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EAN : 9782070469352
112 pages
Gallimard (02/06/2016)
3.58/5   13 notes
Résumé :

" Je n'ai plus jamais vu mon grand-père. Mais souvent, je me plais à imaginer qu'il a été accueilli au paradis des Tutsi. Et là-haut, lorsque l'ange-berger a désenlacé la barrière de branchages qui fermait la porte de l'enclos et que, de son bâton, il lui a désigné le troupeau de vaches qu'il ferait paître dans les prairies célestes, grand-père s'est écrié : " Yampaye inka Musinga ! - Ô toi, Musinga, qui m'a donné une vache ! " (" La vache du roi Musinga ") ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Scholastique Mukasonga, née en 1956, est une écrivaine rwandaise d'expression française. Elle connaît dès l'enfance la violence et les humiliations des conflits politiques qui agitent le Rwanda. En 1960, sa famille est déplacée dans une région insalubre du pays et en 1973 elle est chassée de l'école d'assistante sociale de Butare et doit s'exiler au Burundi avant de s'établir en France en 1992. En 1994, année du génocide des Tutsi, elle apprend que 27 membres de sa famille ont été massacrés, dont sa mère.
En 2014 parait, Ce que murmurent les collines, un recueil de six nouvelles. La présente édition de poche, nommée La Vache du roi Musinga, contient trois de ces textes et permet d'approcher l'univers de l'écrivain.
Bizarrement, c'est la nouvelle donnant son titre au bouquin qui m'a le moins plu. Très certainement n'en ai-je pas cerné la portée profonde mais les références à l'histoire du pays ou ses légendes me sont passées au-dessus de la tête et pour le dire plus crûment m'ont légèrement ennuyé. Par contre j'ai bien aimé les deux autres textes, le Bois de la croix et Un Pygmée à l'école. Beaucoup plus simples à comprendre, ils mettent mieux en valeur l'écriture de Scholastique Mukasonga, légère et aérienne, alors qu'en fait tout n'est que tristesse ou émotion esquissées.
Dans le Bois de la croix, il est question de religion, celle des Pères missionnaires et des croyances locales ancestrales avec des allusions discrètes à la sexualité interdite des religieux blancs, et la narratrice encore enfant, obtenant son diplôme scolaire puis partant à l'internat dans la grande ville, loin de sa famille et premiers pas vers l'exil à venir. Un Pygmée à l'école, comme le titre l'indique, est une courte fable sur le racisme – une attitude universellement partagée. Un gamin d'origine Pygmée, soutenu par un prêtre contre l'avis des enseignants ruandais accède à l'école. Mis à l'écart mais secret ami de la narratrice et de ses deux copines, il s'avérera le plus doué de la classe mais ce n'est qu'en s'exilant dans un autre pays africain qu'il connaitra devenu un homme, un brillant avenir.
Dans tous les textes, même si l'auteure ne le dénonce pas franchement, nous sommes dans une société africaine sous la coupe de l'homme Blanc, ses prêtres missionnaires ou ses autorités politiques. Les natifs, selon leur caractère ou la situation, adoptent des attitudes différentes vis-à-vis de la religion qu'on veut leur inculquer, soit la ruse « - Les Pères te racontent leurs histoires. Moi, je vais te raconter l'histoire de l'arbre géant et de sa forêt comme ma mère me l'a racontée. » Soit le pragmatisme, « Il faut que, toi aussi, tu acceptes comme les autres le Rwanda que nous fabriquent les Blancs. »
Un gentil petit recueil qui ne m'a pas déplu du tout mais qui ne m'a pas emballé plus que ça, non plus. Mais comme l'ouvrage est court et son prix plus que modique, le détour en vaut la chandelle ne serait-ce que pour découvrir Scholastique Mukasonga.

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Trois contes composent ce recueil : le bois de la croix, La vache du roi Musinga et Un pygmée à l'école.
Trois contes présentés comme souvenirs par l'auteur. le sont-ils réellement ? Je ne sais pas.
Dans le premier une femme venue vivre en Europe, porte sous sa robe autour de la taille un morceau de bois. Elle nous raconte l'histoire de l'arbre d'où vient ce morceau de bois, histoire différente selon qu'elle est raconté par les gens du crû ou par les missionnaires.
Dans la seconde il est encore questions de l'intervention des Blancs dans l'histoire du Ruanda et de l a déposition du roi Musinga.
La troisième expose comment un pygmée particulièrement intelligent et que les missionnaires ont essayé d'intégrer dans une école a été ostracisé par les villageois.
J'ai surtout apprécié la troisième, plus facile à appréhender, mais les trois ont un certain charme.


Challenge ABC 2019-2020
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Ce recueil de nouvelles contient trois témoignages d'un Rwanda en pleine mutation : les colons débarquent jusque dans les villages, imposent le christianisme et combattent tout ce qui a un relent de paganisme. La population accepte le changement, par opportunisme ou par pragmatisme, mais derrière cette conversion de façade, les anciens tentent tout de même de transmettre leur culture à leurs enfants.

Voir de vieilles traditions qui ont plusieurs centaines d'années d'existence disparaître comme ça du jour au lendemain, en moins d'une génération, laisse toujours une drôle d'impression. Et quand on voit que ce qui l'a remplacé a pratiquement disparu quelques dizaines d'années plus tard, on peut se demander si ça valait bien la peine de tout bousculer.

