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Katia Granoff (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070328147
540 pages
Gallimard (04/11/1993)
4.55/5   32 notes
Résumé :
Trois siècles de poésie russe : de Lomonossov, au XVIIIe siècle, aux poètes d'aujourd'hui, plus de 80 poètes sont traduits et présentés dans cette anthologie.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Plusieurs mois m'ont été nécessaires pour terminer la lecture de cette Anthologie de la poésie russe.
Ne vous méprenez-pas, ce n'était pas par ennui ou lassitude que le je fus si lente, mais parce que je voulais la déguster, la savourer, comme un bonbon que l'on fait fondre sous la langue...
C'est en effet un bel ouvrage que voilà, complet, chronologique, qui permet de suivre l'évolution de "l'âme russe", et de sa société, au travers de ses poètes.
Les styles évoluent, les thèmes, les tons,...on suit le parcours historique au fil de ces vers qui n'en finissent plus de nous émouvoir.
Deux petits bémols,tout à fait personnels, me retiennent d(ajouter la cinquième étoile : il m'a semblé que les derniers poètes, les plus contemporains, étaient moins approfondis (biographies fort succinctes, pas de détails sur leur écriture, leurs thématiques,...). de plus, j'aurais trouvé passionnant d'avoir la version originale des poèmes en parallèle, il est toujours passionnant de pouvoir comparer l'oeuvre et sa traduction,...
Deux petits détails, certes, qui n'enlèvent rien à l'intelligence de cette anthologie, complète, fouillée, qui ne se contente pas des poèmes les plus connus, mais nous fait faire connaissance avec des figures d'importance moindre sur le plan de la littérature internationale, mais tout aussi touchantes et talentueuses.

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Il est dit que plus un pays connaît une histoire tourmentée et douloureuse, plus sa culture sera vaste et imposante. L'Italie, par exemple, a une longue histoire sanglante, faites de hauts et de bas, mais la culture italienne, dans tous les arts, est incontournable. Pareil pour l'Espagne, la France...
En matière d'Histoire longue et douloureuse, la Russie s'impose là. Et côté culture, le plus grand pays au monde n'a pas à rougir. Tolstoï, Tchaïkovski, Repine...Malgré une censure toujours présente, les russes, soumis à la rudesse de leur pays et de leur caractère, savent retranscrire leurs douleurs en passions.
Et voilà donc ce livre, un condensé de poésie, 530 pages et quelques de souffrances, de passions, de révoltes. Les thématiques trouvent un écho douloureux au fil du temps, les choses n'ayant finalement pas tant changées entre la tyrannie de Pierre le Grand et le communisme. Si vous aimez la Russie, vous connaissez déjà ce livre. Si vous vous intéressez à la Russie, vous connaîtrez sur le bout des doigts tous les auteurs et tous les poèmes de ce livre d'ici peu.
Car cette anthologie ne contient pas seulement des poèmes: elle contient aussi l'âme d'un pays.
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J'étais très ignorant de la poésie russe. Ce livre m'a permis de découvrir un vaste panorama, allant de Lomonossov à Evtouchenko, en passant par des poètes presque inconnus en Occident. J'ai laissé de côté quelques auteurs et, dans cette anthologie, tout ne m'a pas plu, bien sûr. Mais je suis très content de cette lecture. Certains poèmes sont très beaux. J'ai bien remarqué que le traducteur a réussi à produire une version française qui respecte les rimes, tout en étant agréable à lire, ce qui parait très difficile; j'espère que le traducteur est resté vraiment fidèle à la version originale. Pour finir, j'ai choisi de mettre sur Babelio quatre citations, tirés de poètes très différents, que j'aime beaucoup.
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Citations et extraits (76) Voir plus Ajouter une citation
LA FONTAINE DE BAKHTCHISARAÏ ( extrait )
( Бахчисарайский фонтан)

Les nuits de l'Orient sont faites
D'une aimable et sombre splendeur,
Les heures s'écoulant sans heurt
Pour les fidèles du Prophète.
Dans leurs maisons que de douceur,
Dans leurs jardins combien de charme,
Et dans leurs harems sans alarmes
Où règne un plaisir enchanteur,
Dans le ravissement lunaire,
Que de grâce, que de mystère
Et que de voluptés légères...

A. POUCHKINE 1824
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Mon corps, cadeau reçu, mon corps tu m'appartiens ;
Que ferai-je de toi, corps uniquement mien ?

Pour le bonheur de respirer et d'être
Ma gratitude à qui la reconnaître ?

Dans la prison, parmi ses prisonniers,
Je suis la fleur, je suis le jardinier.

Éternité ! Sur ta vitre sereine
Se voient déjà ma chaleur, mon haleine.

L'empreinte est là, le dessin est présent,
Mystérieux encore et tout récent.

L'instant s'en va, s'enfuit dans le passé ;
Ce cher dessin ne peut plus s'effacer.

Joseph MANDELSTAM - 1909
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Pareil au ciel ton regard brille…



Pareil au ciel ton regard brille
  Comme un émail d’azur ;
Ainsi qu’un baiser fond le trille
  De ton chant tendre et pur.

Et, pour un seul son de ta voix,
  Un regard de tes yeux,
J’offre le sabre de Damas
  Dont j’étais orgueilleux.

Et pourtant, son éclat m’excite ;
  Il tinte avec douceur ;
À ses appels, l’âme palpite,
  Le sang bout dans le coeur.

Mais je renonce à les entendre,
  Je leur dit adieu,
Depuis que j’entends ta voix tendre
  Et que je vois tes yeux.

