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EAN : 9782709643665
409 pages
J.-C. Lattès (21/08/2013)
3.39/5   41 notes
Résumé :
C'est une semaine spéciale dans la vie de Daffodil Silver.
Elle doit solder la succession de ses parents récemment disparus. Avant d'accepter ou de refuser l'héritage colossal qu'ils lui laissent, elle veut raconter au notaire leur singulière histoire.
Le récit commence bien avant sa naissance, quarante ans auparavant. La mère de Daffodil s'appelle Lilas. Elle est la première des deux filles de Marguerite et Marcel, le propriétaire de l'usine des Sou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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sabelle Monin est la preuve que la littérature française se porte bien, et surtout qu'elle est capable d'inspirer de magnifiques histoires, originales, et dotées d'un style impeccable. J'ai lu ce roman fortement incitée par un billet de ma copine George, qui m'a par ailleurs prêté ensuite le texte lui-même. Il a dormi un moment sur mon étagère puis, poussée par la nécessité, je me suis jetée à l'eau, impulsion que je n'ai pas regretté une seconde pendant 400 pages …

Cet article est donc l'histoire d'un coup de coeur.

Le titre peut d'abord interpeller : Daffodil (le nom d'une fleur) Silver (Argent ?). Mais très vite, on comprend : Daffodil Silver est une jeune femme de quarante ans, que l'on découvre chez son notaire alors qu'elle doit recevoir un héritage de ses parents : "Je vous vois comme l'homme discret qui se tient derrière le rideau pendant toute l'action et n'entre en scène qu'après la mort des héros. Des secrets, vous êtes le tombeau." Elle se confie donc à ce vieil ami de la famille pour expliquer ce que fut sa vie dans la famille Silver, une famille peu ordinaire.

Cependant, là où le titre est trompeur, c'est que ce roman n'est pas l'histoire de Daffodil, née dans une famille où toutes les filles portent un nom de fleurs, mais celle de sa tante Rosa, emportée trop tôt à 26 ans. Un deuil que sa soeur, Lilas, la mère de Daffodil, n'a jamais su accepter. Entraînant son mari et sa fille, elle se lance alors dans une formidable entreprise : celle de retracer la vie de Rosa dans un livre qu'il faudra lire en autant d'années qu'elle a vécu … Il s'agit de retranscrire tout ce que fut Rosa : de son rire à sa scolarité, de ses journées minutieusement consignées à ses mensonges, à ses projets. Mais ça ne va pas être si facile … "Elle hait ces écrivains impuissants, petits larbins de l'imaginaire qui ne sauront jamais décrire ce que fut la sensation de respirer le même air que Rosa, ces auteurs qui ne savent même pas inventer le mot pour dire son chagrin, l'obligeant à fabriquer celui, vulgaire, de soeurpheline."

Et pourtant, malgré cet échec latent, la folie de Lilas va se transformer en entreprise rationnelle : elle crée la Fondation Rosa, le Prix Rosa, un laboratoire chargé de faire des recherches sur ce qui a pu tuer Rosa, etc. "Il a pris la possession de sa vie et de tout son temps. C'est un monstre mou si énorme qu'on n'en distingue aucun contour. Il occupe tout l'espace, l'entièreté de son existence et de son territoire, elle ne sais même pas si elle est à l'intérieur du monstre, avalée par lui, ou sur lui à l'arpenteur, petit géomètre qui mesurerait une planète avec un double décimètre.[...] La lubie d'une soeur endeuillée fait vivre des centaines de milliers de personnes. C'est ainsi que c'est produit l'inimaginable : en quelques années, la quête de Lilas est devenue universelle ; à travers les mille et un détails de la vie de Rosa, c'est l'humanité que l'on peut raconter. le projet d'une soeur est celui d'une civilisation."

De son côté, Daffodil, qui avait 2 semaines à la mort de sa tante, va être ballotée toute son enfance par la folie, il n'y a pas d'autre mot, de sa mère qui essaye de faire revivre une morte et délaisse les vivants. Une folie qui fait rêver Daffodil d'avoir une vie normale, une famille normale … "Une famille sans morts accrochés sur le dos, où l'on ne programme pas plus loin que la journée [...] et où l'on ne convoque pas à longueur de temps un passé antérieur à la demi-journée précédente." Et au fil des pages, on ne peut s'empêcher de prier pour que cette folie s'arrête. Pour que Daffodil puisse vivre une vie d'enfant, d'adolescente, d'adulte épanouie, et pas enfouie, écrasée par la figure d'une morte. On soupire, on se dit "quelle sottise !", mais malgré nous, on est attiré par cette histoire complètement folle, par ce que le deuil peut avoir comme effet sur les gens, par ce que le deuil peut faire faire.

