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EAN : 9782213593005
611 pages
Fayard (01/09/1994)
3.84/5   52 notes
Résumé :
Peu d'hommes d'État ont fait l'objet au fil de leur carrière d'autant d'attaques, ont suscité autant de haines et de rumeurs. L'itinéraire de François Mitterrand, il est vrai, n'a rien de banal : débutant très loin à droite de l'éventail politique pour incarner, sur son second versant, l'espoir du «peuple de gauche ». Il a pris part aux violents affrontements idéologiques d'avant 1939, a fait la guerre comme sergent, a vécu le drame des prisonniers, puis s'est retro... >Voir plus
Que lire après Une jeunesse française : François Mitterrand (1934-1947)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'avais noté dans ma liste de livres l'ouvrage de Pierre Péan, Une jeunesse française, sans en connaître le sous-titre, François Mitterrand 1934 – 1947.
Ce qui m'intéressait, avant tout, c'était d'avoir une description de l'ambiance politique de cette dizaine d'années qui encadre la seconde guerre mondiale. Je ne cherchais pas à connaître la vérité sur le passé de François Mitterrand, mais de le suivre cela a le mérite d'illustrer la pensée politique de cette jeunesse française d'une vingtaine d'années à l'époque. Son parcours et ses questionnements durant ces dix années, sont, je le pense, révélateurs de la tempête politique et idéologique qui secouaient notre pays. Je retiendrai d'ailleurs quatre années clés.

1934. La IIIème République se meurt. Gangrenée par l'affairisme politique, Affaire Stavinsky, elle n'arrive pas à gérer la victoire de la Grande Guerre. Alors que subsistent encore des mouvements passéistes, comme l'Action Française, d'un côté, ou anarchiste, de l'autre, l'influence patriotique et nationaliste des anciens Poilus se traduit souvent par des manifestations violentes contre les gouvernements qui se succèdent au rythme des saisons. La France demande de l'ordre. Les jeunes suivent le mouvement de leurs aînés en se ralliant à eux à travers les mouvements étudiants trustés par une droite réactionnaire. A tout cela s'ajoute le développement du communisme et du fascisme qui tendent à s'imposer sur l'échiquier politique en bousculant les lignes de pensées.

1940. La défaite honteuse de la France qui voit sa jeunesse battue par les Allemands et internées dans les stalags. Un maréchal, vainqueur à Verdun en 1916, veut être le rempart de la Patrie. Pourquoi ? Pour un nouveau départ qui donnera un nouveau rôle à la France dans le monde que les Allemands veulent créer ? Pour recharger une nation blessée qui reconquerra son indépendance dans la douceur diplomatique ou par la force des armes ? Nul ne le sait mais beaucoup deviennent maréchalistes car ils veulent croire dans le vieux sage.

1944. le vent tourne. La politique de Vichy n'aboutit pas et les Allemands perdent du terrain sur tous les fronts. Agacés, les occupants se montrent plus pressants. Alors, il faut résister. Non pas au mouvement inéluctable qui amènera la victoire alliée mais à celui qui vous entraînera vers le fond en soutenant un gouvernement aux actions sans effet.

1945. La Victoire. Il faut prouver que l'on a oeuvré pour elle. Pour cela, on est dans un camp, gaulliste ou communiste. Sinon, il faudra montrer que ses actes éviteront le tribunal, voire la peine de mort. Pour Mitterrand, il y aura une troisième voie alternative à De Gaulle et au PCF. Mais là, on entre dans une autre histoire, celle de l'ambition politique d'un homme qui fera tout pour atteindre le sommet de l'État.

