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EAN : 9782859208929
333 pages
Le Castor Astral (27/10/2011)
3.86/5   7 notes
Résumé :
Tomas Tranströmer (1931-2015) est né et mort à Stockholm. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 2011. Son ouvre est traduite en plus de soixante langues. En France, Le Castor Astral est son éditeur historique depuis 1989. " Un poète de première importance, d'une incroyable intelligence. Je lui ai emprunté plus d'une métaphore. " Joseph Brodsky, prix Nobel de littérature 1987 " Une poésie visionnaire. Une étonnante maîtrise de l'image. Une coupe vive dans la réal... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est d'abord un grand choc, un éblouissement, une extase, extase matérielle dirait Le Clézio, un grand paysage., fait d'images et de mots, qui se déroule devant nos yeux où la musique ne se présente ni dans la rime ni dans le mètre (du moins dans la traduction française) mais ce sont les grands éléments de la nature qui rythment la lecture.

C'est ensuite, l'humain que l'on découvre, le "je" anonyme plus que poète, le je de l'éternel humain habitant et habité par la nature, pris dans sa logique temporelle et modale mais aussi artisan de l'humanité.

C'est enfin le choc des métaphores, toujours inédites, à couper le souffle, toujours vraies, rien que de la vérité et du vécu.
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Tomas Tranströmer (1931-2015) est considéré comme l'un des meilleurs poètes de la fin du 20e siècle (Prix Nobel 2011). La lecture de oeuvres complètes révèle immédiatement sa maîtrise technique. Tranströmer est parfois classé à tort parmi les surréalistes. Mais c'est uniquement parce que sa technique consiste à associer les images les plus improbables, ce qui apparaît parfois un peu surréaliste. Mais c'est précisément cette association qui crée un champ de tension et ouvre ainsi des perspectives insoupçonnées. C'est peut-être la raison pour laquelle Tranströmer a été imité par tant d'autres poètes. Prends ce sobre Postludium

Je racle comme une drague sur le fond de la terre.
Ne s'accrochent que des choses dont je n'ai aucun besoin.
Indignation lassée, démission ardente.
Les bourreaux emportent les rochers. Dieu écrit sur le sable.

Chambres calmes.
Les meubles sont prêts à l'envol dans la clarté lunaire.
Doucement j'entre en moi
par une forêt d'armures creuses.

Pourtant, je dois dire que je ne suis pas complètement bouleversé par sa poésie. Cela me frappe que Tranströmer se concentre principalement sur le monde extérieur, en particulier la nature, et ignore complètement à la fois le relationnel et le personnel intérieur. Vous trouverez à peine une expression de sentiments dans ses poèmes. Et cela donne à sa poésie un cachet de distance, qui est renforcé par la connexion même de choses apparemment séparées. Cela rend cette poésie un peu moins attrayant pour moi. Mais comme mentionné, sa supériorité technique, qui s'exprime, par exemple, dans des vers trompeusement simples (comme dans son haïku), ne peut être mise en doute.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
« Tu resteras en vie si tu sais en jouer. »
Ils lui montrèrent un instrument étrange.

Qui ressemblait à un tuba ou à un phonographe ou une pièce de machine qu’il ne connaissait pas.

Désemparé puis pétrifié d’horreur, il comprit que c’était l’instrument qui fait avancer les bâtiments de guerre.

Il se tourna vers le matelot le plus proche
fit un geste désespéré et l’implora :

« Fais le signe de croix comme moi, le signe de croix ! »
Le matelot le fixa tristement, comme un aveugle

tendit les bras et sa tête retomba -
il resta suspendu comme cloué en l’air.

Les tambours roulaient. Les tambours grondaient. Des vivats !
Balakirev émergea de son rêve.

Les ailes des bravos claquaient dans la salle.
Il vit l’homme au piano se lever.

Dehors, les rues étaient assombries par la grève.
Les calèches se hâtaient dans l’obscurité.
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Les cours de la mort durèrent plusieurs semestres. J’y assistais
avec ces camarades que je ne connaissais pas
(qui êtes-vous donc ?)
— ensuite, chacun partit de son côté, des profils.

Je regardai le ciel et le sol et tout droit
et j’écris depuis lors une longue lettre aux morts
sur une machine qui n’a pas de ruban, seule une ligne d’horizon,
ainsi, les mots cognent en vain et rien ne reste.
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A deux heures du matin : clair de lune. Le train s’est arrêté
au milieu de la plaine. Au loin, les points de lumière d’une ville
qui scintillent froidement aux confins du regard.

C’est comme quand un homme va si loin dans le rêve
qu’il n’arrive à se souvenir qu’il y a demeuré
lorsqu’il retourne dans sa chambre.

Et comme quand quelqu’un va si loin dans la maladie
que l’essence des jours se mue en étincelles, essaim
insignifiant et froid aux confins du regard.

Le train est parfaitement immobile.
Deux heures : un clair de lune intense. Et de rares étoiles.
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OISEAUX DU MATIN


Je réveille la voiture
au pare-brise saupoudré de farine.
Je revêts mes lunettes de soleil.
Le chant des oiseaux s’obscurcit.