Un roman que l'on dévore, horloge arrêtée comme pour Lilas, et qui nous propulse au coeur du malheur humain, au coeur d'une histoire d'une sensibilité telle que personne ne peut y être indifférent, même sans avoir vécu une telle tragédie.
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Dans le précédent ouvrage d'Isabelle Monnin, 'Les vies extraordinaires d'Eugène', un père imaginait année après année la vie qu'aurait pu avoir son enfant, décédé six jours après sa naissance.
Ici, une jeune femme remonte le temps pour reconstituer à la minute près la vie de sa soeur chérie, brutalement décédée à vingt-six ans. Elle va y sacrifier sa vie, négliger ses proches : "La mort de Rosa a été comme un accident nucléaire : une explosion d'abord, terrifiante, pétrifiante, suivie de la destruction en domino de tout l'environnement". (p. 384-385)

Voici donc une histoire de famille, d'une famille de femmes : "Il faut regarder attentivement pour distinguer en arrière-plan les hommes. Ils sont le décor, pas les personnages principaux" (p. 177). Des hommes discrets certes, mais soutiens précieux, quand même...
Histoire d'une famille où la mort frappe prématurément à chaque génération.
Histoire d'un amour fusionnel entre soeurs, d'un deuil impossible, d'une quête frénétique, obsessionnelle et folle, vouée à l'échec.
Histoire où l'on voit l'importance démesurée que l'on peut accorder aux objets pour faire revivre dans notre mémoire, faute de mieux, nos disparus. Où l'on voit que nos fantômes, les souvenirs qu'on leur associe, leur histoire qu'on réécrit, peuvent nous enterrer vivants, nous et nos proches. Où l'on voit aussi qu'on peut se sentir en concurrence lors d'un deuil, estimer avoir le monopole du chagrin. Où l'on voit que l'on peut en vouloir à des êtres chers après leur disparition, parce qu'ils ne nous ont pas fait confiance, gardant des secrets.
Histoire d'un deuil personnel, mis en parallèle avec un deuil collectif, celui des descendants des victimes de la Shoah et devenu "devoir de mémoire" universel.
Histoire de maternité chaotique, et d'amour conjugal.

Bref, ce texte est douloureux, intense, riche.
Mais le récit m'a paru dilué, interminable - car dérangeant ? Parce que je ne parvenais pas à croire à cette relation idyllique entre soeurs ? Parce que je trouvais cette femme antipathique, cette mère abominable, ce mari trop tolérant ? Je me suis ennuyée jusqu'au dernier quart de l'ouvrage, puis je me suis laissée convaincre lorsque de ce deuil naissent enfin des projets, des idées fertiles, de la vie.
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J'aime lire plusieurs livres à la suite d'un auteur. Peu de temps après avoir lu "Les vies extraordinaires d'Eugène", le hasard de mes choix de bibliothèque m'a porté vers Daffodil Silver. Les premières pages m'ont moins saisie que le précédent livre. A un moment, j'ai même hésité à rapporter ce gros livre. Il est vrai que le commentaire d'un lecteur disant "Récit morbide et foutraque (parcouru en diagonale)" m'incitait guère à poursuivre ce roman où j'avais du mal à plonger et puis... le talent d'Isabelle Monnin a opéré. Comment? Je ne sais pas...

Il est vrai que l'histoire n'est pas des plus banales. Daffodil (qui signifie Jonquille en anglais) Silver est issue d'une famille où dans la lignée maternelle les filles portent des noms de fleurs et les garçons des prénoms d'arbres. Son père a quitté l'Amérique pour échapper à la peine de ses parents juifs polonais diamantaires de profession mais vivant chichement vivant modestement à Brooklyn. le nom de l'héroïne est donc un compromis pour honorer une mémoire familiale tout en faisant un pas de côté. C'est à cette tâche et cette quête qu'elle s'attachera lors des cinq rendez-vous successifs chez le notaire pour régler la succession de ses parents.

