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Critiques de William Boyle (211)
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Gravesend

Un quartier, Gravesend, scène microlocale en plein Brooklyn d'une tragédie noire, bien noire, où plusieurs personnages vont se croiser ou se recroiser.



Deux y reviennent, Ray Boy et Alessandra. Deux rêvent de s'en sortir pour une autre vie, Eugène et Stéphanie. Et au centre, trait d'union de ces pauvres vies, Conway.



Conway rêve de vengeance depuis longtemps. Depuis la mort accidentelle de son frère. Enfin accidentelle, pas tant que ça, harcelé et poursuivi qu'il était depuis tant de temps par Ray Boy, condamné pour cela. À sa sortie de prison, Conway l'attend pour se venger. Il est prêt. Enfin il le croît. Car se venger n'est finalement pas si simple, d'autant plus que sa cible est consentante.



Petite frappe de banlieue, Eugène rêve de s'élever dans l'échelle du crime, pour suivre les traces de son oncle Ray Boy, lui ressembler, l'accompagner, le rendre fier. Mais pas facile de prendre pour modèle quelqu'un qui a décidé de ne plus l'être, et qui ne lui renvoie que de l'indifférence.



Retrouvant Gravesend et les traces de sa jeunesse, Alessandra se pose. Retour chez les ploucs, intermède dans une vie agitée où seul Ray Boy suscite son intérêt, apporte un peu de piquant dans cette univers sans sel ni aspérité. Mais Ray Boy n'existe plus... Elle renoue avec Stéphanie, enfermée dans sa morne vie, qui va s'encanailler, pour peu de meilleur et beaucoup de pire.



Pour son premier roman, William Boyle dépeindre l'atmosphère si particulière d'un petit bout d'Amérique, si proche de NY et en même temps, tellement hors du temps, où les jours passent, où les habitants s'interrogent sur leur avenir mais, le temps d'y répondre, la vie est déjà passée. C'est bien fait, même si tant d'autres auteurs US avant lui l'ont également réussi.



Il nous livre en revanche une magnifique étude de caractères et une double réflexion. La première sur la vengeance, tellement obsédante, tellement évidente, qu'elle en devient tellement frustrante quand elle ne peut s'appliquer comme on la rêve depuis tant de temps. Un monde s'écroule, une vie s'écroule, des vies s'écroulent.



La deuxième, finalement plus intéressante, sur la repentance. À l'image de Ray Boy, personnage central du livre bien plus que Conway finalement, Boyle nous raconte comment la repentance et le remords peuvent être bien plus dangereuses que la vengeance.



La vengeance permet de vivre dans l'attente et dans l'espoir, que la délivrance tant attendue, espérée jouissive, viendra le moment venu apporter la paix intérieure.

Le remords et la repentance non partagée est mortellement perverse : Ray Boy le sait. À quoi bon vivre encore quand on est mort depuis longtemps ? Pas besoin de le tuer, il s'est tué tout il y a seize ans. reste juste à finir le travail.



Tout cela est donc noir, bien noir. Et dans le genre, Boyle y fait une entrée fracassante.
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L’amitié est un cadeau à se faire

L'amitié est parfois là où on s'y attend le moins...

Entre une veuve de mafieux et un ex-star du porno, ça va faire des étincelles ! Surtout si la mafia est à leurs trousses...

Un bon roman d'action et d'humour, sur fond de sororité et de névroses en tous genres.

Très divertissant, tonique et efficace !
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L’amitié est un cadeau à se faire

A Broklyn, Rena est veuve du célèbre mafioso Vic Ruggiero assassiné devant son domicile. Invitée par son voisin à prendre un verre, elle refuse ses avances et se retrouve à l'assomer avec un cendrier. Le laissant pour mort, elle lui vole sa voiture et se refugie chez sa fille Adrienne qu'elle n'a pas revu depuis des années. Cette dernière lui claque la porte au nez. Rena trouve réconfort chez Lacey Wolfstein, la voisine d'en face, exstar du porno, qui vient elle aussi de se disputer avec Adrienne...