Tandis qu’un autre homme achète un journal
au kiosque de la gare
non loin d’un grand wagon de marchandises
entièrement rougi par la rouille
et qui scintille au soleil.

Pas de vides nulle part ici.

À travers la tiédeur printanière, un corridor glacial
où quelqu’un vient à grands pas
nous dire qu’on le diffame
même en plus haut lieu.

Par une porte dérobée dans le paysage
la pie arrive
noire et blanche. Oiseau de Hel.
Et le merle qui s’agite de-ci, de-là
jusqu’à charbonner tout le dessin,
à part ces habits blancs sur une corde à linge :
un chœur de Palestrina.

Pas de vides nulle part ici.

Merveille que de sentir mon poème qui grandit
alors que je rétrécis.
Il grandit, il prend ma place.
Il m’évince.
Il me jette hors du nid.
Le poème est fini.
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Mais être là où l’on est. Et attendre.
Je suis anxieux, obstiné et confus.
Les événements futurs, ils existent déjà !
Je le sens. Ils sont là dehors :

Une foule de gens qui murmurent au-delà des barrières.
Ils ne pourront passer qu’un à un.
Ils veulent entrer. Pourquoi ? Ils arrivent
un à un. Je suis le tourniquet.
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Videos de Tomas Tranströmer (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tomas Tranströmer
« Rares sont les auteurs suédois qui ont joué un rôle dans la littérature mondiale. Swedenborg (1688-1772) fut l'un d'eux […]. Un autre fut le Strindberg (1849-1912) des dernières années […]. » (Kjell Espmark)
« La voix de Tomas Tranströmer (1931-2015) est celle d'un homme de notre temps, un homme dont les poèmes nous apprennent qu'il a voyagé […] ; un homme qui est surtout très ordinairement père de deux enfants, qui prend sa voiture pour se rendre à son travail, dort parfois dans des hôtels, et plus souvent encore dans sa propre maison en Suède. […] Rien là qu'un lecteur de cette fin de siècle n'ait pu vivre lui-même. […] […] ses poèmes nous semblent […] un « parti pris des choses ». […] Un monde complexe s'étend sur la page : ainsi la nature suédoise, rugueuse sans être inhospitalière - des fortes profondes, des racines tortueuses, des fjords semblables à des déchirures dans la terre, des pierres partout, la neige surtout. […] Tranströmer ne se voue pas, en le recensant, à la banalité du monde contemporain. […] Trop humble, Tranströmer, c'est-à-dire trop rieur ; il déclarait discrètement éprouver ce litige en évoquant toutes ces « choses qu'on ne peut écrire ni passer sous silence » […] Qu'elle soit métaphore, analogie ou comparaison, l'image redouble la chose, la sort de cette indifférence où le langage que Tranströmer dit « conventionnel » la tient ; la sort de son idiotie en lui donnant un reflet, cette différence dont notre regard nécessairement la doue. Sans doute ce langage « conventionnel » suffit-il à désigner les objets que nous plions à nos usages : leur silence, c'est-à-dire leur façon d'être absents des mots, signale assez notre familiarité avec eux. Mais lorsque soudain nous réalisons leur présence dans son épaisseur et sa différence véritables, alors leur altérité radicale nous apparaît. Ni les noms communs ni nos usages quotidiens n'épuisent ce surplus […]. Ce surplus est l'appel auquel l'image répond […]. Réaliser, c'est prendre conscience et rendre réel ; c'est réponde à la nécessité que deux vérités s'approchent, « l'une de l'intérieur, l'autre de l'extérieur », l'une dicible, l'autre visible, et dialoguent par-delà leur séparation. […] Tel est le sens du face-à-face que crée la poésie. […] le pouvoir infini de création verbale qu'exprime l'image poétique est la métaphore de notre rapport infini au monde. Par lui, nous accédons à la conscience de ce qui nous dépasse. […] » (Renaud Ego)
« […]
Un an avant ma mort, j'enverrai quatre psaumes à le recherche de Dieu. Mais cela commence ici.
Un chant sur ce qui nous est proche.
Ce qui nous est proche.
Champ de bataille intérieur où nous les Os des Morts nous battons pour parvenir à vivre.
(Tomas, Tranströmer, Un artiste dans le nord) »
0:00 - Les pierres 0:45 - Kyrie 1:19 - de la montagne 2:03 - Sombres cartes postales II 2:20 - Haïkus I 2:31 - Haïkus X 2:45 - Générique
Référence bibliographique : Tomas Tranströmer, Baltiques, traduit par Jacques Outin, Éditions Gallimard, 2004
Image d'illustration : https://sis.modernamuseet.se/objects/83349/tomas-transtromer
Bande sonore originale : So I'm An Islander - Lonely Secrets We Had Lonely Secrets We Had by So I'm An Islander is licensed under a CC BY-SA 3.0 Attribution-ShareAlike license.
Site : https://www.free-stock-music.com/soimanislander-lovely-secrets-we-had.html
#TomasTranströmer #Baltiques #PoésieSuédoise
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