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EAN : 9782226319166
480 pages
Albin Michel (14/10/2015)
3.93/5   7 notes
Résumé :

On croyait tout savoir sur Jean Moulin, personnage complexe et énigmatique de la Résistance, le martyr de Caluire, l'homme de De Gaulle.

Pierre Péan est revenu sur les lieux du crime, et ce qu'il a trouvé est fascinant. Derrière la figure immortelle du héros, se trouvait une femme, une femme d'influence, une femme bien cachée, fidèle parmi les fidèles : Antoinette Sachs.

C'est à travers ses yeux que Pierre Péan et Laurent Duca... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
En lisant ce livre, je me suis aperçue que j'en savais encore moins sur Jean Moulin que ce que je pensais, de l'homme, du fonctionnaire intègre ayant servi dans le corps préfectoral, du héros, du martyr. Cette lecture offre un éclairage très complet, intéressant, franc, innovant.
Certes je connaissais, dans les grandes lignes, son rôle dans la Résistance, son arrestation à Caluire où je suis allée quelques fois, comme en pèlerinage, profitant de mes séjours à l'INTEFP, je vois aussi cette humble habitation située en bordure de la Nationale 7, au n° 35, au coeur de la petite bourgade de Saint- Andiol , sur la droite en venant d'Avignon, où une plaque est apposée, maison de famille où il passa l'essentiel de l'été 42 , je savais qu'il avait été parachuté, en janvier de la même année , entre Fontvielle et Mouries (initialement le largage était prévu à Eygalières , dont on connait la petite chapelle St Sixte, de style roman, image typique de la Provence) dans les Alpilles , un monument rappelle les faits , Je n'ignorais pas que cette grande écharpe brune, noir ou lie de vin, portée serrée autour du cou n'était pas l'attribut d'un homme qui se voulait élégant , elle servait à masquer une horrible cicatrice, stigmate d'une tentative de suicide, j'ignorais le pourquoi de cette désespérance, je revois cette cérémonie du transfert des cendres présumées de Jean Moulin au Panthéon, et la voix mystique quelque peu grandiloquente de Malraux lançant ces mots passés à la postérité « Entre ici Jean Moulin, avec ton terrible cortège … » Mais j'ai découvert bien plus : sa participation à l'intérieur de l'appareil de l'Etat à livrer, clandestinement, armes et munitions aux Républicains espagnols ( mise en relation et coordination avec les industriels, avec les douanes, les pilotes et avec André Malraux, déjà une mission secrète), ses emportements, son humour.
J'ai mieux compris les luttes intestines, fratricides qui sévissaient au sein de la Résistance, et ce nonobstant ou à cause de la création du Conseil de la Résistance, ce qui peut aussi expliquer que rien ne fut tenter pour le libérer , contrairement à d'autres membres, et la lecture de ce livre confirme qu' au-delà de l'hommage rendu par la nation il y avait déjà une volonté de récupération politique (Ce fut cette même intention qui présida à la tentative de faire de Camus un hôte de ce lieu) .
J'ai découvert un homme mystérieux, complexe, tenace, pétri d'autoritarisme, de justice, d'idéal, de beauté, un dandy, aimant la gent féminine (peut être, homosexuel bisexuel , vérité , discrédit de ses ennemis? Qu'importe ) . J'ai découvert aussi les dessous de cette affaire bien nébuleuse nourrie de petites et grandes lâchetés, d'égocentrisme de la part de la plupart des chefs résistants, de compromissions honteuses, de trahisons fatales, celles qui ont marqué au fer rouge cette triste époque.
Pierre PEAN et Laurent DUCASTEL ont repris leurs investigations en mettant en scène Antoinette Khon- Sachs, celle qui fut son amie-amante, fidèle, dévouée, celle qui le servit dans la clandestinité, et qui se battit la paix revenue pour que le rôle de Jean Moulin , dans l'Histoire de la nation, soit reconnu à sa juste valeur.
Les auteurs ont mené un travail d'investigation méthodique, rigoureux s'appuyant sur des documents authentiques issus des archives nationales, sur de nombreux témoignages. L'originalité de cet ouvrage a été de mettre en scène les personnages en se servant d'extraits d'interviews, de correspondances comme autant de différents dialogues entre les protagonistes, ainsi, le récit s'anime et rend la lecture beaucoup plus ludique.
Un seul bémol, il manque un lexique reprenant l'ensemble des personnalités citées (très nombreuses , on s'y perd quelque peu, et il faut reprendre, souvent, refaire la lecture de plusieurs pages antérieures pour retrouver qui est qui, qui fait quoi, et ainsi mieux saisir la progression des événements.
Il restera néanmoins toujours des zones d'ombres .

