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EAN : 9782246807506
192 pages
Grasset (02/05/2013)
3.25/5   2 notes
Résumé :
« Les itinéraires croisés de Jean Moulin et de René Bousquet sont fascinants : même milieu petit-bourgeois, radical, franc-maçon, républicain. Même ambition de provinciaux qui rêvent de gloire. Même carrière préféctorale jusqu'en 1940, avec un Bousquet plus courageux et plus brillant. Or, l'un devient progressivement un "héros" et l'autre un "salaud"...
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Branlottin était un petit bilboquet au visage agréable et mobile, mais toujours gaché par un sourire narquois.
Dans sa jeunesse, il était allé à la grande école des bureaucrates et en avait gardé des manières douceureuses et cassantes. Il s'était vite lassé du calcul des gabelles, accises et autres taxes, vérifiés par les mandarins de sa caste, et avait rapidement bifurqué chez les marchands.
A ses débuts dans les affaires, le chemin de Branlottin avait croisé celui d'un riche italien qui possédait une fort profitable manufacture dans son pays. Cette manufacture fabriquait auparavant des machines à écrire qui ne se vendaient plus, et l'italien lui faisait maintenant produire des machines à compter qui se vendaient fort chères.
Branlottin et l'Italien mirent sur pied une ambitieuse opération qui devait enrichir, et le commandité, et le commanditaire.
Malheureusement, les calculs de Branlottin se révèlèrent aussi faux que les maximes qui remplissaient sa tête, et l'opération tourna au fiasco. L'Italien retourna dans son pays et Branlottin fut grillé pour toujours.
Si Papejet avait vendu son âme au socialisme, Branlottin avait vendu la sienne au mercantilisme.
Il avait choisi le bon camp : les marchands achètent les âmes plus cher que le font les bureaucrates.
Comme sa position était rien moins que solide, Branlottin devait jeter force fumées pour impressionner les marchands qui utilisaient son truchement pour amadouer les bureaucrates. A une certaine époque, il s'était incrusté dans une fort pernicieuse gazette qui nourrissait des chimères, au point de se croire la gazette de Referenz. Ces plumitifs insolents posaient aux professeurs de vertu depuis des lustres,et ils donnaient déjà des leçons à Charles le Grand qui s'en moquait bien.
Cette gazette était peuplée par des impies qui blasphèmaient cent fois par jour contre Hermès, Dieu du Commerce et des Voleurs.
Le Dieu s'était bien vengé, et plus ils blasphémaient, plus la gazette périclitait. A la fin, deux marchands et un bureaucrate défroqué avaient emporté la place affamée, malgré la résistance des assiègés.
Ensuite, Branlottin avait été expulsé de son fromage, et il ne s'en consolait point. Aussi pour continuer à exister à la Cour, il stipendiait de temps à autre un mercenaire, qui avec des ciseaux et force colle lui bricolait un ouvrage dans l'air du temps.
Les libraires étaient forcés de recevoir le dégoutant opus, mais il ne s'en débitait aucun. L'auteur allait partout, surtout dans les étranges lucarnes, et répétait que, de bien écrire, il ne se piquait point. Il ne mentait point, et en cette rencontre, ce fut la seule fois de sa vie où il énonça une vérité.
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