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Citations de Éric Fottorino (696)


À dix ans je t'aurais accueilli en Sauveur.
A 17 ans je t'ai pris pour un menteur.
Mon enfance t'aurais adulé.
Mon adolescence t'a condamné. J'ai atteint tard l'âge de raison. Plus tard encore celui du cœur.
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La plaque de cuivre vissée à la porte de mon cabinet prête souvent à confusion. Je le savais en demandant au graveur d’inscrire ce simple mot : accordeur. En réalité, j’accorde d’étranges instruments, mais faut-il parler d’instruments quand il s’agit de corps humain ? Plusieurs fois par jour, on me sollicite pour un violon mal en point, les cordes détraquées par le froid. Dans la patrie de Grieg où tout un chacun a essayé au moins une fois d’interpréter sa fameuse suite de Peer Gynt, le plus humble foyer abrite un violon et son archet. Lorsque l’apprenti musicien de la famille mesure la difficulté à devenir Edvard Grieg et met sur le compte du mercure son impossibilité à remuer les doigts aussi vite que l’exige la partition, comme si Grieg avait mis des gants pour réussir, l’instrument est rangé avec une vénération perplexe. Mais quelque temps s’écoule et il se trouve toujours un audacieux ou un inconscient pour tenter sa chance, ce qui explique le surmenage des accordeurs à Bergen, les écarts de température ayant raison des réglages au millimètre du crin de cheval. Aux visiteurs heureux de me découvrir les mains libres dans mon cabinet, qui vérifient sans m’écouter l’absence miraculeuse de file d’attente et de violons en souffrance, je propose, une fois leur déception passée, trois adresses d’authentiques accordeurs. Cette entraide est bien naturelle. Il arrive qu’un de ces maîtres m’envoie un teneur de violon malhabile dont le mouvement imparfait du bras éreinte les cordages. Là, c’est à moi de jouer. Je suis un accordeur de corps. J’accorde les muscles et les vertèbres comme un guérisseur de piano rend leur souplesse aux cordes martelées de la table d’harmonie. C’est toute ma vie, accorder. Au fond, je ne connais pas d’œuvre plus humaine.
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Le lendemain, j'avais informé Carella: "Je crois que j'ai eu une intuition."
" C'est bon signe, m'avait-il répondu. L'intuition est un excès de vitesse de l'intelligence."
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Etais-je désormais condamné à ne plus voir la vie qu’à travers le regard de l’artiste serbe ? Je me suis demandé si c’était ça, regarder : dynamiter le réel avec d’autres images qui le pervertissaient. J’aurais préféré fermer les yeux, ne rien voir, ne rien savoir. Pourtant une force m’entraînait. Je devais à tout prix apprendre les vérités cachées que connaissait Marina Abramovic, je devais savoir ce que savait cette chamane venue d’un pays qui n’existait plus. Comme n’aurait pu exister aucune synagogue sur la terre sans les militaires qui les gardaient. Derrière leurs armes il y avait un homme et une femme nus, fragiles, sans défense, vulnérables.
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Les Grands Champs forment une belle superficie de terre irrégulière avec des talus aussi traîtres que certains courants de pleine mer pour les bateaux. Par endroits il faut tenir ferme le volant afin de ne pas verser. Le tracteur est bringuebalé de droite et de gauche. C’est une lutte de chaque instant. Tracer des sillons rectilignes est une épreuve de force. Il doit descendre sans arrêt de sa cabine, enlever les pierres qui remontent des profondeurs du sol malgré les labours réguliers, malgré les déchaussages et l’arrachage des mauvaises herbes qui défient le blé. Mo sait toutes les nommer, les renouées à feuilles pointues, les mercuriales, les arroches. Il les repère cent mètres à la ronde. C’est sa seconde nature. Dans les parcelles qu’il cultive sans chimie, il les laisse prospérer.
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Pour vous, cher Jean-Paul, en espérant que ces pages vous feront voyager et réfléchir. (Dédicace signée Éric Fottorino)
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On s'en est sorti vivants Lina et moi.
Vivants, mais pas indemne.
Dans mon cœur, une statue de pierre est toujours debout,
raide et menaçante.
Nice commence par un point de côté, une peine à respirer.
p 51
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Il est cinq heures du soir et nous venons de naitre.
P 263
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… mère enfant, mère courage de dix-sept ans envoyée chez de lointains parents dans un village perdu des Alpes-Maritimes pour dissimuler la honte qui pointait […] Fille mère d’une mère qui ne voulait plus de sa fille tant qu’elle serait grosse jusqu’aux yeux d’un juif marocain, qui connut la souffrance de ne pouvoir être mon père, mais c’est une autre histoire.
