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Critiques de Viola Ardone (375)
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Le train des enfants

Ma libraire m'a carrément mis cet ouvrage dans les mains ...si , si je vous assure . Ah ben oui , ça se passe comme ça et comme je suis bien élevé, obéissant, timide , ben je me suis laissé faire . Vous pensez que je suis "faible" et que les femmes me mènent par le bout du nez , tout faux . Non , ma libraire , elle a un goût incroyable ( pour les livres , hein , pour le reste , je ne sais pas ... ) Et le court résumé qu'elle m'a fait m'a séduit. D'ailleurs , le résumé qu'elle m'a fait , vous le trouverez sur la quatrième de couverture , ça devrait largement suffire pour vous intriguer .Ah , oui , et puis le bandeau rouge ...un adjectif qualificatif , " bouleversant " , un roman bouleversant , je confirme . Mais attention , pas de mélo, pas de pathos , pas de bons sentiments " mode Bisounours " , non , rien à voir . On rit , on est grave , on est ému, on réfléchit , on poursuit l'aventure du petit Amerigo . On est en 1946 , il a huit ans ....Et c'est lui qui se raconte , qui raconte sa mère, ses copains, ses joies , ses chagrins , ses peines , ses regrets . Une petite voix de huit ans avec des mots et des phrases que seuls les enfants sont capables d'utiliser ...Vous aimez l'émotion, les émotions, vous êtes au bon endroit ...

Vous allez en avoir pour votre argent . le petit , c'est un peu le " Peppino des Choristes " , l'émotion, celle qui fait vibrer comme dans " le grand chemin" au cinéma...

Tous les personnages sont attachants , dépeints sans fard dans des situations parfois sobres ou ambiguës. Des personnages délicats, ni tout blancs , ni tout noirs , simplement humains .Et que dire de la relation Antonietta- Amerigo ? Que dire ? Ben rien , rien du tout . Ce livre ne se " divulgache pas " , il se prend sur un rayon , il " saute dans vos mains " et , pour le reste , c'est une histoire extraordinaire entre lui et vous , ou plutôt entre vous , Amérigo et tous les autres . Je vous laisse car je serais tenté de vous en dire trop et ça, pour moi , ce serait vous gâcher l'immense bonheur de lecture qui vous attend .Un crime .

Ah , une dernière chose .Sur le bandeau , on lit " un succès mondial " .Vous ne voudriez tout de même pas passer à côté ? La PAL ? Oui , bien sûr mais , ce livre , on le commence , on le finit (à regret ..) dans la foulée.

PS: Naples , communistes , train ,misére , fils , mère , sud , nord , 1946 , bouleversement , violon , mortadelle , repères, basso,

ruelle , sauce genovese et chaussures , oui , chaussures .....Ça vous intrigue ? Moi aussi...mais je me comprends .

Superbe , tout simplement.



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Le train des enfants

Quelle histoire que ce Train des enfants que nous raconte Viola Ardone ! Une histoire qui est un roman, un roman basé sur l'Histoire, sur un épisode méconnu de l'après-guerre. En 1946, un an après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les camarades du Parti communiste italien et l'Union des femmes italiennes ont eu l'idée d'envoyer dans le nord de l'Italie où la nourriture était plus abondante le maximum d'enfants défavorisés issus des villes du sud. Et ce sont en train que pas moins de 70 000 enfants de quatre à dix ans ont pu ainsi être acheminés, afin qu'ils soient logés, nourris, blanchis et instruits, vers ces familles d'accueil, pendant quelques mois.

S'inspirant de ce fait historique, l'auteure nous raconte comment Amerigo Speranza, 7 ans, qui vit avec sa mère Antonetta, n'a jamais connu son père ni son frère Luigi mort d'asthme bronchique va se retrouver le coeur coupé en deux. Son surnom est Nobel car il connaît déjà beaucoup de choses et s'il ne sait pas encore lire, il se défend très bien avec les chiffres et se débrouille déjà à récolter de vieux chiffons que sa mère lave et réussit à revendre ce qui leur permet de survivre. Très rusé, il n'hésite pas avec son copain Tommasino à capturer des rats, à les peindre en blanc et marron avec du cirage à chaussures, leur couper la queue pour les faire passer pour des hamsters, très prisés par les dames riches « qui n'étaient plus tellement riches » à qui ils les vendent. C'est sans compter sur une averse subite qui ne leur laisse pas le temps de mettre leur étal à l'abri et ainsi révèle la supercherie. Telles étaient les astuces pour ces familles et ces gamins des « bassi », ces vieux quartiers populaires de Naples pour subsister.

Mais un jour de 1946, quand Maddalena Criscuolo, figure du parti communiste napolitain pour actes de résistance pendant la guerre, proposera à Antonetta d'emmener Amerigo dans le Nord, celle-ci bien que très réservée, car de nombreuses rumeurs circulent, accepte pour donner à cet enfant qu‘elle chérit toutes ses chances. Lors du départ, le fait de retrouver dans la file d'attente Tommasino, son copain et Mariuccia, la fille du savetier rassure un petit peu l'enfant.

Ainsi, Amerigo sera accueilli à Bologne par Derna, et confié pendant qu'elle travaille aux cousins de celle-ci Rosa et Alcide et leurs trois enfants.

Quatre parties composent ce roman, la première décrit la vie dans le basso à Naples jusqu'à l'opportunité offerte aux familles d'envoyer leurs enfants dont Amerigo vers le Nord dans des familles plus aisées, la deuxième permet de le suivre dans sa famille d'accueil, la troisième raconte son retour chez sa mère et la dernière, intitulée 1994, l'homme qu'il est devenu.

C'est un roman très riche et ô combien bouleversant.

Il est d'abord le constat de la misère qui sévit notamment dans le sud de l'Italie à la fin de le Deuxième Guerre mondiale mais aussi de la générosité et de la solidarité dont ont fait preuve de nombreuses familles italiennes.

Il est également un grand roman psychologique qui interroge sur le ressenti qu'ont pu avoir ces tout jeunes enfants obligés de quitter leur famille pour partir ailleurs, sans savoir où, le sentiment d'abandon qui les a nécessairement envahis puis l'arrivée dans un nouveau foyer avec de nouvelles règles à s'approprier. Qu'en a-t-il été également des parents qui ont dû, par amour pour leurs enfants, s'en séparer pour leur bien-être et assister à leur départ?

Pour ce qui est du retour, Viola Ardone montre avec beaucoup de finesse combien il a dû être difficile pour beaucoup, après s'être attachés à leur famille d'accueil de la laisser et de rentrer dans leur foyer et retrouver, certes l'amour de leur famille mais à nouveau des conditions difficiles et comment ils ont dû se retrouver partagés entre leurs deux familles aux modes de vie si différents. L'écrivaine a su, en choisissant de suivre le parcours de plusieurs enfants, montrer, selon le caractère de l'enfant et son environnement familial, tout ce que cette expérience avait pu avoir des répercussions tout à fait différentes selon que les liens entre les deux familles avaient pu être préservés ou non.

En se mettant à hauteur d'enfant et en donnant la parole à Amerigo pour nous raconter son histoire, Viola Ardone a trouvé le ton juste pour nous faire partager toutes les difficultés et les multiples émotions auxquelles il a été confronté. Une belle réussite !

