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EAN : 9781096772002
CZY (15/10/2016)
3.99/5   47 notes
Résumé :
La Rochelle, la nuit, dans une rue déserte. Romain, en état d’ivresse, fauche un homme qui tombe dans le coma.
Rongé par la culpabilité et l’amnésie, Romain va mener sa catharsis en volant la place de sa victime auprès de ses proches, pillant ainsi une vie qui se confond avec la sienne.
Mais il y a un obstacle à cet avenir idyllique : millimètre après millimètre, l’ombre de Romain s’efface…

"Impossible de décrocher. Un thriller étourdiss... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Il s'agit de ma troisième rencontre avec l'auteur. Luca Tahtieazym est à priori un écrivain très éclectique, trois romans et trois univers totalement différents.
Avec "L'ombre", c'est pour ce qui me concerne ce que j'ai lu de plus fort sur le thème de la schizophrénie, ou encore sur la folie, j'ai été subjugué par ce scénario et sa force narrative, il m'est rarement arrivé comme ici d'être à ce point angoissé par l'incertitude d'une intrigue et de redouter ce qui va bien pouvoir arriver.
Ce scénario est résolument machiavélique et ce voyage dans la tête de Romain est particulièrement éprouvant car tout est cohérent, tout est plausible jusqu'à un certain point. La démarche de Romain chargé de son immense culpabilité est logique à sa façon, et l'évolution biaisée et inquiétante de son raisonnement parfaitement probable si l'on est dans la tête d'un esprit dérangé.
La tenue de l'intrigue et des dialogues est pour beaucoup dans ce sentiment d'efficacité et de cohérence, personnellement, j'ai trouvé ce roman assez flippant pour ces raisons.
"La Rochelle, la nuit, dans une rue déserte. Romain, en état d'ivresse, fauche un homme qui tombe dans le coma.
Rongé par la culpabilité et l'amnésie, Romain va mener sa catharsis en volant la place de sa victime auprès de ses proches, pillant ainsi une vie qui se confond avec la sienne."
Je ne vais pas en dire plus, peut-être juste ajouter que ce roman se déroule à la Rochelle, ce qui était déjà le cas de "Bagatelle et la chamade des coeurs perdus", ce qui nous vaut ce clin d'oeil de l'auteur : "Mon corps est éreinté, mais il insiste, mon coeur, lui, il ne lâche pas. Il bat la chamade et ce n'est pas une bagatelle...".
Voilà, pour conclure je mets 5 étoiles clignotantes à ce roman qui m'a captivé comme je l'ai rarement été.
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La majorité des romans nous fait penser tôt ou tard à un moment de notre vie. J'ai toujours pris l'habitude d'évoquer ces rapprochements, souvent avec humour et légèreté.
C'est moins évident cette fois mais je préfère ne pas faire l'autruche. Babelio va exceptionnellement me servir de confessionnal.
Tout comme Romain Obliès, principal personnage du roman, il m'est arrivé de conduire avec un taux d'alcoolémie supérieur à la limite autorisée.
J'étais jeune, j'étais inconscient, j'étais con, mais je ne vais pas me chercher d'excuses. C'était inacceptable : non seulement je me suis mis en danger, mais surtout j'ai été un danger pour les autres.
Convaincu de maîtriser mon véhicule, il y a cependant eu ce jour où j'ai raté un virage que je connaissais pourtant par coeur. Rien de bien grave : Je me suis retrouvé dans les champs et m'en suis sorti avec la simple crevaison d'un pneu.
Rien de pardonnable non plus.
La petite leçon m'a largement suffi et je n'ai plus jamais reconduit dans un état éthylique, et ça fait désormais plus de dix ans que je ne bois plus la moindre goutte de breuvage spiritueux.

Romain Obliès est un déchet humain. Il ne se lave plus, il ne change plus de vêtements, sa maison est dans un état crasseux et déplorable. Il se laisse totalement aller, ne sors que pour acheter de l'alcool à la supérette la plus proche, avec une prédilection pour le whisky.
