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Thierry Sajat (01/09/2012)
3.67/5   12 notes
Résumé :
Extrait de la préface de Louis DELORME

Ces cinquante-huit lettres ne sont pas qu’un testament littéraire... Valence Rouzaud y dénonce la mainmise sur la littérature par les éditeurs patentés, ceux qui font la pluie et le beau temps en matière de publications et même parfois de récompenses. Et il est bien vrai que l’écrit marginal, celui que l’on retrouve dans les petites revues déshérités qui n’ont pour survivre que l’acharnement de leurs créateurs, q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Cher poète,
J'ai hésité à vous écrire – pour de vrai, avec de l'encre et du papier – de peur de quoi ? Je ne sais… La poésie est une chose intime, qu'on l'écrive ou qu'on la lise, mais de cette intimité qui rapproche les êtres et se partage sans barrière ni intermédiaire. Pudeur peut-être ? Sans doute. Et puis je me suis dit, pourquoi pas ?

Je viens de terminer ce courrier que vous lirez peut-être – Boîte Postale XXX, Paris cedex ; cela sonne comme une balise, dernier point d'encrage dans une société que vous ne ménagez pas. Mais n'est-ce pas là, la mission du poète ? "Écrire avec son coeur" sans flagornerie ni flatterie au risque de ne recevoir pour tout retour que rires et moqueries, quand ce n'est l'indifférence… Regardez l'Albatros de notre vénéré Charles, gauche et veule parmi les hommes.

La poésie est en perdition ! C'est l'époque qui veut cela ! Je ne sais… Est-ce les hommes qui se contentent de peu ? Moi, nous, tous peut-être, qui nous laissons happer par les belles couvertures des têtes de gondole, par les émissions de radio ou télé qui veulent nous dicter ce que nous devons lire, regarder, aimer ?

"Que vaut le petit budget de l'idéal devant les rêves cossus du grand capital".

Nous laisserons nous dompter comme "des lecteurs de rien et savants sur tout" ou reprendrons-nous avec le poète ce cri du coeur :

"Ah la poésie ! Quelle mauvaise nouvelle pour les barbares".

Si ce livre croise votre route, ne le laissez pas s'éloigner. Mais faîtes-lui une place et partagez ensemble un bout de chemin. Il n'y a pas meilleure compagnie que les poètes et la poésie...

Lien : http://page39.eklablog.com/c..
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J'aime la poésie, j'en lis souvent, mais rédiger un commentaire c'est autre chose. C'est donc un exercice que je redoute.

J'ai commencé à lire ce livre comme un roman avant de me rendre compte que j'avais envie de prendre mon temps, d'en savourer chaque page, comme une friandise. Alors, je l'ai posé sur la table de chevet, et j'ai lu les lettres qui composent ces « correspondances », goutte à goutte, tranquillement.

Ce sont de petits textes dont on s'imprègne et qui nous entraînent vers la réflexion, la méditation parfois. Il nous parle de l'écriture « Ecrire avec son coeur, c'est être un général sans armée ». P 20, du temps, de l'éphémère, ou des chômeurs et plus loin des ses états d'âme, de la solitude et du statut précaire du poète de nos jours, comme à l'époque de Verlaine.

J'ai retrouvé au passage, mes amis Verlaine, Rimbaud ou Musset et surtout Hugo : «Le génie, c'est d'être soi et tout à la fois. Ainsi va Victor Hugo, les mots pour souliers, son oeuvre est un verger ». P 31. Il dédie un poème à chacun de ses préférés, et en lisant me revenaient ces vers de Rutebeuf : ce sont amis que vent emporte, et le vent devant ma porte les emporta…

Derrière les lignes, on sent le rebelle qui se retrouve démuni dans la société actuelle et cherche à exprimer son désarroi, à nous le faire partager et nous entraîne avec lui sur la vague. On peut parler de nostalgie : « Fatigué de mon époque, mais jamais de poésie ». P 34

On ressent un peu la rancoeur, ou plutôt le regret, la tristesse de l'auteur car les éditeurs de nos jours n'osent pas publier de la poésie. Ce n'est pas rentable, cela intéresse peu de gens pensent-ils, mais ils gagneraient à en publier davantage, car il y aurait un désir de découvrir de nouveaux talents.
C'est comme si les poètes avaient disparu durant les dernières décennies du 20e siècle, comme si on n'écoutait plus le langage du rêve, comme si l'art, dit contemporain avait tout emporté avec lui.

