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(01/01/1900)
4/5   3 notes
Résumé :
Homme du monde ruiné, Gérard Dextrier s'exile à New York. Là, dans un bar louche, il rencontre un personnage étrange, Alfierini, qui reconnaît en Gérard le vrai gentleman et conçoit un plan machiavélique.

Alfiéri s'engage à financer la résurrection mondaine du Français et il lui achète le titre de Prince Seliman. Sa tâche sera d'épouser la belle et richissime veuve, Griselda Turner, puis de faire profiter Alfierini de sa fortune.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Comment les fascistes ont ils financé l'ascension de Mussolini ?
Jusqu'où une femme répudiée peut elle mener sa vengeance ?
Jusqu'où un homme peut il aller pour sortir une gamine de l'addiction à la drogue ?

Cette triple interrogation permet à Maurice Debroka de nous offrir une intrigue à double face avec un dénouement aussi improbable que brutal.

Ce roman précède « la Madone des Sleepings », mais peut être lu indépendamment, et fait sortir du néant le Prince Seliman, séducteur impénitent et archétype de l'aristocrate cherchant à redorer son blason en épousant une riche héritière.

Excellent ouvrage, d'une lecture facile et agréable, agrémenté de formules ciselées offrant de mémorables aphorismes, qui nous promène d'un continent à l'autre dans ces années folles bordées par deux guerres mondiales.

Personnellement je positionne « mon coeur au ralenti » un cran au dessus de «la madone des sleepings » … cinq étoiles sans hésitation aucune.
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« Mon Coeur Au Ralenti » est assurément un roman plaisant, malgré quelques maladresses scénaristiques. Maurice Dekobra y révèle son immense talent de conteur et son amour immodéré des femmes. Sur bien des plans, le roman s'inspire des premiers « polars noirs » alors en vogue aux Etats-Unis, mais l'intrigue policière n'est ici que prétexte à parler des femmes et de l'addiction, les sujets de prédilection de Maurice Dekobra, qu'il maîtrise déjà fort bien et qu'il ne cessera jamais d'aborder. le coeur bat ici au ralenti sous l'influence de l'opium, et c'est à dessein que les aventures de Gilbert Dextrier / Séliman tiennent parfois du cauchemar embrumé et psychédélique. Piégé entre trois femmes idéales – l'épouse affectueuse, la lolita extravertie, la catin accomplie -, Gilbert ne peut choisir, perd la maîtrise de ses sens, ne sait plus quoi faire, quoi dire, comment agir, et sa lente déchéance semble ne receler pratiquement aucune issue de secours.
Nous avons bien là affaire à la mentalité quelque peu étriquée d'un homme à femmes, dont le roman cherche à démontrer avant tout qu'il faudrait n'en aimer aucune ou pouvoir les aimer toutes. D'ailleurs par le biais de son personnage, Maurice Dekobra excuse hypocritement son goût pour le papillonnage en faisant de Gilbert un homme faussement irréprochable, dans le sens où la tentation de l'adultère lui est permanente, mais il ne parvient pas à ses fins. Néanmoins, il est puni par sa femme comme s'il l'avait fait. On doit comprendre, derrière cette apparente injustice, que Dekobra invite ceux ou celles qui rêvent d'adultère à aller jusqu'au bout, puisque dès lors que les intentions seulement sont connues, on subit le même sort que si on était passé à l'acte, sans le plaisir de l'avoir réellement fait. Ayons une pensée émue pour Mme Dekobra, fidèle épouse de l'auteur, et dont les cornes, pour reprendre une image traditionnelle, devaient dépasser la hauteur de la Tour Eiffel…
Si l'on fait abstraction de cette morale hypocrite et faussement galante, si l'on a le courage de rire en plein milieu de ce récit d'un plaidoyer fasciste aberrant et inutile dont aujourd'hui encore on comprend difficilement l'intérêt littéraire, « Mon Coeur Au Ralenti » est un roman tout à fait fascinant, extrêmement bien documenté, sachant allier suspense à l'américaine et marivaudage à la française avec une exceptionnelle maîtrise, et qui témoigne avec beaucoup de vivacité et une notable qualité rhétorique de l'esprit des Années Folles. C'est l'une des premières pierres fondatrices de l'oeuvre à la fois colossale et légère d'un auteur aujourd'hui très mésestimé, mais qui a su occuper, au panthéon de la littérature populaire, une place unique, inclassable, presque indéfinissable.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
— Gérard, vous me serez fidèle en voyage ?

-- Oui, Griselda.

