Croc croc la carotte

Sympa de lire un album raconté par une autrice rencontrée il y a deux ans et illustré par Clémence Pollet que je vois le mois prochain. Un conte de randonnée inventé par un chinois (que je ne verrais pas, lui) avec, comme point central, une carotte qui sera offerte de voisin en voisin. Solidarité en période hivernale qui nous permet d'admirer de jolis dessins enneigés au format à l'italienne.

La neige a tout recouvert. Petit Lapin a bien du mal à trouver de quoi se nourrir, mais voilà qu'il découvre deux belles carottes. Il en garde une pour lui et offre la seconde à Petit Singe. « Que fait-il dehors, par un temps pareil ? Qu'il rentre vite, j'ai un joli cadeau pour lui ! » Petit Singe était aussi parti en quête de nourriture, tout comme Petit Chevreuil et Petit Ours. Chacun ayant trouvé de quoi manger, la carotte passe de main en main.

Ce joli album aux illustrations douces et colorées montre une belle chaîne de générosité. Il démontre comment un acte charitable initial est toujours récompensé. La morale est sage et simple, à base de karma et d'équilibre du monde. Et de toute façon, qui n'aime pas les carottes ?

J'ai trouvé ce livre à la Médiathèque et il m'a aussitôt fait penser à la madeleine de Proust de mon enfance : Les bons amis de Gerda Muller, joyau de la collection Père Castor publie à la fin des années 50, d'après un conte de la tradition chinoise. On se situe avec cette production contemporaine des éditions HongFei au plus près du texte "La carotte revient" publié en 1956 d'après ce conte traditionnel.

On retrouve la dynamique empathique et généreuse de cette histoire où une carotte se transmet de maison en maison sur fond de disette hivernale.
Pour mon goût personnel, les illustrations de l'album manquent de sensibilité. Aplats de couleurs douces sans texture, animaux sans expression, et des décors de maisons qui ressemblent à des comptes instagram de décoration. C'est joli mais ça ne m'a pas touchée.

Quoiqu'il en soit, mon fils était content de retrouver Les bons amis dans une autre version et nous avons apprécié la lecture de cet album. Mais mon coeur -sûrement celui de l'enfant en moi- reste à Gerda Muller !

Voici un très bel album pour apprendre aux enfants le partage et la solidarité.
Les illustrations sont jolies et touchantes avec ces petits animaux qui apprennent le sens du partage, de la générosité et de l'amitié, notamment ici dans des moments difficiles (grand froid).
Certaines phrases reviennent comme un refrain, ce qui donne un rythme à l'histoire. Nous découvrons au fur et à mesure des animaux différents, mais toujours à l'écoute des besoins des autres.
Le format est original et peu commun, mais assez maniable.

Magnifique album en format à l'italienne qui permet le déploiement de longues et belles pages à observer et admirer avec son enfant.
L'illustration aux couleurs tendres est très sobre, même en pleine page, élégante et pure dans ses lignes, ses formes et ses détails.
Le texte est une adaptation d'après d'un récit ancien de Fang Yiqun. Il s'agit d'un conte traditionnel, en randonnée où le motif de l'intrigue se répète d'animal en animal convoqué. La langue est rythmée et sonore, riche de formules répétées et progressives.
Les pavés de texte, proposés dans une police très claire et aérée sont disposés sur la page de gauche encourageant la lecture oralisée par un adulte à un enfant.
Dans cette logique, ce conte propose une belle morale, prétexte à échanges avec les enfants jeunes. La vie est heureuse quand on a des amis et qu'on partage avec eux ce qu'on possède, surtout dans les moments difficiles.
Un bel album prétexte à un délicieux moment de partage !