Lucia, fille d'Adrienne, viendra elle aussi trouver refuge chez Wolfstein bien décidée à ne pas suivre sa mère et son compagnon Richie dans leur nouvelle vie. En effet, ce dernier vient de trucider toute une bande de la mafia emportant avec lui un beau pactole.



Et là tout part en vrille !



J'ai démarré l'année sur les chapeaux de roues avec ce roman choral délicieusement déjanté. On y retrouve des héroïnes comme je les aime, des femmes fortes, n'ayant pas leurs langues dans leurs poches! Mais aussi  un scénario digne d'un bon film américain avec une course poursuite à la Telma et Louise et des scènes de tueries à la Tarantino! On ne s'ennuie pas un seul instant tout va vite très vite... ! L'humour noir très plaisant m'a arraché quelques rires au cours de ma lecture. Les scènes sont très cinématographiques, les réparties cinglantes et les quiproquos sont à tomber ! Je vous le recommande, j'ai vraiment adoré ce roman, son ambiance, ses personnages et son humour en font une petite pépite !
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Gravesend

Gravesend est un quartier périphérique de New York . Gravesend est un cul de sac . Ceux qui y reviennent après un échec , ceux qui y végètent dans les miasmes de la rancœur , dans la torpeur de la routine, dans la puanteur des rêves brisés ,tous sont dans leur propre cercle infernal. La belle fille qui se rêvait star, la fille laide qui se rêvait aimée, le boiteux qui s’imaginait caïd, le tueur qui voudrait ne pas avoir tué , le vengeur qui voudrait le pouvoir ,tous se débattent dans les toiles du destin et ce sont leurs efforts , dérisoires , ridicules, que Boyle décrit avec compassion. Un roman mélancolique , très noir où la déréliction d’un quartier accompagne celle des vies.
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L’amitié est un cadeau à se faire

Deux ex reines du porno, une veuve de caïd de la Cosa Nostra , une ado fugueuse aux pieds nus , une brochette de mafieux sur le retour et de pervers pépères , un tueur psychopathe digne d’un film d’horreur et , objet de tous les désirs , une valise bourrée de dollars ! Avec ces ingrédients curieux William Boyle concocte un savoureux et hilarant « fast food » . « Fast » car l’essentiel du roman est une poursuite infernale dans et autour de New York , ponctuée de péripéties improbables (collision entre bus et avion de chasse !) et de rencontres incongrues . « Food » car la nourriture italo-américaine joue un rôle important comme le cinéma et la musique dont les références saturent le texte . C’est iconoclaste (un polar avec des vieux !) , plein de drôlerie et curieusement , malgré un bon stock d’hémoglobine , d’une touchante humanité.
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Gravesend

Un roman noir exceptionnel, une histoire de vengeance et d'expiation au coeur de la diaspora italienne de Brooklyn.



Ray Boy Calabrese est libéré de prison 16 ans après avoir entraîné la mort d'un jeune homme homosexuel. Le frère de la victime, Conway D'Innocenzio, 29 ans, est resté coincé dans le passé bien décidé à venger la mort de son frère, sauf que Conway va se rendre compte qu'il n'est pas un tueur. Il tombe dans une spirale de dégoût de soi et d'introspection dans laquelle il va être rejoint par Alessandra, une actrice ratée qui s'occupe de son père veuf, et par Eugene, le neveu de Ray Boy. Ray Boy Calabrese est de retour à Gravesend : certains l'adorent, d'autres veulent sa mort. . . mais aucun plus que l'ex-détenu lui-même.



Une histoire âpre dans laquelle la psychologie des personnages et la géographie ont plus d'importance que l'intrigue ou l'action. La construction des personnages est magnifique. Ils sont tous confus, tourmentés, paumés et semblent se débattre jusqu'à ce que le seul choix qui reste soit la tragédie. Alors oui c'est noir mais c'est quand même salement beau.
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Gravesend

Rivages/Noir fête ses 30 ans et voici le n°1000 : Gravesend ! Il fallait un livre à la hauteur pour cette occasion, le roman de William Boyle était donc tout indiqué !



