Une petite et belle découverte! Entre poésie et peinture, ce sont des mots et des images qui dépeignent des paysages avec envoûtement, révélant une fervente soif de l'antiquité. En effet, Toudouze nous décrit l'enchantement qui saisit deux amis, amoureux de la Rome et la Grèce antique, lorsqu'ils vont visiter la cité qui aurait abrité le palais de Tibère à Capri. Ils seront étourdis des découvertes archéologiques et mystiques qu'ils vont y faire. Si le poète se prête à un voyage dans l'univers pour essayer de capter les mots capables de décrire les merveilles qui s'offrent à ses yeux, le peintre, lui, essaie de contenir toutes ces merveilles dans son âme afin de bien les transposer sur ses toiles;.. mais leur rencontre avec Giovanni, la petite sirène aux charmes tendres et dévastateurs va forcement les entrainer vers le chemin de la perdition...On prend plaisir avec ce petit livre, il s'y conjuguent des mots et des images envoûtants!
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Paul, le peintre, et son ami Julien, le poète, sont en excursion en Italie.
Milan, Venise, Florence, Rome, Naples; ils sont tout remués de tant de beauté.
Ils quittent Naples pour visiter Capri.
Paul ne sait comment il pourra rendre toute cette splendeur sur la toile et Julien a bien du mal à rester les pieds sur terre, tant les ruines de Capri, l'archéologie et les histoires de l'antiquité l'obsèdent.
Cadre idyllique pour un poète et un peintre, mais c'est sans compter sur la légende des sirènes...Le matelot Pagano les a pourtant avertis...Il ne faut pas se laisser entraîner dans le piège de l'ensorcelante Giovanna...surtout les jours de tempête...
Petit conte sans surprise, qui a le mérite de nous décrire les paysages sublimes de Capri et de Naples.
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– Si vous vous croyez assez forts pour résister à l’enchantement des Sirènes, reprit le pêcheur, je vous conduirai, un jour de tempête, derrière un gros rocher qui fait face aux charmeuses : cachés là, vous pourrez tout voir et tout entendre. Mais, je vous en préviens, il y va de la vie, il y va de l’âme peut-être, et je vous laisserai seuls, car rien que d’en parler porte malheur !
« Parce que, lorsque la mer est en fureur et que les vagues sautent en hurlant dans les roches, les trois Sirènes reprennent leurs corps humains ; les rochers immobiles se changent en femmes, bondissent et glissent sur les flots, s’avançant jusqu’au rivage. Là, elles se reposent, causent, jouent et chantent avec leur sœur Giovanna. Alors, malheur au téméraire qui les écoute, malheur à celui qui les voit, il est perdu : elles l’attirent peu à peu par leurs chants, par leur voix à laquelle on ne peut résister ; puis l’une d’elles s’avance vers le malheureux, son enivrant sourire sur les lèvres, les yeux humides des plus ravissantes promesses. S’il cède, c’est fini : elles l’emmènent, le grisent de leurs caresses et l’emportent au fond de la mer dans leurs terribles enlacements.
Paul était né poète, avec ce tempérament nerveux, impressionnable, presque maladif, particulier à certains amants de la muse. Souvent, plongé dans ses réflexions ou emporté par quelque rêverie, il se laissait entraîner hors de toute limite matérielle, suivant son rêve au delà du possible, et finissant par en faire une réalité qu’il voulait adapter aux choses de la vie.
...il leur semblait être dans un monde étranger, quelque pays de leur création où l’humanité ne les suivait pas. Peintre et poète sentaient de la même façon, et cette admiration, sorte de magnétisme émané du milieu où ils se trouvaient, transfigurait leurs visages, y imprimant comme un reflet de ces mille beautés, toutes concourant à ce but sublime, le beau absolu.
Ils auraient voulu d’un élan traverser la mer qui les séparait de ces ruines merveilleuses, le temple de Neptune, la Grèce transportée sur le sol italien : Pæstum, la patrie des roses, qui y fleurissaient deux fois l’an ; Pæstum, la riche et luxueuse colonie, aujourd’hui la patrie de fièvres épouvantables, le refuge des plus dangereux bandits !