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EAN : 9782756034911
208 pages
Delcourt (19/09/2012)
4.1/5   100 notes
Résumé :
À l'âge de 6 ans, Intisar a soudain réalisé que les garçons pouvaient faire beaucoup plus de choses que les filles, et ça ne lui a pas plu du tout. Elle voulait avoir la même liberté qu'eux. Après avoir longuement retourné le problème, une idée lui est venue : si elle parlait comme un garçon, si elle marchait comme un garçon, bref, si elle faisait tout comme un garçon, elle finirait par devenir un garçon. Un plan qui a parfaitement fonctionné - jusqu'au moment de la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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On connaît mal le Yémen dans nos sociétés. Peut-être parce que nous sommes trop préoccupés par nous mêmes et que nous ne portons de l'intérêt aux autres que lorsque de grands malheurs ponctuels les frappent.
Au Yémen, les traditions tribales sont toujours d'actualité. Et les "victimes" de ces règles, ce sont les femmes. Les femmes comme la jeune Intisar qui lutte quotidiennement pour être indépendante malgré toutes les interdictions dont elle fait l'objet , pour la simple raison qu'elle est née femme.

Il n'y a pas de fatalisme, ni de drame. La jeune femme nous raconte des épisodes de son quotidien. Elle nous parle de son attachement à l'islam et des fanatiques qui nous en donne une fausse image. Elle parle des membres de sa famille, de son parcours universitaire, de son travail, de ses amis et des hommes. Elle rit souvent, quand elle nous parle des espaces de liberté qu'elle prend comme elle peut, là où elle peut ; ou quand elle parle des "tarés" qui croisent son chemin. Une vie tout à fait normale s'il n'y avait pas les chaînes du niqab - et de toute la mentalité paternaliste qui l'accompagne.

Un roman graphique intéressant qui montre tout se qui se cache derrière le niqab et prouve surtout que celles qui le portent ne sont en rien des victimes.
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Le scénariste s'est inspiré de témoignages de femmes rencontrées au Yémen pour créer le personnage d'Intisar. Cette jeune femme née dans une famille aisée a pu faire des études à l'étranger, mais reste prisonnière des conventions sociales de son pays, et de la condition féminine en particulier. le simple fait d'occuper un emploi ne va pas de soi.

Par quelques courtes chroniques, les auteurs présentent des situations vécues, prétextes à décrire la société yéménite. Mixité rarement tolérée, corruption, religion, contrôle masculin (pères et frères, surtout) sur les femmes, port du voile...

Le graphisme en noir-blanc-brun est agréable, le trait est doux - trop peut-être : les adultes ont des visages bien enfantins. le propos est très intéressant, notamment les mises au point sur la place de l'Islam, pour nuancer certains de nos préjugés d'Occidentaux. J'ai cependant trouvé la plupart des chroniques diluées et trop anecdotiques. J'ai sans doute eu le tort de comparer à Marjane Satrapi, Guy Delisle, Paul Fournel, Alla El Aswany...

Préface et postface sont en revanche passionnantes. Plus étoffées, elles offrent des précisions bienvenues sur le niqab, le hijab, et une drogue qui fait des ravages dans le pays : le qat.
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D'habitude, les bandes dessinées de reportage s'organisent autour du regard que porte le journaliste sur un pays, une situation ou une culture. En général, ce journaliste découvre et par là, illustre et accompagne de légendes ce qui pourrait sembler objectif... mais qui naît de ce regard, et de ce que le journaliste est venu, de prime abord, chercher dans ce lieu.
La Voiture d'Intisar se compose différemment, et ça fait du bien. L'un des auteurs, Pedro Riera n'est pas allé au Yémen par envie d'y mener un reportage mais parce que sa femme a été invitée à y travailler pendant un an. Suite aux multiples rencontres qu'ils y ont faites, il a décidé de faire une BD, mais pour ne pas mettre en danger des femmes qui auraient pu être identifiables dans un format normal de BD reportage, il a regroupé les témoignages pour créer le personnage d'Intisar, une somme de toutes ces femmes rencontrées, finalement.
Intisar est une jeune femme dynamique, volontaire et indépendante autant qu'une femme peut l'être au Yémen. Malheureusement, les contraintes qui l'obligent à toujours être sous la coupe d'un Wali (l'homme dont elles dépendent) sont comme une épée de Damoclès, elle peut à tout moment être licenciée sur simple demande du père, se voir retirer sa voiture, interdire de sortir, etc...
Ces petits épisodes de la vie d'Intisar n'abordent, en soi, pas d'événements tragiques, seulement le quotidien et la vie classique d'une jeune femme de classe moyenne et nous montre cette vie de l'intérieur. Les illustrations sont simples et claires, agréables à lire.
A la fin, un complément nous informe sur la ségrégation sexuelle, le port du Niqab, son origine - coutumière et non religieuse comme la plupart des occidentaux, musulmans y compris, croient - son inconfort mais également le moyen pour une femme de faire des choses en douce puisque même un proche ne les reconnaît pas forcément - , la consommation du Qat - véritable fléau économique et écologique du pays.
Ce livre incite à vouloir en savoir plus sur ces pays en général si méconnus. J'ai particulièrement apprécié ces propos tenus par une femme à propos des caricatures de Mahomet qui avaient provoquées un tel scandale il y a quelques années.
Merci au site Babélio et aux Babéliotes qui m'ont donné envie de lire ce livre!
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Yémen, de nos jours.