Elle veut laisser au vestiaire ce qui l'encombre: des décès successifs sur plusieurs générations, des pertes inconsolables, des chagrins tus mais pourtant agis. Daffodil transforme ce moment légal, administratif en un moment symbolique. Elle, qui a dû vivre et grandir au côté d'une mère folle de désespoir suite au décès de sa tante et d'un père qui s'est arrangé pour échapper à sa propre histoire, choisit la vie enfin sa vie...

Pierre-Antoine, ce notaire taiseux au début, acccueille le récit de la vie à la fois fantasque, tragique et glorieuse de sa famille.

Alors oui, cela peut paraître morbide pour celui ou celle qui n'a pas été confronté à la perte d'un être cher, à la lutte perdue d'avance contre l'oubli ou bien qui la refuse pour s'économiser la tristesse. Daffodil nous fait ressentir ce que les hommes font avec leurs possibilités, leurs fragilités, leurs tâtonnements et leurs trébuchements pour faire tenir ensemble ce qui ne le peut pas.

Alors également, cela peut paraître foutraque car elle fait sans cesse des allers-retours entre le passé et le présent lorsqu'elle se raconte, explique ce qui ne peut l'être d'une manière rationnelle. Mais c'est bien justement ce que j'ai aimé, ses achoppements pour tenter de trouver sa vérité à elle en mêlant tout un ensemble de souvenirs, de chagrins enfouis et tus, de ressentis. Cela ressemble à une psychothérapie avec ses aléas et pourtant cela s'en distance nettement car cela permet à Pierre-Antoine, le notaire, de parler et partager avec Daffodil la perte de son frère aîné et ses retentissements dans sa famille.

L'histoire lourde de Daffodil est l'occasion d'un partage entre deux êtres que rien ne lie si ce n'est un acte légal. Ces jeunes adultes déjà bien engagés dans la vie, Daffodil et Pierre-Antoine, que certains qualifieraient de "rangés des voitures" parce qu'ils possèdent une situation témoignent chacun à leur façon que c'est important pour vivre mais pas au point de pouvoir vivre sa vie. La vérité est ailleurs, on essaye de l'approcher, des fois on la touche mais elle se dérobe... toujours. Rien n'est fixé une fois pour toutes.

Daffodil Silver est un livre qui montre que la perte peut être féconde pour s'inventer "une famille neuve", résister à ce que les hommes attribuent à la malédiction à défaut de pouvoir trouver un sens à tant de chagrin et aimer les autres sans mièvrerie.

A mettre dans toutes les mains des vivants pour ne pas se laisser enfermer dans celles des morts, aussi précieux soient-ils...
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Daffodil Silver vient d'enterrer ses parents et est maintenant dépositaire d'une pesante histoire familiale, celle de sa tante Rosa. Un fardeau que sa mère, Lilas, a choisi de porter toute sa vie et dont le sort réside maintenant entre les mains de Daffodil. Va-t-elle à son tour opter pour l'effacement et marcher dans les pas de Lilas ou, au contraire, choisir de mettre un terme à cette religion maternelle et décider de vivre ?

Née dans une famille où il est de tradition de donner des noms de fleurs aux petites filles et d'arbres aux petits garçons, Rosa est un personnage lumineux, expansif. Sa vie brève a marqué tous ceux qui l'ont côtoyée et qui la pleurent désormais. Au premier plan, sa soeur Lilas qui, face au décès de sa cadette, ne peut envisager sa vie en son absence et décide de lui consacrer son existence par delà la mort. Sa première idée est un livre retraçant sa trop courte vie, d'autres suivront...

Première touchée par les projets de sa mère et l'absence qui en découle, Daffodil entreprend de livrer au notaire chargé de régler la succession l'histoire de cette famille hors du commun. S'ouvrant sous forme de huis clos, au fil des rendez-vous entre Daffodil et Pierre-Antoine, son notaire, le récit élargit imperceptiblement son horizon tout au long de l'existence de Rosa, de sa naissance à son décès. Daffodil a pourtant à peine connu sa tante car la date de sa naissance et celle de la mort de Rosa coïncident quasiment.

