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Aurélien Police (Autre)Jean-Daniel Brèque (Traducteur)
EAN : 9782381630960
140 pages
Le Bélial' (21/09/2023)
3.83/5   45 notes
Résumé :
Après avoir été un singe, Michelle est désormais une sirène planant sur les coraux micronésiens. Car ici, dans ce lointain futur où le travail, la famine et la mort ne sont plus que des reliques obscures, recombiner son génome pour adopter l’apparence et les aptitudes les plus diverses est monnaie courante. Longues ailes rétractiles et branchies, donc, pour Michelle, qui mène une existence paisible dans les îles Chelbacheb. Jusqu’à ce qu’elle entreprenne des recherc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Absent de l'Hexagone depuis de nombreuses années, l'auteur américain Walter Jon Williams n'a pourtant pas chômé ces derniers temps.
C'est avec une novella qu'il nous revient (enfin) dans la langue de Molière au sein de l'incontournable collection Une Heure Lumière du Bélial'.
Traduit par l'excellent Jean-Daniel Brèque, La Peste du léopard vert nous emmène dans un lointain futur où l'on peut être une sirène un jour et un singe la veille. de quoi offrir des perspectives infinies à l'espèce humaine…

La Peste du léopard vert commence de façon pour le moins surréaliste.
Une femme-sirène, Michelle, vit au milieu d'îles paradisiaques loin de l'agitation du monde : les îles Chelbacheb.
Rapidement, on comprend qu'il s'agit d'un lointain futur (à plusieurs siècles du nôtre) et que Michelle nage sur une Terre où l'on est désormais capable de changer de corps/nature à volonté !
Un prouesse technologique complètement fascinante qui n'est pourtant pas le coeur du récit.
En effet, Walter Jon Williams s'intéresse rapidement au passe-temps favori de Michelle pour nous y plonger entièrement.
Celle-ci adore farfouiller dans le passé et mener l'enquête pour démêler le vrai du faux. Elle est même particulièrement douée pour ça.
Contactée par le Dr Davout, un illustre professeur en biologie, la jeune femme se voit confiée une affaire des plus mystérieuses à propos d'un certain Dr Jonathan Terzian, père de la fameuse théorie de la corne d'abondance.
Plusieurs siècles auparavant, ce docteur en philosophie politique s'est comme volatilisé peu après la mort de sa femme et cela pendant plusieurs semaines avant de réapparaitre miraculeusement pour donner une conférence historique à Venise qui changera la face du monde.
Mais que lui est-il vraiment arrivé durant ce laps de temps ?
Qui était cette inconnue, Stéphanie, qu'il a rencontré à Paris ?
Et, surtout, que viennent faire des agents de l'ex-URSS mandés par la Transnistrie dans toute cette histoire ?
Autant de questions qui vont tenir en haleine Michelle et le lecteur.

Walter Jon Williams alterne deux époques et deux points de vue pour construire son récit et offrir ainsi une histoire jouant sur deux tableaux bien distincts et surprenants : la science-fiction et la philosophie !
La Peste du léopard vert imagine le bouleversement engendré par la démocratisation des biotechnologies et de la manipulation génétique dans un monde proche du nôtre. Plus précisément au rôle que la science va jouer dans la chute du capitalisme et l'avènement d'un tout nouveau paradigme.
Problème : comment remplacer un système tout entier par un autre sans retomber pour autant dans les même travers que l'ancien.
Est-ce seulement possible ?
La novella dévoile par petits bouts l'histoire de Terzian et de Stéphanie, oubliant l'angélisme militant pour se faire l'avocat du Diable.
Écho du futur, Michelle vit en plein milieu d'un monde transfiguré par les innovations issues de l'ingénierie génétique, un monde où la mort n'existe plus vraiment, où l'on peut changer de corps et d'espèce selon ses désirs et où, finalement, ni le travail ni l'amour n'ont plus la même signification.
Plus intéressant encore, La Peste du léopard vert, en sus de tirer le portrait de notre époque capitaliste mortifère ravagée par la guerre et la famine, s'attache à démontrer que les idées elles-mêmes ont au moins (si ce n'est davantage) d'importance sur le long terme.
« Ideas are bulletproof », comme dirait un célèbre anarchiste masqué anglais.

