Stanislas Barberian n'est ni policier ni enquêteur pour un quelconque organisme ou société, mais il a un sens aigu de l'observation qui lui a permis plus d'une fois d'aider à résoudre une affaire policière. En fait, Stanislas est un bouquiniste belge à Paris. Tout simplement !
Mais alors que fait-il là, bâillonné et attaché sur une chaise ? Et où est-il ? Ni à Paris, ni en Belgique… Apparemment !
Où donc, alors ? Après une pénible reptation, il touche un objet gisant à terre… Un objet ? Non ! Un corps ! Plutôt un macchabée ! Heureusement, les gens qui l'ont assommé et placé là n'ont pas pris son petit et vieux Laguiole ! Après beaucoup de contorsions, il arrive à se libérer. Il reconnaît le cadavre. Magloire ! Son guide, son chauffeur… Il se souvient : il est au Congo, à l'ouest de Kinshasa, dans un chantier désaffecté. Vu le coup de machette qui a ôté la vie à Magloire, ceux qui l'ont amené là ne lui veulent certainement pas du bien. Comment s'échapper au plus vite ?
Critique :
Stanislas Barberian, spécialiste en ouvrages anciens et rares, n'est pas à proprement parler un grand aventurier. Très attentif au moindre détail, il s'est révélé plus intuitif que bien des enquêteurs professionnels. Ses observations lors des enquêtes précédentes ne l'avaient jamais confronté à des périls menaçant sa vie… Jusqu'à ce qu'il aille au Congo ! Mais que diable est-il allé faire dans cette galère ?
Le bouquiniste s'est vu confier un coffret contenant une bouteille, apparemment très ancienne, et un carnet qui, selon toute vraisemblance est l'oeuvre d'un botaniste. Son propriétaire demande à Barberian de s'enquérir de la valeur potentielle de l'objet dont il a hérité d'un parent qui vécut des dizaines d'années au Congo.
L'héritier sera sauvagement torturé, sans doute par des Africains. L'homme était un joueur compulsif, et il se pourrait qu'il ait contracté des dettes vis-à-vis d'une mafia du jeu composée d'Africains. Stanislas a une autre hypothèse en tête : et si c'était ce fameux coffret qui intéressait les assassins ?
Selon son habitude,
Francis Groff se dote d'une documentation très solide et fait découvrir au lecteur des faits bien réels. le fameux carnet de cette histoire pourrait bien avoir été rédigé par le frère Justin Gillet, incroyable botaniste autodidacte qui a donné naissance au plus grand jardin botanique d'Afrique centrale. le missionnaire était un vrai génie, réussissant à acclimater dans le parc de Kisantu des plantes issues d'Europe, mais aussi et surtout d'Asie. Un petit coup d'oeil à sa biographie sur Wikipédia vous apprendra l'essentiel sur un personnage qui mériterait d'être porté à la connaissance du plus grand nombre.
Même les plus méticuleux des auteurs, dont
Francis Groff, peuvent être distraits et commettre une bourde historique dans leur ouvrage. Je ne vous dirai pas laquelle, mais pour peu que vous connaissiez un tout petit peu l'histoire
De Belgique, elle devrait vous sauter aux yeux. Nul doute qu'elle sera corrigée dans les futures rééditions.
Maintenant que j'ai balancé une pierre dans le jardin de Francis, et sachant qu'il en aura le sommeil perturbé pendant plusieurs nuits d'affilée s'il lit ma petite prose, je dois reconnaître que je suis épaté par le côté investigations qui nous rappelle que l'écrivain, avant d'être auteur, notamment, de polars, était journaliste. Depuis le petit village de Remagne en Belgique, jusqu'au Congo, en passant par Bruxelles, monsieur
Groff nous offre un authentique reportage. Il s'est d'ailleurs rendu au Congo pour peaufiner cette enquête africaine qui nous révèle de multiples aspects de la société en RDC de nos jours, mais aussi quelques pages de l'histoire du Congo, et notamment de la troisième religion du pays.
Alors en route pour un polar à la sauce congolaise qui ne manque pas de saveurs exotiques !