Il s'agit d'un "roman noir" sombre, décadent et cruel; la moindre lueur d'espoir est éteinte par les désillusions de l'existence, par une forme de claustrophobie : celle qui anime ceux qui n'ont jamais quitté leur quartier ni même la maison de leurs parents. Bienvenue à Gravesend, enclave italienne de Brooklyn délabrée où un drame a eu lieu seize ans auparavant, détruisant des vies et impactant le quotidien de tous. le passé ressurgit d'un seul coup sous les traits de Ray Boy : responsable de la mort (accidentelle ou non ?) de Duncan, frère de Conway personnage principal de l'histoire.



William Boyle va suivre plusieurs protagonistes qui ont vécu cette tragédie à différentes échelles, tous du même quartier. Conway, frère de Duncan, qui souhaite se venger, tuer Ray Boy mais sa lâcheté compulsive risque de prendre le dessus. Alessandra, la belle fille du coin qui revient de L.A. suite à son échec pour assouvir son rêve de devenir actrice. Eugene, neveu de Ray Boy, petite terreur du coin qui veut reprendre le flambeau de son oncle. Autour d'eux gravitent Ray Boy, épave humaine qui regrette plus que tout ses agissements de jeune délinquant; Stephanie amie de Conway qui n'est certes pas une beauté fatale mais une jeune femme au grand coeur; Pop le père de Conway complètement détruit par la mort de son fils aîné...



L'auteur ne ménage pas ses personnages, certains s'en sortiront, d'autres non. Les chapitres alternent les péripéties des uns et des autres, ils vont tous se croiser d'une manière ou d'une autre. Ils auront tous un rôle à jouer dans cette tragédie : l'égoïsme des uns, la noirceur des autres, le désespoir omniprésent. Une vendetta va avoir lieu mais je peux vous assurer que vous ne vous attendrez pas à un tel final ! C'est tout simplement grandiose, digne d'un film de Scorsese !



En définitive, j'ai dévoré ce livre : une petite pépite du roman noir qui a tous les ingrédients pour vous plaire !
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Le témoin solitaire

J'ai toujours été attiré par les couvertures chatoyantes des éditions Gallmeister et celle du témoin solitaire m'avait autant attiré que le résumé de l'histoire. Une bonne chose ou pas ?



Oui, j'ai apprécié cette histoire car on sent pleinement que l'auteur a été profondément immergé dans le contexte de l'histoire. La description des lieux, les lieux du passé, du présent, les noms, le métro et d'autres éléments donnent une cartographie approfondie des lieux ce qui provoque une immersion des lecteurs dans l'histoire. On voyage depuis son canapé ou lit pour les librocularistes. C'est pour moi l'un des points forts de ce roman.



Quant à l'histoire d'ailleurs ? Pour résumer, Amy un ancienne fêtarde rangée dans la vertu assiste à un meurtre. La base. La voilà t'y pas qu'elle se met à la poursuite du meurtrier. Le jeu du chat et de la souris assez dangereux.



Si l'histoire n'est pas une histoire qui va révolutionner le genre donné, je dois avouer que j'ai apprécié la manière dont l'auteur fait vivre tous les personnages de son histoire. J'ai parfois eu l'impression d'être devant un écran de cinéma et de regarder un film se dérouler. C'est quelque chose que j'ai apprécié. Les personnages sont ce qu'ils sont sans vraiment être des caricatures. Chaque personnage porte, pour moi, en lieu une émotion, un état qui le domine. La culpabilité, la haine, l'amour, la nostalgie qui lui sert de moteur de base. La manière dont l'auteur coud son histoire du chat et de la souris est assez agréable et sans rentrer dans le spectaculaire.



Au final, cela fût une lecture qui ne sera pas un coup de cœur, mais qui me laissera probablement un souvenir de lecture.
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Tout est brisé

Cher William,



Difficile lorsque l’on referme la dernière page de « Tout est brisé », de ne pas se repasser en boucle les chansons de Jeff Buckley, comme un écho à ce que l’on vient de lire.

