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EAN : 9782369141198
160 pages
Libretto (05/05/2014)
3.75/5   53 notes
Résumé :
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Le vent fouette le visage des marins affairés sur le pont à relever l'ancre. Des gueules burinées par le soleil du profond sud et le froid des grandeurs extrêmes. A son bord, un vieux capitaine, la barbe grisonnante, le regard toujours perdu dans ses souvenirs d'antan. Tel un vieux loup de mer, je l'imagine me racontant des histoires de pêches et de pirateries. Un regard qui se lit comme un livre ouvert, des chapitres de vie et de mort. Il m'a accepté à son bord pour que je témoigne de son histoire, l'histoire de la fougue de l'Océan qui n'a rien de Pacifique et de la Patagonie. Pendant ce temps-là, la mer se déchaine contre la coquille métallique qui me sert d'abri sommaire et presque éphémère, déverse toute son impétueuse haine, une écume blanche au bord de ses lèvres comme la bave d'un chien enragé, contre ma misérable existence.

Quand les bateaux quittent vers le large, ils laissent dans leur sillage un fracas de vagues – d'émotions fortes ou douces - houle dansante sur les falaises rongées par la mer. Des mille tempêtes au sommet du Cap Horn, des rafales de vent et de glace déséquilibrent le vol des caranchos. L'homme est l'animal le plus redoutable, de l'amour à la haine il n'y a parfois qu'une tempête qui sépare ces deux sentiments contradictoires, ou un naufrage. Trente-cinq jours sans voir la terre, pull rayé, mal rasé, cargo de nuit, la violence des âmes débarquent, assoiffées, avinées, pour se vider, change de port poupée.

Après trois jours et trois nuits, les déferlantes s'assagissent, l'horizon s'aplanit, le soleil refait surface d'outre-tombe. La mer change ses couleurs. du noir profond, elle se projette bleu azur avant de virer au rouge carmin. du rouge et du sang. Une nappe de sang et d'entrailles s'invite autour des bateaux. La chasse à la baleine est un honneur. Massacre à la tronçonneuse. Et aux harpons. L'odeur de chair et de graisse devient écoeurante, je ne sens même plus le parfum iodé de la brise. J'ai envie de gerber, pas le roulis, pas la bouteille de whisky, juste cette vision d'horreur et de massacre. Sang rouge, sang bleu, la mer devient un océan rouge profond, d'un sombre aussi noir que l'âme de ces marins.