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L'histoire du combat d'une vie, celui d'Antoinette S. qui fut sa proche amie. Combat contre l'oubli de tous ceux qui voulait mettre sous le tapis toutes les rivalités entre les différents chefs de la Résistance. La Résistance ne fut pas un long fleuve tranquille…
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Encore et toujours la même question, vous ne connaissiez pas Jean Moulin, et bien après ce deuxième livre vous serez bien informer.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation

Moulin finissait de dîner quand le général allemand le convoqua dans son bureau. Avant l’entrevue, un officier lui signifia clairement et en français ce qu’on attendait de lui. Les autorités d’occupation exigeaient qu’il signe un "protocole" qui relatait qu’au hameau de La Taye, des femmes et des enfants avaient été violés et tués par des soldats « nègres » en pleine retraite. Par ce biais, les officiers de la Wehrmacht essayaient de se dédouaner en faisan endosser aux tirailleurs sénégalais un massacre dû en réalité à leurs propres troupes. Moulin refusa net. (…) Aussitôt les coups commencèrent à s’abattre sur lui (…) Dès lors, il se mura dans le silence. Pendant des heures, il fut obligé de rester debout (…) On le conduisit ensuite sur les lieux pour qu’il « juge sur pièces ». C’était une vision d’horreur qui s’offrait à ses yeux. Bientôt pour le confronter de plus près, un officier allemand l’obligea à se coucher sur un tronc humain qui avait été une femme (…) Finalement il se retrouva en cellule (…) Sur le sol de la cellule, il y avait du verre brisé (…) Au matin du 18 juin, alors qu’un obscur général peaufinait l’appel qui allait le rendre célèbre, un soldat allemand le découvrit couvert de sang, un plaie béante dans la gorge.(…)
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Dans les colonnes de COMBAT, le journal de Frenay, Albert CAMUS publiait le 30 décembre 1944, un long éditorial où, sans le nommer, il déroulait le cas Hardy. « Et ses camarades stupéfaits étaient informés qu’il avait avoué et que c’était lui, en vérité, qui avait livré le rendez-vous à la Gestapo. Mais, dans le premier mouvement de leur colère, ils apprenaient que leur camarade avait été arrêté peu avant le rendez-vous, que sa femme, s’était peut-être trouvée aux mains de la Gestapo et que, par la torture ou le chantage, on avait obtenu qu’il parlât… » Immédiatement après, Camus, fort habilement, plaçait un peu de rhétorique résistante : si « comme tant d’autres, il était resté chez lui, s’il n’avait pas choisi le chemin le plus difficile, il serait aujourd’hui vivant et respecté »Enfin, last but not least, l’auteur de La Peste et de l’Etranger concluait par un définitif : « Non cet homme ne relève pas de notre justice. Il ne relève que de sa propre justice ! »
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Né le 23 octobre 1913 à Bad Godesberg près de Bonn, Nikolaus Barbie dit Klaus était lointainement issu d’une famille française qui avait fui la Révolution de 1789. (…) Mobilisé en 1914, son père avait été gravement blessé au cou à Verdun avant d’être fait prisonnier par les Français. Rentré aigri, il avait sombré dans l’alcool et vouait désormais une haine implacable à la France. (…) Klaus, n’ayant plus assez de ressources pour poursuivre ses études après son bac, croisa la route des Jeunesse hitlériennes et s’y jeta à corps perdu. Considéré comme intelligent sans être brillant, il ne tarda pas cependant à être repéré par les services de renseignement du Reich (SD). (…) En 1940, Barbie était envoyé en Hollande où il traqua les Juifs et les réfugiés allemands avec tant de zèle et de bestialité qu’en octobre , il était promu au grade d’Obersturmführer (lieutenant SS) et décoré de la croix de fer de seconde classe. Muté en France au printemps 1942, il s’installa à Dijon en juin. Au début de février 1943, nommé chef de la Section IV du SD, il établit son quartier général à l’hôtel Terminus à Lyon. Bientôt sa cruauté sans précédent et l’ultra-violence de ses interrogatoires lui valurent le surnom de « Boucher de Lyon ».