Ton roman se lit comme on écoute une magnifique ballade mélancolique, à la musique envoutante et aux accents profonds, poignants, qui nous prend aux tripes et dont on ne peut se détacher…

On ne va passer qu’un moment dans la vie d’Érica, mère épuisée par une vie où les épreuves s’enchainent et dans celle de son fils Jimmy. Et ces instants, courts nous racontent tant de douleurs, tant d’errances et de souffrance…celles d’une femme qui se sent si isolée, si seule et celles de ce fils qui ne trouve pas sa place, qui ne parvient pas à supporter cette dépression constante qui semble le détruire lentement. Et à travers ce mal être, c’est le portrait d’une Amérique, désœuvrée, un peu paumée, sans promesses auxquelles se raccrocher.

Tu nous disperses à travers ton récit, des accords musicaux, des notes qui accentuent le poids des mots, des références littéraires comme des instants de répit. On te lit comme si on vivait les évènements, on respire cette oppression New Yorkaise, ces déchirements, cette sollicitation, celle où on espère qu’un autre nous prenne en considération, nous aide à porter un poids devenu trop lourd. Tout est juste, évident et on ne peut s’écarter de ton texte, impressionnant de force, de talent et si émouvant…On est emporté par ce besoin d’un espoir que l’on veut entrevoir, et jusqu’à la dernière page, jusqu’au point final, on respire à ton rythme, avec fascination devant autant d’efficacité…Une réussite




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Tout est brisé

Pour moi, les bibliothèques sont des lieux où s'incarne souvent la magie d'une rencontre : je cherchais un livre qui me permette de rester dans le même esprit que ma lecture de Patti Smith et Just Kids et j'ai découvert cet auteur.



Le livre n'est pas optimiste mais on se prend d'affection pour tous ces personnages qui incarnent l'Amérique profonde, celle ou le travail ne garantit rien et où l'absence de travail vous fait perdre tous les repères et parfois aussi votre dignité.

On y croise toute une galerie de caractères dont certains vous resteront en mémoire longtemps, la musique est omniprésente : Nick Cave ou Jeff Buckley.



Pour les amateurs d'intrigue, passez votre chemin, il ne se passe rien d'extraordinaire, ici, c'est juste la vie quotidienne de ces hommes et femmes broyés par une société qui n'est guère clémente.



J'ai aimé énormément les accompagner et je suis impatiente de lire les autres écrits de William Boyle.
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Gravesend

Un excellent roman, difficile à lâcher. Les protagonistes sont réalistes et d’autant plus attachants. L’ambiance sombre, triste et sans espoir de ce roman nous plonge dans un monde à la destinée cruelle qui n’est autre que la réalité.



Conway est un jeune homme qui depuis la mort de son frère il y a seize ans, n’attends plus qu’une chose : voire sortir de prison celui qui a causé sa mort pour enfin pouvoir se venger. Depuis cet incident, tout s’est écroulé dans la vie de Conway, seule la revanche semble capable de l’apaiser.

Ray Boy était le dur à cuire, le chef de bande, celui qui faisait la loi et qui n’avait pas peur de défier les autres. Depuis que Duncan est mort par sa faute, il est resté enfermé sous les barreaux seize longues années. Mais, maintenant il est libre. Et cassé.

Revenue de Los Angeles après avoir échoué sa carrière en tant qu’actrice, Alexandra est finalement de retour dans son quartier natal. Les choses semblent ne pas avoir changé, le gang de caïd de son bahut est toujours là, Stephanie la fille de son lycée vit toujours chez sa mère bien qu’elle soit presque trentenaire.

Eugène ne rêve que d’une chose : être comme son cousin, Ray Boy. Et il compte bien montrer à tout le monde que ce n’est pas parce qu’une de ses jambes est boiteuse, qu’il est une mauviette. Une vraie petite frappe hargneuse et insolente qui se prend pour une grosse brute et qui tente de s’imposer en tant que tel.