Passionnant de bout en bout, La Peste du léopard vert appartient à ce type de science-fiction maligne qui aime tout autant réfléchir sur les implications philosophiques de ses idées que d'exposer un monde radicalement différent du nôtre pour illustrer son propos.
Le tout sans tirer à la ligne et en restant parfaitement accessible. Que demander de plus ?
Lien : https://justaword.fr/la-pest..
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Fidèle à son cahier des charges, la collection Une Heure Lumière du Bélial s'enrichit d'une quarante-et-unième novella récompensée par un prestigieux prix littéraire et écrite par un auteur étranger d'envergure mais peu traduit en France. Avec « La peste du léopard vert », Walter Jon Williams nous entraîne dans un futur lointain dans lequel l'organisation sociale et les conditions de vie des individus n'ont visiblement plus rien à voir avec les nôtres. Parmi les principaux changements, on peut notamment citer le fait que les gens sont devenus presque immortels, puisqu'ils peuvent transplanter leur conscience dans n'importe quel corps. Un corps qui peut désormais revêtir n'importe quel forme, chacun étant libre de choisir l'apparence qu'il désire avoir. C'est ainsi que Michelle, notre protagoniste, est passée très récemment d'un corps de singe à celui d'une sirène ayant élu domicile dans les eaux des îles Chelbacheb, en Océanie. C'est là que deux intrigues vont progressivement se mettre en place. La première concerne l'ancien amant de la jeune femme, un certain Darton, qui tente désespérément de la localiser, arpentant le lagon en lui criant son amour sans que la sirène ne daigne se manifester. La seconde est en lien avec un travail qu'elle va accepter de réaliser pour le compte d'un chercheur actuellement occupé à écrire la biographie d'une des personnalités les plus marquantes de l'histoire. Cette célébrité c'est Terzian, philosophe à l'origine de la théorie de la « Corne d'abondance » qui permis la transition entre notre système actuel et celui du futur dans lequel vit Michelle. Or, en dépit de toutes les études réalisées sur le personnage, un trou de quelques semaines persiste dans l'histoire de sa vie. Particulièrement habile pour remonter les traces laissées sur internet ou les images de vidéo surveillance par nos contemporains, la sirène va alors se lancer dans une enquête virtuelle pour tenter de comprendre ce que l'intellectuel a bien pu faire pendant ces mystérieuses semaines. Rapidement, elle découvre que sa disparition temporaire a probablement un lien avec la « Peste du Léopard vert », épidémie qui a, peu de temps après sa réapparition, frappé le monde, provoquant ainsi un changement de société pour le moins radical.

La collection est, en elle-même, un gage de qualité, aussi la novella de Walter Jon Williams se révèle-t-elle sans surprise tout à fait passionnante. L'auteur se plaît à mélanger les genres, alternant entre une ambiance digne d'un thriller dès lors qu'il est question de retracer le parcours de Terzian, et un cadre purement SF lorsqu'il s'agit d'évoquer les conditions de vie de Michelle. L'enquête menée par cette dernière est captivante et astucieusement construite. D'abord parce qu'elle permet de réaliser à quel point les logiciels de reconnaissance faciale et autres caméras présentes partout dans l'espace public peuvent se révéler intrusifs et rendent quasiment impossible de ne pas laisser de traces de notre passage. Ensuite parce que, si ces traces numériques permettent à la sirène de saisir une grande partie du tableau, certaines subtilités liées aux relations humaines et aux émotions des personnes impliquées lui échappent complètement. Cela la conduit parfois à effectuer de fausses interprétations, erreurs que le lecteur peut immédiatement relever puisque une bonne partie de la novella est écrit du point de vue de Terzian. On assiste ainsi en parallèle de l'enquête à la véritable histoire du philosophe qui, par un concours de circonstances, se retrouve mêlé à une course poursuite mortelle visant deux scientifiques détenteurs d'une innovation biologique majeure. L'autre intrigue mettant en scène l'ancien amour de l'héroïne apparaît comme secondaire pendant une bonne partie de l'histoire mais parvient tout de même à nous interpeler grâce à l'aura de mystère qui entoure le passé de Michelle. le futur dans lequel cette dernière réside n'est que peu détaillé, et ce d'autant plus qu'elle a choisi de vivre retirée du monde, mais l'auteur parvient tout de même à nous faire part des principaux changements qui ont eu lieu. Changements intimement liés à la fois à la mystérieuse épidémie mais aussi à la théorie politique formulée par ce fameux Terzian. Les réflexions de Walter Jon Williams à se propos sont intéressantes, ce dernier se livrant à une critique féroce du mode de fonctionnement capitaliste tout en mettant le doigt sur les difficultés inhérentes à un bouleversement radical du système.

