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EAN : 9782330133993
224 pages
Actes Sud (04/03/2020)
3.79/5   34 notes
Résumé :
Au sortir d'une relation secrète avec un homme politique, une jeune écrivaine épouse un brillant universitaire qui milite contre toutes les oppressions. À peine le mariage célébré, le "mari-camarade" l'emprisonne dans un terrible huis clos régi par la violence. Sous prétexte de la libérer, il l'enferme et s'emploie à l'anéantir.

Un récit de survie étonnamment lumineux qui apporte un éclairage singulier sur les violences faites aux femmes, en Inde et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Ca se passe en Inde mais cela pourrait arriver n'importe où : à Rome, à Paris, à Londres... Cela pourrait arriver en bas de chez vous.

Elle est jeune, intelligente, cultivée, féministe, issue d'un milieu aisé. 
Il est prof à l'université, respectable, militant de gauche, défenseur des opprimés.
Ils partagent les mêmes centres d'intérêt, les mêmes discussions, les mêmes aspirations. Elle sort d'une rupture amoureuse douloureuse, il lui propose de l'épouser. Elle se jette à l'eau, en confiance : le fantasme d'un nouveau départ, sans attaches, à deux, en se tenant la main.

C'est ensuite que commence le cauchemar, un cauchemar qui se déroule entre les quatre murs de la maison conjugale. Au début, elle perd ses libertés au compte-goutte, celle de travailler, celle de sortir de la maison. Il contrôle ses vêtements, sa coiffure, son apparence. Il lui prend son téléphone, limite son accès à internet. La force à fermer son compte Facebook.
A chaque étape, on se demande comment cela pourrait être pire, et pourtant cela devient pire. Les coups ne sont presque rien à côté de la torture psychologique, lorsqu'il efface tout le contenu de son ordinateur, lorsqu'il lui interdit d'écrire de la poésie, lorsqu'il la traîne devant un médecin pour exiger qu'elle lui donne un enfant.
Et puis viennent les viols, commis en toute impunité, répétés, jour après jour. Intimes, inexorables, terrifiants.

Il faut avoir le coeur bien accroché au fil des pages, même si l'écriture magnifique de l'auteure nous aide, comme elle, à traverser l'épreuve en nous réfugiant dans un monde intérieur poétique et délicat. Même si on sait que le dénouement sera heureux, que la menace de mort qui plane sur elle sera déjouée.
Pour elle, oui. On pense à toutes celles qui n'ont pas eu sa chance, dont la nécrologie réinvente une histoire qui n'est pas la leur, qui met le bourreau à l'honneur.
Puis on tourne les pages et on découvre ces chapitres finaux, déstructurés, brisés, les mots désespérés d'une femme qui ne guérira peut-être jamais des blessures qui l'ont obligée à se réfugier aussi loin à l'intérieur d'elle-même.

Ce livre est magnifique. Ce livre est indispensable. Ce livre est horrible. Ce livre est écrit avec génie. Avec les larmes, le sang, les tripes. Ce livre est à lire absolument.
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"Quand je te frappe", livre écrit par Meena Kandasamy - poétesse et auteure indienne - m'a immédiatement attirée par son thème (une écrivaine, mariée à un professeur de faculté qui, dès le début de leur mariage, va l'humilier, la séquestrer, l'insulter, la brimer et la frapper), à la lecture de la 4ème de couverture :
"Alors qu'elle se remettait d'une déception amoureuse, la narratrice, prise entre ses aspirations et les attentes de ses parents, s'est quelque peu précipitée dans le mariage. L'heureux élu est un brillant universitaire, un admirable militant - l'homme idéal ?
Mais la jeune femme déchante vite, confinée dans sa maison à Mangalore, loin de sa famille, de ses amis. C'est d'abord ses habitudes que son mari entreprend de réformer : il faut qu'elle cesse de passer tant de temps sur internet, sur sa boîte mail, sur les réseaux sociaux - et puis, finalement, sur son ordinateur. Pour elle qui vit de son écriture, c'est presque un arrêt de mort. Il faut qu'elle devienne une parfaite femme du peuple, qu'elle assimile et incarne la doctrine marxiste. Et surtout, surtout, qu'elle respecte son époux et se conforme en tout point à ses désirs. Cet "endoctrinement" passe par la violence, qui emprunte toutes les ramifications possibles, plus perverses les unes que les autres..."

Ce roman est celui de la lutte d'une femme pour sa survie. Il y est question de force, d'abus, du courage nécessaire pour ne pas sombrer, et de comportements abjects. Avec ce récit biographique douloureux et profond, l'auteure nous partage, avec beaucoup de pudeur et sur un ton intimiste, les émotions et toute la détresse de l'héroïne. Mais elle nous livre aussi le témoignage de la vie de cette épouse, dans l'Inde traditionaliste, où perdure une société inégalitaire, en particulier avec les femmes.

Dans "Quand je te frappe", Meena Kandasamy a choisi d'alterner les formes narratives, avec tantôt un récit, tantôt des lettres écrites pour des amants fictifs,... ainsi que le registre, avec des mots terribles pour raconter ces sévices - qui ne peuvent que nous émouvoir profondément - et des touches d'humour, autant de manières de prendre un peu de recul et de disposer de courtes "respirations" dans ce cauchemar. 

J'ai été touchée par ce roman poignant, cette histoire d'une femme forte en situation de faiblesse, précipitée malgré elle dans une spirale infernale dont on se demande tout au long du livre si elle pourra s'en échapper...
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C'est un livre fort, puissant et terrible. L'auteure nous y raconte une descente aux enfers. Celle d'une femme, une écrivaine féministe prise dans une spirale infernale. Elle se retrouve sous le joug d'un mari jaloux, possessif et violent. Nous assistons jour après jour à sa perte de liberté, d'amis et de possibilités d'expression. Puis viennent les coups.