— J'espère que vous ne m'avez jamais trompée en Europe.

— Non, jamais.

— Vous n'avez pas eu la tentation de revoir quelqu'une de vos anciennes amies ?

— Pas une seule... Mais s'il m'arrivait de vous être infidèle et que vous en eussiez connaissance, que feriez-vous ?

— Je ne sais pas. Les femmes ont plusieurs armes : le divorce, le revolver, le talion et le mépris ; chacune a ses bons et ses mauvais côtés. Le divorce est net et précis comme un bilan de comptabilité. Le revolver est dangereux parce qu'on hésite à tuer le coupable, à abattre la complice ou à se tirer une balle au cœur... Il en résulte qu'on s'envoie par accident du plomb dans le pied. Le talion est simple en apparence ; mais comme on n'a pas toujours un amant présomptif sous la main, on fait une bêtise avec le premier imbécile venu. Le mépris est peut-être la meilleure solution. Mais c'est un luxe qu'on peut se permettre quand on est très riche et quand on a un mouvement d'horlogerie à la place du cœur.

— Griselda, vous avez oublié une cinquième arme.

— Laquelle ?

— Le pardon.

— Peut-être.

— Oui, c'est une fleur rare qui ne s'épanouit que dans les âmes de choix.
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— Les Français sont des hommes d'affaires manqués, mais ils excellent dans la galanterie.

— Ils ont le culte de la femme, monsieur Chambers.

— Nous aussi. Nous gâtons les nôtres. Elles le savent bien d'ailleurs.

— Non. Il ne suffit pas de gagner des millions pour rendre une femme heureuse. Il ne suffit pas de l'embrasser distraitement le matin en lui disant : « Darling, voici un chèque de 5 000 dollars. Amusezvous bien pendant que j'irai en faire d'autres. » De petites attentions valent souvent mieux. qu'un nombre à trois décimales. Le culte de la Femme, ce n'est pas travailler pour elle, sans arrêt, dans Wall Street, c'est vivre dans sa pensée, c'est modeler sa volonté au moule de ses petites mains, c'est se souvenir de la couleur de la robe qu'elle portait certain jour et d'une phrase qu'elle a murmurée certain soir ; c'est attacher autant d'importance qu'elle, à des riens qui lui semblent des tout et se passionner comme elle pour des vétilles dont elle fait des montagnes... C'est perdre du temps avec elle, monsieur Chambers ! Comprenez-vous : perdre du temps ! Cette hérésie que repoussent avec horreur les grands-prêtres de vos cathédrales à cent étages et les camériers de votre Stock-Exchange !

Le prince Séliman a raison, approuva Mrs Turner, conquise par ma conviction. Vous autres, Yankees, vous ne savez pas aimer !
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Je me levai, le tympan assourdi ; je pris brusquement congé de Billie Swanson et de mes amis et me hâtai vers la place Blanche. Je marchai sur le boulevard mal éclairé, indifférent aux œillades des oiseaux de nuit, qui ouvraient et fermaient leurs paupières sur mon passage. Je fus insensible aux invites mélancoliques d'une pauvre grue esseulée, affalée sur son banc et qui portait sur son faciès, peint de rose et de vert-de-gris, toute la tristesse des renoncements. Je n'avais nul besoin d'être harcelé par ces marchandes de plaisir, puisque j'étais poursuivi de nouveau par mon spectre familier qui murmurait à mon oreille :

Elle emporte ton portrait quand elle va dans la ville chinoise !... Elle emporte ton portrait... Ton portrait !... Ton portrait l...
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— Madame votre mère vit encore ?

— Je n'en sais rien. J'avais deux ans quand elle s'est séparée de mon père. Danse-t-elle toujours ? Tient-eIIe une pension de famille dans Russel Square, à Londres ? A-t-elle épousé un lord ? Fait-elle de l'élevage en Australie avec un gars de Sydney ? Elle n'a jamais daigné s'occuper de moi. Je ne la blâme pas. Je l'ignore, voilà tout. Les thons de la Méditerranée ont aussi une mère. Savent-ils si elle marine dans une boîte ou si elle se promène sous les canons anglais de Gibraltar ?
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—Vous êtes cynique, miss Swanson.

— On dit des autres qu'ils sont cyniques quand ils expriment tout haut ce que nous pensons tout bas.
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Video de Maurice Dekobra (1) Voir plusAjouter une vidéo

Maurice Dekobra : La Madone des Sleepings
Olivier BARROT présente le livre de Maurice Tessier alias Maurice Dekobra
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