J'ai bien apprécié les quelques couplets de chansons de lutte italiennes qui contribuent à renforcer ce sentiment de solidarité et une note joyeuse bienvenue.

Ce très beau roman, touchant, bouleversant, déchirant, tout en abordant des sujets très graves et très sérieux réussit à nous balader entre le sourire et les larmes dans un monde de tendresse où l'émotion est omniprésente.


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Le train des enfants

Le Train des enfants, roman plein d’humour, de tendresse et d’émotion qui met en lumière un moment d’Histoire trop vite oublié, m’a emmené dans cette Italie de l’après seconde guerre mondiale, à Naples.

Dans cette ville, comme dans le sud du pays, une grande partie de la population vit dans la misère. Les enfants ont faim, ne sont pas scolarisés, vivent de chapardages ou de ce qu’ils peuvent trouver en accomplissant de petits boulots.

Le Parti Communiste italien (PCI) est sorti grandi de la défaite du fascisme. Ses responsables décident alors de sauver un maximum d’enfants de la misère et de la faim. Pour cela, ils trouvent des familles du Nord pour accueillir, nourrir, choyer ces gosses pendant l’hiver qui approche.

Celui qui raconte, Amerigo Speranza, est d’une spontanéité, d’une franchise impressionnantes. Il observe constamment les chaussures que portent les gens, lui qui marche trop souvent pieds nus. Viola Ardone le fait parler alors qu’il a huit ans et que les bruits les plus fous circulent, mensonges propagés par les anti-communistes, les royalistes… Ils font croire aux gosses qu’ils vont partir en Russie, qu’on va leur couper la langue et les mains, les manger, etc…

Enfin, c’est le départ, en train. Amerigo se rassure auprès de Tommasino et Mariuccia, deux camarades de son quartier. Ils sont impressionnés par les chansons : « bella ciao, ciao ciao » ou encore « sebben che siamo donne, paura non abbiamo, per amor dei nostri figli, per amor dei nostri figli… », c’est La Lega, fameuse chanson des mondine, ces piqueuses de riz de la vallée du Pô en révolte contre les patrons, reprise ensuite par toutes les femmes en lutte contre les injustices.

Maddalena Criscuolo les a bien préparés. Maurizio les a même dessinés. Au dernier moment, ils ont jeté leurs manteaux tout neufs depuis le train pour ceux qui restent et les voilà, après un long voyage, en gare de Bologne où l’accueil est festif. Les familles d’accueil récupèrent l’enfant qui leur a été attribué. Amerigo est chez Derna, militante syndicale qui vit seule à Modène mais, en face, Rosa, sa cousine, et Alcide, son mari, avec leurs trois enfants : Rivo (10 ans), Luzio (7 ans) et Nario (pas un an) – essayez de réunir ces trois prénoms… - deviennent une belle famille d’accueil pour Amerigo.

Grâce à Alcide qui est accordeur de pianos, Amerigo découvre la musique, les instruments, le violon. Il se distingue à l’école, découvre le potager, les animaux de ferme et surtout mange à satiété, est bien habillé. Quand il retrouve Mariuccia, il réalise qu’elle est belle et que Tommasino a même grossi !

Enfin, c’est le retour à Naples et quand Amerigo raconte ce qu’il a vécu à sa mère, celle-ci ne l’écoute pas. À partir de là, le roman devient beaucoup moins amusant.

Grâce au talent d’écriture de Viola Ardone et son excellente traduction par Laura Brignon, je ressens toute la frustration de ce garçon qui aime sa mère, apprécie sa ville mais regrette tout ce qu’il a connu dans le Nord du pays. De vexation en privation, il sent monter en lui une profonde amertume qui ne peut que déboucher sur une seule issue.

Dans la quatrième partie de ce roman si émouvant, Viola Ardone fait un grand saut dans le temps. Toujours à Naples, notre narrateur se confronte à son passé, aux échecs, surtout aux non-dits. Même s’il n’est jamais trop tard, que de regrets après tant d’années passées chacun dans son monde sans pouvoir communiquer !

Même si l’amour est toujours le plus fort, il est impossible de ne pas être touché, bouleversé même par ces échanges manqués ou refusés avec ceux qu’on aime. La vie puis la mort accomplissent leur œuvre. D’autres prennent notre place mais avant de nous en aller, essayons de le faire avec le moins de regrets possible, à condition de savoir et de pouvoir écouter.


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Le choix

J’avais beaucoup apprécié Le Train des enfants et je me suis à nouveau régalée avec Le Choix de Viola Ardone. Il faut souligner que la romancière excelle à mêler fiction et Histoire.

Dans ce dernier roman, l’auteure ne rappelle pas un fait précis de l’Histoire, mais fait référence à une période s’étendant des années 1960 à 1980. La vie et la jeunesse de son héroïne Oliva se déroulant dans ces années-là, dans un petit village de Sicile, c’est toute la condition féminine, les contraintes et le carcan sociétal qui pèse sur les femmes à cette époque qui sont développés ainsi que la lutte menée pour changer les lois.

C’est donc dans cette Italie du Sud, à Martorana que nous faisons connaissance avec Oliva cette jeune ado de quinze ans qui vit au sein d’une famille modeste. Avide de liberté, enfant, elle aime courir à coupe-souffle, aller à la chasse aux escargots avec son père ou jouer avec son ami Saro à trouver des formes aux nuages. Elle aide aussi sa mère à broder les trousseaux d’autres filles et est également une élève studieuse qui admire sa maîtresse, Madame Rosaria.

Après avoir réussi son brevet, elle demande à poursuivre ses études et son père l’inscrit à l’école normale, ainsi pourra-t-elle être institutrice et indépendante.

Elle est élevée de façon très stricte par une mère qui ne cesse de lui asséner les bonnes règles à ne pas enfreindre, étroitement surveillée par celle-ci et chaperonnée par son frère jumeau. Mais, quand un jeune m’as-tu-vu du village se met à lui tourner autour, les langues coupantes vont s’en donner à cœur joie et les choses vont alors mal tourner jusqu’à l’insoutenable. Elle va devoir accepter de l’épouser « Une fille, c’est comme une carafe : qui la casse la ramasse » lui a répété si souvent sa mère. Oliva se retrouve donc à devoir faire un choix : épouser cet homme pour que tout rentre dans l’ordre ou refuser et porter plainte et être alors une réprouvée...

Si la première moitié du roman m’a paru un peu longue, elle permet de bien faire connaissance avec Oliva, sa famille, ses amis, le poids de la religion et ces traditions ancestrales concernant l’éducation des filles. Quand tout bascule et qu’Oliva se rebelle et ose même se rendre chez le juge, on entre alors dans une phase active. On assiste à la transformation progressive d’Oliva dont le caractère s’affirme de plus en plus et dont on ne peut que saluer le courage. La mise en relation avec une militante de l’Union des femmes italiennes par Calo, le père de son amie Liliana la fortifiera dans son choix.

Viola Ardone réussit à camper des personnages tout en nuances, aux facettes multiples, pas figés et qui évoluent au fil de l’histoire. On voit ainsi la mère, Amalia, gardienne des traditions, prendre peu à peu fait et cause pour sa fille et la soutenir et lui montrer enfin son amour.