Le jour où fatalement il perdra la maîtrise de son véhicule, il n'ira pas dans les champs mais percutera violemment un cycliste, Simon Laborie, et prendra la fuite.
Sa victime n'est pas morte, elle est plongée dans un coma profond. Aucune certitude quant à son réveil un jour.

Autant dire que ce personnage lâche, incapable de se dénoncer, persistant à boire pour oublier la culpabilité qui le ronge, se complaisant dans la fange de son malheur, ne nous est pas immédiatement sympathique. Il ne le sera d'ailleurs jamais, les faits sont bien trop graves pour qu'on puisse se sentir à l'unisson avec lui.
"Un lâche et un fuyard. Un fuyard et un meurtrier. Un meurtrier qui espère échapper à ses responsabilités."
Mais il ne restera pas toujours détestable. Ce n'est pas non plus un homme intrinsèquement mauvais et indifférent à la souffrance des autres.
Pour être un peu plus en paix avec sa conscience, il va tenter de réparer ce qui peut encore l'être. Il va tenter d'être un soutien pour les amis et la famille de Simon.
Sa démarche est sincère mais quand de bourreau il devient le confident de ses victimes collatérales, l'histoire en devient délicieusement amorale.
Amorale mais pas malsaine, nous ne sommes absolument pas devant un psychopathe qui se repaît de la souffrance qu'il a causée. Mais devant un coupable qui, en voulant expier et réparer une partie de ses torts, va devenir plus heureux.
"Je dois souffrir parce que je ne mérite pas de m'en tirer."
Romain s'améliore, retrouve le goût de vivre, tandis que sa victime végète dans un lit d'hôpital, reliée à différentes machines et moniteurs. Et qu'en cas de réveil les séquelles seront plus que probables.
C'est une image bien sûr mais ces deux hommes sont comme des vases communicants. Plus l'innocent sombre dans l'abîme et plus le coupable voit sa vie prendre un insoupçonnable virage idyllique.
"Simon dort toujours. Et moi, je n'ai jamais été aussi éveillé."
Ils sont deux reflets contradictoires comme l'illustre si bien la couverture.

Et puis, et puis... Il y a cette petite touche de surnaturel.
Où il sera question de l'ombre de Romain.
On retrouvera d'ailleurs dans le roman de nombreuses expressions telles qu'avoir une part d'ombre, suivre quelqu'un comme son ombre, ne plus être que l'ombre de soi-même.
Il est très riche le champ lexical de l'ombre. On peut aussi penser à Lucky Luke qui tire plus vite que son ombre, avoir peur de son ombre, courir après son ombre...
Ici, c'est l'ombre de Romain qui va présenter quelques difformités, quelques incohérences avec la réalité.
"Sur cette ombre il manque l'extrémité de l'index."
Quelle est la signification de cette silhouette incomplète ? Quel est le lien avec l'accident et le besoin de rédemption ?
Est-ce que Romain doit prendre rendez-vous avez un ombrologue ?

Un plaisir de retrouver pour la troisième fois les personnages de Romain, Nagib, Simon et dans une moindre mesure d'Angus et d'Elise, tous déjà présents dans Ceux qui ne renonçaient pas ainsi que dans La forêt. Mais quand je dis "retrouver", attention, nous ne sommes absolument pas dans une suite mais bien dans un roman totalement indépendant. Nagib, Simon ou Romain ne sont pas des copies conformes des personnages qu'ils étaient dans les autres romans de l'auteur. Ils ont d'autres vies, d'autres métiers, d'autres caractères, d'autres relations. Mais ils sont plus que de simples noms également. Ils sont reliés par certains fils conducteurs et quand Luca Tahtieazym choisit de faire intervenir un personnage dans un nouveau roman il ne choisira pas par hasard de l'appeler Louis, Achille ou encore d'utiliser un prénom encore inédit dans ses écrits.

