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EAN : 9782385770051
352 pages
Editions Récamier (21/09/2023)
3.93/5   7 notes
Résumé :
Duché de Milan, 1608. Sous des bourrasques de neige, Orso, brisé par la fièvre, assiste au martyre de sa mère. Tandis que le corps de la suppliciée bringuebale au bout d’une corde, le garçon perçoit les bribes d’une dispute entre un moine et un cavalier manchot avant de perdre connaissance. Il se réveille dans un couvent à des lieues du drame ; une seule aspiration guidera désormais sa vie : retrouver la dépouille de Mammina et lui offrir une sépulture.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Disons-le d'entrée, je n'ai probablement pas lu ce livre au bon moment, et, partant, dans les bonnes conditions. Sans rentrer dans les détails, les dernières semaines ont été un long rush pour finir une thèse, qui a absorbé les dernières réserves d'énergie qui me restaient, il m'aurait donc probablement fallu une histoire survitaminée capable de m'entraîner, et non un récit essentiellement contemplatif à l'occasion duquel j'ai été le spectateur de la longue errance d'Orso en restant sur le bord du chemin… Ma lecture n'est donc probablement pas celle que j'aurais pu en faire dans d'autres circonstances, mais bien un « passage à travers ».

Les défauts de ce livre sont aussi ses qualités – ou réciproquement -. L'écriture est très poétique, comme le montre la citation qui figure en haut de cette chronique et qui décrit le mouvement des branches d'un pin dans le vent. Mais, quand vous n'êtes pas « dedans », certaines scènes deviennent rapidement très ésotériques, comme le « procès » final dont je n'ai longtemps pas réussi à déterminer s'il était réel ou fantasmé.

Ce qui ressemblait donc au récit d'une errance, qui aurait également pu être une quête – celle de la sépulture de Mammina -, s'avère finalement être, en réalité – du moins est-ce ainsi que je l'ai compris -, le parcours du deuil d'Orso. Pris sous cet angle, l'espèce d'indolence d'Orso, qui parait se laisser entraîner par le flux plutôt que de jouer un rôle actif, peut sans doute mieux s'entendre. Comme si le parcours réel, les rebondissements, les personnages rencontrés, n'avaient finalement pas réellement d'importance, le véritable trajet étant intérieur et intériorisé. Orso ne semble pas bien savoir lui-même ce qui le meut, ce qui le motive à avancer, et, d'ailleurs, il passe une bonne partie du livre à ne pas avancer, mais à attendre qu'un événement extérieur le contraigne. Et, finalement, la résolution de l'histoire se fait plus par hasard qu'autre chose.

En sortant de ce livre, je me demande encore ce que l'auteur donne comme sens à certaines scènes. Je ne doute pas qu'il y en ait un – de sens -, mais je n'ai pas réussi à le capter, comme, par exemple, le moment où Orso se retrouve enfermé à l'Arsenal de Venise, ou quand, blessé, il est recueilli par une femme dans sa chaumière. Ces passages m'ont fait l'impression de « tunnels hallucinés » dans lesquels la réalité est déformée, mais je ne sais pas au profit de quel message.

Enfin, sans vouloir spoiler une partie de l'histoire, je sors de cette histoire en ne comprenant pas vraiment pourquoi, toutes ces années, certains des protagonistes de l'histoire laissent, d'une certaine façon, Orso se débattre seul dans les filets de cette intrigue, plutôt que de venir lui en donner les tenants et les aboutissants. Pourquoi adopter cette posture de transcendance, plutôt que de venir, en le traitant comme un être humain, lui laisser la possibilité de prendre le contrôle de sa propre existence ? Je ne perçois peut-être pas tous les enjeux, mais ce choix de l'auteur m'interroge.

J'ai conscience de ne pas rendre hommage à ce livre. Mais n'hésitez pas, si vous l'avez lu et avez un autre éclairage à apporter, à le faire ici, en commentaire !