Gravesend est loin d’être l’endroit dans lequel on reverrait de naître. Quartier où se mêlent italiens et russes au sud de Brooklyn, une mélancolie constante et âcre règne cependant dans ses rues affligées. Conway a vu son jeune frère mourir renversé par une voiture, alors qu’il essayait de semer Ray Boy Calabrese et sa bande. Le tribunal conclut à un crime motivé par la haine et Ray Boy empoche dès lors seize ans de prison. Tandis que certains pensent qu’il ne méritait pas une peine si longue, d’autres sont d’avis qu’il aurait dû y rester plus longtemps. Conway n’a jamais digéré la mort de son frère. Mais Ray Boy est sortis de prison à présent et il compte bien le faire payer pour ses actes.

Seulement sa revanche ne s’est pas déroulé comme prévu. Alors que Conway pensait retrouver le bad boy qu’il connaissait il y a seize ans, il est surpris de découvrir un homme déchiré qui ne souhaite que la mort.

Les destins de Conway, Ray Boy, Alessandra et Eugène se croisent pour le pire et le… non, en fait juste le pire.

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L’amitié est un cadeau à se faire

Si Rena n'avait pas repoussé les avances de son balourd de voisin qui ne comprend pas que non... c'est non; si, le croyant mort, elle n'était pas partie se réfugier chez sa fille, qui refuse de la voir depuis longtemps et ne change pas d'avis; si Wolfstein voisine d'en face de ladite fille n'avait pas offert asile à Rena, les vies de Rena et Wolstein auraient pu continuer assez pépères. Les deux sexagénaires, Rena, veuve de mafioso et Wolfstein, ex actrice porno et arnaqueuse vont se retrouver malgré elles poursuivies par le voisin de Rena, le petit ami de sa fille, et un très très méchant mafieux connu pour son usage immodéré du marteau. Pas mal de dollars sont en jeu aussi, et voilà qui donne lieu à une belle course poursuite à perdre haleine. Certains y perdront carrément la vie.



Une lecture détente bien sûr, qui me donne envie de lire d'autres romans de l'auteur, que je découvre au détour de la bibli.
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La Cité des marges

La Cité des marges, cinquième roman de William Boyle, est publié aux éditions Gallmeister, toujours sous le regard attentif de François Guérif, qui évoque carrément une « comédie humaine » lorsqu’il parle de ses héros, qui peuplent toujours les mêmes trottoirs.
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La Cité des marges

La cité des marges est un polar très noir qui rentre bien dans la catégorie du dirty realism, courant littéraire paru Outre Atlantique dans les années 1980-90, un genre qui s’intéresse à la vie peu reluisante de petites gens, avec leur parler, qui peut être cru, dans une écriture dépourvue de toute joliesse. C’est curieux, mais j’ai constaté que plusieurs écrivains contemporains nord américains refusent cette étiquette qui pourtant colle bien à leur style.



En tout cas, en ce qui concerne ce roman, je trouve que l’étiquette lui va comme un gant. Voici un roman très fort situé dans le Brooklyn natal de l’auteur, dans les années 90 du siècle dernier, qui nous décrit Little Italy et ses gens sous forme de roman choral avec 7 personnages hauts en couleur, magnifiquement travaillés.



Au centre du récit et personnage autour duquel tourne l’intrigue : Donnie Parascandolo, ex-flic exclu du Corps après l’agression d’un supérieur, devenu gros bras d’un minable parrain du quartier; Donnie est alcoolique et passablement agressif et suite au décès de son fils unique, sa femme Donna l’a quitté. Malgré la noirceur et la violence de ce personnage, on ressent de l’empathie pour lui parce que c’est un paria et qu’il est en train de se suicider à petit feu, il est au bout de lui même.



Les autres personnages autour de Donnie sont : son ex femme, Donna, qui vit à quelques mètres, non remise de la perte de son fils; Rosemarie et Mikey Baldini, mère veuve et fils un peu déboussolé; Ava et Nick Bifulco, mère veuve, directrice d’EPHAD et fils nul, professeur de lycée, qui pense faire fortune en écrivant un livre sur Donnie, le flic ripou; Antonina Divino la Lolita du quartier qui a l’air de savoir ce qu’elle veut; Ralph Sottile, un autre ex flic ripou, un personnage émouvant qui va s’attacher à Antonina en souvenir de la fille qu’il a rêvé d’avoir un jour.



