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EAN : 9782283026632
280 pages
Buchet-Chastel (09/01/2014)
3.3/5   10 notes
Résumé :
La côte mexicaine des Caraïbes, autrefois paradisiaque, a désormais tout d’un enfer sur terre. Les aléas climatiques, la crise économique et le délitement général du pays ont tué le business mais attiré un nouveau type de touristes, adeptes de sensations fortes. Un seul complexe hôtelier, situé à l’orée d’une immense barrière de corail et géré par Mario Müller, ex-leader du groupe de rock mexicain les Extraditables, semble survivre : la Pyramide. L’établissement pro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Récif, ou les charmes du post-tourisme dans un Mexique gangréné par la violence….
Quand certains occidentaux rêvant du grand frisson partent faire de petits séjours à l'Est, à Tchernobyl ou dans un ancien goulag pour y passer la nuit, d'autres veulent vivre de faux kidnapping, des attaques de guérillas d'opérette, des séances de sport extrême sur la côte caribéenne mexicaine.
Ce sont d'ailleurs les prestations que propose le complexe hôtelier La Pyramide situé à Kukulcán (Cancún?) à des touristes en mal de sensations fortes. Il faut dire que la zone s'y prête: "La peur est notre meilleure ressource naturelle".

Mais parfois la réalité rattrape la fiction. Des cadavres de gringos sont découverts sur la zone touristique et vont perturber le quotidien de quelques employés de la Pyramide, comme Tony Góngoran, musicien du groupe des années 60 Los Extraditables, qui a passé les trente dernières années dans un coma narcotique, et son ancien compère et ami d'enfance, Mario Müller, bras droit du propriétaire, le Gringo Peterson, qui a eu la brillante idée de proposer aux clients qui s'ennuient des vacances riches en adrénaline.

Par le biais d'une enquête classique sur fond d'amitié, Juan Villoro nous offre une critique sans concession de la société mexicaine et des maux qui ravagent les pays occidentaux.
Comme l'industrie du loisir est belle... et comme le Mexique (ou autre pays émergent) et l'Occident sont finalement les deux faces d'une même médaille..
Car le paradoxe est là, cruel. Les touristes parqués dans ce parc d'attraction de seconde zone possèdent des bracelets de couleurs différentes selon leurs catégories, et nous renvoient aux triangles des prisonniers des camps nazis. Mais ces hommes internés volontaires qui payent pour sortir de l'ennui qui les gagne dans leur société policée peuvent regagner le confort de leurs pénates une fois leurs vacances terminées. Et ils ne se rendent pas compte que les vrais cartels, ceux qui massacrent, rançonnent enlèvent, et pour lesquels les structures touristiques sont les lieux idéaux pour blanchir leur argent, sont là, tout près, sous leurs yeux…
Les Mexicains quant à eux, doivent vivre tous les jours avec une violence épouvantable dont ils ne peuvent se défaire tant elle parait ancrée, telle une tumeur maligne, dans le pays.