Roman noir aux quelques éclaircies toujours bien amenées, jouant avec les frontières du bien et du mal sans grandiloquence, L'ombre est aussi un roman teinté non seulement de fantastique mais aussi de folie et d'hallucinations, dont le final remet une partie du livre en perspective. Après une petite séance d'arrachage de cheveux je pense avoir pu reconstituer la plus grande majorité des évènements dans leur ensemble, acceptant une dernière part de mystère tout comme j'essaie d'accepter ma propre part d'ombre.
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Une histoire à vous couper le souffle ! Un sujet dérangeant traité de façon magistrale. L'auteur s'engage sur
un terrain glissant car il est difficile de parler d'un événement aussi dramatique et tabou. Une fois la
première page ouverte nous sommes embarqués dans ce thriller à la cadence infernale. Cela démarre
progressivement, la tension nous gagne petit à petit. C'est une lecture on ne peut plus addictive, Romain
conduisant en état d'ébriété renverse Simon et prend la fuite. À partir de là, tout s'enchaîne d'une façon
époustouflante ! Je n'avais encore jamais lu une intrigue sur ce thème aussi bien orchestrée. le responsable
de cet accident n'est pas inquiété et nous suivons le cheminement de son parcours. Rongé par la culpabilité
qu'est-il prêt à faire pour essayer de s'amender de son effroyable erreur ? Première chose, il ne doit en aucun
cas se faire remarquer. Par la suite, il va s'immiscer progressivement et méthodiquement dans une vie qui
n'est pas la sienne. Quelles sont les raisons qui le poussent à prendre ce chemin ? Réparer son erreur ? nous
savons tous qu'il est impossible de revenir en arrière. Alors quels sont ses options pour ne pas être suspecté
et emprisonné ? L'auteur nous embarque avec le héros et montre du doigt la complexité qu'engendre
la culpabilité et nous suivons le parcours dangereux et chaotique de notre chauffard. L'étau va se resserrer
petit à petit l'obligeant à changer ses plans. Jusqu'où est-il prêt à aller ? Nous découvrons au fil des pages
que ce dernier a un passé trouble. Est-il un personnage diabolique ? Guidé par la folie ? Arrivera-t-il
à sortir indemne de l'engrenage dans lequel il a mit les pieds ? Toujours est-il que le rythme s'accélère, que
les victimes s'accumulent… Je ne peux pas en dévoiler davantage au risque de spolier l'histoire.
Un roman époustouflant, d'un style totalement inattendu qui nous submergent. Nous devenons les témoins
de la course folle d'un individu totalement aux abois.
Un livre profondément marquant qui m'a totalement bousculé. Un grand bravo à Lucas Thatieazm pour
nous avons offert un récit de cette qualité. Une pépite, un gros coup de coeur. Je le conseille vivement aux
amateurs du genre.
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Luca est pour moi un auteur à part, sa plume ne ressemble à aucune autre. Et pourtant, son personnage principal ressemble à monsieur Toutlemonde, c'est d'ailleurs cette spécificité qui fait qu'on accroche à son histoire et qu'on n'y décolle pas avant le point final.
Je me suis retrouver embarqué dans son scenario et je m'y suis accroché comme une bernique colle à son rocher. Point personnel qui m'a d'autant plus embarqué, je connais assez bien la région dans laquelle se déroule l'histoire et lire des endroits que l'on connaît avec ce genre d'histoire fait que l'on s'y croit encore plus.
Ce roman aurait pu, si on le résumait, se retrouver dans les faits divers de bien des journaux quotidiens régionaux et c'est un peu ce qui se passe d'ailleurs, mais ce serait bien réducteur et surtout bien mal connaître l'imagination débordante de Luca Tahtieazym. Vous suivrez à travers ce roman les aventures de Romain et je vous garantie que la chute à peu de chance d'être celle que vous soupçonnez....
