Je ris sous cape !
Sous couvert d'une biographie romancée du musicien Cherubini, il s'agit en fait d'un roman historique royaliste, comportant de très graves et nombreuses erreurs historiques débutant par la prise des Tuileries le 10 août 1792.
Ce livre retrace l'évolution de
Luigi Cherubini, musicien italien, dont la carrière s'est déroulée en France au XVIIIe et XIXe siècle.
Fin 1787, il s'installe à Paris et il est nommé codirecteur du Théâtre de Monsieur en 1789, fonction qu'il abandonne en 1792. En 1796, il est nommé inspecteur de l'enseignement au tout nouveau Conservatoire.
En 1816, il devient surintendant de la chapelle de Louis XVIII.
Il retrouve le Conservatoire, où il exerce comme professeur de composition, avant d'en devenir le directeur en 1822,
Il composera des opéra comiques dont les suivants durant la Révolution française :
- 18 juillet 1791 : Lodoïska, comédie héroïque en trois actes, créée au théâtre Feydeau à Paris ;
- 1793 : Koukourgi, opéra comique en trois actes inachevé retrouvé à Cracovie (il manque le final) ;
- 26 février 1794 : le Congrès des rois, comédie en trois actes et en prose mêlée d'ariettes, en collaboration avec onze autres auteurs, créé à l'Opéra-Comique (salle Favart)
- 13 décembre 1794 : Éliza ou le Voyage aux glaciers du mont Saint-Bernard, opéra en deux actes créé au théâtre Feydeau ;
Et diverses messes et requiem. Un musicien totalement oublié …
Revenons à ce roman : rédigé dans un style simpliste, pompeux du XIXe siècle, dont les personnages royalistes sont beaux, bien habillés et intelligents (!) et dont la canaille est décrite comme sale, ivrogne, inculte et influencée, m'a rappelé les ouvrages de
Daninos surtout "La Révolution fracassée" qui peint les personnages de la même façon peu objective !
De nombreuses erreurs historiques :
- la mention de la rue de Rivoli : dont la création est du ...3 mai 1848 !
- "dès le 19 juin 1790... le peuple français marchait rapidement vers la république démocratique et sociale : oh que non ! Il n'y avait aucune intention de cet ordre à cette date, étant sous l'Assemblée Nationale issue des Etats Généraux. Cette assemblée rédigeait une constitution pour une monarchie constitutionnelle. L'idée d'une République, à part certains penseurs, comme Marat ou
Camille Desmoulins, n'apparut vraiment qu'en 1791, lors de la pétition des Cordeliers au Champ de Mars...
- la présentation de Louis XVI comme un roi faible et indécis dont les nouvelles études (se référer à
Aurore Chéry) mettent en cause.
- la notion de "Girondins" n'existait pas en 1792 ! Peut-être Brissotins : c'est Lamartine qui invente ce terme lors de la rédaction de son "histoire des girondins".
- "la fuite tentée le le 12 juillet 1791" : la fuite de la famille royale s'opéra dans la nuit du 20 au 21 juin 1791 et son arrestation à Varennes le 22 juin 1791...
Et puis, des situations rocambolesques :
-
Théroigne de Méricourt qui reconnait et sauve Cherubini avant la prise des Tuileries le 10 août 1792 !
- le silence de la nuit du 9 au 10 août... alors que les sections avaient informé de leur ultimatum !
Un roman parut en 1887, au XIXe siècle qui refusait les acquis de la Révolution française et présentait
Maximilien Robespierre comme un tyran, sur la base des légendes thermidoriennes.
Bref, un roman vite lu et vite oublié, comme son auteur, un écrivain, dramaturge, librettiste et compositeur du XIXe siècle.