement à un lectorat spécialisé.
J'ai découvert les enjeux des contenants (sacs plastiques, sacs à main), les différences entre collectionneurs et accumulateurs, l'histoire de la consommation post-apartheid en Afrique du Sud, l'historique de la mise en place des hommages dans les commerces. Et ma curiosité a été satisfaite en bien des points.
Par contre, ce qui a trait au marketing et à la philosophie des objets, ne m'a pas vraiment parlé. Un vocabulaire très pointu, la complexité des propos m'ont laissée sur la touche.
Une lecture instructive sur certains points. Un ouvrage d'honnête facture qui s'adresse toutefois davantage à des spécialistes qu'au grand public.
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Boulimie d’objets
7h30- Sac à main (ok) ; sac à déjeuner (ok) ; dossiers (ok) ; ordinateur (ok)… parée pour la journée. Heu, mes clés ! Maison (ok) ; bureau (ok) ; voiture (ok). Allez j’y vais ! Heu… Un manteau, peut-être, il fait frisquet… parapluie ? oui, on n’sait jamais ! Le sac de sport ! J’allais oublier ! Bon, j’y vais, je vais être en retard ! Les papiers de la voiture, je les ai replacés ? Oui, c’est bon ! Ah ! La carte bleue ! Je dois passer faire des courses… Pfff les courses ! ‘faut que je prenne les sacs alors, allez hop, tout ça dans le coffre ! Sauf le sac à main, ça peut servir sur la route…
Un dernier regard circulaire dans la salle à manger… tout est à sa place ? ça ira pour aujourd’hui, sauf, peut-être les télécommandes, en bazar sur le canapé, comme d'hab'… rhhh je peux pas les laisser là ! Et les chaussons ? qu’est-ce qu’ils font là, les chaussons ? Hop, vite fait dans le meuble à chaussures ! Mais c’est quoi ce truc ? La montre de Valérie, elle l’a oubliée hier, je la prends, je la lui déposerai au passage. Et ce carton, il m’énerve à rester là depuis des lustres ! Il faut vraiment que je m’en occupe ! Les vieilleries, ça dégage ! Sauf le service de Mamie, ça, le service de Mamie, je le garde, ça se garde des trucs comme ça, je vais lui trouver une petite place… vite, vite, l’heure tourne ! C’est parti ! Je prends juste un p’tit bouquin, si y’a de l’attente, ça m’occupera. Hop hop hop ! J’m’arrête deux secondes à la boîte aux lettres, on n’sait jamais si ma commande est arrivée, ce serait trop cooOool ! Bah, je ne pourrais pas m’empêcher de l’ouvrir si elle est arrivée, bonjour le retard ! ‘vaut mieux pas regarder, alors ! zou ! C’est parti !
Oulah ! J’allais oublier ! « Les enfants ! On y vaaaaa ! »
Alors, les enfants… cartable (ok), goûter (ok), carte de bus (ok), clés (ok), manteau, écharpe, bonnet, gants, les deux gants ! Il est passé où ton deuxième gant, ma puce ?
pffffffffffffffffffffff
Et c’est comme ça tous les jours, sauf le dimanche ! Car le dimanche, c’est jogging matinal, mon p'tit moment rien qu'à moi, sans AUCUNE contrainte ! Survêt (ok), baskets (ok), MP3 (ok), écouteurs (ok), téléphone portable (ok), brassard (ok)… mais bon, j'ai entamé une thérapie depuis quelques temps, avec Valérie Guillard et son équipe... déjà, j'ai pris conscience du problème !
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Vous trouverez ici de quoi rassurer les parents face aux jeux vidéos, quelques aides pour expliquer et comprendre certains bienfaits que ces derniers peuvent apporter. Des conseils pour aider à décrocher pour les plus accros. Un livre bien écrit, fluide dans la lecture. Serges Tisseron s'intéresse à un sujet lourdement diaboliser.
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C'est une réalité : les écrans font partie de notre quotidien. Il ne s'agit pas de s'en effrayer mais d'apprendre à mieux les utiliser, à mieux vivre avec les écrans. Serge Tisseron propose un chemin aux parents, aux enseignants, aux associatifs de l'éducation populaire, afin de faire en sorte que les enfants qui ont aujourd'hui 3 ans ne fassent pas seuls l'apprentissage des écrans.
Il démontre comment la culture des écrans interactifs complète la culture du livre : l'intelligence spatialisée contenue dans l'une ne saurait se passer de l'intelligence narrative de la seconde.
Avant 3 ans, l'enfant a besoin de construire ses repères spatiaux et temporels. C'est pourquoi il faut éviter la télévision et les DVD, dont les effets négatifs sont démontrés. En grandissant, l'enfant sera confronté aux écrans : invitons le à parler de ce qu'il y a vu et de ce qu'il y a fait, afin qu'il opère une construction narrative à partir de la pensée intemporelle qui est celle des écrans.
Les quelques conseils de l'ouvrage invitent à ne pas diaboliser les écrans : au contraire Serge Tisseron en présente les avantages, évoquant par exemple les capacités de création numérique dont font preuve les jeunes adolescents d'aujourd'hui. Les notions d'entraide et de travail collectif commun sont au cœur de certaines pratiques numériques.
Afin de ne pas rester sur le banc de touche, l'Education nationale doit doublement s'adapter : non seulement elle a un rôle important à jouer dans l'éducation à Internet (S. Tisseron développe ici la notion d'extimité, évoque les questions de droit à l'image, invite à expliquer aux jeunes le fonctionnement des réseaux sociaux et des sites participatifs et les modèles économiques qui se cachent derrière), mais elle se doit aussi d'adapter l'enseignement aux changements d'esprit des élèves. L'essai se clôt par des exemples d'activités qui ont pu être mises en place à l'échelle locale et nationale.
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Un livre très complet qui démontre comment les secrets de famille finissent toujours par ressortir sous une forme ou sous une autre. À noter que Serge Tisseron, en tant que véritable spécialiste de Tintin, ne se lasse jamais de puiser des exemples dans la vie d'Hergé et les personnages qu'il a créés.
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