La narration est originale, nous ne cessons de nous demander si c'est une histoire réelle ou si c'est un récit fictionnel. Les mots de l'auteure sont justes et forts, et elle a des réflexions intéressantes.
Son récit est osé dans cette société où on ne fait que peu de cas des viols et des violences faites aux femmes. Nous découvrons dans le roman une société indienne faite du qu'en dira-t-on, où il est important de sauver les apparences.
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Ce roman m'a laissé une forte impression.

C'est une autofiction où la narratrice se confond avec l'auteure, où la frontière entre la fiction et la réalité se trouble.

La narratrice est une jeune écrivaine, une femme libre qui a fait des études, a connu des amourettes et eu le coeur brisé. Elle rencontre un professeur d'université qui a les mêmes idéaux qu'elle, ils se marient très vite. Elle part vivre avec lui. Son mariage s'annonce heureux : mêmes idéaux, tous les deux intellectuels....Et pourtant elle déchante vite.

Son mari se révèle être un pervers narcissique, un extrémiste qui détourne certains principes du communisme pour entraver le moindre de ses mouvements et justifier son comportement. Contrôle de sa boîte mail, enfermement, couper tous ses liens avec ses proches....la battre....la violer. Elle n'échappe à aucune violence, aucun sévice.

Elle décide alors de remplir pleinement sa condition d'écrivaine, d'observer dans le moindre détail sa vie, de tout photographier mentalement. Une fois enfuie, elle choisira d'écrire son histoire, elle ne laissera pas les autres parler pour elle, mettre tel souvenir en avant au point qu'il résume ses années de violence. Elle écrit son histoire avec ses mots et son humour. Car oui on rigole en lisant certaines phrases. L'auteure parvient à utiliser avec beaucoup de talent la dérision, l'ironie pour narrer son histoire.

L'auteure expose tout : la réaction de ses parents quand ils apprennent la violence dont elle est victime (c'est normal, c'est le début du mariage, ne lui donne pas de raisons pour te battre), le fameux "mais tu aurais pu t'enfuir ?" ou l'incontournable "pas de nouvelle bonne nouvelle", ses nombreux viols, ce qu'elle a ressenti....

C'est un récit brut, violent mais nécessaire que nous livre Meena Kandasamy.
Lien : https://www.labullederealita..
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Thème essentiel ici abordé des violences conjugales toujours à dénoncer : je valide absolument. Dommage en ce qui me concerne que la façon dont le sujet est abordé soit bien trop "politique et intellectualisé" pour moi, du coup je n'accroche pas et renonce rapidement à lire ce roman...
Je ne doute pas néanmoins que l'auteure est fait un bon travail mais en ce qui me concerne il y a trop de distanciation dans le récit qui se trouve par ce fait vider du ressenti émotionnel qu'il me semble indissociable pour évoquer un tel sujet de façon à interpeller le lecteur ou du moins la lectrice que je suis...
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
p. 101 Dans ma vie d’épouse, les moments les plus terribles sont les après-midis. Ils s’étalent et m’emplissent d’effroi. Je dois anticiper son retour. Je dois lui prouver que j’ai été bien occupée. Me voici engluée dans l’affolement, engluée dans un temps dont je ne peux me défaire par ma seule volonté, dont je ne peux rien faire. Les minutes enflent jusqu’à devenir des monstres informes.
A travers leur silence et leur immobilité, les après-midis commencent à susurrer l’idée du suicide. Vas-y maintenant. Ça ne sera pas douloureux. Ce sera terminé avant même que tu t’en rendes compte. Une partie de moi-même s’étonne de découvrir qu’au bout de quelques mois à peine, je doive jongler avec cette idée puis passer le reste de mon temps à la combattre. Quant il s’agit de choisir, j’oscille sur un pendule. Vivre. Mourir. Mourir. Vivre. Vivre. Mourir. Mourir. Mourir. J’ignore si je suis encore vivante. C’est le genre de vie qui ressemble à la mort.
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Les gens utilisent la politesse comme un moyen mutuellement accepté de tromper l'autre afin que personne ne perdent la face. Traduction : dans la vraie vie, contrairement à une situation d'examen, aucun inconnu ne vous posera une question à laquelle vous aurez du mal à répondre.
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p. 155 N’oublie jamais : l’amour te laissera tomber….Avec un homme qui a répété ses accusation, mais aussi vos réponses à ses accusations et sa réponse à votre réponse, et ainsi de suite un nombre de fois prodigieux, avec un homme qui n’hésitera jamais à lever la main sur vous en dernier recours, avec cet homme crier ou argumentaire est voué à l’échec.
En revanche, se montrer incertaine, c’est le prendre par surprise. Et le prendre par surprise, c’est avoir ses chances.
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En Inde, une épouse est brûlée toutes les quatre-vingt-dix minutes. Le temps qu'il faut pour préparer un petit dîner. Le temps qu'il faut pour faire la vaisselle. Une lessive. Pour se rendre au travail.
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p. 99 Je me dis que je vais aborder des sujets sans rapport avec moi. Impossible. J’ai l’impression que je suis le parfait exemple de la personne tombée dans un piège : prisonnière, elle se libère en pensant à autre chose. Et en même temps, tout ce à quoi elle pense la renvoie à sa captivité.
Quand l’évidence se fait trop pressante, mieux vaut faire semblant de ne pas la voir.
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