Quant au père, Salvo, cet homme taiseux, contrairement à la majorité des hommes du village et aux traditions bien ancrées, il essaie de comprendre sa fille et de la guider.

Grâce à une fiction, Viola Ardone réussit à mettre en scène ce combat si difficile que les femmes ont dû mener pour se soustraire au joug masculin et au patriarcat, combat jamais gagné définitivement. Il est hélas encore en cours dans de nombreux pays.

Elle montre aussi comment les femmes, elles-mêmes, les mères, en éduquant leurs enfants, participaient à la pérennité de ces modes de vie en faisant respecter ces règles.

Le Choix est un hommage à toutes celles qui comme Oliva ont eu le courage de se lever et osé dire : NON.


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Le choix

« Tout n'est que sujet de douleur pour elle: la lumière du matin qui entre à travers les persiennes mis-clos, le corps de mon père qui ronfle allongé à côté d'elle, ma maigreur informe, le travail aux champs, la sécheresse…. »,

Dans les années 60, Oliva une jeune fille de quinze grandit dans la campagne sicilienne entre une mère malheureuse qui le projette expressément sur sa fille, et un père silencieux, mais bienveillant et doté de bon sens. À une époque où les femmes vivent et sont forcées de vivre encore comme des poules en cage, et ne servent qu'à faire la domestique, assouvir les désirs sexuels des mâles et engendrer des enfants, Oliva, elle, rêve de liberté….



Ce second livre non encore traduit de Viola Ardone, écrivaine napolitaine , connue et très appréciée sur Babelio pour son premier livre « Le train des enfants », traite ici un sujet déjà maintes fois utilisée par les écrivains d'Italie du Sud : la condition de la femme

au siècle dernier dans leurs contrées. « La femme au singulier n'existe pas », on marie les filles à quinze ans avec des complèts inconnus et si elles sont violées les marier avec le violeur est la seule solution pour sauver leurs honneurs. Alors qu'aujourd'hui en lisant dans les journaux, une situation similaire en Afghanistan ou au Pakistan on est sidéré. Malgré le “déjà lu” du sujet, la version d' Ardone lui donne un nouveau souffle. Sa prose simple mais riche en un vocabulaire d'une grande précision reflètent superbement le désarroi d'Oliva, la sagesse du père, le conformisme malsain de la mère, le venin des mauvaises langues du village……Une construction habile alterne dans les trois premières parties, passé et présent, l'apparence ou l'imaginaire avec la réalité, comme Oliva en narratrice, et dans la dernière et quatrième partie donne la parole aussi au père silencieux qui fait écho à sa fille. S'y ajoute un rythme réglé au métronome qui renforcé par un incident vers la fin de la deuxième partie, accentue l'ampleur de la tragédie. Ardone touche à des points importants. Rien de nouveau mais bon à se remémorer: c'est la femme en général qui éduque les enfants, fille ou garçon, et c'est à elle de faire l'effort nécessaire pour que le garçon respecte les filles et vice versa et encourager les filles pour leur indépendance / On ne peut contrôler la vie de ses propres enfants au nom de sauver les apparences et respecter les règles sociales souvent archaïques / « Aucune femme n'est fragile: est fragile uniquement qui est exposé à l'injustice »…..

Un roman poignant, superbement écrit, et à l'heure que le taux de féminicide augmente en Italie, un rappel à toutes les femmes qu'il faut savoir dire NON ! Une lecture que je conseille vivement, et dont la traduction je pense ne tardera pas vu le succès de son premier livre en France.



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Le train des enfants

Naples, 1946. Au cœur des ruelles des Quartiers espagnols, Amerigo peine à suivre sa maman, Antonietta, qui marche d'un pas vif. Ils ont rendez-vous chez une certaine Maddalena Criscuolo. L'enfant ne comprend pas tout le sens des paroles échangées mais il y est question de trains spéciaux, de cadeau fait aux enfants, de honte que certains ressentent. Une fois sortis de là, Amerigo sent que quelque chose cloche : sa maman lui offre une pizza frite en pleine matinée. Il est, évidemment, surpris, lui qui n'a jamais eu de cadeau, ni beaucoup de tendresse. Dans son quartier, des rumeurs circulent. Certains disent que les enfants seront envoyés en Amérique pour trimer, d'autres affirment qu'ils iront en Russie pour être cuits dans des fours. Son copain, Tommasino, lui, est certain qu'il ne partira pas, sa maman ayant trop besoin de lui. Et pourtant, il partira dans le Nord de l'Italie, tout comme Amerigo, dans une famille désireuse d'aider celles, plus pauvres, du Sud...



Au cœur de ce roman, Viola Ardone revient sur un fait historique assez méconnu : "Les trains du bonheur". Après la guerre, l'Union des Femmes Italiennes, en collaboration avec le parti communiste, organise des convois d'enfants pauvres du Sud afin qu'ils soient accueillis dans des familles du Nord, plus aisées, où ils pourront être habillés et nourris correctement et fréquenter l'école. Soixante-dix mille enfants seront ainsi acheminés. de ce fait, l'auteure imagine et raconte l'histoire d'Amerigo. Petit garçon âgé de presque 8 ans, il vit auprès de sa mère qui peine à ramener de l'argent à la maison, son père étant, aux dires de cette dernière, parti faire fortune en Amérique. Enfant espiègle et malin, en manque de câlins et d'amour, il voit cet exode comme une chance. Une chance mais à quel prix ? le narrateur, qui n'est autre qu'Amerigo, nous raconte son histoire, avec ses mots d'enfant, sa naïveté, ce qui rend ce roman d'autant plus touchant, fort et émouvant. Viola Ardone dépeint parfaitement ses sentiments, ses craintes, ses espoirs, ses contradictions, ses déchirements, et ce jusqu'à des décennies plus tard. Un roman doux-amer, mélancolique et tristement beau...
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Le choix

Après Le Train des Enfants, Viola Ardone, traduite en français par Laura Brignon, me ramène en Italie, au début des années 1960, en Sicile, cette fois. Au travers de l’histoire d’Oliva Denaro, c’est tout le sort des femmes sous le joug du patriarcat qui est raconté.

Les parents d’Oliva ont trois enfants. Fortunata est l’aînée et Cosimino est le frère jumeau d’OIiva. Amalia, leur mère, une excellente couturière, est Calabraise. Sur un coup de foudre, elle a tout laissé pour suivre Salvo Denaro et venir vivre à Martorana, village sicilien au bord de la mer.

Oliva appréhende beaucoup l’arrivée du « cardinal », ces règles tant redoutées qui feront d’elle une femme et qui la priveront de tous les plaisirs de l’enfance.

Avec un réalisme impressionnant, Viola Ardone me plonge dans la vie quotidienne de cette famille engluée dans les traditions, prise au piège des commérages, empêtrée dans les rigueurs imposées par la religion. Tout cela est saupoudré d’un humour froid, toujours au bon moment.

Avec Liliana et son père, le communisme tente de faire évoluer les mentalités tant bien que mal mais cela reste très marginal.

