AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782264045799
128 pages
10-18 (06/05/2008)
3.37/5   30 notes
Résumé :
Et si l'enfer n'était plus dans l'au-delà mais dans l'état-major d'une multinationale ? Onze cadres prennent la parole autour d'une table lors d'un sacro-saint comité de direction. Il y est question de dividendes, de restructuration et de licenciements. Mais aussi de l'intimité la plus triviale, des désirs les plus inavouables. Entre le quotidien minuté de la mère de famille et le cynisme dépravé du jeune branché, entre le désespoir glacé de la directrice du person... >Voir plus
Que lire après Marge bruteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
3,37

sur 30 notes
5
2 avis
4
2 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
1 avis
Concepteur-rédacteur et syndicaliste dans une agence de publicité et membre fondateur de la Société Perpendiculaire, active de 1985 jusqu'à la fin des années 1990, Laurent Quintreau connaissait la réalité de l'entreprise et l'entreprise fiction.
Dans ce premier roman, paru en 2006, il nous immerge dans les pensées de onze cadres d'une entreprise de communication, réunis pour une matinée en comité de direction.

Sur le modèle de «La Divine Comédie», dans les onze chapitres du roman - neuf cercles de l'Enfer, Purgatoire et Paradis - se déroulent en un fil continu les volutes des pensées de chacun de ces cadres soumis à la violence de l'entreprise, la pression de la marge, la menace permanente du licenciement, résignés ou combatifs, hantés par leurs peurs et frustrations personnelles, leurs propres turpitudes et leurs débuts de folie.

Un roman de jeunesse caricatural, néanmoins incisif et très drôle par moments, alors que se dévoilent l'envers et l'endroit de chacun avec ce tour de table, autour de Rorty, patron terrifiant aux yeux bleu acier, et lui-même terrifié.

Sur ce thème de la violence insensée du monde de l'entreprise et pour aller encore plus loin dans l'invention et la satire, on pourra lire, entre autres, les mémorables «État dynamique des stocks» d'Alain Wegscheider, ou «United Emmerdements of New Order» de Jean-Charles Massera.