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Ce nom que je porte comme un talisman, qui sentait la Tunisie du Sud, les pâtisseries orientales, l'accent de là -bas, la chaleur et le bleu du ciel, les dunes de Tozeur et le miel, quelque chose d'infiniment généreux qui passait dans sa voix ou dans ses seuls gestes quand il estimait que les mots étaient en trop et qu'il préférait se taire, promenant seulement sur moi un regard d'une tendresse sans fond ou recherchant ma complicité d'un clin d'oeil.
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Le grondement d’une corne de brume rependait à l’infini sa musique désolée de violoncelle.
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Un roman doit pencher dans le vide. C’est ce qui le rend dangereux. Quel serait l’intérêt d’un roman sans danger ? Si écrire ne vous remue pas la moelle, vous perdez votre temps. À chaque page vous devez sentir que tout pourrait vous sauter à la figure.
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Même le petit Noir sur l'étiquette du vinaigre Negrita s'en payait une bonne tranche et aussi le garnement de la boîte Cérébos qui coursait une poule en versant des grains de sel sur sa queue.
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Le petit aime beaucoup écouter les grandes personnes. C'est ainsi que sa vie est un malentendu. L'autre jour, Lina parlait à un inconnu devant le bâtiment Z: "Mon fils est un enfant d'août", expliquait-elle. Le petit a saisi "un enfant doux" mais l'homme a repris Lina en prononçant le "t" final de ceux qui ont l'accent du Sud-Ouest. Il a dit août avec le "t" cogné contre les dents et le petit s'est métamorphosé en "enfant doute". D'un seul coup la douceur de sa naissance a disparu et c'est ainsi qu'il s'est enfoncé dans le malentendu qui va bien avec les secrets.
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Le dimanche, Suzanne n'insistait guère pour le traîner à la messe. Il était dans ses champs ou auprès des bêtes. Une jument qui allait pouliner, il le sentait avant même l'avis du vétérinaire, et pareil pour les pois qu'il fallait enfouir sans tarder, ou les choux d'hiver, ou le persil. En semant, il espérait. C'était sa parole divine, sa confiance en la terre plus qu'au ciel.
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Dans ma vie j’avais toujours agi selon mes connaissances, laissant de côté mes émotions. L’art n’avait pas trouvé sa place, il était une étrangeté inaccessible, hors de portée de ma raison. Un univers improbable que je tenais pour futile ou gratuit comparé à l’exercice d’un métier tangible, chauffeur routier, architecte ou assureur, pour rapprocher des activités sans lien entre elles sinon d’obéir à des règles.
L’art était à mes yeux le contraire de la contrainte et de l’exigence. Je croyais ça. Que c’était du vent, alors que le vent c’était moi. (…)
L’art n’avait pas sa place dans la mienne, surtout au bloc opératoire, et si peu ailleurs. A quoi pouvait-il donc me servir ? Ca ne servait à rien, l’art.
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Bientôt plus personne ne reconnaitra le chemin. Mon père ne veut pas se l’avouer, pense Mo, mais nous sommes déjà morts, et lui un peu plus que les autres. Les éoliennes, c’est la dernière arme qu’ils ont trouvés pour nous éliminer, nous les paysans. Quand le béton aura éventré nos terres, quand nos paysages seront devenus des usines en mouvement, nous aurons disparu à jamais. p. 92
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Éric Fottorino
(À propos de la maison de la clôture)
Ce sont les Rupelliens briscards qui lui ont trouvé ce surnom parce qu'ils se sentent exclus de la vie culturelle. Il n'existe pas de clôture à proprement parler. Elle est invisible et pourtant on la ressent. Quelque chose de dressé dans le regard des habitués, des regards barbelés, grillagés. L'arrogance de celui qui sait envers l'ignorant, lequel, quoi qu'il fasse, est condamné à demeurer ignorant. Prends ton amour-propre à deux mains et vas-y un soir. Choisis n'importe quel spectacle, dans leur genre, ils sont tous aussi incompréhensibles. Tu pourrais demander un carton d'invitation au maire mais je te le déconseille. Il vaut mieux que tu payes ta place, ça te motivera après le premier quart d'heure.
Page 160
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Depuis sa mort, il vit plus que jamais en moi à travers les hasards qui surgissent. (...) Pas une journée ne s'écoule sans ces rappels étranges qui pourraient laisser croire que la mort aime jouer à cache-cache avec les vivants.
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A chaque séparation une plaie se rouvrait en moi.
J'étais dispensé d'amour comme on est dispensé de gym
p71
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