Les nouvelles sont agréables à lire, mais le recueil est un peu court : on a à peine le temps de s'immerger dans l'ambiance du Rwanda de l'époque qu'il faut déjà le quitter.
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Ce court livre contient trois nouvelles Rwandaises, se lit très facilement et nous projette dans un monde onirique, entre les souvenirs de l'autrice et contes traditionnels, dans des aventures où les légendes côtoient la modernité, où la transmission de la culture reste un impératif, récit d'un pays en pleine mutation précédant le début de la guerre.
Lecture enrichissante et dépaysante.
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J'ai voulu approfondir mes lectures sur l'Afrique qui sont pauvres. Mais ce recueil m'a déçue. Peut-être le genre nouvelles me convient-il mal. Je n'ai pas adhéré aux deux premières, le style conte africain ne m'a pas emballée, je l'ai trouvé peu fluide. En revanche j'ai bien aimé la troisième, beaucoup plus réaliste. Malgré cette impression en demies teintes je pense retenter cet auteur avec son roman "Notre-Dame du Nil".
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Certains prétendaient – et c’étaient certainement les gens de Kivumu qui faisaient courir le bruit – que les Blancs étaient venus pour s’emparer de nos morts et les rendre malveillants, plus malveillants qu’ils ne le sont déjà, à l’égard des pauvres Rwandais vivants. On avait remarqué en effet qu’ils étaient toujours à la recherche des mourants. Quand un de leurs boys signalait que, sur une colline, quelqu’un allait mourir, qu’un bébé qui venait de naître ne survivrait pas, un père accourait aussitôt et lui versait de l’eau sur la tête, et le malade, le vieillard ou le bébé mourait peu après. Comment pouvions-nous savoir, disait ma mère, que c’était ça le baptême qui faisait monter directement au ciel ? Quand on voyait un père s’approcher d’un enclos, on disait : « Quelqu’un va mourir », et on s’enfuyait.
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J’ai fait un rêve. Il faut croire en ce que te disent les rêves. Surtout si c’est le même rêve qui revient chaque nuit. C’est ce qui m’arrive : depuis que je sais que tu vas t’en aller, je fais toujours ce même rêve ; je suis sur la colline de Kivumu et tu es avec moi, mais la croix n’est plus là, à la place il y a l’arbre géant. Il nous attend. Je sais pourquoi. Je sais ce qu’il veut que nous fassions. Cette nuit, toi et moi, nous monterons jusqu’à la croix. Il faudra être aussi silencieuses que le léopard pour ne pas réveiller ton père, tes frères et tes sœurs. Mais dehors personne ne nous verra, c’est une nuit sans lune. Ne t’endors pas, tiens-toi prête.
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Tu ne peux pas pénétrer dans la forêt de Nyungwe. Les grands singes qui y habitent ne te laissent pas y pénétrer, c’est leur domaine, ils attaquent, pillent et violent tous ceux qui s’y risquent. Et puis il y a les léopards qui te guettent et des serpents dans les branches qui crachent leur venin dans tes yeux et d’autres qui rampent dans les herbes sous tes pieds, on dit même qu’il y a des éléphants, plus petits peut-être que ceux du Bugesera, mais malheur à toi si tu empruntes leur sentier ! Il y a bien une piste qui traverse la forêt, une seule, mais les hommes de Rwagataraka ont dressé une barrière ; celui qu’ils soupçonnent d’aller chez Musinga, ils ne le laissent pas passer : ils le battent, lui confisquent ses bagages et les présents qu’il allait offrir au roi. Kamembe, c’est pire qu’une prison, personne ne peut y aller rendre hommage au mwami : c’est comme si on l’avait jeté de l’autre côté du lac.
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La colère, ce n’était pas pour les filles, non plus d’ailleurs que pour un Rwandais qui se respecte et tient avant tout à sa dignité. Il n’y avait que des petits bergers pour échanger des injures à distance (et encore, c’était un jeu) et quelques rares voyous pour se battre jusqu’à se rouler dans la poussière. De la colère, je pouvais bien en éprouver un instant contre les mauvaises copines, contre ma grande sœur qui me prenait trop souvent pour sa boyesse, contre mes frères, grands et petits, auxquels maman donnait toujours les meilleures parts et qui se faisaient servir, mais il n’était pas question d’en montrer le moindre signe, la colère au Rwanda, si vous la laissez paraître, elle vous rend ridicule, vous ne pourrez plus rien contre vos ennemis puisqu’ils vous ont découvert. La colère c’est la faiblesse.
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Les jeunes d'à présent, ils n'ont plus de mémoire, ils écrivent...
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Videos de Scholastique Mukasonga (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Scholastique Mukasonga
Ce dimanche 7 avril 2024 marque les 30 ans du dernier génocide du XXe siècle, celui des Tutsi au Rwanda. le pays a-t-il achevé sa reconstruction après l'horreur ? Comment se passe la cohabitation entre les victimes et leurs bourreaux, en grande partie sortis de prison depuis quelques années ?
Pour en parler et analyser la situation, Guillaume Erner reçoit : Hélène Dumas, historienne, chargée de recherches au CNRS au Centre d'études sociologiques et politiques Raymond Aron. Scholastique Mukasonga, écrivaine rwandaise. Dominique Célis, écrivaine belgo-rwandaise.
Visuel de la vignette : Alexis Huguet / AFP
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