Au coeur de cette saga familiale un peu exclusive, Isabelle Monnin met en scène quelques personnages remarquables. Au centre de la lumière : Rosa, la cadette des soeurs Faure ! Dès sa naissance, elle a occupé tout l'espace. Son arrivée a transformé la vie de Lilas qui, dès lors, n'a plus vu, vécu que par elle. Rosa est vivante, enjouée, rayonnante. Elle déborde d'idées, trouve des solutions aux problèmes les plus fous. Sa complicité avec Lilas est extraordinaire : les deux filles s'inventent des mondes, des histoires fantastiques, des voyages, ... Adultes, elles ne se quittent pas et partent étudier ensemble. A sa suite, Lilas est un personnage troublant : celle qui a vécu dans l'ombre de sa cadette, se réchauffant à sa lumière. Depuis toujours, elle a pensé mourir jeune car marquée par la "chiale", habitée d'un sombre pressentiment. Dévastée, elle choisit de vouer ses jours à l'absente, de s'assurer que morte, celle-ci reste bien vivante. Renonçant ainsi en quelque sorte aux vivants, se coupant du monde. Daffodil dira d'elle dans les petits poèmes qu'elle rédige, enfant : "mère agitée, vagues à l'âme." A ses côtés, Seymour, son mari, est le sauveteur américain, le parachutiste soucieux d'adoucir la douleur de Lilas, de la rendre acceptable à sa fille. Il cherche à ramener son épouse vers les vivants et protège sa petite jonquille de la tempête. Un beau personnage tout en espoir et en fantaisie. Quant à Daffodil, je choisis de ne rien pas en dire davantage, préférant comme l'auteur, lui laisser la parole. Dans les coulisses, d'autres personnages, tout aussi attachants, croisent la destinée de notre héroïne et viennent, à leur tour, enrichir le passé de Daffodil. A l'image de Pierre-Antoine, ce notaire qui prend de l'épaisseur au fil du récit et amène le lecteur à s'interroger...

Il est difficile de mettre le doigt sur le thème précis de cet ouvrage, tant il semble vaste et permet une multitude de lectures : l'héritage familial, le deuil, la place qu'occupent les défunts, les choix de vie... Néanmoins, s'il est fortement marqué par la mort, ce roman est loin d'être pesant et rébarbatif. Je dirais plutôt qu'il est empreint d'émotions variées, qu'il procure autant de joie que de tristesse. Ainsi, en parallèle des événements qui rythment la vie de Rosa et ensuite son accession au rang d'icône, le récit prête aussi bien à rire qu'à pleurer. C'est, au final, la vie qui s'impose à travers ce roman et mène la danse : à chacun ensuite de la mener comme il l'entend.


Porté par l'écriture sensible et délicate d'Isabelle Monnin, ce roman excelle à rendre palpable l'histoire qu'il véhicule et à éveiller chez le lecteur des sentiments variés, au diapason des états d'âme de ses héros. Il constitue pour moi une excellente découverte et marque une belle entrée en matière dans cette rentrée littéraire 2013.
Lien : http://nahe-lit.blogspot.be/..
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Les notaires n'ont certainement pas l'habitude d'accorder cinq rendez-vous en cinq jours à une héritière qui vient régler la succession de sa mère. Encore moins d'écouter des heures durant l'héritière en question déverser des tombereaux de souvenirs, réveiller des émotions pas encore apaisées, poser des questions qui ne s'adressent qu'à elle-même.

Il faut dire qu'il s'agit ici d'une héritière pas tout à fait comme les autres : fille de Lilas, petite-fille de Marguerite, héritière d'une lignée de filles-fleurs ou de garçons-arbres pour la branche maternelle, les Faure. Et de richissimes joailliers polonais émigrés aux USA pour fuir les nazis et les antisémites polonais, les Silberstein devenus Silver, côté papa.

Rude hérédité : des enfants sacrifiés côté juif depuis la nuit des temps, des enfants qui meurent à raison d'une fille par génération côté fleurs. de quoi refuser de mettre une fille au monde...Car Daffodil (jonquille, en français), découvre après la mort de sa tante Rosa, l'alter ego de sa propre mère Lilas, que Marguerite, sa grand-mère, a été amputée de sa jumelle à la naissance. Et remontant le temps, on découvre cette sorte de malédiction qui s'acharne sur les filles au nom de fleurs.

