Il souriait sans regarder personne même lorsqu'une pièce tombait
Un récit. Un accordéoniste Kolenko. Les aléas des invitations pour se rendre en Allemagne. Berlin. La bureaucratie. La concurrence des musiciens. L'autorisation de faire de la musique. Les emplacements. Choisir les bons airs. « Il commence par « Lara » la musique du Docteur Jivago ». Une assiette en plastique pour l'argent. Un bout de carton, une inscription : « Accepte de vêtements usagés pour mes trois fils ». Les pièces de monnaie et les vêtements.
Un récit comme un reportage. Des histoires qui pourraient être vraies ou qui sont vraies. Des descriptions. La recherche de logement. Des sensations. Des ballots. Des regards et des échanges.
Loin du ton saccadé que j'utilise volontairement, les phrases de
Marie Luise Scherer impriment un rythme, une musique, aux tonalités douces-amères.
Des aller et des retours, seul, avec sa femme et son enfant, seul. D'autres logements, d'autres logeuses. La vie d'un musicien, le passage des frontières, les hôtesses, les rencontres, le coffre de l'accordéon, les ballots…
Un monde effondré et la vie continue. La bureaucratie, les papiers refusés, le changement de nom. Berlin. Les musiques éparses de l'instrument en contrepoint des images de rue, d'appartements, de dialogues…
L'humour aussi, comme cet élevage de larves, la fête de Lipa et Samy, la maison de
Tolstoi. Etalage de richesse et misère quotidienne…
Le désir de croire, la nuance de séduction, les relations entre
l'accordéoniste et ces femmes logeuses, « Les attentes de sa logeuses le précipitait dans le dilemme du débiteur », les rêves de l'une n'est point celui de l'autre.
Gutkin et son violon. Une nouvelle fois le retour au Caucase. La neige à Moscou. Les trains et les bagages. Les mains chargées.
L'auteure nous fait ressentir la désagrégation d'un monde, les accommodements obligés, le recyclage des objets, les débrouillardises, la condition du migrant…
Elle nous parle aussi des communautés minoritaires, nous fait sentir l'entassement dans les trains, nous fait entendre les bruits de l'attente…
Aujourd'hui, demain les cadeaux, le retour. « …dehors, devant le marchepied, comme si elle avait deviné où son wagon allait s'arrêter, se tenait… »
La musique des hommes et des femmes, les partitions et les rêves…
Un homme, son accordéon, ses voyages.
Un reportage comme une invention entre deux cartes géographiques.
Des notes éparpillées, des mots colorés, des contrées visitées ou traversées.
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