« La peste du léopard vert » est une très bonne novella dans laquelle Walter Jon Williams met en scène une société futuriste radicalement différent de la notre suite à l'émergence simultanée d'une épidémie mondiale et d'une théorie politique révolutionnaire, et dans lequel changer de corps deviendrait aussi facile que changer de chemise. Mélangeant habilement science-fiction et thriller, l'auteur nous invite ici à nous interroger sur les travers de nos sociétés ainsi que sur les conséquences inattendues soulevées par la concrétisation d'un projet pourtant réalisé à titre purement philanthropique. Un texte qui fait réfléchir mais qui se révèle aussi amusant et surprenant.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Dernière sortie en date de la collection "Une Heure-lumière", "La peste du léopard vert" emporte le lecteur dans une histoire qui se déroule sur deux temporalités assez éloignées.
Quand dans un futur plus ou moins lointain,"Michelle", une sirène, doit faire des recherches sur un homme mystérieusement disparu des siècles plus tôt, nous suivons en parallèle les derniers jours de cet homme en question a une époque plus proche de la nôtre.
Sachez que les sujets abordés sont variés, le transhumanisme, les mutations biologiques, l'évolution de l'espèce et d'un autre côté, un complot, des recherches scientifiques, de l'espionnage, une enquête, les liens sociaux et les conséquences d'une trame sur l'autre.
J'ai eu du mal au début à m'habituer a la plume de "Walter Jon Williams" que je trouvais floue, mais finalement au bout d'un quart du récit tout se débloque et le lecteur passe un très bon moment de lecture, original et inquiétant.
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Surprenant. C'est le mot pour qualifier la lecture de cette novella ayant remporté le prix Nebula en 2005. Plus intellectuel que mes romans habituels, « La Peste du léopard vert » remplit son office en montrant au lecteur une société utopique où grâce à certaines manipulations génétiques la pauvreté, la famine et la mort ont été éradiquées. Je vous en dis plus en dessous.

La première chose que vous devez retenir, c'est que l'absence d'actions ne rend pas la lecture moins prenante. Un seul conseil, lisez ce nouvel opus de la collection UHL en une ou deux fois maximum. D'une part pour garder le fil mais également pour observer la manière habile de l'auteur de jongler entre les points de vue, les époques et d'analyser l'évolution de ce que pourrait être notre société. La faute à quoi, ou plutôt à qui: à Jonathan Terzian, philosophe et auteur d'une nouvelle théorie qui a malencontreusement (ou heureusement) rencontré par hasard une mystérieuse femme au coin de la rue. J'avoue avoir été dubitatif en début de lecture mais les pages défilant, je me suis pris au jeu de l'intrigue pour finir quand même sur les fesses en lisant cette conclusion.

En résumé, vous suivrez alternativement le point de vue de Michelle (qui a subi une recombinaison génétique pour adopter une apparence simiesque et désormais celle d'une sirène), spécialiste des recherches biographiques et enquêtant sur une période spécifique où le dénommé Terzian a disparu, et le point de vue de ce dernier durant cette période. Une très bonne manière de constater l'évolution de la société décrite et surtout le pourquoi des actions de Terzian. Une manière de faire réfléchir le lecteur sur les problématiques actuelles: réchauffement climatique, pauvreté, conflits armés et sur les impacts sociaux, financiers que pourrait engendrer ce remodelage génétique. J'ai beaucoup aimé la manière dont l'auteur amène un des « hics » de cette société utopique au travers d'une conclusion plutôt originale.

Je ne m'attendais pas du tout à cette expérience. Surpris au début, je me suis vite immergé dans cette histoire qui fait réfléchir et ne laisse pas indifférent. Avis aux amateurs.
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Pour la quarante-septième novella de sa collection Une-Heure-Lumière, le Bélial nous propose une nouvelle fois, un texte auréolé d'un prix. La Peste du Léopard Vert a en effet obtenu le prix Nebula en 2004. Son auteur, Walter Jon Williams, n'est pas l'écrivain américain le plus traduit, ni le plus connu (les deux allant probablement de paire !) par chez nous. On retiendra surtout câblé l'un des romans emblématiques du mouvement cyberpunk.