Tous ces personnages habitent le quartier, certains se connaissent, d’autres vont se croiser de façon fortuite ou provoquée. Tant d’interactions entre tous ces personnages, feront que l’atmosphère va s’envenimer et à partir de là le roman se transforme en tragédie grecque avec plein de mammas italiennes pleurant toutes les larmes de leurs corps.



La fin de ce roman noir est ouverte, c’est une satire assez féroce et très sociale, décrivant un milieu particulier. Et au coeur du livre, se trouvent la perte de l’innocence et la douleur qui suit la disparition d’êtres chers. Une lecture qui secoue.
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Gravesend

Boyle joue à Dieu et pointe son doigt sur un quartier populaire de Brooklyn, mêlant la vie de personnages tellement stéréotypés que la mayonnaise prend directe. J'te cause d'un univers marqué par la filmographie de Scorcese, voir Ray Liotta ou De Niro se pointer pour faire un caméo serait pas une grosse surprise ma gueule. D’ailleurs les références sont citées de manières intelligentes et ce pour notre plus grand bonheur, à conditions d’en être friand.



Tu veux du New-York qui sent la sauce tomate ? Où le rêve américain est une putain de publicité mensongère malgré l’envie d’en faire partie ?



Le contraste old school/nouvelle génération est fulgurant. Les anciens s’acharnent à faire régner une tradition de mafia vieillissante mêlée d’une protection divine face à la jeunesse dopée aux codes culturels des années 90, leur foutant des rêves plein la tête, ou en tout cas, celui de s’échapper de la crasse ambiante du quartier.



Dans ce bordel organisé, Boyle en rajoute une couche. Une couche bien dégueulasse, remplie à ras bord et qui laisse croire qu’elle est sur le point d’être changée.



Le meurtre de son frère ayant changé sa vie à tout jamais, Conway n’a qu’une idée en tête, se venger en tuant l’assassin, véritable star pour toutes les petites frappes locales. Seize ans qu’il attend ce moment, seize ans à ruminer un plan. Malheureusement rien ne va se dérouler comme prévu.



Vu au début du récit comme une sorte de chevalier blanc qui manque de bol et de courage, Conway va lentement sombrer dans le grand n’importe quoi, entraînant avec lui son entourage plus ou moins proche dans une chute sans fond, et dont les vertiges nous tordent les boyaux comme dans un pur film de genre.



350 pages à te bouffer les doigts à cause du suspense, du talent à revendre mon vieux. Gravesend est un polar à lire tant qu’on veuille de la qualité. On pense à Il était une fois dans le Bronx, Il était une fois en Amérique, aux Infiltrés, aux Affranchis, … Boyle est un véritable sociologue, un guide qui nous plonge dans un monde réglé comme du papier musique mais à deux doigts de péter à n’importe quel moment.



Pfiou, encore une lecture dont on va avoir du mal à se remettre. Sublime mon vieux, su-blime.


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Gravesend

William Boyle, né en 1978 à Brooklyn (New York), est un romancier et disquaire américain. Il vit aujourd'hui à Oxford, dans le Mississippi. Gravesend, son premier roman, date de 2013.

Il y avait un mystère pour moi autour de cet écrivain. J’avais lu et détesté Le Témoin solitaire, pourtant William Boyle était encensé par la critique, portant aux nues ce Gravesend. Je devais en avoir le cœur net.

Pour Conway c’était simple : on venait de relâcher après seize années de prison Ray Boy Calabrese, cette petite frappe qui avait assassiné Duncan son frère homosexuel, il allait le tuer et lui faire payer pour enfin faire son deuil. Vouloir est une chose, faire en est une autre…

Le roman se déroule à Gravesend, quartier italien au sud de Brooklyn, une enclave un peu hors du temps où tout semble figé comme hier et où va se jouer le destin quasiment écrit d’avance, d’une poignée d’acteurs aux vies fracassées.