Un auteur atypique avec une plume qui ne l'est pas moins et qui sait surprendre et se renouveler dans ces livres. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, je vous invite très rapidement à combler ce manque. Si vous êtes amateur du genre thriller psychologique, il y a de forts risques que vous aimiez....je vous aurais prévenu, faudra venir se plaindre après 😉😂
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Chaque fois que je referme un livre de Luca Tahtieazym, je me dis que c'est vraiment mon préféré. Non seulement L'Ombre n'a pas failli à la règle, mais pour des raisons que je ne saurais expliquer, je porte une affection toute particulère à ce roman.
Sur tout ce que j'ai pu ressentir envers Romain, l'empathie l'emporte de très loin. Je me suis vraiment "fondue" dans le personnage, et curieusement, j'ai compris l'incompréhensible, accepté l'inacceptable, excusé l'inexcusable.
Alors de deux choses l'une, soit je devrais envisager de consulter, soit Luca a encore frappé très très fort. Je préfère choisir la seconde option.
Les qualificatifs vont finir par me manquer pour vanter la qualité de la plume de cet auteur, je clôturerai donc juste mon commentaire par un grand Merci Luca.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Isabelle me demande où se trouve la salle de bains. Je lui désigne le petit couloir, juste avant l’entrée. Elle s’esquive et une fois seul, je me maudis. Je ne sais pas m’y prendre, je ne sais pas comment faire pour que les choses aient l’air naturelles. Ce n’est pas seulement que j’ai oublié quelle doit être l’attitude d’un homme quand il est seul avec une femme qu’il désire, c’est aussi que jamais je n’ai ressenti quelque chose d’aussi fort. Isabelle est une marée qui emporte tout sur son passage. Elle déborde de vitalité et de puissance, et je suis à genoux quand je la regarde. J’aime sa voix. J’aime sa pétulance. J’aime sa manière de bouger. Je remarque toujours certains gestes qui lui appartiennent et qui me font chavirer. Je suis un spectateur quand elle est là et je n’ai pas besoin de tout ce qui m’entoure. Tout ce qui n’est pas Isabelle pollue. Il pourrait n’y avoir qu’elle. Je pourrais rester des heures et des vies à la fixer quand elle remonte nerveusement cette mèche de cheveux rebelle qui lui tombe fréquemment sur le lobe de l’oreille. Quand elle la relève, cette mèche, elle dévoile une partie de sa nuque qui me poignarde les yeux. Je n’ai jamais rien vu d’aussi érotique que cette nuque. Personne, pas même le plus prestigieux des peintres, ne pourrait en capturer l’essence, de cette scène. Et son sourire… Quand je la vois sourire, je veux dire sourire pour de vrai, mon cœur cogne si fort que je crains qu’il n’explose dans ma poitrine.
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Quatre mois et j’en veux encore, des mois. J’en veux tant que je veux en perdre le compte. Je ne veux plus de mur, plus de voie sans issue, plus de compteur. Ce putain de sablier, je ne le supporte plus, car je ne connais pas la quantité exacte de sable qu’il contient. Je voudrais qu’il soit chargé de toute la plage sur laquelle nous nous roulerons tout à l’heure en éclatant de rire. Je ne veux plus de limites.
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J’ai encore au fond de la gorge un goût infect qui m’écœure. Pour la dominer, cette saveur fétide, je bois une longue gorgée de whisky. C’est un cercle vicieux : plus je vomis et plus je bois et plus je vomis.
Je ne me suis pas lavé depuis longtemps. En vérité, je ne me souviens plus de la dernière fois où un savon plus audacieux que les autres a osé glisser sur mon corps las. La puanteur qui se dégage de mes aisselles m’est indifférente. Sur mon torse, le coton blanc est couvert d’auréoles jaunâtres. Je pue et je m’en fous.
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L’alcool et le désespoir ont copulé en moi jusqu’à ce que ma cervelle devienne une sorte de magma infâme. Ils ont éjaculé sur mon surmoi et j’ai du mal à percevoir nettement ce qui m’entoure. J’amortis les vagues d’idées nébuleuses qui viennent et se retirent et je ne me noie pas. J’essuie l’écume qui glisse sur moi.
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A force de tituber, on trouve son équilibre à genoux.
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