Ce microcosme qu'est le club de vacances concentre donc toute la violence et la laideur du monde. Heureusement que l'humour, l'ironie, et le second degré dont fait magistralement preuve le romancier sont présents pour soulager le lecteur, oppressé par cet environnement sordide (qui nous rappelle parfois le tout aussi excellent Le Park, de Bégout).
Récif prouve, s'il fallait encore le prouver, que Juan Villoro est l'un des grands romanciers mexicains, et que sa singularité (je pense à son ouvrage Mariachi ) donne un charme fou à ses écrits.
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Une petite croix dans une petite case, un matin. Un livre reçu dans la boîte aux lettres !
Voilà Récif, arrivé, par les bons soins de Babelio et des éditions Buchet.Chastel.
Le compte à rebours pour la parution de la critique est en route.
Résultat, pour le première partie du livre, ce sera match nul.
Je m'énerve devant le langage obscur de la quatrième de couverture :
"Roman postmoderne". Au secours, là, je ne comprends pas, ça veut dire quoi littérature postmoderne ? Merci Wikipedia : "Par exemple, au lieu de la quête moderniste de sens dans un monde chaotique, l'auteur post-moderne évite, souvent de manière ludique, la possibilité du sens. le post-roman est souvent une parodie de cette quête. Cette méfiance à l'égard des mécanismes de totalisation s'étend même à l'auteur. Ainsi, les écrivains postmodernes privilégient souvent le hasard à la technique et emploient la métafiction pour saper le contrôle « univoque » de l'auteur (le contrôle d'une voix unique).
La distinction entre culture supérieure et inférieure est également attaquée par l'emploi du pastiche, de la combinaison de plusieurs éléments culturels, y compris de sujets et de genres qui n'étaient pas auparavant considérés comme propres à la littérature."
Je ne sais pas vous, mais moi, je n'ai toujours pas compris...
Phrase suivante de la quatrième de couverture :
"Balade mélancolique et réflexive dans les tréfonds de l'âme contemporaine".
Je ne peux pas vraiment dire que j'ai trouvé cette lecture mélancolique, car entre les riffs de rock heavy métal et les lignes de coke, la mélancolie n'a pas vraiment sa place, et les bouteilles viennent plutôt brouiller la réflexion.
Mais, j'ai parlé de match nul, donc il y a bien des côtés positifs :
"Un saisissant aperçu des maux qui ravagent le Mexique".
Et même, je rajouterai "qui ravagent beaucoup de destinations touristiques".
C'est un tableau infernal, macabre que nous dresse l'auteur. La recherche du profit est poussée à son summum, tout est bon pour faire toujours plus de fric en jouant sur les tréfonds les plus vils de l'âme humaine. L'exploitation poussée à son paroxysme de nos fantasmes de touristes ravagés par une vie où nous avons oublié les valeurs essentielles.
Au fur et à mesure des pages tournées, le rythme de l'écriture s'affirme et nous domestique. Il y a deux vies dans ce roman, celle de la jeunesse, où l'on pense pouvoir tout réinventer, prendre toutes les places laissées libre par l'incompétence et la bêtise des autres. Les compagnons de route seront donc la musique, la drogue, l'alcool. Toutes ces choses qui bravent la bonne moralité, le savoir être, ....
Et puis, le temps passe, nous allons découvrir au cours de la seconde partie du roman cette deuxième vie, où on comprend que tout n'est pas si simple, que personne ne nous attend, que nous ne dévoilerons pas les solutions qui sauveront le monde, que les autres ne nous ont pas attendu pour exister, que nous n'existerons pas au travers des autres mais que nous devons nous construire et aider ceux que l'on aime à avancer dans cette p... de vie.
Et là, la mélancolie, la réflexion prennent toute leur place.
Finalement, je ne crois pas que mon agacement du début de la chronique soit si important que cela, un langage parfois hermétique ne doit pas empêcher une belle découverte littéraire.
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Merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel de m'avoir sélectionnée pour cette édition de Masse Critique! C'est d'ailleurs la deuxième fois que je découvre un roman latino-américain grâce à ce biais, et les deux fois ont été d'excellentes surprises.