L’assassinat de Duncan a fait exploser la famille de Conway, le père est comme mort intérieurement et sa mère est partie, à près de trente ans il vit toujours dans la maison familiale, vivotant d’un petit boulot dans une parapharmacie, tout en ruminant sa vengeance. Il n’a qu’un ami, McKenna, marié mais effondré par son couple qui tangue. Le retour de Ray Boy déclenche des attitudes divergentes selon les clans, Conway s’active pour mettre à exécution son plan, tandis que dans l’entourage du libéré on se félicite de revoir celui qu’on considérait comme une injuste victime de la justice. Eugene, son jeune neveu, éclopé et bon à rien, voit en cet homme une figure de héros, s’imagine un avenir plus pétaradant qui le sortira de cette vie qu’il déteste, un futur de nouveau caïd peut-être.

Mais le Ray Boy d’autrefois, cette petite frappe chef de bande, tabassant les faibles de son école et draguant les filles n’est plus le même homme aujourd’hui. La prison lui a fait prendre conscience de ses crimes, il est désormais en quête de rédemption. Ce qui désarçonne complètement Conway et Eugene, pour des raisons diamétralement opposées.

Une figure féminine s’imposait et c’est un autre retour à Gravesend, Alessandra, partie tenter sa chance comme actrice à Los Angeles, en vain. Elle aussi a fréquenté la même école que Conway et Ray Boy. Conway qui l’admirait déjà alors cherchera maladroitement à s’en rapprocher. Toutes les jolies filles ont une vague copine qui l’est moins et les met en valeur, Stephanie est celle-là. Une autre malheureuse, célibataire vivant une morne vie avec sa mère à moitié folle.

Ce roman est absolument magnifique tant tout y est parfait. La description du quartier et des gens qui y vivent est très précise et détaillée, on visite cette enclave avec un guide de choix. Quant aux personnages, cette petite poignée d’êtres ravagés par l’ennui, l’alcool et l’avenir borné, réduits à des actions lamentables (picoler) ou franchement répréhensibles, le lecteur ne peut les détester, leur pathétisme nous émeut et certaines scènes sont d’une force émotionnelle extrêmement forte.

Bien évidemment, tout cela finira mal pour beaucoup d’entre eux mais le roman s’achève sur une légère note d’espoir, peut-être qu’Alessandra animée de nouvelles résolutions – basiques certes et loin de ses rêves, mais bonnes – s’en tirera ?

Une lecture indispensable, proche du chef d’œuvre. Mais pour moi le mystère William Boyle subsiste, est-ce réellement un grand écrivain ou bien ce livre, son premier, n’était-il qu’un one shot ? J’y reviendrai, c’est désormais obligatoire.

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L’amitié est un cadeau à se faire

On se marre bien dans cette mare de sang ! On a le sentiment d’une rangée de dominos bien alignés dont le premier à chuter va entraîner tous les autres dans une cascade esthétique.

Ça commence tranquille par une mémé veuve qui vit dans ses souvenirs. Draguée par son vieux et libidineux voisin Enzo, elle accepte par lassitude d’aller boire un café chez lui et c’est le domino numéro qui tombe ! Il essaie de coucher avec elle, en lui montrant un film porno ), elle l’assomme, vole sa voiture et part en cavale (surréaliste ! :-) On découvre au fil des pages qu’elle est la veuve d’un ancien parrain de la mafia, que sa fille vit avec un mafieux véreux, on y croise d’anciennes stars du pornos époustouflantes de sang froid et de reparties qui vont protéger la veuve et sa petite fille bien que l’une et l’autre soit d’une sacrée trempe, un tueur sadique et résolu, des meurtres, de l’argent dans une malle… bref tout y est pour une course poursuite effrénée contre éviter la mafia, la police, le tueur fou,…c’est jubilatoire bien qu’un peu gore. Un bon moment de délire, rien de plus mais rien de moins.
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L’amitié est un cadeau à se faire

