Paris, 1940. Après un coup de feu, une jeune femme, nue et criant, s'enfuit de l'hôtel d'
Aragon avant de s'évanouir. À l'hôpital Cochin, Louise Belmont, qui a repris ses esprits, affirme au juge qu'elle n'est en aucun cas une prostituée. Aidant occasionnellement Jules au café-restaurant les weekends, en plus de son métier d'institutrice, c'est là qu'elle y a rencontré le docteur
Thirion, un habitué de vingt ans décédé après s'être tiré une balle dans la tête. Il y a quelques jours, ce dernier lui a fait une demande pour le moins spéciale : la payer pour la voir nue. Si le juge peine à croire à ces balivernes, la jeune femme va tenter de comprendre ce vieux docteur et les raisons pour lesquelles il venait tous les samedis et dimanches, d'autant que, à sa grande surprise, la veuve
Thirion renonce à toute plainte...
Pendant ce temps, au fort de Mayenberg, non loin de la ligne Maginot, les troupes françaises s'attendent à une offensive des Allemands. Parmi eux, un certain Raoul Landrade, magouilleur dont les combines en tout genre exaspèrent Gabriel, son sergent-chef...
Désiré, usurpateur de génie, après avoir endossé brillamment la robe d'avocat, se fait embaucher au Ministère de la Propagande...
Miroir de nos peines clôt la trilogie de
Pierre Lemaitre, Les enfants du désastre. Une trilogie qui a su prendre vie et âme sous le crayon de Christian de Metter. Ce dernier tome, tout comme les deux premiers, est une belle réussite. Louise, Raoul, Fernand ou encore Désiré prennent corps, s'animent, se débattent dans une France en pleine guerre. Ce récit choral, donnant voix à chacun à tour de rôle, nous entraîne dans les affres de la drôle de guerre, alors que la France plonge en plein exode. La route sera longue et truffée d'embûches avant que nos quatre héros, l'on s'en doute, ne se retrouvent au bout d'un chemin où s'entrecroisent petites et Grande Histoire. Avec ses personnages magnifiquement campés et forts, son intrigue haletante et fouillée, sa mise en scène parfaitement maîtrisée, cet album retranscrit à merveille l'ambiance et les événements du roman. D'autant que, graphiquement,
Christian de Metter joue habilement avec les couleurs, à la fois sombres, propres à cette époque, et parfois plus lumineuses lors d'épisodes plus légers.
Une adaptation riche et savoureuse...