Même si visiblement Les corps de verre reprend des personnages issus de la première trilogie du duo suédois, le roman peut se lire de façon indépendante.
Le titre du premier chapitre, "Va mourir", donne tout de suite la tonalité du récit. Les quelques pages suivantes ne font que renforcer cette première impression. Gros malaise en Suède où la police se trouve confrontée à une série de morts très dérangeantes. le commissaire par intérim Jens Hurtig, de Stockholm et de retour d'une semaine de congés, vit très mal cette enquête.
Le tandem
Erik Axl Sund frappe fort et fait mal. C'est noir, très noir. Si densément noir que, voudrait-on mettre le feu au livre, ça ne prendrait pas. Pas assez d'oxygène.
C'est à une lecture en apnée qu'invite ce tome de la Mélancolie noire. Les auteurs, et ses lecteurs par répercussion, interrogent sur un désespoir profond sous-jacent à nos société consumériste. le rêve d'acquisition à tout va tourne à la désillusion : les biens matériels ne remplissent pas les vides existentiels.
Ajoutez à cela une bonne dose d'esprit de vengeance, et voilà un cocktail particulièrement oppressant.
Si j'ai apprécié la majeure partie du roman, le dernier quart m'a pourtant moins convaincue. Arrive un moment où le "beaucoup" devient "trop", à mon goût. J'ai trouvé que les auteurs voulaient mettre trop d'éléments dans cette partie, qui me paraît par conséquent moins aboutie, moins ciselée.
Ça n'en reste pas moins un roman qui se lâche difficilement tant les courts chapitres focalisés sur un des personnages s'enchaînent à un rythme infernal. Et rythme est le bon mot puisqu'une bonne part du récit tourne autour d'une singulière musique.
Malgré ma petite réserve, Les corps de verre me donne envie de découvrir les premiers romans du duo. Et bravo aux éditions
Actes Sud/Babel noir pour la magnifique illustration de couverture. Elle m'a fascinée autant que mise mal à l'aise.