Rena, veuve du mafieux Vic le Tendre vit seule à Brooklyn, brouillée avec sa fille Adrienne, ne voyant plus sa petite-fille Lucia. Mais quand Enzio son voisin octogénaire essaye de l’embrasser, ni un ni deux, elle s’empare du cendrier près d’elle et assomme le vieux libidineux. Persuadée de l’avoir tué, elle lui vole sa voiture et direction chez sa fille... qui lui ferme la porte au nez. Rena se retrouve chez la voisine d’en face, Wolfstein, ancienne star du X et arnaqueuse en rédemption puis Lucia les rejoint. Mais quand deux mafieux veulent se faire la peau et qu’au milieu se trouve un demi-million de dollars. La grand-mère, sa petite fille et leur nouvelle amie prennent le large et c’est parti pour un road trip haut en couleurs avec des mafiosos à la

Dans ce roman choral à l’humour noir décapant, William Boyle nous embarque à toute berzingue dans une course poursuite truculente. Ça va dans tous les sens, aucun temps mort dans cette folle épopée mais dans une construction d’une maîtrise remarquable portée par des personnages haut en couleurs autant drôles que touchants. L’auteur rend un hommage fantaisiste et plein de tendresse aux femmes sur fond de film de gangsters et de notes de rock’n’roll !

Et c’est aussi un livre sur les rencontres fortuites de la vie et on ne peut que mettre en application le conseil du joli titre car quoi de plus beau que l’amitié, alors oui, l’amitié est un cadeau à se faire et c’est 3 femmes vont le prouver !

J’ai eu un véritable coup de cœur pour ce roman. J’ai beaucoup ri, je me suis laissé porté dans un tas d’émotions avec ces drôles de femmes, j’avais l’impression d’être devant un film et je ne voulais surtout pas que ça s’arrête ! Si je n’avais qu’un mot pour décrire cette folle histoire, je dirais simplement GÉNIAL !
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Tout est brisé

Tout est brisé, c'est l'envers du décor du rêve américain. Avec une famille décomposée, William Boyle nous dresse un portrait touchant de la société américaine avec des personnages qui s'aiment et se rejettent à la fois.

La construction du roman est assez originale, quatre parties représentant à chaque fois le quotidien de la mère ou du fils. Nous permettant ainsi de nous sentir plus proche d'eux.

Le style d'écriture est aussi à souligner : il nous captive par sa justesse et sa simplicité alors même que l'auteur nous dresse des portraits remplis de désespoir et de tristesse.

Au final, c'est une superbe histoire d'amour fait de destin cassé où tout est brisé... Enfin pas complètement, cette histoire aurait pu être totalement noire, mais nous refermons le roman avec une sensation d'espoir.
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Tout est brisé

Gravesend avait été une de mes meilleures lectures de 2016, je suis donc très heureuse de retrouver le brillant William Boyle avec Tout est brisé !



Nous retrouvons ici l'ambiance si particulière, si sombre et si passionnante du roman précédent de l'auteur. Nous retrouvons Brooklyn, nous retrouvons des personnages relativement similaires : tout aussi émouvants, complexes et attachants. William Boyle écrit des histoires de vie, des morceaux d'existence, des instants inoubliables, parfois ordinaires mais toujours remplis de passion avec ce côté dramatique qui se rapproche du pessimisme sans pour autant manquer de lueur d'espoir.



Je suis vraiment fascinée par l'univers de cet auteur et je me suis vraiment régalée à la lecture de Tout est brisé. C'est une histoire puissante, percutante, déchirante. On ne peut pas sortir indemne de cette lecture et il ne faut pas être une âme sensible pour décider à se plonger dans les noirceurs de l'âme humaine décrites par le romancier. C'est fort, dur et tragique.



Malgré leurs défauts, j'ai adoré les personnages qui sont des êtres brisés mais qui essayent de continuer envers et contre tout à avancer. Le lien qui unit Erica à son fils est le coeur de cette histoire : chaque acte fait par Erica pour sauver son fils est terrible et émouvant. L'auteur réussit ainsi à traiter des sujets qui lui tiennent à coeur, des sujets importants notamment à notre époque.



En définitive un très beau roman dans la continuité du merveilleux Gravesend : une excellente lecture !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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