Avec La Peste du Léopard Vert, Walter Jon Williams nous entraine dans un futur lointain et utopique où les ressources sont inépuisables et les individus libres, quasiment immortels grâce au transfert de conscience dans n'importe quel "corps". C'est ainsi que l'on découvre Michelle un singe devenu sirène qui vit dans son chapelet d'îles. Ses deux occupations principales outre pêcher et faire du "commerce" avec ses voisins : échapper à son ancien amant et faire des recherches bibliographiques sur Terzian, un philosophe célèbre à l'origine de la théorie de la Corne d'Abondance qui a vécu dans son lointain passé (et qui pourrait être notre présent ou notre futur proche !)

Michelle est une sorte de paléontologue du futur qui recherche les traces qu'auraient laissé ses ancêtres dans les archives numériques : photos, vidéos, publications sur les réseaux... (on pourra noter que l'auteur est visionnaire, avec vingt ans d'avance il pointait notre dépendance à internet et l'exploitation qui pourrait en être faite !) et ainsi retracer des moments de vie.

L'auteur navigue entre les deux époques en gardant un seul fil narratif, passant du monde utopique posthumaniste de Michelle au récit d'espionnage quand il s'agit de la vie de Terzian. Ce mélange des genres est captivant d'autant plus qu'au fur et à mesure l'auteur nous démontre que ces deux univers si différents, si lointains, sont intimement liés et qu'ils découlent l'un de l'autre mais que la transition a été difficile et peut poser nombre de questions éthiques, politiques et philosophiques.

La Peste du Léopard Vert est la rencontre de deux univers unis par leur filiation où deux récits s'entremêlent parfaitement, l'un répondant à l'autre, pour suivre une seule et même histoire, celle de l'humanité. Intelligent, sobre et efficace, Jon Walter Williams n'en est pas moins cynique voire désabusé.

Ce court texte est beaucoup plus dense que mon billet pourrait le laisser croire, il est difficile d'en parler sans déflorer l'essence, les subtilités et les ressorts du récit, mais pour conclure en un mot cette novella est Incontournable !


Lien : https://les-lectures-du-maki..
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critiques presse (1)
LeMonde
09 octobre 2023
Fascinant mélange entre thriller et SF dure.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La famine et les camps relèvent de la politique maintenant, et ça date d'avant ma naissance. Si une population entière souffre de la famine, c'est parce que quelqu'un, quelque part, y voit une source de profit. Il est difficile d'exterminer un groupe ethnique que vous détestez, la guerre coûte cher, il y a des questions à l'ONU, et vous risquez de vous retrouver à La Haye, jugé pour crimes de guerre. Mais attendez que survienne une mauvaise récolte et arrangez-vous pour que la population toute entière soit affamée, et ce n'est plus pareil -- voilà que vos ennemis sont prêts à lâcher l'argent contre de la nourriture, voilà que l'ONU arrive à la rescousse plutôt que de vous taper sur les doigts, et vous récupérez une fraction des aides, vous collectez des pots-de-vin auprès de toutes les ONG, vos ennemis sont parqués dans des camps et vous pouvez faire entrer vos forces armées dans le pays sans rencontrer la moindre résistance, vous assurer que vos ennemis disparaissent, contrôler tout ce qui se passe lorsque certaines livraisons s'égarent dans des entrepôts gouvernementaux où on peut vendre de la nourriture aux affamés ou carrément l'exporter pour en tirer profit...
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Si une population entière souffre de la famine, c'est parce que quelqu'un, quelque part, y voit une source de profit.
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L’air était d’une immobilité absolue et imprégné du parfum des fleurs nocturnes. Des roussettes filaient résolument au-dessus des eaux, en partance pour leur repos diurne. Quelque part, un cacatoès blanc lança un cri strident. Un stourne de Micronésie entama un vol des plus brefs vers le large, puis rebroussa chemin. Le soleil levant projetait des étincelles rouge et or depuis les crêtes des vagues et parait de lumière la végétation tropicale qui couronnait les nombreuses îles s’étalant jusqu’à l’horizon.
La sirène décida qu’il était l’heure de déjeuner.
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Si un truc quelconque avait signifié quelque chose pour quelqu'un, on l'avait converti en données et préservé pour le plus grand bien de l'univers. (18)
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Terzian s'arrêta au pied du vieux château en ruine et se demanda s'il voyait là l'avenir du monde civilisé. Soit ce château serait rebâti par des tyrans, soit il s'effondrerait. (85)
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Video de Walter Jon Williams (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Walter Jon Williams
Walter Jon Williams au festival des Utopiales 2009, interviewé par Julien Morgan.
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