« … regardez-moi Pujol qui lèche goulûment la parole du grand chef, quel pitoyable bellâtre, le faux derche dans toute sa splendeur, dire que je supporte ce spectacle chaque jour que Dieu fait, enfin Dieu, façon de parler, même les croyants ont de plus en plus de mal avec un truc aussi délirant et kitsch, il n'y a qu'ici qu'on se prosterne devant la parole unique de l'être suprême, le rayonnement divin du verbe absolu, ces comités stratégiques sont des pantalonnades grotesques à la gloire du duce, du führer, du caudillo, l'entreprise est totalitaire, totalitaire dans ses rituels, ses fondements, son organigramme, si je leur expliquais ces imbéciles ne comprendraient pas, ils ont tellement l'impression d'être dans leur bon droit, ah, le discours abject qu'il a tenu à Sebbag et Blanchet, oui, vous comprenez les gars, je n'ai rien contre vous personnellement, c'est pas de ma faute, c'est le groupe, les actionnaires, quoi, ils me demandent plus que je ne peux leur fournir, nous sommes trop à être trop payés, je dois faire un choix, tout choix est injuste, forcement injuste mais je dois trancher, on est tous dans le même bateau… »
Commenter  J’apprécie          80
J'ai beaucoup apprécié ce petit livre. Je l'ai pris au hasard à ma bibliothèque, et je ne regrette pas. L'histoire se déroule sur 2 heures, lors d'une réunion de 11 cadres d'entreprise. Chacun leur tour, les personnages nous font partager leurs pensées, leurs réflexions, leurs malaises, par rapport à leur travail, mais aussi leur vie privée.
Une agréable lecture de quelques heures.
Commenter  J’apprécie          110
Qui n'a jamais rêvé d'entendre les pensées des autres, c'est ce que nous propose Laurent Quintreau dans son roman “Marge brute”, et pas dans n'importe quelle situation, l'auteur nous fait entrer dans la tête de onze cadres lors d'une réunion d'un comité de direction, il sera question de dividendes, de restructuration, mais bien plus aussi, nous allons carrément entrer dans la tête de chacun de ces cadres, percevant ainsi toutes leurs pensées, même les plus personnelles, celles que nous avons toutes et tous eues à l'encontre de nos collègues, mais aussi des pensées qui sortent définitivement du cadre professionnel, des envies de meurtre pour certains ou certaines, envies sexuelles complètement débridées pour d'autres, il sera aussi question de rapport de forces, de hiérarchie, de licenciement, de démissions et bien d'autres choses encore, j'avoue avoir souri à de nombreuses occasions, cocasses ou farfelues, mais j'ai aussi eu envie de brutaliser, voire plus, ceux qui ne pensent qu'aux profits au détriment des valeurs amicales ou sociales quelles qu'elles soient dans le monde du travail, pour certains l'idée même du pouvoir est telle, qu'ils sont prêts à tout et Laurent nous fait dans son récit, un condensé, qui je pense doit être très proche de la réalité, d'ailleurs je me suis moi-même reconnu à certains moments… tout va vite les idées fusent, chacun étant le maître de son propre esprit, il n'y a pas d'hésitation, chaque idée est le reflet d'un ressenti à l'instant “T”, qui peut en quelques instants changer diamétralement en fonction du sujet, et Dieu sait s'il y en a, la lecture va très vite, on est porté, subjugué parfois, malgré le fait qu'il n'y ait aucun dialogue dans le récit, cela reste vraiment très rythmé, au point que j'ai eu du mal parfois à reprendre mon souffle, chaque idée, chaque action s'enchaînant à une vitesse folle, heureusement j'avais entamé ma lecture en me rendant sur mon lieu de travail, il a donc bien fallu que je stoppe en arrivant, mais j'ai une très “forte/fâcheuse” habitude, c'est que je ne stoppe jamais mes lectures avant d'arriver à la fin d'un chapitre, j'ai donc lu encore quelques pages avant de pouvoir faire ma “pause”… et c'est en reprenant mon livre le soir même en rentrant chez moi, que je me suis rendu compte que la phrase qui débutait le chapitre, ne commençait pas par une majuscule, elle était donc liée à la phrase d'avant, se trouvant à la fin du chapitre précédent, et c'est à ce moment-là que je me suis rendu compte, que… comme pour les idées qui émergent dans nos esprits, qui ne s'arrêtent jamais, la construction du récit était identique, Laurent, en plus d'une histoire qui nous tient vraiment en haleine, a réussit une prouesse supplémentaire en écrivant la totalité de son récit, qui se déroule sur 122 pages, avec “une seule phrase”, seules les virgules, les trois petits points, mais surtout les changements de chapitres, nous permettent de respirer, jamais je n'aurais cru cet exploit possible si je ne l'avais pas vu et lu par moi-même et ce qui est incroyable, c'est que cela fonctionne admirablement bien, la forme et le fond s'allient dans une même direction, car pour moi “sa phrase” a fait mouche et je suis bien content qu'un ami m'ait proposé ce livre à la littérature très différente, mais délicate, qui raconte une réunion, qui au demeurant aurait dû et pue être très insipide à n'importe quelle personne étrangère à l'entreprise, et pourtant j'ai eu l'impression d'être le spectateur d'une très bonne pièce de théâtre, et aujourd'hui, je n'ai qu'une hâte… notre prochaine réunion ?

"Marge Brute", un roman inclassable né du fruit de nombreuses observations et réflexions de l'auteur.
Qui ne se reconnaîtra pas dans ce récit ?
Personnellement, j'ai passé un très bon moment, et pour un premier roman, c'est vraiment une belle réussite…
Bravo Laurent Quintreau !
Lien : http://leressentidejeanpaul...
Commenter  J’apprécie          10
Délicieusement cynique. Onze cadres, dirigeants d'une agence de communication, sont réunis pour un comité exécutif. Onze chapitres, soit autant de voix qui divaguent, analysent, se moquent, anticipent... Chaque monologue intérieur vient apporter sa touche au portrait de celui qui parle mais aussi des autres présents autour de la table. Un tableau impressionniste de la vie en entreprise avec toutes ses bassesses, ses petites joies mesquines, ses angoisses, comme le théâtre d'une comédie humaine à la fois pitoyable et grandiose.
Commenter  J’apprécie          70
Une réunion de directeurs d'entreprise, 11voix intérieurs, c'est l'enfer pour les neufs, le purgatoire pour un autre et le paradis pour le dernier. Excellente satire du monde de l'entreprise à l'échelle personnelle !
Commenter  J’apprécie          72