Intisar est une jeune femme yéménite. Elle réside à Sanaa et travaille en tant qu'anesthésiste en milieu hospitalier. Elle vit avec sa mère, adore son jeune frère (21 ans), fume et écoute Beyonce et Rihanna. Mais ce qu'elle aime plus que tout, c'est de conduire sa voiture durant des heures.

Une vie à « l'occidentale » ? Non, loin de là. Intisar est soumise aux règles d'une société patriarcale. Dans chaque foyer, le chef de famille décide du devenir des femmes de son clan ; sa décision s'impose en matière de mariage, de démarches administratives ou encore d'emploi. S'il a décrété que le travail exercé par sa femme, sa soeur ou sa fille portait atteinte à son honneur, il peut lui interdire de poursuivre son activité professionnelle… elle devra se plier à cette décision. Si le chef de famille est absent, il délègue son rôle à un autre homme du clan. Ce dernier devient alors Wali.

« Au Yémen, les femmes dépendent d'un Wali. Généralement, c'est un homme de la famille : le mari, le père, le frère, l'oncle… c'est selon. Wali, ça veut dire Gardien : le terme donne une idée de ses attributions. C'est lui qui nous donne la permission de faire les choses. Il doit donner son accord pour tout ce qu'on fait. C'est comme ça pour les femmes, ici. On nous traite comme si on était mineures à vie ».

En préface, Pedro Riera explique la manière dont il a procédé et l'objectif qu'il souhaitait atteindre avec cet ouvrage : « Nous avons donc réalisé une quarantaine d'entretiens avec des femmes yéménites. Parmi tous les témoignages que nous avons recueillis, une demi-douzaine d'histoires personnelles auraient pu servir pour écrire cet album, mais il y avait un risque : si un homme reconnaissait sa soeur, sa femme ou sa fille dans le personnage principal du roman graphique, et le prenait comme une atteinte à son honneur, elle se serait retrouvée en danger. C'est la raison pour laquelle j'ai choisi d'écrire un scénario en le construisant à partir de fragments d'histoires et d'anecdotes que j'ai consignée dans mon carnet tout au long de mon séjour au Yémen, sans jamais perdre de vue les intérêts, les frustrations, les craintes et les espoirs que partageaient la plupart des femmes interviewées ».

Intisar est donc un personnage totalement fictif, un patchwork de personnalités réelles illustrant le quotidien des femmes yéménites. Rares sont celles qui ont l'opportunité d'aller à l'étranger pour étudier voire de pouvoir s'y installer définitivement. Comme nombre d'entre elles, Intisar porte hijab et niqab. Une privation de liberté ? En quelque sorte, si ce n'est que l'on découvre avec plaisir le fait que ces femmes ont su y trouver des avantages :

« Dans le Coran il n'est écrit nulle part qu'on doit se couvrir le visage. Personnellement, je ne connais aucune femme qui porte le niqab par conviction. Il y en a qui le mettent parce que leur mari ou leur père les obligent. Mais dans beaucoup de cas, c'est pour éviter d'être emmerdées dans la rue. (…) C'est pour ça qu'ici les femmes se sentent plus libres avec un niqab, parce qu'elles peuvent sortir dans la rue sans qu'on leur casse les pieds. Et on ne peut pas nier que le niqab a certains avantages : ça permet de faire des choses interdites sans que personne ne le sache. Qui va te reconnaître sous ton déguisement de ninja ? ».

Seul grief que je porterais à cet ouvrage : la découpe du récit en 24 chapitres de longueur variable. L'inconvénient majeur : le rythme du scénario en pâtit. En revanche, Pedro Riera parvient à en tirer profit puisque cette cette forme narrative lui permet de mettre en valeur autant d'anecdotes qu'il y a de chapitres. Ainsi, on est face à 24 petites morales d'histoires et autant de dénouements qui prennent sens dans les dernières cases de chaque scénette et forcent à réfléchir sur la condition des femmes dans ce type de sociétés. Les sujets traités sont vastes : importance des coutumes et de la religion, liberté d'expression, corruption… ainsi que les notions de respect, d'honneur, de dignité…