Amalia est très sévère avec ses filles. Elle rappelle sans cesse cet adage : « Un fille, c’est comme une carafe, qui la casse la ramasse. »

Hélas, pour Fortunata, la catastrophe se produit dès qu’un garçon sans scrupules abuse d’elle. La voilà enceinte, obligée d’épouser ce Gerò Musciacco, fils d’une famille aisée du village qui la séquestre aussitôt et ne se prive pas de faire la fête et de se pavaner avec d’autres femmes.

Ainsi, la vie du village défile. Oliva a beaucoup apprécié Rosaria, institutrice trop évoluée qui a été remplacée par un homme se chargeant de rappeler aux filles qu’elles devront être soumises à leur mari.

Riche en rebondissements, ce roman bascule avec ce jeune homme, fils d’une famille aisée, les pâtissiers du village, les Paternò : ah, cette fameuse cassata ! Bien sûr, Oliva n’est pas insensible aux charmes du garçon qui ne se gêne pas pour tenter de l’amener dans ses bras. Il la fait même danser à la fête du village mais Oliva ne veut pas de ce Pino Paternò.

L’histoire se déroule toujours dans cette atmosphère pesante, loin de la ville et de son anonymat. À Martorana, tout le monde se connaît et les langues de vipère s’en donnent à cœur joie. Oliva va avoir seize ans et, déjà, sa mère veut la marier pour la sortir des griffes de ce prétendant sans scrupules dont la réputation est mauvaise. Pourtant, le drame approche et ne manque pas de me scandaliser.

Oliva, dans sa lutte, est bien soutenue par Liliana et Calò son père, plus d’autres amis fidèles comme Saro, ce garçon discret et prévenant avec lequel, enfant, elle s’amusait à donner un nom aux nuages.

La vie de la famille Denaro, fortement bouleversée, met peu à peu en lumière Salvo, le père. Homme effacé qui se contente de plaisirs simples en cultivant son jardin et en allant ramasser des escargots ou des grenouilles pour les vendre, il se révèle important alors qu’Amalia, son épouse, le traite sans cesse de bon à rien et regrette amèrement de s’être amourachée de lui.

Les chapitres s’enchaînent à un rythme soutenu. Ils sont courts et donnent à ma lecture un attrait que j’apprécie. Surtout, Viola Ardone, au travers de son second roman, Le choix, met en lumière le combat des femmes pour ne plus être assujetties aux hommes qui les exploitent comme des domestiques, les brutalisent et leur infligent des violences sexuelles.

Il a fallu attendre 1981 pour voir le droit pénal italien abroger le mariage réparateur et le crime d’honneur grâce au combat mené par les députées communistes. Les mentalités évoluent, les temps changent mais il ne faut pas oublier les combats douloureux menés par d’autres femmes il n’y a pas si longtemps et se méfier de ceux qui sont nostalgiques, tout en sachant que dans de nombreux pays du monde, le sort des femmes ne s’est guère amélioré.

Le choix, de Viola Ardone, fait partie des huit livres sélectionnés pour le Prix des Lecteurs des 2 Rives 2023.


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Le train des enfants

Un siècle après sa mort Hector Malot se réincarne en Viola Ardone et Rémi revit en Amerigo en reprenant les ressorts qui ont fait le succès de « Sans Famille », « En Famille » ou de « Romain Kalbris ».



Au lendemain de la guerre, en 1946, les communistes proposent aux enfants de Milan, de passer quelques mois dans une famille du nord de l'Italie et affrètent « Le train des enfants ». Amerigo Speranza, accueilli par la famille Benvenuti, s'éloigne progressivement de sa mère Antonietta et devient un violoniste réputé.

En 1994, Antonietta meurt, à une époque d'affaiblissement de l'idéal communiste. Amerigo retourne à Naples et découvre son neveu Carmine dont les parents sont « absents »…



L'intrigue m'a rappelé celle de « Par amour » où Valerie Tong-Cuong évoquait ces enfants normands réfugiés au Maroc en 1941 et 1942 pour échapper au rationnement et aux bombardements et que le débarquement anglo-saxon de novembre 1942 sépara de leurs parents. Aussi bouleversante cette aventure italienne se lit d'une traite et ne laissera aucun lecteur insensible. J'ai particulièrement apprécié la quatrième partie, quand Amerigo est adulte, car j'avoue que le style « enfantin » des trois premières m'agace en massacrant continuellement notre langue.



« Rhapsodie italienne » avait été l'un de mes coups de foudre 2019 et c'est un plaisir de retrouver ici l'Italie, son histoire mouvementée et ses contrastes nord sud … Mais la romancière ne s'interroge pas sur les causes de la décadence napolitaine alors qu'il y aurait beaucoup à dire.



Rappelons qu'au XIX siècle, Naples était l'une des villes les plus prospères d'Europe, au même rang que Francfort-sur-le-Main, Vienne, Naples, Londres, et Paris, c'était l'une des cinq branches de l'empire Rotschild. L'unité italienne, sous la gouverne de la famille de Savoie, a ruiné le sud et l'a abandonné aux mafias pour le malheur d'Amerigo, Carmine et tant d'autres enfants.



PS : mon avis sur Rhapsodie italienne :
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Le choix

Pas facile pour une jeune fille des années 60 de vivre en Sicile, pays où le crime d'honneur et le mariage réparateur sont dans le code pénal. Un pays où les mères transmettent à leurs filles ce qu'on leur a appris, à savoir que les hommes sont supérieurs aux femmes, et que vivre librement, faire des études, travailler pour être indépendante n'est pas la trajectoire d'une fille digne de ce nom. Des conventions ancestrales, et une loi inique, auxquelles la jeune Oliva Denaro va refuser de se soumettre, au risque de le payer cher…



Viola Ardone, comme dans son précédent roman, le train des enfants, s'inspire d'un fait réel pour brosser sur plusieurs décennies le sort des femmes siciliennes. Des femmes qui avec le temps osent s'imposer, osent dire non. Un sujet intéressant (et d'actualité) au ton un peu trop puéril à mon goût. Peut-être parce que Viola Ardone a fait le choix périlleux de se mettre en partie à hauteur d'enfant pour son récit.



Challenge MULTI-DEFIS 2022
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Le train des enfants

En 1946, Amerigo, huit ans, vit misérablement avec sa mère Antonietta dans un des quartiers les plus populaires de Naples. Sur une initiative du Parti Communiste, et comme des milliers d’autres enfants du Sud de l’Italie, il est envoyé pour quelques mois dans une famille du Nord de la péninsule, où il découvre un tout autre mode de vie, plein d’appréciables avantages malgré la séparation et le dépaysement. Après une telle expérience, le garçon se retrouve d’autant plus déchiré entre son amour pour sa mère et son attachement à sa famille d’adoption, qu’il vient soudain d’entrevoir à Modène un avenir bien différent de celui qui l’attend à Naples…





S’inspirant d’un épisode de l’après-guerre en Italie, l’auteur s’est glissée par l’imagination dans la tête et le coeur d’un de ces enfants transplantés du jour au lendemain des rues pouilleuses de Naples, où pieds nus et le ventre vide, ils vivaient de mille expédients, à l’aisance confortable d’une famille du Nord, où même la langue est différente, et où l’avenir passe par l’école. Après les angoisses de l’inconnu, le choc du dépaysement et le déchirement de la séparation, l’acclimatation se fait assez avantageusement lorsqu’elle ne prend pas trop le goût amer de la charité. Mais, dès lors, c’est le chemin inverse qu’il faut parcourir six mois plus tard, lorsque sonne l’heure d’un retour parfois cruel à une réalité dont ils perçoivent désormais l'aspect sordide et l’absence d’avenir.





