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EAN : 9782729120320
95 pages
Editions de La Différence (06/06/2013)
3.2/5   5 notes
Résumé :
101, rue Condorcet, Clamart est l’adresse où vécut Marina Tsvetaeva, la grande poétesse russe, son mari Serguei et leurs deux enfants, Alia et Mour, dans leur exil en France, après la révolution russe. Simon-Pierre Hamelin qui habita ce deux pièces-cuisine un demi-siècle plus tard, découvrit par hasard que le logement de son enfance avait abrité un des plus grands écrivains du XXe siècle. La fiction qu’il en tire, dans ce petit livre vibrant et tout en retenue, est ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Pas faciles les mots de Tsvétaïéva. Féroces, sabrés, la griffe de sa douleur entre dans ses mots par la force de ses braises. Hamelin nous dit « la polonaise »  comme elle a vécu l'éternité de Clamart.
Misère, hargne et colère. Acharnement d'une noceuse d'insomnie frappant son tambour au tympan de son insupportable conscience.
« En Russie, je suis un poète sans livres, ici –un poète sans lecteurs. Ce que je fais, personne n'en a besoin. »
Folle, je n'en sais rien, folle de douleur peut être. Mais consciente ça j'en suis sûre. Marina c'est l'exil aussi- et surtout.
L'exil définitif, certain, reçu. « ici je suis inutile, là bas je suis impossible ». Mais irré-vocable refus. «  Si seulement, il y avait un arbre à regarder à sentir, un grand arbre, qui ne soit pas le bouleau malingre nous narguant par la fenêtre, ou les pousses de platanes ridicules, empêchées sus le gras pavé du faubourg ; oui, s'il y avait un seul arbre, fort et protecteur, assurément, nous pourrions tous nous tenir un peu plus droit ». L'exigence est là. Sa force aussi «  à quoi bon le nouveau si nous perdons le vrai ? »
L'exil d'une terre que l'on sait ne jamais pouvoir retrouver.
Elle était partie bien avant d'avoir quitté. « Évacuée » hors d'elle même. L'exode peut être plus cruel que l'exil. Hamelin nous le fait comprendre, il fallait que ce visage prenne un peu corps pour que nous puissions mieux entendre le bruit de sa chair entre ses maux. « Parce qu'il faut avoir vécu l'insupportable et entrevu la mort pour ressusciter la lumière. » écrit Linda Lê en évoquant la vie de cette rugissante. Alors elle écrit, écrit, misérable en foyer, mais déesse en brasier. «  je ne suis bonne à rien qu'aimer ou écrire, ce qui est parfaitement le même verbe » - «  Si vous êtes vivant, je suis sauvée ». Je vois la voix inconnue de Kandinsky lorsque j'entends les tirets de son fouet, son vertige, cet incroyable vortex qu'elle met en mouvement par sa déchirure. Je lis cette voix inconnue : « Je sais tout ce qui fut, tout ce qui sera, Je connais ce mystère sourd-muet que dans la langue menteuse et noire des humains- on appelle la vie ».


Extrait d'une lettre du 31 décembre 1929 à Meudon – à Boris Pasternak
[…] Boris, avec toi je redoute chaque mot, voilà la raison de mon silence épistolaire. Car nous n'avons rien d'autre que les mots, nous y sommes condamnés. Car tout ce qui, avec d'autres, passe – sans mots, les mots sans voix, sans rectification par la voix. le peu de chose prononcé (l'air a tout mangé) – est affirmé, muettement hurlé. Boris, d'ordinaire, dans toute relation humaine, les mots sont juste une main-forte, une béquille, une dernière extrémité, et l'extrémité l'est toujours – dernière. On dit bien – en guise d'adieu. ... Chacune de nos lettres est la dernière. Tantôt – la dernière avant notre rencontre, tantôt – la dernière pour toujours. Peut-être est-ce d'écrire rarement que tout reprend à neuf – à chaque fois. L'âme se nourrit de la vie, ici l'âme se nourrit de l'âme, auto-dévoration, impasse. […]


« Prie, ami, pour la maison sans sommeil, pour la fenêtre éclairée-1916 » «  le poète découvre dans ses rêves la formule de la fleur et la loi de l'étoile-1918 ». » Tu voudrais bien toi savoir pourquoi je suis ainsi punie. Regarde le ciel par la fenêtre, tout de moi y est dit-1920'.