Pierre Péan offre une enquête intéressante pour l'environnement politique qu'il décrit. Suivre François Mitterrand ne m'a pas intéressé du tout, ce n'était pas mon objectif. J'ai trouvé que le fait d'intégrer des lettres de correspondance entières dans cette ouvrage n'apportait pas grand-chose, à part casser le rythme et alourdir le texte. J'affirmerai que ce livre est un complément d'autres analyses historiques plus fouillées comme celles de Robert Paxton, l'expert reconnu pour l'étude de la France de Vichy, que je vous recommande
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Ce livre avait fait grand bruit lors de sa parution en septembre 1994, quelques mois avant la fin du second septennat de François Mitterrand. Se sachant condamné par la maladie, ce dernier semblait préparer sa sortie, par la diffusion d'informations inconnues, méconnues, voire oubliées des Français, qu'il préférait assumer de son vivant, plutôt que de laisser d'autres les révéler après sa mort, au risque de salir son image. Dans le même esprit, François Mitterrand laissera Paris Match publier, dans le numéro du 10 novembre 1994, les photos révélant l'existence de sa fille naturelle Mazarine Pingeot. Ceci clarifiera la situation et facilitera la présence de ses deux familles à ses obsèques qu'il sait proches.
Une jeunesse française est écrit par un journaliste. Mais, pour autant, ce n'est pas un livre grand public, ni un livre qu'on lit par hasard. C'est, au contraire, un ouvrage que liront des lecteurs motivés, intéressés par le personnage ou par cette période de l'histoire de France. Il s'agit d'une enquête très approfondie, dont j'ai trouvé la lecture difficile, tant sont nombreux les personnages, les dates et les extraits de lettres et d'ouvrages de François Mitterrand.
Cette enquête a néanmoins un grand mérite. Celui de rappeler qu'on ne peut pas apprécier un engagement ou une décision, a posteriori, une fois que l'histoire est finie et que son issue est connue de tous comme une vérité d'évidence, ni "raisonner en faisant rétroagir notre savoir postérieur" (page 213). de juillet 1940 au début de 1944, une bonne partie de la population est, de fait, pétaino-gaulliste : Pétain était le bouclier, de Gaulle le glaive. "La seule ligne de fracture importante à l'époque est celle qui sépare collaborationnistes et anti allemands" (page 258). François Mitterrand est, par exemple, "le plus gros consommateur de faux-papiers, qu'il achemine dans les portraits du Maréchal envoyés par colis aux prisonniers" (page 191). C'est ainsi que le concept de "vichysso-résistant" a pu voir le jour.
Je trouve le titre bien choisi : une jeunesse française. Comme une majorité de Français, Pierre Péan rappelle que François Mitterrand a été "maréchaliste" et anti allemand. Il s'abstient d'ailleurs de conclure dans un sens ou dans l'autre, signifiant que les deux n'étaient pas incompatibles. Combattant comme sergent, fait prisonnier, s'évadant deux fois, repris deux fois, s'évadant une troisième fois, la bonne, il rejoint le Commissariat au reclassement des prisonniers, créé par Vichy : c'est un sujet qu'il connaît bien, qui est cher à Pétain et qui est crucial pour la poursuite de la guerre. Il en démissionne le 14 janvier 1943, par solidarité avec son chef, Maurice Pinot, évincé par Pierre Laval. Les choses s'accélèrent ensuite. Arrivé giraudiste à Londres sous le pseudonyme de Commandant Morland, il en repart le 3 décembre pour Alger sous le nom de Capitaine Monier et rencontre de Gaulle le 5. Au lendemain de la guerre, en 1947, il sera nommé Ministre des Anciens Combattants dans le premier gouvernement de la Quatrième République, et finira Président de la République, sous la Cinquième.
On dit parfois de François Mitterrand qu'il fut un personnage de roman, digne de figurer dans la Comédie humaineDe Balzac. Comme Eugène de Rastignac en effet, il est un jeune homme de bonne famille, a des origines charentaises et son ambition le fait "monter" à la capitale qu'est alors Vichy. Mais il fut aussi un enfant de son siècle : "En l'espace de quatorze mois, à vingt-sept ans, il a donc vu successivement le Maréchal, le Général de Gaulle et le général Giraud. Une performance sans doute unique ..." (page 373). Il côtoiera aussi la future Marguerite Duras et rencontrera Joséphine Baker. Et, comme elle, il aura deux amours. Mais ça, c'est une autre histoire...
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J'ai coutume de dire que je ne sais pas de quel côté j'aurais penché si j'avais vécu cette période très noire de notre histoire celle de la seconde guerre mondiale. Il est facile de se forger un beau destin de résistant sans avoir vécu l'histoire. Donc pas de jugement de ma part au sujet de Mr Mitterrand. D'ailleurs Pierre Péan ne se le permet pas non plus.
J'avoue je n'ai pas tout lu et d'ailleurs j'ai abandonné bien avant la fin. Péan a certes la qualité d'être très pointu dans ses enquêtes au point de nous livrer toutes ses preuves et surtout tous ses documents. Je n'en demande pas tant car face à autant de détails la lecture devient fastidieuse. En plus la correspondance de Mitterrand m'a ennuyé.
Ce que j'ai retenu de mon François c'est qu'il était comme je l'imaginais, l'ambigu, le florentin, le dernier machiavel. C'est ce que j'aime chez ce personnage en plus d'être pays avec moi et du fait que j'en ai fait un second père dans mon livre. Car pour ce qui en est de sa politique…… moi je suis de l'autre bord !
Même le coup de la francisque est bien expliqué, bien justifié et l'honnêteté de Péan m'empêche de penser qu'il s'agit d'un fake.