Rédigé à hauteur d’enfant, puis avec la mélancolie d’un homme mûr se retournant sur son parcours, le récit choisit de nous embarquer dans une histoire faite de déchirement et de culpabilité, où, pour grandir, le personnage principal se voit contraint de « troquer ses désirs contre tout ce qu’il a », avec le sentiment de trahir les siens dans ses efforts pour devenir autre. En mettant l’accent sur la dualité d’Amerigo et sur sa relation d’amour manqué avec sa mère, la narration se fait poignante sur tout le dernier quart du roman. Mais servie avec générosité, l’émotion ne suffit pas à masquer la vague sensation de creux de cette dernière partie, peu consistante quant à la personnalité et à la vie d’Amerigo adulte, mais aussi assez peu crédible quant à sa tendre pirouette finale.





Un tant soit peu trop romanesque et sentimentale sur un sujet historique intéressant qui aurait mérité un traitement plus approfondi, cette jolie histoire tendre, fluide et sans temps mort, reste une lecture agréable et facile qui ne manquera pas de faire couler bien des larmes.


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Le choix

« Naître fille est une malchance. »



Et notamment dans l'Italie des années 1960... Oliva Denaro a tôt fait de le comprendre car, pour laver son honneur et sa réputation, il lui faut épouser son violeur. Comme le dit sa mère : « Une fille, c'est comme une carafe : qui la casse la ramasse ». La loi et la justice vont également dans ce sens : si le violeur s'unit par le mariage avec sa victime, sa faute est réparée. Mais si la victime se donne le droit de choisir de ne pas l'épouser, lui ne sera pas inquiété pour autant (bah oui, lui est prêt à l'épouser, c'est elle qui ne veut pas, à elle d'assumer la faute) et elle sera condamnée à finir vieille fille dévergondée...



Autant dire qu'on marche sur la tête, surtout quand on sait que cette loi n'a été abrogée que dans les années 1980...



Viola Ardone, avec ce second roman, tape fort, de sa plume pourtant si envoûtante et doucereuse. Après "Le train des enfants", je découvre une autre facette de l'histoire italienne que je ne connaissais pas. Elle nous parle ici de la place des femmes italiennes d'il y a à peine plus d'un demi-siècle, de leur condition et de leur considération (inexistante). De la femme qui n'existe pas au singulier : car avant d'appartenir à son mari, elle appartient d'abord à son père. Et elle nous en parle à travers l'histoire d'Oliva.



Et en plus d'une histoire marquante (et aberrante), Viola Ardone a su dépeindre l'Italie des années 1960 de manière envoûtante. On plonge tête la première dans cette époque, dans ce petit village de Sicile, avec ses traditions et ses modes de vie, ses nombreuses règles qui régissent la vie des filles, ses lois et principes ancestraux, avec ses rumeurs et ses "langues-coupantes". On y est totalement imprégnés, j'ai d'ailleurs tout vu en noir et blanc.



Côté personnages, c'est tout bon également. La narration étant à la première personne, nous sommes directement projetés dans la tête d'Oliva et vivons tous les événements à travers elle. C'est elle qui nous présente les divers personnages qui alimentent son histoire : sa mère très à cheval sur les traditions, l'honneur et la réputation de la famille ; son père qui peine à s'exprimer, un peu effacé, amoureux de son jardin ; son frère jumeau qui a le droit de grandir moins vite qu'elle grâce à sa condition de garçon ; son ami d'enfance qu'elle n'a plus le droit de fréquenter depuis qu'elle est devenue femme ; le fils du pâtissier qui la courtise de façon indécente ; et quelques autres figurants encore qui viennent mettre leur grain de sel, colporter des rumeurs, juger à l'occasion (et les occasions sont nombreuses), ou encore aider et soutenir, et dont le rôle n'est pas si anodin.



Des personnages charismatiques, bien fouillés, qu'on aime à suivre et voir évoluer, changer, s'émanciper. Des personnages qui nous touchent et d'autres qu'on aime à détester.



Dans la toute dernière partie, Oliva partage la narration avec son père. On assiste donc à une forme de dialogues intérieurs entre le père et la fille que j'ai trouvés très touchants. La relation qu'Oliva entretient avec son père est d'ailleurs attendrissante tout au long de la lecture parce que sincère, tout comme celle avec sa mère également (bien qu'elle évolue de manière fort différente).



Je ressors de ma lecture totalement conquise : des personnages pittoresques, un cadre historique bien dépeint et immersif, juste ce qu'il faut d'émotions, une jolie plume tout à la fois douce et piquante.



Un roman captivant et saisissant.

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Le train des enfants

Après la Seconde Guerre mondiale, une association communiste italienne organise le transfert, en train, de milliers d'enfants de familles pauvres du sud dans des familles communistes plus aisées du nord. L'expérience doit durer quelques mois, le temps pour les enfants de se remplumer. Amerigo alors âgé de huit ans fait partie du voyage et est recueilli par Derna une cadre du Parti qui est aux petits soins pour lui. Il est heureux de son nouveau sort comme d'ailleurs presque tous les enfants déplacés, mais comment sera le retour dans leur famille et leur devenir après avoir découvert qu'il existait autre chose que la misère ?



Inspirée de faits réels, une histoire triste et émouvante. Et si le ton à hauteur d'enfant n'est pas toujours le bon, peu importe, Amerigo et ses copains du train nous touchent par ce qu'on leur a donné en pensant faire leur bien, puis repris, mais aussi par l'amour d'une mère aussi frustre qu'irremplaçable.

« Elle me regarde droit dans les yeux. « J'ai fait ça pour ton bien ». Je me dégage de ses bras, je me lève. Qu'est-ce qu'elle en sait de mon bien ? Personne n'en sait rien. Et si c'était de rester là haut […] et de ne pas revenir ? Et si c'était de ne pas partir du tout et de rester ici chez moi ? ».
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Le choix

Nous sommes dans un petit village de Sicile entre 1960 et 1980. Alors qu’en France, le besoin de liberté s’est exprimé depuis 1968, et on fait connaissance d’Oliva Denaro, sans doute fillette sur le point de devenir une adolescente lorsque commence la narration.



Alors que le début du roman m’a fait sourire, avec les répliques de cette fillette, ses « je suis pour » ou « je suis contre », sa vision toute naïve de la vie en début de roman, le ton est vite donné. On comprend qu’elle doit profiter des derniers instants de liberté, de la chasse aux escargots, de ses jeux enfantins avec son ami Saro, de son amour pour les mots et le latin. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec la quatrième de couverture qui mentionne sa rébellion. Contrairement à son amie Liliana, elle semble bien se plier aux règles régissant la vie des filles dans cette société et elle accepte d’épouser l’homme désigné par ses parents, participe à la confection de son trousseau, se met bel et bien en projet de mariage.