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
… qu’est-ce que je fiche ici, entouré de tous ces fous authentiques, pourquoi ne font-ils participer à leur comité stratégique, je n’ai même pas fini ma période d’essai, tant mieux, je peux partir sans donner de préavis, il est peut-être encore temps de le faire, je savais que le monde de l’entreprise était dur mais à ce point, quand je vois cet empilement d’insatisfactions, de souffrances, de ressentiment et de volonté de puissance ubuesque j’ai envie de prendre mes jambes à mon cou, partir pour ne plus jamais revenir, je suis venu ici pour manager des équipes, pas pour licencier des salariés que je ne connais même pas, c’est pourtant la seule chose qui les intéresse, alléger la masse salariale, diminuer les charges, ils n’ont que ce mot à la bouche,…
Commenter  J’apprécie          10
nous t'avons fixé des objectifs, il te reste un semestre pour les atteindre, ou, mieux, les dépasser, pour le moment tu en es encore loin, il n'est que temps de passer à la vitesse supérieure, aïe, mes intestins, je lui sortirai alors le bon vieux coup du dégraissage, l'arme suprême du financier aux abois, le joker absolu, alléger la masse salariale, lâcher du lest pour compenser la morosité du marché et retrouver une bonne marge opérationnelle, oh, rien de bien méchant, trente pour cent des effectifs d'ici la fin de l'année, à raison de huit ou neuf licenciements par mois pendant six mois pour éviter le plan de sauvegarde de l'emploi, ni vu ni connu, ah en voilà une idée qu'elle est bonne, de quoi tranquilliser mes pauvres intestins
Commenter  J’apprécie          10
… j’ai les poumons en feu, je vais tousser, trois paquets par jour, bon score, excellent score, mon cher Richard, vous êtes en train de battre votre propre record, fumer tue, fumer réduit la fertilité, fumer rend impuissant, fumer provoque des maladies graves, pauvres cons, quand bien même vous vous prémunirez contre le cancer du fumeur, vous ne pourrez jamais ordonner à un nuage radioactif de s’arrêter à vos frontières ou à une fibre d’amiante de reculer devant vos poumons, ni au plomb, ni au mercure, ni aux émanations mortelles des revêtements en polytétrafluoréthylène des poêles à frire de vous éviter, ni aux pesticides, ni aux particules allergogènes et cancérigènes des matériaux composites, ni au solvant, ni aux molécules de dichlorodiphényltrichloréthane, de diphényles polychlorés, d’ignifuges phtalates et de composés perfluorés détectés dans le sang de trente-neuf députés britanniques de vous ignorer, vous, tout ça parce que vous ne voulez pas mourir d’un cancer,…
Commenter  J’apprécie          00
… Rorty parle à Françoise, elle a un mois pour engager une procédure de licenciement à l’encontre des salariés les moins productifs de son service, elle proteste, elle ne comprend pas, tout le monde travaille au moins dix heures par jour, les dossiers sont traités en flux tendu, elle n’a jamais payé ses collaborateurs à ne rien faire, de Vals ondule de la tête, il voudrait nous faire bénéficier de son expérience sur le dossier stagiaires, il évoque de nouveaux venus de son équipe, deux jeunes diplômés frais émoulus d’écoles supérieures de commerce de je ne sais plus quelle ville de province, Reims, Nantes ou Poitiers qui abattent un travail phénoménal, ils restent parfois jusqu’à minuit et ne se plaignent jamais,…
Commenter  J’apprécie          00
nctionnement de l’entreprise, une entreprise qui a réalisé une excellente année avec une marge opérationnelle de plus de quinze pour cent au dernier trimestre mais qui doit, plus que jamais, confirmer cette progression, ce n’est pas le moment de baisser la garde, nous devons faire toujours plus, toujours mieux, j’ai bien peur, grimace finement Rorty, que nous soyons tous condamnés à l’excellence, plusieurs personnes sourient, Pujol ricane, la Brémont se tortille sur son siège, Castiglione prend un air entendu, ses petits yeux enfoncés et son nez pointu lui donnent un air de renarde rusée,…
Commenter  J’apprécie          00

Video de Laurent Quintreau (1) Voir plusAjouter une vidéo
autres livres classés : travailVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (69) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3661 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..