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Pierre péan dévoile sans complaisance mais sans méchanceté la vie connue et moins connue de François Mitterrand. Sa fidélité en amitié lui est reprochée.
Les hommes qui ont vécu la guerre et l'après-guerre et sa guerre froide ont tous fait le maximum pour oublier le passé proche afin de maintenir la cohésion française. Mitterrand a su rassembler autour de lui des hommes de valeur qui ont permis à la gauche d'accéder au pouvoir en 1981. Avec lucidité il a dévoilé son passé avant de quitter la scène, non qu'il en eut quelque remord, mais afin que la postérité ne se repaisse pas de secrets inavoués.
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Un livre biographie extrêmement fouillé, détaillé, à s'y perdre quand on ne connait pas tous les protagonistes… C'est une une bonne révision pour l'histoire, mais ça ne se lit pas comme un roman ! Ceci dit, impossible d'avoir une vision juste du personnage, tant il est complexe : opportuniste, prétentieux, manipulateur, mais fidèle malgré des personnages peu recommandables dans des situations « sensibles ». ex : Bousquet et bien d'autres aux relents antisémites.
D'autres livres ont été écrits qui disent sensiblement la même chose, et je ne crois pas que les auteurs tels C. Ney, F.O.Gisbert, P.Péan, se soient consultés pour s'entendre !
Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il [François Mitterrand] rédige [des] lignes intéressantes qui révèlent un jeune étudiant imprégné de l'ébullition d'une époque marquée par l'exacerbation des clivages politiques [nous sommes en mars 1936 et F. Mitterrand appartient aux Volontaires nationaux, mouvement de droite rallié aux Croix de feu du colonel de la Roque] [p.56]
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Retrouver la trajectoire d'un personnage comme François Mitterrand dans une période aussi troublée relève de la gageure, car c'est être tenté de le placer sur un seul chemin alors qu'il va en tous sens pour trouver justement son chemin, et qu'il côtoie d'autres personnalités qui se cherchent tout autant que lui. Gageure aussi parce que l'histoire tend à plaquer aujourd'hui sur cette période des schémas rigides dans le cadre desquels les hésitations ne sont perçues que comme les masques de la lâcheté. Ici et là, cinquante ans après, il est devenu mal considéré d'estimer et d'écrire que certains hommes de Vichy ont pu être autre chose que des salauds, des pleutres ou des antisémites acquiesçant et contribuant à une politique de collaboration d'Etat avec l'occupant nazi et sa solution finale de la "question juive" (page 257).
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Si on ne tient pas compte de l'affolement des esprits face aux événements formidables, imprévus, déroutants qui surgissent de 1934 à 1944, si on ne tient pas compte des erreurs et qu'on veut figer tout cela, alors on ne peut concevoir cette époque dans sa complexité, ses évolutions, ses contradictions... [p. 220]
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Il n'y a pas d'élite intellectuelle dans la misère. Il y a l'élite du cœur, et elle se découvre dans tous les milieux sociaux. [p.476]
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Il était une fois...
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Vidéo de Pierre Péan
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/gregor-pean-la-seconde-vie-d-eva-braun-53160.html Voilà le premier livre de Gregor Péan. Et pourtant cet auteur a déjà une dizaine de titres à son actif. Comment donc ? Jusqu'à présent, c'est effectivement sous le nom de Jean Gregor que Gregor Péan était connu en librairie. Au décès de son père, le journaliste et enquêteur Pierre Péan, et ayant écrit lui-même un roman intitulé « le dernier livre de Jean Gregor », ce dernier a estimé qu'il était temps de reprendre sa véritable identité. Parmi ses précédents titres, « Transports en commun », « L'ami De Bono », « Femme seule devant sa glace » ou « L'ombre en soi », Gregor Péan témoigne d'un fort talent littéraire. Dans ses histoires, les personnages simples viennent se cogner aux mutations de la société, les silences font parfois plus de bruit que les longs discours, l'écriture audacieuse et franche ne laisse pas indifférent. Avec son nouveau roman « La seconde vie d'Eva Braun », Gregor Pean confirme cette aisance à aborder des thématiques inattendues avec un style qui lui est propre. Comme une uchronie, l'auteur invente donc un autre destin à la maîtresse d'Hitler. Et si celle-ci n'était pas morte dans le bunker du Führer en avril 1945, et si elle avait été exfiltrée et emprisonnée en Union soviétique, où une interprète la questionnait selon les bons vouloirs de Staline. Que serait-elle devenue ? Aurait-elle pris conscience du monstre qu'était celui dont elle partagea la vie ? Sur cette question, Gregor Péan construit un roman fascinant et dérangeant, à l'image de cette photo colorisée qui habille la couverture du livre. Eva Braun n'était-elle qu'une gentille idiote, telle que la Grande histoire l'a toujours présentée ? Ouvrant son récit comme une farce et imposant une gravité au fil des chapitres, Gregor Péan interpelle le lecteur, au propre comme au figuré, nous invitant à réfléchir sur les notions d'humanité et de culpabilité. Dans cette seconde vie, face aux outrages que subit Eva Braun dans sa geôle stalinienne, la rendant fragile, il nous pousse à nous attacher à elle. Mais peut-on et doit-on avoir de la compassion pour la femme du monstre ? Ce roman est fort, violent, déroutant, formidablement écrit. C'est un coup de coeur. « La seconde vie d'Eva Braun » est publié chez Robert Laffont.
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