Quand les bateaux quittent vers le large, ils laissent dans leur sillage non seulement un fracas de vagues, mais la mémoire de milliers d'innocents qui se heurte à ne sombrer sur les récifs de l'oubli. Et de ces écueils, tu pourras entendre le cri solitaire des âmes emportées vers le large.
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Pour la première fois, je sors un tantinet insatisfait de ma lecture d'un bouquin de Francisco Coloane. Pourtant, je croyais que c'était gagné à l'avance. C'est un auteur que j'apprécie énormément, dont j'ai aimé, adoré quelques recueils de nouvelles. Et je suis toujours disposé à lire les histoires de vieux loups de mer. Je m'attendais à la même chose cette fois-ci, avec le golfe des peines. Eh bien, non. Est-ce que le problème vient de moi ? J'en ai trop lu ? L'effet de nouveauté et de dépaysement s'est dissipé ? Ou bien du recueil lui-même ? L'auteur n'arrivait plus à ce réinventer ? Peut-être un peu des deux. Les nouvelles qui composent le golfe des peines se déroulent encore et toujours dans le sud du Chili, quelque part entre les Andes et les îlots et les récifs déchiquetés des mers australes. Terre de feu. Cap Horn. Détroit de Magellan. Ces noms évocateurs continuent à me hanter, à m'interpeler. Mais les histoires qui s'y déroulent commencent à se ressembler. Toujours ces hommes solitaires, en quête d'aventure ou simplement d'un gagne-pain, quelques orphelins, forçats et Indiens complètent ce tableau. Ces individus sont de passage, recherchent un trésor, s'occupent d'un troupeau de moutons, pratiquent le cabotage, chassent la baleine, survivent, etc. C'est du déjà vu, pour l'essentiel. Il y a bien quelques nouveautés, comme un vaisseau fantôme (apparemment), l'apparition du feu de Saint-Elme, un procès, etc. Évidemment, si un lecteur aborde l'oeuvre de Coloane par ce receuil-ci, il aimera, probablement. D'autant plus que la plume de l'auteur est toujours aussi belle, évocatrice. Ses mots sont simples mais beaux, précis et économes, permettant de visualiser clairement les lieux, les personnages, l'atmosphère qui s'en dégage. Il faut dire que, dans ces contrées, les éléments déchainés « Malmené par une ofrte houle, notre bateau se couchait tel un animal blessé à la recherche d'un passage à travers l'horizon obstrué de sombres échines mouvantes. » (p. 35) Les Andes deviennent en hautes murailles aux pics qui chutent abruptement, se transformant en falaises noires emprisonnant les navires, les vents déferlent avec acharnement, le brouillard ne peut être que menaçant et trompeur. Mêmes les tempêtes sont… tempestales ? Mais tout n'est pas que cataclysme. La nature peut se montrer violente, elle sait aussi se parer de magnifiques couleurs et se paraître enchanteresse, divine. « Cet après-midi-là, alors que le soleil rougeoyait comme l'oeil d'un dieu primitif, le capitaine et quatre rameurs exploraient les rochers autour de Punta Sobaco ». (p. 10) Francisco Coloane n'a pas son pareil pour décrire, raconter son univers rude, cruel et riche à la fois. le golfe des peines ne m'a pas plu autant que je l'aurais espéré mais il ne m'a pas du tout découragé de continuer à lire son auteur remarquable.
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Recueil comportant 18 nouvelles parues en 1945, puis revues par l'auteur et rééditées en 1995 au Chili.
Les histoires se déroulent indifféremment sur terre ou sur mer et évoquent indiens, marins, chasseurs de phoques ou de baleines... Tous ces travailleurs ou aventuriers qui se rencontrent dans Le Grand Sud jusqu'au continent Antarctique. Beaucoup d'actions et des récits qui parlent de la vie d'hommes qui affrontent la nature et les éléments.
J'ai apprécié dans l'ensemble ces différents textes, mais cependant je préfère les romans de Coloane à ses nouvelles qui parfois mériteraient d'être un peu plus développées.
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Les premiers livres de Francisco Coloane que j'ai lu m'ont tellement émue que j'ai eu envie de retourner en Terre de Feu pour retrouver les chasseurs de phoques, les peons et la nature sauvage.

Ces récits ne m'ont pas autant transportée que ceux de TIERRA DEL FUEGO mais j'ai tout de même pris beaucoup de plaisir pendant cette lecture. L'écriture de Francisco Coloane est superbe, fluide et rythmée. L'auteur a le soucis du détail, on a vraiment l'impression d'être à bord d'un baleinier ou de chevaucher sur les pitons rocheux du sud du Chili.

Si j'ai un peu moins accroché, c'est sans doute car beaucoup de ces récits sont très courts. Certains font moins de dix pages, je n'ai pas eu le temps de m'attacher aux personnages ou de vivre pleinement les situations. Les nouvelles que j'ai le plus aimé sont les plus longues, les plus fouillées et aussi les plus terribles.

L'auteur nous entraîne dans un monde sauvage où une tribu est capable d'abandonner l'un des siens à la mort parce qu'il était trop pédant et sûr de lui. Il nous fait assister au procès d'une enfant victime de viols et d'inceste qui n'aura pas justice. Ou il nous embarque sur un baleinier pour une chasse sanglante et terrifiante.