Récif a pour narrateur Tony Gongora, ancien bassiste de hard-rock, ancien junkie, que son ami d'enfance Mario a remis sur pied pour travailler avec lui dans le complexe hôtelier la Pyramide, un endroit proposant des vacances des plus originales: si vous voulez vous sentir vivants à grand coups de sports extrêmes & faux guérilleros, c'est l'endroit idéal!
Tony passe ses journées à créer des bandes sons à partir des mouvements des poissons de l'aquarium, à tenter de se réapproprier avec l'aide de Mario les souvenirs manquants/délirants/possiblement imaginaires de sa période camé et à se demander pourquoi Mario le tire encore et encore des soucis...et c'est à peu près à ce moment là qu'un cadavre avec un harpon planté dans le dos est retrouvé à l'aquarium et que les narco-trafiquants du coin commencent à se sentir vexés par cette histoire de faux enlèvements.
C'est un étrange roman, mi-mélancolique, mi-ironique, qui , entre deux psychédéliques reconstructions des années rock de Tony et Mario , dresse un portrait peu flatteur de l'industrie hôtelière sur la côte mexicaine, entre les aléas climatiques, le blanchissement de monnaie des pays occidentaux, la cupidité des uns et la corruption d'un grand nombre des autres. Malgré cela, cela n'a rien d'un ouvrage déprimant et je reconnais m'être attachée à ce personnage revenu de ses illusions de jeunesse et s'efforçant de son mieux de crapahuter dans les désillusions de la maturité. Un roman que je recommanderais sans hésitation, donc.
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Sans le savoir, j'attendais ce roman. L'auteur y met en scène un improbable héros qui, dans les premières pages du livre, fait référence à un des plus grands batteurs du monde - Ginger Baker - quand il apprend la mort d'un de ses collègues de travail lui aussi prénommé Ginger.
Tout au long de l'intrigue, cet ancien guitariste d'un groupe de hard rock, ex-junkie, nous fera profiter de telles références, assez inattendues dans la littérature contemporaine.
L'action se déroule dans un club de vacances digne d'un delire des Monty Python aussi improbable que le héros.
L'écriture est leste, l'intrigue surprenante et décalée, les personnages attachants et la fin des plus surprenante.
Bref, un roman réussi, bien dans son époque, à lire absolument.
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Bien que lorgnant du côté du roman policier, avec son cadavre en énigme qui sous-tend le récit, Récif se démarque assez franchement du genre : pas de véritable enquête, le meurtre vaut plus pour ce qu'il dit sur l'univers où il a été commis et les personnes qui y vivent, que pour l'identité factuelle du coupable. le véritable sujet, ici, est le Mexique et sa décadence, la jungle caribéenne et sa faune, le destin d'une poignée de naufragés, que l'autodestruction a trop longtemps tentés et qui se retrouvent à surnager comme ils peuvent dans une mer de requins aux dents longues.
Joli titre : rongé par les effets pervers de la civilisation, le récif est l'écueil sur lequel on s'échoue, comme le rocher auquel on se raccroche.

Un beau roman désenchanteur, plein d'ironie et de noirceur, de poésie et de rock n'roll.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Aujourd'hui, voyager c'est merdique. C'est comme une déportation. Dans le futur, ça sera réservé aux pauvres. (...)
Aller d'une ville à l'autre sera réservé à des spécialistes: chauffeurs, mendiants, livreurs de pizzas. (...) Avec les voyages, ce sera le même topo. Les riches achèteront des sensations sur Internet et seuls les minables iront dans des endroits désagréablement réels.
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La première scène érotique qui m'avait fasciné au cinéma m'est alors revenue à l'esprit. Charlton Heston interprétait le rôle du Cid et venait de passer la nuit avec Sophia Loren. Au réveil, elle promenait un doigt fuselé sur le front et le nez du héros, une caresse qui, à douze ans, m'avait paru sublime: le doigt de Sophia glissait sur le Cid comme s'il le dessinait.
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Ici, il y a du travail. Grâce à nous, les gens ne se dévorent pas entre eux. C'est ça, la véritable écologie de la région. Les hôtels en plastique et la destruction du littoral ont sauvé des milliers de vies. Tout est pourri à l'origine. Le musée du Louvre existe parce qu'il y a eu des pillages.
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J'ai passé la première partie de ma vie à essayer de me réveiller et la deuxième à essayer de m'endormir. Je me demande s'il y en aura une troisième .
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Ce qui nous semble horrible est un luxe pour eux. Le tiers monde est là pour sauver les européens de l'ennui et çà, ton meilleur ami l'a bien compris. C'est pour ça que je suis là, à m'occuper de paranoïa récréative.
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Video de Juan Villoro (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Juan Villoro
Juan Villoro - Récif .Juan Villoro vous présente son ouvrage "Récif" aux éditions Buchet Chastel. Rentrée littéraire janvier 2014. Traduit de l'espagnol (Mexique) par Isabelle Gugnon et Juliette Barbara. http://www.mollat.com/livres/villoro-juan-recif-9782283026632.html Notes de Musique : Vol. 45_ Old Orchard Ave/08 Mexico. Free Music Archive.
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