Côté graphique, le travail de Nacho Casanova est surprenant. Face aux illustrations qui introduisent chaque chapitre, ma première réaction a été de trouver son dessin délicat voire timide. le trait est fin, minutieux ; l'auteur semble avoir porté une attention importante à chaque illustration. Des petits traits, des petits points viennent donner le dernier détail d'un relief ou d'une courbe. Une fois la page tournée et la scénette engagée, le lecteur est face à une toute autre ambiance. La découpe des planches est assez classique et le dessin s'attarde moins sur les détails décoratifs. L'utilisation des trames vient compléter les visuels et leur donner du relief. Ces trames font ressortir un ou deux attribut graphique par case (un vêtement, une chevelure…). Sans pouvoir l'expliquer, je trouve que ces trames apportent de la modernité à cet univers rétrograde… et si l'on y associe le franc-parler d'Intisar, cela renforce l'impression que l'on est face à une jeune fille normale qui évolue dans un contexte qui ne l'est pas… mais qui s'en accommode.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Cet album approche selon le jury du 19e Prix France Info de la bande dessinée d'actualité et de reportage « avec sérieux et non sans humour, (…) une société complexe et peu connue à travers l'intimité de ces femmes qui, face à l'oppression, déploient une immense intelligence ».

"La Voiture d'Intisar" est couronnée prix France Info 2013 de la BD d'actualité et de reportage.
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critiques presse (3)
ActuaBD
25 octobre 2012
24 scènes courtes, efficaces, saisissantes. […] Avec un dessin typé reportage BD, rapide et minimal, seulement habillé de trames discrètes, Nacho Casanova se met tout entier au service du témoignage.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BDGest
22 octobre 2012
La voiture d’Intisar constitue une intéressante mise en perspective de la réalité à laquelle sont confrontées les femmes yéménites, du moins en ville et dans un milieu un peu aisé. Telle est la limite de l’ouvrage : l’héroïne est-elle [...] représentative de toutes les Yéménites ou seulement d’une fraction qui a accès à l’éducation et n’est pas dans le besoin ?
Lire la critique sur le site : BDGest
Sceneario
15 octobre 2012
Pedro Riera nous transmet dans La voiture d’Intisar ce qu’il a vu, compris et entendu de la vie de ces femmes qu’il a rencontrées. En chapitrant son récit en autant d’anecdotes qu’il verse à l’actif de la seule Intisar, il crée un tout riche et dénué ni d’intérêt, ni d’humour.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Au Yémen, une femme est définie essentiellement par le fait qu'elle soit mère ou épouse.
Les célibataires comme moi sont vues comme des femmes incomplètes et font un peu pitié.
Le pire, c'est que tout le monde se met à te chercher un mari … l'horreur.
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[Au Yémen]
De toute façon, le niqab n'a rien à voir avec la religion. C'est une invention récente. Un cadeau des Saoudiens.
Dans le Coran il n'est écrit nulle part qu'on doit se couvrir le visage.
Personnellement je ne connais aucune femme qui porte le niqab par conviction.
Il y en a qui le mettent parce que leur mari ou leur père les y obligent...
Mais dans beaucoup de cas, c'est pour éviter d'être emmerdées dans la rue.
Si tu ne le portes pas, il y a des hommes qui vont penser que tu es une femme facile et ils te feront des propositions.
Sinon, ils peuvent aussi t'insulter. C'est hyper désagréable.
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C'est à ce moment-là que j'ai compris que mon père, ça ne lui posait pas de problème que je fasse mes études à l'étranger. Ce qui l'inquiétait, c'était que les gens sachent que je faisais mes études à l'étranger.
Son honneur ne dépendait pas de mon comportement, de mes choix ou de mes actes.
Non, c'était entièrement lié au qu'en dira-t-on.
(p. 98)
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Aujourd'hui, j'ai eu une journée très dure. On a passé cinq heures à opérer un mort. Oui, c'est bien ce que j'ai dit. Un mort. C'est la politique de l'hôpital. Quand on nous amène un cheikh ou quelqu'un d'important, on doit faire semblant de faire le maximum pour lui sauver la vie. Même si ça ne sert à rien...même s'il est déjà mort, comme aujourd'hui. Si ses fils ou les hommes de sa tribu considéraient qu'on a pas tout tenté, ils nous tiendraient pour responsables du décès et se vengeraient. Plusieurs médecins se sont fait tuer pour ça.
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Dans le Coran il n’est écrit nulle part qu’on doit se couvrir le visage. Personnellement, je ne connais aucune femme qui porte le niqab par conviction. Il y en a qui le mettent parce que leur mari ou leur père les obligent. Mais dans beaucoup de cas, c’est pour éviter d’être emmerdées dans la rue. (…) C’est pour ça qu’ici les femmes se sentent plus libres avec un niqab, parce qu’elles peuvent sortir dans la rue sans qu’on leur casse les pieds. Et on ne peut pas nier que le niqab a certains avantages : ça permet de faire des choses interdites sans que personne ne le sache. Qui va te reconnaître sous ton déguisement de ninja ?
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