Les autres personnages contribuent à façonner le roman et apportent leur contribution à sa réussite :



La mère : maîtresse femme qui dicte les règles à suivre lorsque l’on est une jeune fille « comme il faut », à la fois distante et à curieusement à l’écoute, marquée par les pratiques ancestrales.



Le père, réfugié dans un certain silence et qui semble sous le joug de la mère, on découvrira ce personnage et ses facettes tout au long du récit.



Le frère jumeau d’Oliva, élevé comme un garçon dans ce milieu.



La sœur, mariée de force, cloîtrée qu’Oliva ne voit pour ainsi dire jamais, et toutefois omniprésente dans l’esprit de notre héroïne.



S’ajoute à tout ce petit monde, la population du village, de ce village où les nouvelles voyagent plus vite que le vent, où la rumeur va bon train, ou quelques communistes mal vus de notre famille s’activent et apportent des idées nouvelles qui gênent.



Un roman qui fait réfléchir à la condition de la femme, qui surprend par le côté arriéré des habitudes, qui penserait que dans ces années, on marie encore les filles à des hommes que parfois, elles ne voient que le jour de leur mariage, que les femmes libérées sont considérées comme étant des femmes de mauvaise vie.



La dernière partie, qui peut être considérée comme un épilogue assez long, est très intéressante car le roman se transforme en roman choral à l’écriture ciselée et qui donne une idée du tempérament et des idées des protagonistes.



Je conseille vivement ce roman, cette première lecture d’un roman de l’autrice me donne vraiment envie de lire le train des enfants.
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Le choix

J'ai mis quelque temps à comprendre le sens exact de cette phrase qui ouvre ce livre et qui y sera répétée à plusieurs reprises :

« Une fille, c'est comme une carafe : qui la casse la ramasse, dit toujours ma mère »

Ce qui se cache derrière est terriblement choquant : Une jeune fille est violée par un homme : s'il l'épouse, le crime est absous. Il a ramassé la carafe cassée.

Où cela se passe-t-il donc ?

On est dans un pays reculé, où les lois n'ont pas évolué : Non, on est en Europe.

Alors rassurez-moi, cela se passait il y a longtemps : non c'était les années 1960 en Sicile, et la loi qui absolvait ces crimes en cas de mariage ne sera abolie qu'en 1984.



Un village de Sicile, années 1960. Oliva est née fille pour son plus grand regret. Elle aime étudier, mais ne doit pas rentrer seule de l'école. Comme elle le dit à sa maitresse un jour, lors d'une leçon de grammaire :

« La femme au singulier n'existe pas. Si elle est à la maison, elle est avec ses enfants, si elle sort c'est pour aller à l'église, au marché ou aux enterrements, où il y a toujours d'autres femmes. Et s'il n'y a pas de femmes pour la tenir à l'oeil, il faut qu'elle soit accompagnée par un homme ».

La vie des femmes dans ce village de Sicile est régie par un grand nombre de règles et celle qui y déroge est montrée du doigt, moquée, méprisée. Et les femmes sont là, à veiller au respect de ces règles. la bienveillance est bien absente dans cette société qui n'a pas évolué.



Oliva va grandir dans ce carcan. Elle aime courir, elle aime regarder les nuages avec son ami Saro, elle devra bientôt porter une jupe longue qui l'empêchera de courir, elle ne devra plus rester seule avec Saro. Elle devient une femme et le jour de ses seize ans, elle sera enlevée, séquestrée et violée par un jeune homme du village.

Et à ce jour se pose la question. Elle a le choix: épouser cet homme, effacer sa faute ainsi, ou porter plainte et devenir une réprouvée.



Un livre percutant, peuplé de personnages féminins qui me hantent depuis quelques jours, Oliva, bien sur, confrontée à un choix difficile, Liliana, la fille du communiste, qui sera toujours à ses cotés, et puis Amalia sa mère, déchirée entre ses principes et l'amour qu'elle porte à sa fille.C'est elle qui m'a le plus émue, quand au fil des pages, c'est cet amour maladroit qui va prendre le pas Elle va oser aussi, soutenir sa fille, ses filles, se mettre le village à dos et perdre sa meilleure cliente.

Mais il y a aussi le père, effacé, mais là aux moments importants, pour qui sa fille doit avoir le choix. Et le frère qui sera là aussi en soutien, même s'il n'approuve pas tout.



Une lecture qui reprend des thèmes souvent évoqués en littérature, mais qui est particulièrement émouvante parce que cette femme est si proche de moi, elle aurait pu être ma grande sœur. L'écriture reflète parfaitement les émotions, les sentiments éprouvés, les difficultés de cette jeune fille à vivre dans un temps et un lieu , tellement proches, où une femme au singulier n'existait pas.



C'est ma deuxième lecture de cette autrice italienne que je continuerai certainement à suivre.

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Le train des enfants

Plusieurs de mes babélamis s'étaient ligués l'an dernier pour me faire craquer et mettre ce livre dans ma Pal. Je pense notamment à Ghislaine (@Cancie) et Jean-Paul (@Fandol), ou encore à Marina et Jean-François, dont les superbes retours ne pouvaient me laisser indifférentes. Et vraiment, je n'ai aucun regret de les avoir écoutés, cela aurait été trop dommage de passer à côté de ce roman émouvant, drôle, bien écrit, et instructif en même temps.



Instructif parce que j'ignorais presque tout de cette période d'après-guerre en Italie du Sud (l'histoire débute à Naples en 1946), quand, une fois les allemands vaincus, les communistes montèrent des actions pour aider les familles nécessiteuses de Campanie, cette région napolitaine défavorisée par rapport à celles du Nord. Amerigo Speranza sera l'un des nombreux enfants à bénéficier d'un déplacement temporaire à Bologne, accueilli dans une famille aisée où il découvrira une vie bien plus facile que celle qu'il menait avec sa maman Antonietta dans leur "basso" exigu. Mais après quelques mois de bonheur au sein du foyer des Benvenuti (les bien nommés !), sonne l'heure du retour à Naples. Un vrai déchirement pour Amerigo, qui nous raconte avec ses mots d'enfants combien c'est difficile de quitter sa famille d'accueil qui lui a tant apporté, mais aussi combien sa maman lui a manqué. Et c'est là que j'ai fondu pour ce petit garçon courageux, débrouillard, et ô combien attachant, dont l'amour pour sa mère semble si mal payé de retour...



Attention, il n'y a aucun larmoiement dans ce récit, au contraire c'est souvent drôle et truffé d'anecdotes sur les mille et une combines utilisées par Amerigo et son inséparable compagnon de polissonneries, Tommasinno. Les faux hamsters m'ont fait hurler de rire ! La narration est faite par Amerigo, ce qui la rend vivante et touchante, on est complètement immergé dans ses sentiments, ses appréhensions, ses élans de joie aussi. Parce qu'il y a plein de bons moments qu'il nous fait généreusement partager, même si parfois aussi, la tristesse et les regrets s'invitent. Tous les personnages sont vus à hauteur d'enfant, que ce soient les jeunes volontaires communistes ou les "figures" du quartier populaire de Naples où vit le gamin. Et je n'ai eu aucun mal à rentrer dans sa tête et à ressentir ses émotions.