« . Dedans – un mot. Et le bonheur. – C'est tout »

Quel était donc ce mot qui dans cette nuit lui aura si terriblement manqué ?

« toute mort de poète, même la plus naturelle est contre nature, c'est à dire un meurtre » 1926 extrait - lettre à Rilke.

Astrid Shriqui Garain
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En moins de 100 pages, l'auteur nous relate un court épisode de la vie misérable que mène la famille Efron (époux de Marina Tsvetaeva) exilée en France suite à la révolution bolchévique, dans ce petit logement de la rue Condorcet à Clamart. Successivement, chaque chapitre nous présente le point de vue de la poétesse, de son fils, de sa fille, de son mari… et de l'huissier qui vient leur rendre une assez désagréable visite.

L'écriture est très fluide, lisse et assez belle, largement agrémentée, en particulier lorsque Marina Tsvetaeva est la narratrice du chapitre, d'expressions propres à cette dame que l'on retrouvera par ailleurs avec délice dans ses poèmes et correspondances. Toutefois, j'ai été déçue de ne pas trouver de variantes dans le style littéraire entre chacun des chapitres, en fonction des protagonistes dont les personnalités sont pourtant profondément différentes. Ce roman aurait pu être l'occasion d'un merveilleux jeu de langue et d'une très belle dévouverte littéraire. Malgré ce point noir, je me suis surprise à le conseiller à des personnes qui ne connaissent pas encore Marina Tsvetaeva, cette lecture peut être une manière de découvrir facilement et en douceur la poésie russe. Pour les autres, en revanche, ceux qui auraient déjà lu Vivre dans le feu, l'autobiographie de M. T., vous n'y trouverez qu'une pâle redite de cette vie cousue d'évenements malheureux et, privés vous serez de l'écriture flamboyante, accrocheuse, difficile et toute à la fois fascinante de Marina Tsvetaeva.

Il n'est pas si facile de flirter avec cette si grande dame…
Lien : https://synchroniciteetseren..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
« Mama l’a trouvé un peu après midi, au retour de l’école, au milieu d’autres lettres, déposé dans la boîte grisée de l’entrée, sur laquelle est écrit notre nom “Efron” en lettres latines et celui de Mama, “Tsvetaeva”. Il n’y a pas de prénom, un seul et simple tiret les sépare. Le pli est officiel dans une enveloppe toute aussi grise, et dit que l’huissier va venir, va saisir, dans une langue que je comprends mal. Mais je suis grand déjà ; j’aurai huit ans la semaine prochaine. Mama m’a promis qu’elle m’emmènerait à Paris, boire une limonade à Vaugirard, au Bois de Vincennes, voir les lions, la pagode, le pavillon javanais. Et elle en fera l’effort, malgré sa terreur crasse des automobiles. “Te rends-tu compte, l’huissier va venir et saisir. Mon Dieu, c’est la première fois que cela nous arrive ! Nous sommes perdus ! Et ton père qui n’est pas là, et ta sœur Alia, qui le suit pas à pas. Mourlyka, ne me regarde pas ainsi ; fais quelque chose, c’est toi l’homme ici ! Mour chéri, je vais réchauffer le thé… Mon Dieu, et le charbon qui manque et… Monte emprunter un seau à Victor Borissovitch, il t’aime bien. Moi, je n’en ai pas le courage… Et la lecture de demain, l’hommage à Volochine qu’il faut encore peaufiner… Mon Dieu, et la lettre pour Assia !...Va, mon cœur.” »
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"« Je sais tout ce qui fut, tout ce qui sera, Je connais ce mystère sourd-muet que dans la langue menteuse et noire des humains- on appelle la vie ».
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