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Roman lent, mais c'est compréhensible, nous sommes au tout début du 17ème siècle et les déplacements se font à pieds, en bateau ou sont équitractés. Xavier Champenois décrit beaucoup les lieux, les paysages, les saisons, les personnes qu'Orso rencontre. Tout cela dans une langue riche, élégante, dense et très belle. Elle pourrait presque paraître désuète dans la production actuelle mais c'est ce qui fait tout son charme et son intensité. Car il est bien difficile de résister à ces 350 pages de beauté, d'aventures, de questionnements, de descriptions des régions et des moeurs de l'époque où l'Inquisition fait pas mal de victimes. L'auteur évoque aussi en toile de fond, les guerres de territoires dans les États italiens, l'influence des Habsbourg, des rois de France, des Suisses, du Vatican. Bon, je n'ai pas tout retenu, mais cela participe à la tension du roman, car Orso ne peut aller où il veut : il va sillonner les routes italiennes, séjourner dans le ghetto juif de Venise, dans des couvents, parmi les plus pauvres... Son parcours est semé d'embûches, de rencontres et de découvertes, notamment des sciences : l'astronomie, l'optique, les mathématiques... mais aussi du dessin.

Ce qui est très bien fait également dans ce roman, c'est qu'en tant que lecteur j'avance au rythme d'Orso, je n'en sais pas plus que lui. Je me pose donc pas mal de questions d'abord sur le bien-fondé de sa quête, mais aussi sur les raisons pour lesquelles il est recherché d'une part et protégé d'autre part très activement, par différentes personnes. Et Xavier Champenois est chiche en explications. Elles viendront, heureusement, il eut été frustrant qu'elles n'arrivassent point.

J'ai passé de très bons moments avec Orso dans ce roman dense qui se déguste assez lentement d'abord pour ne rien rater, ensuite, pour rester un peu plus sur les routes italiennes et enfin parce que l'écriture est un peu exigeante et demande -quelle joie- de ralentir le rythme. Un petit extrait pour finir, parmi les nombreux très beaux passages : "Lorsqu'il ouvrit les yeux, Orso fut en proie à l'émerveillement. Au-dessus de sa tête, sur une paroi crayeuse baignée de soleil, des ombres de branchages dansaient dans la brise matinale. Une danse chaude où balançaient les rameaux inégaux d'un pin que la perspective enchevêtrait. Ce réseau de stries formait une palette de gris, des dégradés aux lignes fluctuantes, où le noir intense des maîtresses branches au centre s'estompait vers les brindilles périphériques en filigrane doré, presque translucide." (p.25)
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Merci aux éditions Récamier pour cet envoi dans le cadre d'une opération "Masse Critique".

J'ai sélectionné ce livre car le 4éme de couverture annonçait un roman dans la lignée de "La Religion " de Tim Willocks, que j'ai adoré. Il est vrai que l'on retrouve un peu de Willocks dans la façon dont l'auteur décrit la faim et la pauvreté tout comme Willocks décrit avec crudité les massacres des champs de bataille.

L'histoire : début du 17éme siècle, Orso est un orphelin qui assite au martyre de sa mère condamnée pour sorcellerie. Recueilli par des moines, il deviendra un surdoué en science et dans les arts. Une sorte de "Caméléon" qui s'adapte à tous les métiers mais un grand naïf obsédé par la mort de sa mère et instrumentalisé par tous ceux qu'il rencontre.
Un solitaire que seule la Mort (au sens propre comme symbolique) accompagne tout au long de son voyage.

