Est-ce Deszo Kosztolanyi qui a composé ce recueil de «
Portraits » ? La question se pose puisque l'éditeur présente ce recueil comme un « choix de textes établis par
Ibolya Virag (l 'une des traductrices). Je ferme ce livre en me disant qu'il existe encore d'autres
portraits non traduits du hongrois en français et que lorsque j'aurais lu tout ce qu'on a traduit de cet écrivain, je n'aurais pas encore tout lu de lui – sauf ŕ apprendre le hongrois, ce qui me semble hors de portée.
Conformément au titre original (« Bölcsőtől a koporsóig » qui en hongrois signifie « Du berceau au cercueil » - merci Google Traduction), ce recueil d'interviews portraiturant de gens de métiers divers, est composé en commençant avec le portrait d'une Sage-femme et se termine par celui d'un Fossoyeur. Juste avant ce dernier, il y a le portrait d'un écrivain. Pour celui-ci, Kosztolanyi reprend le procédé qu'il inventa avec le personnage de
Kornel Esti, double fictif de lui-męme ; il entre dans sa propre maison pour interviewer celui qui mange dans la męme assiette que lui et dort dans le męme lit que lui.
Si tous ces
portraits sont probablement imaginaires (ainsi que le présume l'auteur de la postface Csaba Bathori) ils n'en sont pas moins « réalistes » ŕ la maničre de l'auteur. On lira ceci dans les derničre ligne du portrait de l'écrivain (p. 170) : « Il n'y a que les dilettantes pour croire que les sujets se trouvent au-dehors. Si nous en avons, ils sont en nous-męme. Celui qui est né et qui a ouvert les yeux dispose de la matičre pour sa vie entičre. Et pour celui sait qu'un jour il mourra, cela représente suffisamment d'incitation pour exercer cette énigmatique profession ». [écrivain]
Imprimé en avril 2013, mon exemplaire n'est pourtant pas une vieille rogne. Nous sommes en avril 2024, il est en trčs bon état. Il n'a cependant pas trouvé ses lecteurs puisqu'un bibliothécaire de la communauté de communes de Podensac l'a désherbé, comme ils disent - je ne sais quand - lui apposant ce coup de tampon « SORTI DES COLLECTIONS » qui atteste en capitales rouges que, malgré l'estampillage et sa couverture filmoluxée, cet exemplaire n'est plus propriété publique.
Dezso Kosztolanyi aurait souri, mi figue mi raisin en apprenant qu'on a pu mettre la main sur cette traduction française de «
Portraits » grâce aux bons soins d'une start-up de l'économie circulaire qui finance la lutte contre l'illettrisme par la vente sur Internet du désherbage massif de nos bibliothčques publiques. Je pense a ce passage du portrait de « L'éboueur » oů il est demandé ŕ celui-ci si l'on trouvait des livres dans les poubelles (p. 74) :
« - Aussi
- Lesquels ?
- Des livres pas mal.
C'est vraisemblable. Dans les bibliothčques on conserve beaucoup de mauvais bouquins. »
Mais il s'agissait alors de bibliothčques privées.