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EAN : 9782070348978
304 pages
Gallimard (10/10/2013)
4/5   15 notes
Résumé :
«Ne crie pas que tu donneras ta vie pour tes principes, pour la vérité ; mais tâche de ne jamais mentir.»

L’histoire retient d'Alexandra David-Néel (1868-1969) qu’elle est la première européenne à séjourner à Lhassa au Tibet. Jennifer Lesieur rappelle qu’elle fut aussi chanteuse d’opéra, franc-maçonne, journaliste, et qu’elle écrivit une quarantaine de livres dont Voyage d’une parisienne à Lhassa et La Lampe de sagesse. Orientaliste érudite, elle vécu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai toujours été fascinée par Alexandra David-Néel, cette femme, « en robe » escaladant les sommets du Toit du monde, la 1ère femme étrangère entrant à Lhassa, ville interdite, ville mythique du Tibet… bref, une sacrée femme du début du 20e siècle. Je m'étais toujours dit que je la lirai… pas encore fait, mais on m'a offert cette très belle biographie d'elle… et franchement, lecture passionnante et étonnante.
Étonnante car Alexandra David-Néel est une femme exceptionnelle, incroyable, avec un fort tempérament, au bas mot, une intelligence hors du commun, une volonté dépassant l'entendement et une énorme soif de découverte.
Intéressant aussi de lire cette biographie, qui paraît sincère et juste, dans le sens où le vrai caractère d'Alexandra est bien décrit, et pas toujours à son avantage.
On découvre son enfance pas très heureuse, sa vie de chanteuse pour vivre, sa vie sentimentale, peu orthodoxe, et surtout toutes ses explorations. C'est fascinant, toutes ses pérégrinations, dans des conditions souvent difficiles, voire très très difficiles.
Alors bien sur il y a le Tibet, Lhassa… mais pas seulement. Il y a aussi l'Inde, la Chine, la Russie, le Japon. Elle se trouve dans des pays en guerre, ou sur le point d'y entrer. Elle vit les grands bouleversements de l'Asie. Et tout ceci avec beaucoup de calme, même si elle a frôlé plus d'une fois la mort, n'a pas mangé à sa faim, a été épuisé par de longues marches dans de mauvaises conditions etc.
J'ai aimé que le texte soit régulièrement entrecoupé par les mots d'Alexandra, elle-même. Des photos très touchantes sont insérées au milieu du livre.
Quelques personnages de son entourage sont très émouvants : Philippe Néel son mari, Yongden son fils adoptif, et Marie-Madeleine qui a été près d'elle ses 10 dernières années.
Force de la nature, Alexandra est décédée un mois avant son 102e anniversaire.
J'avoue que cette lecture me donne envie, encore plus, de lire Alexandra David-Néel… et pourquoi pas aller à Digne dans sa maison qui abrite maintenant sa fondation et peu à peu se transforme en musée : Samten Dzong.
« Digne toujours accueillante dans son écrin de montagnes et de verdure qu'Alexandra appelait "Himalaya pour lilliputiens" ».
Je vous conseille vivement la lecture de cette biographie.
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Biographie de 270 pages passionnantes (avec quelques photos bienvenues) sur une femme que l'on n'aurait pas le culot d'inventer et qui pourtant a existé ! Alexandra David est née dans un milieu aisé, cultivé mais des parents qui la délaissent, aucune preuve d'amour et elle en restera marqué à vie. Très jeune passionnée par les religions, douée remarquablement pour le chant d'opéra (elle fera de la scène et y sera acclamée), journaliste, écrivaine, elle part pour son premier voyage en Inde à 22 ans, seule. Comment imaginer partir seule en 1891 ! Mais ce n'est que le début pour cette femme qui va s'éteindre à 100 ans.
Elle va aller surtout en Chine, en Inde, au Tibet bien sûr, première européenne à entrer à Lhassa, ville interdite, après des mois de voyage avec son fidèle ami, traducteur, boy : Aphur Yongden. Voyage qu'ils effectuent en mendiant, en haillon, le visage plein de suie pour que l'on ne voit pas la blancheur de leur peau. Elle a alors 56 ans !
Alexandra qui se marie contre tout attente à la trentaine avec Philippe Neel qu'elle verra peu mais qui toujours lui enverra de l'argent pour qu'elle puisse continuer ses pérégrinations.
Tant d'aventures inimaginables, de vivre en ermite des mois pour se retrouver ensuite dans des cocktails avec des anglais admiratifs, écrire des livres, prendre des photos extraordinaires et puis se retrouver à dormir par terre dans les conditions les plus extrêmes, tout cela au début 1900 !
Donc une biographie qui ne peut qu'inciter à découvrir encore davantage cette femme complètement hors norme.
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Une biographie loin d'être fastidieuse, tellement la vie d'Alexandra David-Néel a été incroyable ! Et bien racontée ici, avec les petits extraits issus des livres ou lettres de l'exploratrice. Ce livre donne envie de lire les siens, et de visiter sa maison à Digne.
Et de suivre ces traces !!!!
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Livre passionnant. Cette biographie m'a donné envie de me plonger dans ses écrits. Quelle vie riche. Extraordinaire
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
La traversée est éprouvante, le froid vif leur mord la peau, le vent s’infiltre dans leurs épaisseurs de laine et de feutre. Alexandra a un début d’engelures au nez, sans conséquences. Le soir, ils doivent dresser la tente alors que tombe une neige abondante qui recouvre tout. Des loups viennent rôder autour d’eux, ils dorment d’un œil, le fusil à portée de main. Au bout de quelques jours, la route devenant impraticable, ils font demi-tour. Yongden trouve un logement pas trop misérable à Jakyendo, où ils se résignent à passer l’hiver. Dans sa pièce à vivre, Alexandra se réjouit de posséder un petit brasero qui maintient des températures tout à fait supportables à l’intérieur, entre -10°C la nuit et 5°C le jour… Elle est fatiguée, un peu déçue, mais nullement abattue.