Dans la dernière partie, on fait un bond jusqu'en 1994, et on retrouve Amerigo à l'orée de la cinquantaine. Bien sûr, le vocabulaire et le caractère ont évolué avec la maturité. Il effectue un "retour aux sources", et nous livre une dernière fois sans fard, mais avec pudeur, ce que lui évoque cette ville, et pourquoi il a choisi de mettre de la distance entre elle et sa vie d'adulte.

J'ai moins aimé L'Amerigo adulte que le petit garçon ingénu, mais il avait aussi moins besoin de mon empathie, je crois.



Je pense qu'il est clair que j'ai été complètement sous le charme de cette histoire, qui pour être fictive n'en reflète pas moins des faits réels et pas assez connus. Dire que j'aurais pu passer à côté ! Merci à tous les ami(e)s qui m'ont gentiment poussée à découvrir ce "train des enfants" qui m'a emmené pendant quelques heures dans un univers bien dépaysant !
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Le choix

Dans les années 60, c'est tout près du village de Martorana, en Sicile, qu'Oliva Denaro grandit, entourée d'une mère exigeante et stricte, d'un père taiseux, renfermé mais attentionné et de son frère jumeau, Cosimino. Sa grande sœur, Fortunata, est aujourd'hui installée au village avec celui qui l'a mise enceinte et qu'elle a dû épouser. Malheureusement, si l'enfant est mort, elle ne quitte plus ni sa robe noire ni son appartement tandis que Gerò Musciacco s'amuse du matin au soir. Si Oliva aime apprendre à l'école, notamment le latin, et suivre les conseils de sa maîtresse, Rosaria, si elle aime courir, comme les garçons, s'allonger sur l'herbe et regarder les nuages avec Saro, son ami d'enfance, aller tôt le matin à la chasse aux escargots avec son père, les bonnes mœurs, les règles imposées à son sexe et les conventions vont bientôt couper court à ses rêves de liberté...



Assurément, il n'était pas bon d'être né femme dans la Sicile des années 60. Oliva Denaro va s'en rendre compte, notamment au moment de la puberté, elle qui peut se comparer avec son frère jumeau. Lui peut aller librement tandis qu'elle n'a d'autre choix que de filer droit et baisser la tête. Si sa vie est déjà toute tracée, quitter l'école et attendre sagement qu'un homme vienne lui demander sa main, c'est en côtoyant les communistes, dont Liliana, sa meilleure amie, fait partie, qu'elle va peu à peu s'affirmer, prendre conscience du statut de la femme au sein de cette société patriarcale et braver ces conventions ancestrales. Pour son deuxième roman, Viola Ardone nous plonge au cœur de la société sicilienne et dépeint, avec force et sensibilité, un tableau bien sombre de l'époque, à travers le portrait d'Oliva. Elle souligne la soumission, le pouvoir absolu des hommes, le mariage forcé, l'oppression, la pression sociale et religieuse avant qu'un vent de révolte ne souffle. À travers Oliva, elle montre comment, peu à peu, les femmes se sont levées et ont osé dire non. Mêlant habilement fiction et histoire, ce roman, porté par la voix courageuse de cette adolescente, se révèle à la fois saisissant et poignant. La quatrième partie, émouvante, qui se tient 20 ans plus tard, donne enfin la parole à son père.

Un roman d'une grande justesse habité par des personnages inoubliables...
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Le choix

l'incipit donne le ton, jugez plutôt : "Une fille, c'est comme une carafe : qui la casse la ramasse, dit toujours ma mère.

Moi, j'aurais été plus heureuse si j'étais née garçon, comme Cosimino, mais quand on m'a faite, personne ne m'a demandé mon avis. Quand nous étions tous les deux dans le ventre de maman, nous étions pareils, mais nous sommes sortis différents : moi avec une brassière rose et lui bleue, moi avec une poupée en chiffon, lui avec une épée en bois...". Nous sommes en Sicile, début des années 60, juste avant ma naissance. Cosimino et Oliva sont jumeaux, ils ont une quinzaine d'années. La plus grande crainte d'Oliva est de voir arriver le cardinal, comprenez ses règles. Parce que de ce jour, c'en est fini de courir à coupe-souffle, de faire naître des créatures fantastiques en regardant les nuages auprès de son ami d'enfance Saro, de travailler au jardin et de rentrer genoux boueux, bref, le cardinal signifie "marche en regardant tes pieds, file droit et reste à la maison".



Jusqu'ici, Oliva était une fille heureuse, bonne élève (d'ailleurs elle a commencé l'Ecole Normale pour devenir institutrice ), avec des plaisirs simples comme accompagner son père aux aurores pour attraper les escargots que celui-ci vend au marché. Ils sont très complices, père et fille, au grand dam de la mère qui souhaite éduquer Oliva en vertu des grands principes en vigueur dans le coin, c'est-à-dire en gros sois une fille obéissante, pas trop instruite et épouse l'homme qu'on aura choisi pour toi. Et pourtant, Amalia elle-même a fui sa Calabre natale parce qu'elle était tombée amoureuse de Salvo... vous connaissez l'adage : fais ce que je te dis, pas ce que j'ai fait !



Mais un beau jour, Oliva va être confrontée à un choix douloureux : épouser le Don Juan du coin, Pino Paterno, qui a jeté son dévolu sur elle et va recourir au pire des stratagèmes pour se l'approprier, ou refuser, quitte à y perdre réputation et peut-être avenir. Elle va trouver des alliés prêts à la soutenir dans sa famille et son entourage, mais aussi se heurter aux "langues-coupantes", ces femmes qui, au lieu de prendre la défense d'une des leurs, préfèrent rester confortablement du côté des traditions machistes et parfois ignobles dont elles-mêmes ont souvent été victimes.



On a tendance à trouver ce genre d'attitude inexplicable, ou à penser qu'il s'agit là d'une époque révolue : les femmes n'avaient pas leur mot à dire, mais maintenant ce n'est plus comme ça ! Et pourtant...ce qui est dénoncé par Viola Ardone n'a pris fin que dans les années 80 en Italie, et perdure encore dans bien des pays. Et bien des mères condamnent encore leurs filles à la même vie de soumission qu'elles ont elles-mêmes connue. Faut-il leur jeter la pierre ou essayer de comprendre leur peur de se rebeller contre un système qui ne leur laisse aucune chance de s'en sortir sans dommage...

Personnellement je m'abstiendrai d'en juger, ayant eu la chance de pouvoir exprimer mes propres choix personnels et professionnels sans entraves (mais pas toujours sans dégâts collatéraux !).



J'ai profondément apprécié ce second roman de Viola Ardone, traduit récemment en français, tout comme "Le train des enfants" qui m'avait fait découvrir un pan méconnu de l'histoire italienne d'après-guerre. Il est comme ce dernier narré par un enfant, ici la jeune Oliva, avec ses jolies expressions tirées du langage local, et ses jugements souvent péremptoires ("le communisme, je suis pour...le démon, je suis contre", elle m'a souvent fait sourire, du moins au début de son histoire. La dernière partie, qui se passe en 1981, est racontée à tour de rôle par Oliva et par son père. Ce dernier m'a été dès le début très sympathique, à sa manière taiseuse il manifeste son amour à sa fille et respecte ses choix. Quant à Amalia, j'ai fini par mieux la comprendre, mais j'avoue que ma première impression ne lui était guère favorable ! On rencontre de nombreux personnages plus ou moins importants dans ce petit village sicilien, mais chacun apporte une facette intéressante dans l'histoire, que ce soit l'institutrice célibataire, mal vue des anciens, ou Liliana, l'amie d'Oliva et fille de Calo le communiste qui essayent de faire bouger les mentalités. Le pire et le meilleur se côtoient, ce qui rend l'histoire vivante et crédible.