Il égratigne au passage l'hypocrisie des médias (« France Culture sous ment …Gallimard nous ment»), les critiques littéraires et les états généraux de la Poésie : cela dure si peu de temps avant qu'on oublie, un peu comme la journée de la femme, ou celle du handicap…

Je note aussi la belle préface écrite pas Louis Delorme, dans laquelle il nous cite : « Les poètes sont des enfants qui détournent les avions avec des cerfs-volants ».

En plus, je remercie Valence Rouzaud pour sa délicatesse : il a joint au livre des extraits de ses autres oeuvres : »mon âme est en ciseaux » et surtout de « rentiers » qui m'ont beaucoup plu. J'oubliais, c'est un livre petit par la taille (65 pages), mais avec une jolie couverture blanche, toute simple et la mise en page est très belle, l'écriture en italiques donne de l'espace et de la douceur au texte.

Comme vous pouvez le constater, c'est un livre qui m'a fait du bien et permis des moments de paix intérieure. j'espère ne pas m'en être trop mal tirée et avoir donné envie de lire cet auteur. Je redoute le moment où je vais parler de Verlaine, Baudelaire ou autre...

Note : 8,2/10

Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Je remercie l'auteur pour la belle dédicace accompagnant l'envoi de son recueil de lettres «Correspondances» et de copies de ses poèmes extraits de «Mon âme est en ciseaux» et «Rentier».
Si mon goût me fait aller vers de la poésie plus dépouillée que celle de Valence Rouzaud, j'en reconnais quand même les qualités.
J'ai mieux apprécié les lettres qui composent le recueil «Correspondances» dont le ton rebelle, où l'on sent une pointe d'amertume, s'élève comme le manifeste du poète contre le «respectable» monde littéraire, les tueurs de rêve et d'idéal qui favorisent la robotisation et l'uniformisation progressive de nos vies.
Comme il le dit : «Le poète n'a pas lieu d'être s'il est servile et voûté» p 43
Et si sa démarche reste humble : «Choisir un mot, l'aimer passionnément, retrouver son essence et le relier à d'autres ; voilà mon travail, mon apothéose. Rien de plus, rien de moins -- et rien d'autre» p 48, le courage et la ténacité qu'elle demande donnent à ses textes une grande force de persuasion.
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Un grand merci à Valence Rouzaud et aux Editions Thierry Sajat pour cet ouvrage de poésie.

Comme vous le savez sans doute déjà, je me suis réconciliée tout récemment avec la poésie, genre littéraire qui n'a jamais figuré parmi mes favoris. Quand on m'a proposé de découvrir cet ouvrage, j'ai donc été tout de suite intriguée : un ouvrage de poésie contemporaine ? Pourquoi pas ?

Ce que j'ai particulièrement aimé dans cet ouvrage, c'est la présentation des poèmes. Comme le nom de l'ouvrage l'indique, chacun est une lettre : certains sont adressés / dédicacés à un destinataire, d'autres semblent plus se rapprocher d'une réflexion personnelle, comme une "lettre" que l'on confierait à un journal intime.

La plupart des poèmes présentent une réflexion sur... la poésie ! Les grands auteurs (Lamartine, Verlaine, Baudelaire) sont cités et ont droit à leur poème personnel. Mais l'auteur ne s'arrête pas là : les difficultés rencontrés par les poètes contemporains sont plus d'une fois évoqué et nous font prendre conscience du manque d'intérêt de notre société pour ce genre littéraire particulier. En lisant certaines des "lettres" de cet ouvrage, j'ai presque eu honte d'avoir ignoré la poésie pendant si longtemps...