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Elle ne mange pas à sa faim, l’eau potable se fait rare, les nuits sont courtes et mauvaises, des accès de fièvre viennent parfois la surprendre le soir… et elle se retrouve à nouveau pleine d’énergie chaque matin. C’est une force de la nature que la rudesse croissante n’effraie pas. Elle passe la nuit dans une baraque de planches branlantes : un petit autel et des bâtons d’encens suffisent à la rendre accueillante, et à lui faire aimer l’environnement tout entier :
« Des génies chuchotant entrent, portés sur un bout de nuage qui pénètre par la croisée, tout le monde étrange des légendes himalayennes vous entoure, il y a des couleurs singulières sur les montagnes, les arbres vêtus de draperies moussues font des gestes étrangers, on est au seuil de « quelque chose » et cela est attirant et vertigineux comme les abîmes bordant les sentiers que l’on suit. (…) J’ai pas mal voyagé mais je n’ai rien vu de semblables aux paysages de ces hautes régions ».
Les Himalayas entrent dans son âme profonde. Et ce n’est qu’un prélude au Tibet :
« Je suis emportée par quelque chose… par quelque chose qui est fait de la force de mes désirs concentrés, accumulés pendant tant d’années. Je vis des heures que je sais ne jamais devoir revivre, des heures studieuses où l’étude est autre chose que la lecture des textes morts, où elle est chose vivante, prenante, grisante infiniment.
Comment revoir encore des villes, s’asseoir encore auprès de mortels affairés, agités, quand on a vécu, ici, ces heures éloquemment silencieuses… »
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Si les parties du Tibet contrôlées par les Chinois sont ouvertes aux étrangers, la capitale est devenue une cité interdite. Donc, le seul endroit où Alexandra veut se rendre coûte que coûte, seul défi de taille à sa folie des grandeurs.
Elle congédie mules, porteurs et domestiques, toute sa troupe, Yongden excepté. Son plan est simple : ils se feront passer pour une mère et son fils en pèlerinage, habillés en mendiants. Ils sillonneront des régions inexplorées, inconnues des cartographes, et d’autres interdites depuis l’annexion par la Chine. Pour éviter de se faire démasquer, ils voyageront de nuit et dormiront le jour, seulement guidés par les pauvres cartes tracées à la main à partir des plans de sir George Pereira et pliées dans les manches d’Alexandra. Elle cache sous sa robe une montre, une boussole, un thermomètre, une bourse contenant quelques pièces d’or et d’argent, un revolver, un sabre court, un bâton ferré. Elle sacrifie son appareil photo, trop lourd et encombrant, impossible à manier discrètement. Vu les milliers de kilomètres à parcourir, il faut voyager le plus léger possible ; même une gourde serait trop lourde. Et puis, cet accessoire pourtant indispensable à toute marche n’est pas d’usage au Tibet. Aucun vêtement de rechange n’est prévu. Un morceau de cuir servira à ressemeler leurs bottes… ou à assaisonner un chaudron d’eau bouillante pour lui donner un bague goût de soupe.
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Cette frénésie de travail aide Alexandra à oublier ses douleurs articulaires. Son caractère difficile empire avec l’âge, elle se montre tyrannique envers le pauvre Yongden qui a ses propres soucis de santé. Le 7 novembre 1955, en pleine nuit, on vient frapper à la porte d’Alexandra pour la prévenir que son fils va très mal. Le temps que le médecin arrive, il est trop tard : Yongden meurt d’une crise d’urémie. Il est incinéré, ses cendres sont placées dans une urne en attendant que celles de sa mère adoptive les rejoignent.
Alexandra la fière, la bouddhiste détachée des tendresses qui sont sources de souffrance, est dévastée par ce décès brutal. Elle voulait faire de ce compagnon de quarante ans son héritier et son exécuteur testamentaire. Elle ne se remettra jamais entièrement de cette disparition, bien qu’elle n’ait pas toujours eu des rapports évidents avec ce fils pas comme les autres.
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Elle prend des photographies saisissantes de Tibétains, leurs visages sombres se détachant de costumes flamboyants. Malgré la fragilité des appareils qu’elle trimbale dans ses bagages, la précarité des développements et la lumière aveuglante de ces altitudes, elle rapportera un grand nombre d’images de très belle qualité en Europe. Elles lui prouveront qu’elle n’avait pas rêvé ces paysages, ces hommes et ces femmes aux traits stupéfiants, aux parures uniques.
Finalement si, tout cela est du domaine du rêve. Un rêve renouvelé jour après jour, improbable et merveilleux, dont elle goûte l’étrangeté avec une joie étonnée.
« N’est-ce pas un rêve pour une Parisienne d’être ici sur cette pente de montagne escarpée, nichant son lit de camp sous une voûte de rochers et d’avoir pour unique compagnie celle d’un être qui passe aux yeux des villageois de la région pour un prodigieux sorcier, qui a passé plus de vingt ans de sa vie seul dans des endroits déserts, qui a vécu dans des cimetières, mangé du cadavre, que sais-je ? ».
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