Francisco Coloane ne fait pas dans la demi-mesure : les mots sont forts pour parler de la rudesse des hommes et de la terre. C'est un grand auteur dont je ne peux que vous recommander la lecture de ses oeuvres.
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Ce recueil de nouvelles de Francisco Coloane nous plonge dans les frimas du grand sud chilien. Les récits sont touchants et témoignent de la difficulté de vivre dans ces régions hostiles. Il s'agit également d'une oeuvre initiatique qui nous en apprend beaucoup sur les habitants et leurs coutumes. J'ai lu ce recueil sur place en Terre de feu ce qui lui confère à mes yeux une dimension particulière.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Nous aperçûmes d’abord les condors qui tournoyaient au-dessus d’un ravin ; puis des caranchos avec leurs yeux rougis et repus nous guidèrent jusqu’au lieu où avait péri le troupeau de bovins que nous recherchions. On remarquait certains charognards qui ne pouvaient même plus s’envoler à notre approche tant ils étaient gavés. Le festin avait commencé depuis fort longtemps à en juger par de nombreux squelettes récurés. Mais en contrebas, au milieu des arbres, nous trouvâmes quelques cadavres dont la peau encore intacte fut tout ce que nous pûmes sauver de ce troupeau égaré.
La catastrophe s’était produite à la fonte des glaces. Les animaux avaient continué à brouter des feuilles de hêtre qui émergeaient de la neige, croyant qu’elles appartenaient à des arbustes alors qu’il s’agissait de la cime de grands arbres. Au printemps, la plaque de neige et de glace soutenue par les troncs formait une véritable voûte, qui avait commencé de fondre, et s’était brusquement rompue, entraînant les animaux dans la chute. Ils étaient restés accrochés dans les branchages, certains par les cornes, d’autres embrochés ou éventrés, mais tous se trouvaient dans la posture d’un galop figé, grotesque et macabre, et les charognards les avaient transformés en troupeau de squelettes. Le vent d’ouest sifflait dans ces os blancs, éveillant dans le feuillage un hululement plaintif que je n’avais jamais entendu auparavant.
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Avant d'appareiller sur sa goélette l'Orfelinda, le capitaine Anibal Pescetto traça son itinéraire entre les îles Calbuco, Ipun et Guamblin, bien qu'il dût prévoir d'autres escales où livrer les marchandises et embarquer les fourrures que lui confiaient des chasseurs isolés dans les fjords et les îles.
Le capitaine Pescetto était un homme serviable et estimé de tous. A terre, son grand plaisir était d'écouter Rosa Coleman chanter La buena pesca, et bien des gens qu'il avait secourus en pleine tempête lui auraient volontiers chanté, s'ils avaient pu rivaliser avec les vieux poètes de Chiloé, La cancion del buen hombre de mar.
Il avait équipé sa goélette sur le modèle des vieux gréements, et les deux petits huniers qu'il avait fixés aux vergues du grand mât et du mât de misaine donnaient fière allure à ce modeste bâtiment de cinquante tonneaux qui pouvait filer ses douze noeuds sous la poussée des bons vents de travers soufflant des quarts ouest sur les golfes d'Ancud et de Corcovado.
Périples
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"La mer ignore tellement la pitié que l'injure et l'imprécation viennent volontiers aux lèvres du marin. C'est l'expression de l'impuissance contre les forces aveugles de la nature. Et s'il est vrai que Dieu existe, cette nuit-là Il était sourd et aveugle, car Il n'entendait ni voyait que six de Ses enfants voguaient au bord de la mort.
Puisque Dieu était aveugle, il fallait bien que j'essaie de Le remplacer. J'étais coincé ! Je devais sauver mes compagnons, et ma propre peau, en affrontant seul la tempête, collé à la barre. Parfois l'homme est un dieu, parfois une vulgaire puce", termina-t-il en riant et en noue regardant de ses yeux pétillants.
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Le capitaine José Melias Quilan rêve de poissons, de poissons lisses, soyeux, de bancs de poissons au ventre blanc, flottant tels des glaçons en pleine mer... Des poissons tués par une explosion de dynamite ou par l'éruption sous-marine de gaz délétères...
Il dort, le dos tourné à sa femme Sofia, dans sa maison de planches dressée au bord d'une crique du cap Quilan où ils vivent avec leurs sept fils - aucune fille. Soudain, il gifle Sofia d'un coup de nageoire pectorale. Le capitaine Melias Quilan est un phoque et Sofia, sa femelle... Pourquoi ? Les rêves restent sans réponse, ils se racontent, c'est tout.
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Le capitaine José Melias Quilan rêve de poissons, de poissons lisses, soyeux, de bancs de poissons au ventre blanc, flottant tels des glaçons en pleine mer... De poissons tués par une explosion de dynamite ou l'éruption sous-marine de gaz délétères...
Il dort, le dos tourné à sa femme Sofia, dans sa maison de planches dressée au bord d'une crique du cap Quilan où ils vivent avec leurs sept fils - aucune fille. Soudain, il gifla Sofia d'un coup de nageoire pectorale. Le capitaine Melias Quilan est un phoque et Sofia, sa femelle... Pourquoi? Les rêves restent sans réponse, ils se racontent, c'est tout.
(Le pas de l'abime)
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