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Brossolette et Moulin s’affrontent.
Dans les tout premiers jours d’avril, Moulin et Brossolette se retrouvèrent dans un appartement de l’avenue des Ternes (…) la conversation prit un tour passionnel. (…) De passionnelle, la discussion ne tarda pas à devenir confuse, tant le ton était violent (…)
-Je vois clair dans votre jeu ! hurlait à présent Moulin. Vous n’avez jamais cessé de me contrer. (…) C’est vous et non moi l’ambitieux ! Mais j’ai triomphé, car je reviens de Londres où j’ai été secrètement nommé membre du Comité national ». (…) très vite, chacun ne voulant rien lâcher, le ton s’enflamma à nouveau. Hors de lui, Jean Moulin avait repris ses vociférations de plus belle (…) quand soudain arriva l’impensable : au comble de la colère, Moulin ne se maîtrisant plus, il s’était retourné et, d’un geste sec, avait baissé son pantalon et exhibé son cul à Brossolette en s’écriant : « Voilà comment je vous considère ! « L’assistance en était restée pantoise.
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Dans les colonnes de COMBAT, le journal de Frenay, Albert CAMUS publiait le 30 décembre 1944, un long éditorial où, sans le nommer, il déroulait le cas Hardy. « Et ses camarades stupéfaits étaient informés qu’il avait avoué et que c’était lui, en vérité, qui avait livré le rendez-vous à la Gestapo. Mais, dans le premier mouvement de leur colère, ils apprenaient que leur camarade avait été arrêté peu avant le rendez-vous, que sa femme, s’était peut-être trouvée aux mains de la Gestapo et que, par la torture ou le chantage, on avait obtenu qu’il parlât… » Immédiatement après, Camus, fort habilement, plaçait un peu de rhétorique résistante : si « comme tant d’autres, il était resté chez lui, s’il n’avait pas choisi le chemin le plus difficile, il serait aujourd’hui vivant et respecté »Enfin, last but not least, l’auteur de La Peste et de l’Etranger concluait par un définitif : « Non cet homme ne relève pas de notre justice. Il ne relève que de sa propre justice ! »
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Videos de Pierre Péan (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Péan
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/gregor-pean-la-seconde-vie-d-eva-braun-53160.html Voilà le premier livre de Gregor Péan. Et pourtant cet auteur a déjà une dizaine de titres à son actif. Comment donc ? Jusqu'à présent, c'est effectivement sous le nom de Jean Gregor que Gregor Péan était connu en librairie. Au décès de son père, le journaliste et enquêteur Pierre Péan, et ayant écrit lui-même un roman intitulé « le dernier livre de Jean Gregor », ce dernier a estimé qu'il était temps de reprendre sa véritable identité. Parmi ses précédents titres, « Transports en commun », « L'ami De Bono », « Femme seule devant sa glace » ou « L'ombre en soi », Gregor Péan témoigne d'un fort talent littéraire. Dans ses histoires, les personnages simples viennent se cogner aux mutations de la société, les silences font parfois plus de bruit que les longs discours, l'écriture audacieuse et franche ne laisse pas indifférent. Avec son nouveau roman « La seconde vie d'Eva Braun », Gregor Pean confirme cette aisance à aborder des thématiques inattendues avec un style qui lui est propre. Comme une uchronie, l'auteur invente donc un autre destin à la maîtresse d'Hitler. Et si celle-ci n'était pas morte dans le bunker du Führer en avril 1945, et si elle avait été exfiltrée et emprisonnée en Union soviétique, où une interprète la questionnait selon les bons vouloirs de Staline. Que serait-elle devenue ? Aurait-elle pris conscience du monstre qu'était celui dont elle partagea la vie ? Sur cette question, Gregor Péan construit un roman fascinant et dérangeant, à l'image de cette photo colorisée qui habille la couverture du livre. Eva Braun n'était-elle qu'une gentille idiote, telle que la Grande histoire l'a toujours présentée ? Ouvrant son récit comme une farce et imposant une gravité au fil des chapitres, Gregor Péan interpelle le lecteur, au propre comme au figuré, nous invitant à réfléchir sur les notions d'humanité et de culpabilité. Dans cette seconde vie, face aux outrages que subit Eva Braun dans sa geôle stalinienne, la rendant fragile, il nous pousse à nous attacher à elle. Mais peut-on et doit-on avoir de la compassion pour la femme du monstre ? Ce roman est fort, violent, déroutant, formidablement écrit. C'est un coup de coeur. « La seconde vie d'Eva Braun » est publié chez Robert Laffont.
+ Lire la suite
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