Dans le bureau du notaire, devenu psy malgré lui, Daffodil réécrit son histoire, essaie de l'ordonner, tente désespérément de comprendre la douleur de sa mère, devenue « soeurpheline » à la mort de Rosa. Au point de ne plus vouloir entendre parler de sa petite Daffo. Au point, un jour, de tenter de se pendre. Dévastée par le « secret » que sa soeur ne lui a jamais révélé mais que tous les amis du couple connaissent. Sentiment de trahison, d'abandon renforcé par la découverte, incompréhension, fin du monde, fin de tout : ces deux-là avaient une relation si forte qu'elle effaçait le monde.

Pour tenter de cicatriser la douleur et combler le vide, Lilas entreprend d'écrire la vie de Rosa, dans tous ses détails, au point qu'il faille exactement 26 ans, 97 jours, 16 heures et 30 minutes pour lire le tout : la durée exacte de la vie fauchée de Rosa. Mais cela ne suffit pas à faire revivre la morte. Alors on crée un « prix » Rosa, dans une fondation « Rosa » qui suscitent des oeuvres artistiques dédiées à l'esprit-Rosa. Puis un centre de recherche médicale Rosa, pourquoi pas une langue Rosa ? La folie du désespoir n'est pas loin...et Lilas oublie de vivre, oublie sea petite Daffodil, tout à sa passion morbide. Impressionnant, inquiétant, navrant.

Et Daffodil, toute consciente de l'immense douleur de sa mère qu'elle soit, doit elle faire le deuil du lien charnel qui unit une fille à sa mère, du lien générationnel indispensable, celui qui fait qu'on veut encore et encore poser des questions à celle qui détient une partie de notre histoire, la dernière à pouvoir nous raconter notre enfance, celle qui, disparue, nous laisse en première ligne dans la ligne de mire de la mort.


Un beau livre, grave et douloureux sur la mort, le deuil impossible, le souvenir, vrai ou frelaté. Un travail de reconstruction de la mémoire, la recherche d'une vérité, la recherche de l'acceptation et un chemin vers l'apaisement.
Ne pas oublier la recommandation ultime du grand-père de Daffodil : On n'a qu'une vie, il faut la vivre.
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critiques presse (1)
Bibliobs
29 août 2013
Avec «Daffodil Silver», notre camarade Isabelle Monnin signe un roman violent, et superbe, sur le chagrin à perpétuité.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Dans un mois, je fêterai mon quarantième anniversaire. Il est temps que ma vie commence. Je la vois comme une montagne dont je viendrais de terminer l'ascension. J'arrive courbaturée jusqu'à vous et pour tout dire assez fatiguée. Je suis à mi-chemin, la descente est encore longue et elle promet d'être belle. Je dois juste m'alléger avant de l'entamer. Disons que ma mère m'aurait beaucoup trop couverte pour le voyage, je vais laisser des affaires ici avant de poursuivre mon chemin. (p. 18-19)
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"Elle hait ces écrivains impuissants, petits larbins de l’imaginaire qui ne sauront jamais décrire ce que fut la sensation de respirer le même air que Rosa, ces auteurs qui ne savent même pas inventer le mot pour dire son chagrin, l’obligeant à fabriquer celui, vulgaire, de soeurpheline."
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On se dit qu'on a le temps, inutile de précipiter les grandes explications, elles seraient mesquines et vilaines; attendons que se dégonflent les peines; on se dit qu'un jour le moment viendra de donner des réponses, d'oser des questions;
le moment entre eux n'est jamais venu.
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- La mort détruit tout sauf si l'on cultive la mémoire des défunts, disait mon père, fort de l'expérience de son peuple*. (p. 224)
[* d'origine juive]
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L'aveu posthume est aussi violent que l'aveu du vivant, peut-être plus même, qui ne laisse aucune place pour l'interrogatoire. (p. 330)
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"Une lecture fascinante remplie de beauté, de délicatesse et de finesse. Un hommage à ces femmes invisibles, anonymes et effacées. Mais derrière la banalité apparente se cache souvent une existence essentielle". Gérard Collard.
Isabelle Monnin retrace la vie minuscule d'Odette Froyard, sa grandmère. Au fil des pages, les souvenirs cèdent la place à l'enquête puis à la fiction, pour restituer la destinée de cette femme en apparence sans histoire. de la ville de Gray pendant la Première Guerre mondiale aux camps de la mort, en passant par un mystérieux orphelinat franc-maçon dans les années 1930, Odette Froyard en trois façons offre une traversée du siècle et explore la part romanesque de toute existence.
À retrouver en librairie et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/odette-froyard-en-trois-facons.html
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