Des passages m'ont marquée. En voici quelques-uns :



" La littérature plongée dans l'hiver nucléaire de l'anecdote et du fait divers, je me suis réfugié dans mon usine à rêves au fond des bois. "

" Sur elle [la poésie], chacun a son idée, beaucoup n'ont pas d'idéal. Quoi de plus normal ! L'art contemporain nous fait croire qu'il n'y a pas d'art. "

" Sa Majesté la mort hante tous les châteaux de la vie. Mais voilà que l'éphémère présentoir, notre époque y ajoute : l'image de marque déposée sur un intitulé sans nuage. "

" le temps de l'écriture survit au temps qui court... "

" La vie des livres console la vie des hommes. "


C'est beau, n'est-ce pas ?
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J'ai eu le privilège d'être sollicitée pour lire Correspondances de Valence Rouzaud. J'ai accepté et j'ai reçu le livre contenant une très belle dédicace il y a deux mois. En ce sens, je tiens à remercier l'auteur et les Éditions Thierry Sajat. Ce recueil de lettres s'échelonne sur plusieurs années. Les missives ne sont pas très longues, mais elles frappent l'imaginaire en raison des phrases empreintes de poésie et des thèmes abordés. Comme des petits grains de sable, ces dernières traitent de différents sujets dont le plus fort est sans aucun doute la place accordée au poète dans notre société. Quel sort lui réserve-t-on? En ce siècle, Valence partage à son lecteur son témoignage et il tente de lui faire comprendre ce qu'il est, ce qu'il ressent et ce que représente l'art pour lui.


“L'action sublimée par le rêve, dont nous tentons de nous approcher, vous par la gravure et la peinture, et moi à travers la poésie, demande indépendance dans la facture et imperméabilité aux puissants. Par nature, l'artiste ne s'oppose-t-il pas à l'idéologue, le premier voulant planter son drapeau en haut d'une montagne et le second en haut d'un mur? La vie prend un tout autre sens pour qui sait la fleurir de ses pensées. L'art, d'une averse fait un orage et d'un verre un vitrail.

Recevez mon amitié, les poètes sont des enfants qui détournent les avions avec des cerfs-volants.

Valence (p. 40)”

À travers des correspondances, le lecteur est entraîné dans un univers poétique et dans un espace méditatif. Ainsi, Valence aborde la poésie, le monde de l'édition, le travail journalier, etc. À cet égard, le lecteur est amené à réfléchir aux propos émis par le narrateur. Par exemple, lorsqu'il s'adresse au Cher poète, Valence mentionne :


“Pour l'habit du pionnier, le poète laisse à la foule le prêt-à-porter. Ainsi, pour rapprocher le crayon du voilier, plutôt que d'user d'une logique mathématique, j'ai choisi d'agencer mes mots avec l'art du fleuriste. (p.10)”

Les destinataires sont variés. Valence écrit à son éditeur ou encore à d'autres personnes gravitant dans son univers. Certaines missives s'avèrent sans destinataire, comme si Valence rend le lecteur encore plus complice. L'instance lectrice peut penser que certaines lettres sont pour elle. Valence dénonce aussi les médias et les éditeurs qui n'osent pas publier de nouveaux poètes.


“Puis, il faut le dire : France Culture nous ment, Gallimard nous ment… Renoncer à la nouveauté, c'est se prendre aux clichés… Nous disent-ils! Oui, mais la révolution surréaliste a vécu. Dans le statut d'opposant, je me sens plus proche du primitif libre de tout mouvement…Armé d'un crayon, seul le pathos est voyou de la raison. (p.12)”

J'ai pris mon temps pour lire les lettres. Parfois, j'en lisais une, puis je reposais mon exemplaire pour réfléchir à ce que j'avais sous les yeux. Ces dernières sont profondes et elles provoquent une remise en question. J'ai aimé les références aux auteurs comme Nerval, Lamartine, Rimbaud, Hugo, Verlaine. Je retrouvais ainsi de vieilles connaissances. J'ai apprécié ce regard jeté sur ces grands et les liens qui sont faits pour nous faire comprendre que le poète vit pauvre, mais que son héritage est riche puisque ses écrits touchent le coeur de l'homme.