Je vous engage vivement à découvrir cette auteure qui m'a enchantée avec les deux romans que j'ai lus récemment, j'espère en découvrir d'autres par la suite.
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Le train des enfants



Amerigo tu as huit ans

Quand tu prends le train des enfants

Ton petit coeur coupé en deux

Maman Antonietta et eux

Là-bas ils t'apprennent la tendresse

Ici ton retour est détresse

Ecartelé par des désirs contraires

Tu as préféré fuir te taire

Mais les racines sont là

Tu le découvriras



A la médiathèque, on m'a conseillé ce livre, qui m'avait échappé lors de sa sortie. Quelle émotion, quelles vibrations! J'ignorais cet épisode de l'histoire italienne, qui se place juste après la seconde guerre mondiale: l'envoi d'enfants pauvres du Sud par les communistes dans des familles plus aisées du Nord, pour quelques mois.



Nous vivons les événements en direct, à hauteur d'un enfant de huit ans, vif et en manque de câlins maternels, qui a souvent faim et vit de petites magouilles. Ce départ est un déchirement mais aussi une ouverture au monde, et particulièrement à la musique, la decouverte d'un ailleurs et surtout d'une famille d'accueil affectueuse, généreuse.



On se doute que lorsqu'il reviendra à Naples, il ne sera plus le même, et s'il aime profondément sa mère, il ne sait plus où est sa place. La distance entre eux devient irrémédiable.



C'est une histoire poignante, pleine d'humanité et de finesse psychologique. L'auteure analyse bien les liens complexes entre un fils et sa mère, qui ne se comprennent plus, l'éloignement qui fait mal mais permet de se réaliser. La fin est vraiment touchante . Le train comme fil conducteur... Superbe!





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Le train des enfants

En 1946, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, 70000 enfants âgés de 4 à 10 ans, vivant au sud de l'Italie et issus de milieux défavorisés, sont montés dans des trains les emmenant dans le nord du pays. Ils sont recueillis par des familles, et ont pu ainsi manger à leur faim et être chaudement vêtus pendant quelques mois pour certains, ou bien plus longtemps pour d'autres.



C'est ce que "Le train des enfants" raconte : la séparation, la découverte d'un nouveau mode de vie et d'un autre dialecte, l'attachement à sa famille d'accueil, de nouveau la séparation, et le "cœur coupé en deux" pour bon nombre de ces enfants.



Viola Ardone a imaginé ce que ces enfants ont pu vivre et ressentir par le biais de son personnage principal, Amerigo, petit garçon de 7 ans, vivant seul avec sa mère dans un "basso", et ce bien en-dessous du seuil de pauvreté. Il fera partie de ces enfants qui ont pris le train, sera recueilli par Derna, sa sœur Rosa et son mari Acilde, et ses trois neveux. Si l'aller était plein de questionnements et de doutes vis-à-vis de l'inconnu (en plus d'être séparé de sa mère), le retour n'en était pas moins compliqué, puisqu'en un sens il savait ce qu'il allait retrouver en quittant le confort auquel il s'était habitué. Une partie de lui était restée avec sa mère, mais une autre est finalement restée auprès de sa famille d'accueil lors de son départ.



Cet acte de solidarité, organisé par le parti communiste, peut être considéré de beau et tragique à la fois. Mais raconté dans la bouche d'un enfant, je l'ai trouvé également très touchant. La narration étant à la première personne, Amerigo nous raconte cet épisode de l'Histoire (trop peu connu) comme il l'a vécu, dans sa propre version. Il nous fait part de ses réflexions et questionnements avec toute l'innocence de son âge. C'est parfois très émouvant, parfois très cocasse également.



Dans la quatrième partie du récit, on le retrouve presque 50 ans après. Il use évidemment d'un langage plus mature et plus réfléchi, mais cherche toujours chaussure à son pied (expression de circonstance, n'est-ce pas ?), et cache son incapacité à s'assumer dans ses mensonges. Il reste très touchant.



J'ai apprécié le style de narration de Viola Ardone, dans lequel elle a su retranscrire un langage enfantin sans être rébarbatif, puis plus évolué par la suite, mais toujours fluide et élégant. Je ne me suis d'ailleurs rendu compte de la narration au présent qu'après plus de la moitié du livre (comme quoi, quand le présent me dérange, c'est que ça ne vient pas forcément de moi, c'est bien qu'il ne s'accorde pas au récit, puisqu'ici ça passe crème...).



Je viens de passer un très bon moment de lecture. "Le train des enfants" est un roman lumineux, parfois drôle, souvent très émouvant, instructif également, puisqu'il évoque un pan de l'histoire que je ne connaissais pas. Un livre à découvrir.
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Le train des enfants

1946, Amerigo, le narrateur a huit ans, il parcourt les ruelles de Naples, sa maman Antonietta devant et lui juste derrière, des chaussures neuves, il n’en a jamais eu, il porte celles des autres et elles lui font toujours mal. Il a arrêté d’aller à l’école, il apprend dans la rue. Jusqu’à présent il n’a connu que la misère. Il rapporte à la maison des tissus qu’il récupère, sa maman les lave et les recoud afin de les revendre à ceux qui sont moins pauvres qu’eux.



Après avoir chassé les Allemands, le parti communiste engage une autre bataille, contre des ennemis plus dangereux : la faim et la pauvreté. Il organise un train pour donner une chance à ses enfants miséreux pour les envoyer dans des familles du Nord qui les traiteront comme leurs propres enfants. C’est ainsi qu’Amerigo se retrouve à Modène chez Derna, une femme seule, qui si elle connait son travail, si elle s’y connait en politique, si elle connait même un peu de latin, les enfants elle ne connait pas, elle a peur de ne pas savoir comment le consoler. Il va faire partager le quotidien de la cousine Rosa et de son mari Alcide, des leurs enfants Rivo, Luzio et Nario et connaître enfin la chaleur d’une vraie famille.



Basé sur des faits historiques ce roman raconte l’histoire d’enfants dont le cœur est coupé en deux entre leurs vrais parents et les familles qui les ont accueillis pendant quelques mois.

Un roman émouvant qui parle avec sensibilité de séparation, de solidarité, d’amour tout simplement.

Le portrait d’un petit garçon débrouillard, espiègle et attachant, qui nous raconte avec ses mots d’enfant plein de naïveté, son besoin de tendresse auprès d’une mère qui ne sait pas faire des câlins, car elle n’en a jamais eu et qui lutte chaque jour pour survivre.



Un récit doux et nostalgique, une écriture qui sonne juste, l’histoire d’un amour manqué entre une mère et son petit garçon. Comme bien des lecteurs, je n’ai pu que fondre devant ce beau récit si bien écrit.



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