Le contexte de cette étrange fin du monde nous est dévoilé à demi-mots, au fil des pages. Les hommes sont atteints d'un Syndrome qui s'apparente à une agonie plus ou moins rapide, et puis ils meurent… presque. Burgess se moque des codes, refourgue le dévoreur de chair humaine au placard. de l'humanité, il ne reste que des cadavres qui bougent encore un peu. de vagues déchets qu'il va falloir traiter. Puisqu'il serait malvenu, rapport à l'Holocauste, de les brûler dans de grands fours et qu'il est impossible de les enterrer comme ils remontent invariablement à la surface, un business florissant va alors voir le jour. L'entreprise Déchets & Co se propose simplement d'envoyer tous ce surplus envahissant dans l'espace. Après tout, c'est une fin honorable et paisible. Mais le temps passe et l'humanité s'abime. Et quand il ne reste presque plus rien, ce sont les charognards qui se taillent la part du lion.
Tony Burgess dresse un portrait cauchemardesque de l'espèce humaine condamnée, rongée par la maladie et prompte, dès les premiers signes de l'apocalypse, aux plus vils instincts. le narrateur, déjà foutu lorsque s'ouvre le récit, incarne l'une des faces de cette humanité perdue. Amis hypocondriaques, passez votre chemin, je n'ai jamais vu quelqu'un évoquer la maladie et la psychose des symptômes qui s'agglutinent avec une telle précision crue. (Vous l'aurez compris, c'est l'une des choses que j'ai adorées mais..) L'autre face, c'est Dixon, le double maléfique et l'objet de sa quête. Un personnage qui profite du désespoir des survivants en leur faisant miroiter un avenir meilleur tout là-haut… et surtout un psychopathe qui ferait passer The Human centipede pour un Disney. (J'avais prévenu, c'est trash et c'est pas à mettre entre toutes les mains…)
C'est écrit comme pense un esprit à l'agonie, à l'arrache, avec de magnifiques fulgurances.
Tony Burgess est écrivain et scénariste et a manifestement un sens viscéral de l'image qui marque, qui choque et qui hante. Il faut aussi lire entre les lignes et quand on pense avoir compris, cette fin kafkaïenne vient nous remettre une droite. Mais j'ai adoré cette vision terrifiante de fin du monde, où le fric et l'horreur trouvent leur chemin jusqu'au bout, où la maladie est partout dans les corps et dans les âmes sous un ciel qui menace de s'effondrer. le pire étant qu'on peine difficilement à l'imaginer.
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