“Les revenus des poètes dépassent rarement le chiffre d'affaires du fantôme. Verlaine ne déroge pas à la règle, même si la rêverie en maison et l'art poétique en poche, sous sa plume la poésie c'est le soleil et la boussole. (p.29)”

J'ai été plus ébranlée par la dernière lettre du recueil. Valence l'écrit à sa mère décédée. C'est le dernier message d'un fils à celle qui l'a mis au monde… Comme le poète, lorsque mon père est mort, j'ai glissé ma photo dans sa poche pour l'accompagner dans sa dernière demeure. Ce passage m'a fait revivre un souvenir assez douloureux.


“Alors maman, avant que l'on ne renferme ton cercueil, pour nous qui n'avons jamais su nous témoigner de la tendresse, même par un baiser sur la joue; j'ai détaché un bouton de ta petite blouse, et pour l'éternité j'ai posé ma photo sur ton coeur. Penser la vie c'est réfléchir sur la mort. (p. 65)”

De plus, je tiens encore à remercier Valence Rouzaud, car il a gentiment joint à son recueil des poèmes tirés de Mon âme est en ciseaux (1998) et de Rentier (2000). J'aime beaucoup la poésie et je dois avouer que j'ai trouvé très difficile de rédiger cette chronique, car j'ai été émue de la confiance accordée par l'auteur…

Je vous recommande d'encourager cet écrivain afin que l'art vive et que survive la mémoire des poètes…

Correspondances se lit facilement et fait du bien…

Je vous confie en guise de cadeau la dédicace que j'ai reçue… elle est magnifique…


“Entre tes quatre pans, je t'ai vu mur je t'enjambais et m'endormis au bas d'un pont où l'eau lave les cailloux, où pousse le limon. Extrait de Mon âme est en ciseaux

Lien : https://madamelit.wordpress...
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Bonjour Daniel Martinez

Taulier des zones de la rue patrie des fauchés, j'ai un point de vue sur la poésie, et personne ne m'en fera changer (Tous les deux jours la mode passe chez le teinturier) - pas même l'institution se mirant dans l'icône des musées. Le poète doit être fou et responsable, voilà son dilemme... par ces quelques phrases ainsi posées sur le papier, je ne vais pas encore me faire des amis.

Peu importe! Je ne saurais devenir un homme-sable, sans aspérités, aspiré parce que trop sage.

Choisir un mot, l'aimer passionnément, retrouver son essence et le relier à d'autres; voilà mon travail, mon apothéose. Rien de plus, rien de moins - et rien d'autre.

A vous, que le printemps vous soit favorable puisqu'il n'est pas loin, sous le panache des fleurs qu'on appelle parfum.

Amitiés

Valence
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Et quand bien même tant de poètes pénétrés d'inconnu ont été écartés de la modernité édifiée en système, on ne possède pas, avec une écriture sans personne à bord et sans vécu, la poésie, cette femme polyandre à la vie cabossée et à l'oeil irisé.
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Mille vies à celui qui possède un crayon, par son trait, étayée par de grands espaces, la poésie est un monde sans Etat. D’ailleurs, derrière les lèvres pincées des lois se cache un grand chêne. N’en est-il pas l’outil roi ? P 18
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Que vous dire d'autre, qu'à l'exception de quelques lettres, vous le savez je n'écris plus grand chose... que j'ai l'orgueil ou la lucidité de penser être allé au bout de mes possibilités... que je n'ai aucun recueil en préparation – mot malheureux que préparation... Le cancer du plan de carrière fait des voix particulières des voix blanches. A la marge, il ne faudrait pas oublier que le poète est un marchant de couleurs en tête-à-tête avec demain.
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Grisés par la vague des nouvelles technologies, afin de mieux sortir de l'ignorance le terrier de l'humanité, aurait-on sondé les têtes, ces deux supports seraient complémentaires (la société a deux béquilles : le sondage et la statistique). Le livre numérique au contenu artefact, à défaut d'une quelconque valeur, serait pratique et utilitaire. Ah ! Les principes de la raison – science dure en forme de bunker et de donjons.
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