Je n'ai pas aimé le style et le vocabulaire de l'auteur, trop soutenus pour moi. Les 100 premières pages ont été dures à lire : il aurait fallu un dictionnaire à côté de moi.
En outre (sans doute est-ce dû à mon manque de culture), j'ai eu du mal à saisir tout le contexte historique des pérégrinations d'Orso.
Après les 100 premières pages, l'histoire s'est emballée, je me suis peu à peu habitué au style et j'ai mieux apprécié les descriptions et les bons mots de l'auteur.
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Changement de style, changement de décors pour cette dernière lecture. « La pierre D'Orso » de Xavier Champenois. Un roman historique lent et initiatique. La quête d'un enfant dans l'Italie du XVIIe siècle. Orso va, toute sa vie, chercher à honorer la mémoire de sa mère assassinée sous ses yeux lorsqu'il avait 8 ans.
Au travers de cette quête obsessionnelle l'auteur nous fait traverser l'Italie pendant une trentaine d'année pendant des périodes bien troubles : les guerres de duchés, les épidémies, les famines, l'inquisition… Rien ne sera épargné à l'homme que deviendra Orso. A la mort de sa mère, il va être recueilli dans un monastère ou il va découvrir l'étude. Il a une soif d'apprendre doublée d'un don hors norme pour le dessin et va développer ses compétences pour les sciences. Un destin étonnant et une vie de souffrance font d'Orso un personnage pour lequel le lecteur ne peut que ressentir que de l'empathie.
Un roman lent mais les pérégrinations d'Orso ne se font qu'à pied ou en bateau donc le texte suit le parcours et les difficultés de vie de cette période.
Moins accrocheur que « La religion » de Tim Willocks mais un très bon roman qui m'a fait découvrir l'Italie sous un autre jour.
Merci aux éditions Récamier et à Babélio pour cet envoi dans le cadre d'une opération "Masse Critique".
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Un roman historique fort.

Au coeur de l'Italie du 17e siècle, c'est une bonne trentaine d'années d'histoire que nous propose « La pierre d'Orso » de Xavier Champenois chez Récamier, toute nouvelle maison d'édition du groupe Editis ! Merci à l'opération masse critique pour cette découverte !
La quête d'une vie gâchée, mais qu'elle force, quelle lecture !

On est vraiment plongée dans ce contexte que je n'ai pas toujours bien compris, mais dont j'ai réussi à percevoir les aspects essentiels.
Ce n'est pas un livre facile à lire, mais il n'est pas difficile non plus une fois qu'on a pris le rythme.

Je sais que de prime abord, on se dit que ce n'est pas pour soi, surtout quand en ont la vingtaine comme moi. Son contexte historique m'est complètement étranger, son vocabulaire tellement complexe que j'ai passé mon temps à chercher des définitions, mais j'ai suivi une histoire de vie qui m'a profondément émue.

C'est un roman enrichissant abordant des questions de religions, de sciences et d'éthiques.
C'est difficile, mais c'est profondément instructif. Parce qu'entendre notre histoire, c'est comprendre le présent et débattre sur le futur.

J'ai fini ce livre avec un profond respect pour le personnage, même s'il est fictif parce que je me dis que c'est une histoire de vie qui a pu être réelle en partie.
Je finirais donc par dire que c'est un auteur à suivre ! Il y a vraiment ce côté « littérature classique » qu'il sait rendre attrayant par une belle et profonde histoire.
Une très agréable surprise pour ma part qui m'a vraiment marqué et qui a ouvert la parole à des discussions passionnantes.

La pierre d'Orso est donc une histoire de vie, historique avec le suspens d'un puzzle de mémoire qui se reconstruit et le coeur serré pour son personnage.
Lancez-vous !

Chronique complète :
Lien : https://petitehirondelle.fr/..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
À cette heure, vivant à demi, il se trouvait bien parmi les morts. La honte monta et lui rougit les tempes. Vanité, car au jour de les rejoindre, ses chers morts, il ne serait plus qu’un corps, une masse inerte, un agglomérat. Dès lors, sa mère, qui vivait en lui seul, et pour qui, seule, il vivait, disparaîtrait pour de bon. Non ! Non, il n’abandonnerait pas à Venise son souvenir ; il allait se remettre debout, sortir de cette presqu’île infernale, et retrouver l’endroit où Mammina avait été mise en terre ; l’honorer enfin !
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Lorsqu’il ouvrit les yeux, Orso fut en proie à l’émerveillement. Au-dessus de sa tête, sur une paroi crayeuse baignée de soleil, des ombres de branchages dansaient dans la brise matinale. Une danse chaude où balançaient les rameaux inégaux d’un pin que la perspective enchevêtrait. Ce réseau de stries formait une palette de gris, des dégradés aux lignes fluctuantes, où le noir intense des maîtresses branches au centre s’estompait vers les brindilles périphériques en filigrane doré, presque translucides.
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Même chez un homme qui débusque les moines, l'habit ne fait pas le Turc.
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