                        1838


// Mikhaïl Iourievitch Lermontov (1814 – 1841)
/ Traduit du russe par Katia Granoff
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ATTENDS-MOI !

Attends-moi, attends sans cesse,
Résistant au sort ;
Par la pluie et la tristesse,
Attends-moi encor !
Attends-moi par temps de neige
Et par les chaleurs ;
Lorsque les regrets s'allègent
Dans les autres coeurs,
Quand, des lointaines contrées,
Sans lettre longtemps,
Le silence et la durée
Lasseront les gens.
Attends-moi, attends sans cesse
Et sans te lasser ;
Sois pour ceux-là sans faiblesse
Qui diront "Assez!"
Quand mon fils, ma mère tendre
Acceptant le sort,
Quand mes amis, las d'attendre,
Disant "Il est mort",
Boiront le vin funéraire,
Assis près du feu,
Ne bois pas la coupe amère
Trop tôt avec eux !
Quand, fidèle à ma promesse,
Revenant un soir,
Je narguerai la mort, laisse
Dire "le veinard!"
Ceux qui sont las de l'attente
Ne sauront pas, va,
Que des flammes dévorantes
Ton coeur me sauva.
Nous deux, seuls, pourrons comprendre
De quelle façon
J'ai survécu pour me rendre
Dans notre maison.

1941, Constantin SIMONOV
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Non, je n'ai pas besoin d'une chose à moitié,
Mais donnez-moi la terre et le ciel tout entiers,
Car les fleuves, les mers et les torrents sauvages
Sont à moi désormais, et cela sans partage...

Le bonheur je le veux, mais non pas sa moitié,
Et même le malheur, je le veux tout entier.
D'une part de la vie, allons ! je n'en ai cure,
Je veux sa plénitude, elle est à ma mesure.

Je ne veux la moitié que de cet oreiller
Où, tendrement blottis, je vois ensommeillés,
Ton visage et ta main dans sa grâce troublante,
Dont l'anneau luit pareil à l'étoile filante...

Eugène EVTOUCHENKO
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Videos de Katia Granoff (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Katia Granoff
« Une anthologie de femmes-poètes ! - Eh oui, pourquoi pas ? […] On a dit du XIXe siècle que ce fut le siècle de la vapeur. le XXe siècle sera le siècle de la femme. - Dans les sciences, dans les arts, dans les affaires et jusque dans la politique, la femme jouera un rôle de plus en plus important. Mais c'est dans les lettres surtout, - et particulièrement dans la poésie, - qu'elle est appelée à tenir une place considérable. En nos temps d'émancipation féminine, alors que, pour conquérir sa liberté, la femme accepte résolument de travailler, - quel travail saurait mieux lui convenir que le travail littéraire ?! […] Poète par essence, elle s'exprimera aussi facilement en vers qu'en prose. Plus facilement même, car elle n'aura point à se préoccuper d'inventer des intrigues, de se créer un genre, de se faire le champion d'une idée quelconque ; - non, il lui suffira d'aimer, de souffrir, de vivre. Sa sensibilité, voilà le meilleur de son imagination. Elle chantera ses joies et ses peines, elle écoutera battre son coeur, et tout ce qu'elle sentira, elle saura le dire avec facilité qui est bien une des caractéristiques du talent féminin. […] Et puis, au moment où la femme va devenir, dans les lettres comme dans la vie sociale, la rivale de l'homme, ne convient-il pas de dresser le bilan, d'inventorier - si l'on peut dire, - son trésor poétique. Les temps sont arrivés où chacun va réclamer le bénéfice de son apport personnel. […] » (Alphonse Séché [1876-1964])
« Il n'y a pas de poésie féminine. Il y a la poésie. Certains et certaines y excellent, d'autres non. On ne peut donc parler d'un avenir spécial de telle poésie, masculine ou féminine. La poésie a toujours tout l'avenir. Il naîtra toujours de grands poètes, hommes ou femmes […]. Où ? Quand ? Cela gît sur les genoux des dieux, et nul ne peut prophétiser là-dessus. […]. » (Fernand Gregh [1873-1960])
0:00 - Jeanne Neis Nabert 0:53 - Jeanne Galzy 1:24 - Anie Perrey 2:06 - Katia Granoff 2:45 - Louise de Vilmorin 3:32 - Yanette Delétang-Tardif 4:31 - Anne Hébert 5:13 - Générique
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Références bibliographiques : Alphonse Séché, Les muses françaises, anthologie des femmes-poètes (1200 à 1891), Paris, Louis-Michaud, 1908. Françoise Chandernagor, Quand les femmes parlent d'amour, Paris, Cherche midi, 2016. Jeanne Galzy, J'écris pour dire ce que je fus…, poèmes 1910-1921, Parthenay, Inclinaison, 2013. Katia Granoff, La colonne et la rose, Paris, Seghers, 1966.
Images d'illustration : Jeanne Galzy : https://pierresvives.herault.fr/1377-jeanne-galzy.htm Anie Perrey : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d2/Btv1b8596953w-p060.jpg Katia Granoff : https://www.antikeo.com/catalogue/peinture/peintures-portraits/katia-granoff-1895-1989-19219#gallery-1 Louise de Vilmorin : https://www.lefigaro.fr/histoire/archives/louise-de-vilmorin-en-1962-supprimons-la-circulation-automobile-20191225 Yanette Delétang-Tardif : https://www.memoiresdeguerre.com/2019/03/deletang-tardif-yanette.html Anne Hébert : https://artus.ca/anne-hebert/
Bande sonore originale : Arthur Vyncke - Uncertainty Uncertainty by Arthur Vynck
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