La réapparition d'un manuscrit vieux de cinq cents ans, faisant état d'une relique sacrée - un miroir ayant conservé le reflet du Prophète - restée cachée dans les jardins de l'Alhambra depuis la prise de Grenade par les chrétiens, sonne le branle-bas dans les services secrets de sa Majesté. D'autant plus dès lors qu'un groupe de djihadistes en perdition s'est mis sur sa piste avec l'espoir de l'utiliser pour redorer son blason.
La position de la relique étant décrite dans le manuscrit par une obscure énigme, le Club House, un obscur service secret anglais, dépêche sur place un des ses agents, Harry Boone, spécialiste du genre.
Harry n'est pas un espion ordinaire. Il n'est pas bardé de technologie ; ses armes de prédilection : son cerveau, son intelligence et sa culture. Il arrive à Grenade comme une sorte d'attaché culturel, usant de toute sa diplomatie pour s'intégrer dans le microcosme local, accompagné de la femme qu'il aime, Maria.
Je ne vais pas vous spoiler les multiples rebondissements qui vont advenir au cours du récit, ce serait vous gâcher le plaisir. Sachez tout de même que l'intrigue se déroule au début de l'année 2020 et que l'épidémie de Coronavirus aura son rôle à jouer, tout comme les fameux GAFAM. Pour le reste, je vous laisse la surprise.
S'il est de nationalité britannique,
Percy Kemp écrit en français et c'est un bonheur de constater à quel point il en maîtrise les rouages, tout en conservant son caractère « so british ». C'est ce qui fait, en partie, toute la saveur de ses romans. Quant à Harry Boone, il fait plus figure de diplomate que d'espion, n'aspirant sous le ciel andalou qu'à une douce tranquillité.
L'ensemble a un côté désuet, en décalage avec la production contemporaine, tout en conservant un profond attachement à la réalité d'aujourd'hui, à nos problématiques. le style est littéraire sans jamais être pompeux, truffé de citations et d'une érudition remarquable.
Nous sommes ici dans un jeu de billard à trois, cinq, voire sept bandes, mais l'auteur sait ne jamais nous perdre.
À la lecture, j'ai pensé à ce film de
Volker Schlöndorff, Diplomatie, mettant en scène l'échange entre le général von Scholtitz (
Niels Arestrup) et le consul général de Suède,
Raoul Nordling (
André Dussolier), argumentant sur la destruction ou non de Paris à la fin de la seconde guerre mondiale ; la même intelligence transpire des dialogues, contagieuse.
S'il s'agit bien d'un roman d'espionnage,
Les Cinq Soeurs est bien plus porté sur la dialectique que sur l'action. Il a un côté rafraîchissant, même si le sujet qu'il traite reste grave. L'ensemble peut paraître parfois lent et dense, mais si on accepte de se laisser porter, c'est un vrai plaisir intellectuel.
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